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Légionnaire toujours...

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2010


Bagnols. Éric Lemée, un appelé du contingent devenu capitaine 03072010

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Édition du samedi 3 juillet 2010

A 33 ans, le capitaine Eric Lemée prend donc la tête de la compagnie de commandement et de logistique du 1er Reg. Une promotion qui est avant tout « une fierté car c'est une compagnie qui regroupe un éventail de compétences et d'expériences. Je vais avoir sous mes ordres différents grades, du légionnaire au major, avec parfois des hommes qui peuvent avoir 35 ans de service. » Lui est arrivé chez les militaires comme appelé du contingent en 1995, puis il a intégré l'École nationale des sous-officiers d'active (ENSOA) implantée à Saint-Maixent-l'École (Deux-Sèvres). « Ensuite, j'ai travaillé dans l'administratif au rang de sergent-chef. » Le futur capitaine choisi alors le Génie et il arrive à L'Ardoise à l'été 2005. Il participe à trois opérations à l'étranger à Djibouti, au Kosovo et au Liban. « J'ai participé à l'évacuation de tous les ressortissants. » Des expériences qui lui ont permis de se construire et d'être promu aujourd'hui à ce poste de commandement.
Son prédécesseur, le capitaine Merle, intègre lui, le Bureau opération instruction.
 
Photo J. F. 

Un ouvrage de référence sur le Groupe Bernard 03072010

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Publié le 03/07/2010

Oscar Casin en train de dédicacer son ouvrage à la Halle aux grains de Bagnères./ Photo G.B. 

Oscar Casin vient combler une lacune : ilpublie le premier ouvrage complet sur le Groupe Bernard, l'un des groupes de résistants ayant opéré dans le département.

L'histoire de la Résistance et des maquis s'enrichit d'un ouvrage qui concerne le Groupe Bernard, l'un des plus anciens et des plus actifs des Hautes-Pyrénées durant la guerre 1939-1945. Une histoire écrite sans fioritures, avec le seul souci de l'exactitude des faits rapportés, la vérité tout simplement sur ce « maquis des Pyrénées ». Oscar Casin, né en 1937, a passé toute son enfance à Bagnères.

Pourquoi ce livre ?

L'idée de relater la vie du Groupe Bernard ne m'est pas venue récemment. Elle était dans mon esprit depuis fort longtemps. Mon père était ancien combattant de la liberté ; ayant fui l'Espagne, il s'était engagé dans la Légion étrangère. Il a participé, avec elle, à la bataille de Narvick puis à Birhakeim, il a rejoint la 2e DB aux côtés de Leclerc, il laissera sa famille pour aller combattre.

À son retour au pays, à Bagnères, mon père recevait, à la maison, ses amis et j'ai pu ainsi assister à de nombreuses conversations entre mon père et plusieurs anciens combattants, anciens du Groupe Bernard ou « guérilleros ». Ces conversations m'avaient beaucoup intéressé et surtout marqué. On sait que la mémoire est sélective et j'ai retenu ces souvenirs de ma jeunesse comme s'ils dataient d'hier.

Pourquoi le Groupe Bernard en particulier ?

S'il existe plusieurs volumes (au demeurant excellents) sur divers groupes de la Résistance départementale, rien de spécifique n'était paru, à ce jour, sur le Groupe Bernard. Sans aucune prétention, j'ai voulu essayer de combler cette lacune. Au fur et à mesure de mes recherches, j'ai pu me rendre compte du rôle important du maquis et de son histoire mouvementée. J'ai eu également la chance de pouvoir m'appuyer sur de nombreuses aides et amis dont beaucoup sont des personnes qui étaient des enfants en 1939-1945, dont Pierre Benezech, un des fils de Maurice Benezech (alias Bernard), le patron du groupe.

Un autre de mes soucis : l'expression de l'authenticité de la vérité. Je n'ai pas voulu mentionner ce qui est connu par ouï-dire (même si c'est exact), je n'ai voulu parler que de ce qui a été pleinement, scrupuleusement vérifié et qui est encore vérifiable.


Un livre très attendu

L'ouvrage « Le Groupe Bernard, maquis des Pyrénées », publié aux éditions des régionalismes Pyrémonde, Princi Negue, de Monein, a été présenté par Oscar Casin, samedi dernier, à la Halle aux grains de Bagnères, sous le patronage des anciens combattants toutes générations et résistants. Il s'adresse à toutes celles et tous ceux qui sont intéressés par l'Histoire locale, celle avec un grand « H », à la mémoire de ceux qui l'ont écrite par leur sacrifice, soit en combattant, soit en étant des victimes innocentes de la barbarie humaine.

On peut trouver l'ouvrage en librairie ou auprès de l'auteur, 13, chemin de la Roquette, 65200 Bagnères-de-Bigorre, tél.05.62.95.20.06, au prix de 14,50€.


Hélie de Saint Marc, les combats d’une vie 01072010

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Frédéric Pons le jeudi, 01/07/2010

 

 

Il se leva pour vivre, avec honneur et fidélité. Il le paya très cher. Il nous transmet les leçons d’une vie intense.

Marcher à la rencontre d’une légende vivante est une joie profonde, doublée d’une légère inquiétude. Je suis à Lyon, à deux pas du parc de la Tête d’Or. Hélie de Saint Marc, 88 ans, m’attend. Je le sais affaibli. Comment vais-je trouver le soldat, l’écrivain, cette autorité morale qui subjugue par une vie d’engagements et d’épreuves au service de la France ? Marqué par la souffrance dès l’âge de 21 ans, Saint Marc a raconté son destin incroyable dans deux maîtres ouvrages, les Champs de braise (1995) puis les Sentinelles du soir (1999) – « le meilleur de mes livres » –, du jeune résistant de 1941, capturé par la Gestapo puis dé­porté à Buchenwald, jus­qu’au com­mandant putschiste de 1961, condamné à dix ans de réclusion criminelle puis gracié en décembre 1966.

Les yeux disent tout. Hélie de Saint Marc me regarde avec malice et intérêt. Le regard d’azur a pâli mais livre, intacte, sa passion de transmettre et de comprendre. Il me tend son dernier livre, l’Aventure et l’Espérance (Les Arènes) : « J’approche du mystère et je me sens plus démuni qu’un enfant. »

Au soir de sa vie, « quand les ombres s’allongent et que j’essaie de comprendre », il se dit « dépositaire » : « Repiquer chaque matin le riz de nos souvenirs pour que d’autres en extraient quelques grammes d’humanité, pour les repiquer ailleurs. » L’aventure ? « Je n’ai pas passé ma vie en retrait. J’ai été plongé dans l’Histoire, pendant deux décennies, avec une intensité sans équivalent. » L’espérance ? « À mon âge, c’est peut-être la seule grâce qui reste, cette flamme fragile, si bouleversante que je veux confier à mes lecteurs. »

Je m’inquiète de ne pas le fatiguer davantage. Il sourit : « Combien de fois ma vie n’a-t-elle tenu qu’à un fil  ? » Je veux poursuivre, il m’arrête. Ce grand témoin de notre histoire veut savoir comment va le monde, nos armées. L’Afghanistan le préoccupe. Il pense à ses jeunes camarades : « Vous les avez vus sur le terrain, que pensent-ils ? Sont-ils assez bien entraînés, armés ? Le soldat a besoin de vérité et de cohérence. La guerre d’aujourd’hui est brouillée et incertaine. »

Plein de sollicitude, il m’écoute, précis dans ses questions, attentif à mes réponses : « Nos jeunes soldats ne se battent pas en Afghanistan pour défendre des biens mais pour remettre le pays à des gens qui veulent la liberté, comme en Indochine. Nos épreuves vietnamienne et algérienne préfigurent peut-être les conflits du XXIe siècle. Une nation perd sa liberté le jour où elle n’a plus en son sein des hommes prêts à se sacrifier pour la liberté. »

Les rêves de sa jeunesse – Gallieni, Lyautey, Charles de Foucauld – et ses camarades de combat l’accompagnent chaque jour. Il y a bien sûr ce jeune infirmier de Buchenwald qui le sauva de la mort en détournant des médicaments réservés aux kapos ou ce Letton au nom effacé de sa mémoire qui le maintint en vie à Langenstein en faisant son travail et en lui donnant sa ration de pain. Et tous les soldats qui servirent à ses côtés, à commencer par l’adjudant Bonnin, mort au combat, « achèvement parfait du sous-officier », l’une des “étoiles” de sa galaxie militaire, avec Eggerl, Chaumelle, Prudhomme, « les véritables puissants des mondes où j’ai vécu ».

« J’ai été comblé par l’existence », dit Saint Marc. Je lui parle pourtant des épreuves qui ont dessiné ses rides profondes et affûté son regard sur les hommes. Il ne retient que des leçons de vie. Pour ne pas désespérer ? « L’extrême douleur m’a appris la joie de vivre, sourit-il. L’étincelle jaillit des ténèbres et de l’espérance. » Ce qui l’intéresse est « la lueur passagère où se concentre l’essentiel de nos vies ». L’a-t-il aperçue ? « Les camps de concentration et la Légion étrangère m’ont appris l’humanisme. L’homme était nu. On ne le jugeait pas sur l’avoir et le paraître mais sur sa vérité profonde. »

Cet « essentiel d’une vie » fut pour lui le chemin de l’Espagne, avant son arrestation par la Gestapo, le 13 juillet 1943, puis Buchenwald, Langenstein et sa libération le 9 avril 1945, alors qu’il avait été laissé pour mort (il ne pesait plus que 42 kilos). Ce fut aussi cette Indochine de sang où il fit trois séjours, de 1948 à 1954, pour les moments les plus forts de sa vie : les combats à la tête de ses partisans, le poste de Talong à la frontière de Chine, où il abandonna une première fois des gens à qui il avait donné sa parole d’officier de ne jamais les quitter. Un souvenir le bouleverse encore : l’aube dans un village de montagne, une fille apportant un bol de thé : « J’ai connu un moment d’éternité. J’étais encore en vie après avoir tué… »

“Le temps perdu, les vies sacrifiées, la confiance trahie…”

Les drames de l’Algérie accomplirent son destin de combattant : la mort de son beau-frère, le lieutenant SAS Yves Schoen, pure figure de héros militaire, tué le 18 février 1959 ; le putsch du 21 avril 1961 ; son procès devant le tribunal aux armées : « Depuis mon âge d’homme, Monsieur le Président, j’ai connu pas mal d’épreuves : la Résistance, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d’Algérie, Suez, et puis encore la guerre d’Algérie… »

La prison – la Santé, Clairvaux, Tulle – acheva ce parcours hors norme : « Mon passé fracassé et notre avenir qui gisait en morceaux sur le sol de notre cellule. » Combien de temps faut-il pour redevenir un homme “normal” après la prison ? « Jamais… »

Saint Marc lâche quelques regrets : « Le temps perdu, les vies sacrifiées, la confiance tra­hie. » Lui aussi connut le dé­sespoir absolu : « J’ai senti que la vérité n’est pas toujours dans la lu­mière. Dans chaque hom­me se trouvent des zones d’ombre. Il n’y a pas de grand hom­me qui n’ait été un pauvre homme. » Nous sommes de­vant le miroir d’une existence exceptionnelle en défis per­sonnels : « Le doute me brûle. Ai-je toujours été fidèle ? Ai-je toujours agi selon l’honneur ? » Pudique, le commandant s’arrête : « Il existe en chacun une dissonance, une fêlure. Il faut respecter les drames intérieurs. »

“Honneur et fidélité”. Ce combattant a toujours voulu rester fidèle à l’exigeante devise de la Légion étrangère. « Toujours servir en visant au plus haut et en s’estimant au plus juste », dit-il en évoquant « les vagues venues de sa jeunesse », « Retrouver la vérité de l’enfant que j’ai été. » Après la prison, de 1967 à 1988, ce père de quatre filles « vécut pour vivre », responsable des ressources humaines dans une entreprise métallurgique de la région lyonnaise : « J’ai dû refaire ma vie et j’ai vécu sans passion. » La politique le laissa in­différent, comme le profit : « C’est l’éthique qui est importante. Les raisons de vivre, pas les moyens de vivre. » S’il n’avait pas été marié, Saint Marc serait devenu moine au Barroux, ou mercenaire…

Chacune de ses défaites reste une douleur, intense, mais aussi une victoire, sur lui-même, ses bourreaux ou ses persécuteurs. Certains le comprirent sur-le-champ, comme le procureur Reliquet à son procès (juin 1961), qui refusa de suivre les réquisitions sévères, ou le général Ingold, démissionnaire de son poste de grand chancelier de l’ordre de la Libération.

D’autres mirent des années à le comprendre. En 1995 encore, il se trouva quelques gaullistes pour protester contre l’attribution du premier prix Erwan-Bergot de l’armée de terre à Saint Marc pour ses Champs de braise. Le pardon des hommes, la portée humaniste de sa vie ont apaisé les passions. Saint Marc en a tiré une leçon : « Les témoins sont le sel d’un pays. De près, ils brûlent la peau car personne n’a envie de les entendre. »

L’une de ses plus belles récompenses fut sans doute sa conférence aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan, devant un millier d’élèves officiers subjugués. Le saint-cyrien de 1948, le commandant banni puis pardonné fut acclamé. Jamais le grand amphi Napoléon ne connut une telle écoute admirative.

Je quitte Hélie de Saint Marc. Le soleil illumine les grilles du parc de la Tête d’Or. Ma joie ressentie avant la rencontre est encore plus profonde. Une phrase du commandant m’accompagne : « Le souvenir n’est pas une tristesse mais une respiration intérieure. » Je crois lui avoir dit un adieu définitif mais ce grand soldat ne cessera jamais de se battre. Je le revois quelque temps après. Ce jour-là, il rit avec malice de son amusant sweat-shirt bleu ciel, si bien assorti à ses yeux : « Une idée de Manette, mon épouse… »

Je repartirai avec d’autres anecdotes, d’autres leçons de vie, comme une empreinte indélébile sur la mienne. Et aussi cette certitude absolue, dictée à Manette en dédicace sur son dernier livre, avec sa signature tremblée, “Hélie” : « Dans la suite des temps et la succession des hommes, il n’y a pas d’acte isolé. Tout se tient. Il faut croire à la force du passé, au poids des morts, au sang et à la mémoire des hommes. »   Frédéric Pons

A écouter :
“Ce que je crois”

Il y a le texte, l’image, mais voici la voix d’Hélie de Saint Marc. Sa voix, dans un long entretien accordé à Guillaume Roquette et Inès de Warren, illustré par deux brefs intermèdes musicaux, le Je ne regrette rien de Piaf et la Messe de gloire de Puccini. Hélie de Saint Marc y parle de lui, de son expérience de la vie, mais plus profondément de sa réflexion sur la foi et l’espérance, la souffrance, le doute, le pardon et la beauté, la peur et le courage – « de toutes les vertus la plus importante ». Un éclat de lumière lorsqu’il raconte le plus beau souvenir de sa carrière militaire, mêlant l’esthétique à la grâce, la jeune fille indochinoise qui vient lui servir un thé du matin après trois nuits de combats. Un moment d’émotion intense lorsqu’il relit les Béatitudes de Péguy – « Mère voici tes fils qui se sont tant battus ». Et puis la pudeur dans laquelle baigne cette grande leçon de fidélité aux rêves de son enfance. D’où lui viennent donc, à lui le soldat plongé dans l’action, cette qualité d’expression, cette précision de la langue, l’étendue de la pensée ? « Mais j’ai fait cinq ans de prison, dit-il, de 1961 à 1966, et ce fut un temps de réflexion après une vie d’une incroyable richesse et le commandement d’hommes étranges et rudes. La prison peut pourrir ; elle m’a permis de beaucoup travailler. » Il avait sur sa table Péguy et Aragon (« Cette vie fut belle »), Vigny et Hugo, mais aussi Kipling, Conrad et Duras – Un barrage contre le Pacifique, le livre de l’enthousiasme et de l’utopie. Il y a, confie-t-il, des plaies refermées et d’autres dont on ne guérit jamais. F. D’O.
“Ce que je crois…”, Hélie de Saint Marc, avec Guillaume Roquette et Inès de Warren.

Un CD  à commander à Valeurs actuelles : 


À l'assaut du Galibier pour une belle et noble cause 29062010

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Publié le 29/06/2010


Le col du Galibier vaincu ./Photo DDM, Olivier Bouchard

La Solidaire, c'est une bonne et belle idée du capitaine Joffredo, du 4e Régiment étranger qui a fédéré quelque trente participants pour un périple à vélo, long de 333 kilomètres -du gâteau, enfin presque avec, - et ça, cela l'est moins : 5 150 mètres de dénivelé positif. Les connaisseurs apprécieront, les participants eux, c'est fait. Le but : récolter des fonds pour l'Institut des invalides de Puyloubier qui accueille les anciens de la Légion étrangère. Ce sont ainsi 8 000 € qui ont été reversés et serviront à climatiser l'infirmerie de l'établissement. Le groupe est donc parti, dimanche matin, à l'aube, de Puyloubier. Cap sur Gap pour une première étape de 163 km. Première nuit et remarquable accueil au 4e Régiment des chasseurs. Lundi, en route vers L'Argentière-Bessée, par la Route Napoléon et ses somptueux paysages. Après 112 kilomètres d'effort, le réconfort et une fantastique réception de la municipalité autour du député maire Joël Giraud qui avait fait ouvrir la piscine pour nos cyclistes émérites. Il fallait au moins cela pour attaquer la der des der, l'étape culte, courte de 58 kilomètres à peine mais longue,- bigre qu'elle fut longue - avec deux cols dont le fameux col du Galibier, un col classé hors catégorie au Tour de France. Ils étaient 32 au départ, ils furent autant à l'arrivée. À noter, la participation active, dans le peloton, du colonel Mistral, le chef de corps et l'amical soutien d'Olivier Bouchard qui a assuré le reportage photo de la course. Un grand bravo aux organisateurs et aux participants. À quand la prochaine et où ? Et si c'était en Lauragais ?


En hommage au général Michel Poulet 28062010

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Agglo de Tours chambray-lès-tours

28/06/2010 06:35

La stèle dévoilée par le général Robert  Rideau, président de l'association des anciens légionnaires, et Pierre  Lorailler, président de l'amicale des anciens de la Légion. -
La stèle dévoilée par le général Robert Rideau, président de l'association des anciens légionnaires,
et Pierre Lorailler, président de l'amicale des anciens de la Légion. -  - Photo NR

Samedi a eu lieu l'inauguration au carrefour des Maréchaux de la stèle en hommage au général d'armée Michel Poulet disparu il y a 4 ans à l'âge de 57 ans et de la sculpture de la silhouette du général réalisée au laser sur métal par Michel Audiard, présent d'ailleurs pour cet évènement. La manifestation avait lieu en présence du général Bonnet, commandant d'armes de la place de Tours, d'anciens de la Légion, d'anciens parachutistes, d'anciens combattants, et du maire de Chambray-lès-Tours, Christian Bâtard, entouré de quelques élus. Grand officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, officier dans l'ordre national du Mérite, titulaire de la croix de la valeur militaire avec deux citations, le général Michel Poulet a eu droit à un éloge mérité prononcé par le colonel Breuille : « Chef prestigieux, homme d'exception, aimé de ses subordonnés et dont les qualités humaines étaient appréciées par tous », devait-il notamment déclarer pour ce militaire qui avait accompli l'essentiel de sa carrière dans la Légion et qui a fait partie des troupes du 2e REP qui ont sauté sur Kolwesi en mai 1978.


L’Elysée taille dans le budget « petits fours » 24062010

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publié le 24/06/2010

Légionnaire français et cavaliers anglais du Royal Horse Artillery sur la pelouse de l'Élysée, à la garden-party de 2004.
Une image qui est amenée à être archivée dans les albums de souvenirs. Photo REUTERS

 

Dans un sombre contexte économique et financier, Nicolas Sarkozy a décidé de supprimer la traditionnelle garden-party du 14 juillet à l’Elysée qui avait coûté plus de 700 000 € l’an dernier. Fini le spectacle annuel où dames enchapeautées et messieurs bardés de médailles côtoyaient dans une ambiance de kermesse élus, people, simples citoyens accidentés de la vie ou distingués pour leur action caritative… La disparition de la garden-party pourrait être annoncée officiellement en tout début de semaine prochaine, selon une source proche du gouvernement, lors d’une réunion à l’Elysée sur la révision générale des politiques publiques. «  Un vaste plan ambitieux de décisions pour encore réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat est à l’étude », indique-t-on à la présidence.

En rendant compte hier des travaux du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a insisté sur la nécessaire «  exemplarité » des ministres et du gouvernement en ces temps d’austérité budgétaire. Pour Nicolas Sarkozy, il s’agit de montrer qu’il est dans l’action alors que les polémiques sur ses ministres ou ex-ministre se succèdent : Christine Boutin et sa double rémunération, Christian Blanc et ses cigares offerts par la République, Alain Joyandet et l’agrandissement illégal de sa maison, Eric Woerth et l’affaire Bettencourt. En pleine réforme des retraites, difficile à faire passer dans l’opinion qui la juge majoritairement «  injuste », Nicolas Sarkozy veut remettre de l’ordre dans les rangs. L’ex-ministre du Logement Christine Boutin a renoncé à ses 9 500 € mensuels pour une mission confiée par l’Elysée sur la mondialisation, le secrétaire d’Etat au Grand Paris a été prié de rembourser tous les cigares (12 000 €), son collègue à la Coopération a renoncé à son permis de construire. Le ministre du Travail s’est, lui, vu renouveler la confiance du président pour mener à son terme la réforme des retraites. Son image de premier ministrable est néanmoins considérablement affaiblie.

« Anecdote »

Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé hier les «  artifices » de l’exécutif après l’annonce de la suppression de la garden-party du 14 juillet à l’Elysée. «  Le jour où le président de la République décidera de supprimer le bouclier fiscal, on pourra parler plus sérieusement », a-t-il dit. Pour Marine Le Pen, vice-présidente du FN, la mesure est « dérisoire ». Le député Vert Noël Mamère a estimé que la suppression de la garden-party était une «  anecdote ». Le président UMP de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée, Pierre Méhaignerie, y a vu «  une première étape », et a par ailleurs demandé un gouvernement restreint à 28 membres contre 40 aujourd’hui.


Le contingent en Afghanistan ou le syndrome indochinois 21062010

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21.06.2010

Antoine Fleuret, chef de bataillon, commandant de l'armée de terre.

Le caporal Eric a été désigné pour accompagner le rapatriement de son camarade Vincent, mort en Afghanistan. Dans l'avion qui les ramène en métropole, il imagine son arrivée à l'aéroport et les applaudissements comme pour les marines aux Etats-Unis. Il n'en sera rien.

Puis il songe au trajet vers le cimetière et, comme au Canada, il voit de nombreux compatriotes sur le parcours avec des drapeaux et des pancartes de remerciement. Mais il ne distinguera personne. "Ils doivent nous attendre au cimetière", pense-t-il alors.

Son attente sera comblée avec la présence de la famille de Vincent, du ministre de la défense, des notables locaux et des associations d'anciens combattants. Surpris par l'anonymat de ce retour, il apprend alors que les derniers sondages confirment une tendance à l'agnosie au sujet de l'engagement des soldats français en Afghanistan.

Le maréchal de Lattre exprimait en 1951 ses inquiétudes sur l'avenir de la présence française en Indochine, en expliquant qu'il ne pouvait tout résoudre seul et que le corps expéditionnaire avait besoin du soutien du peuple français. Le risque de voir notre pays confronté au même syndrome de distanciation entre les forces engagées en Afghanistan et la population est évident. Il s'agit peut-être même déjà d'une réalité.

Cette comparaison germe pour de nombreux observateurs de l'engagement de l'armée française en Afghanistan. Or cette indifférence manifeste interpelle, car elle pourrait influer à terme sur la pleine efficacité de nos unités.

L'éloignement kilométrique du "pays des Afghans", pourtant moindre que celui qui nous sépare de l'Indochine, constitue une première explication. Mais ce désintérêt s'explique surtout par les difficultés de compréhension des motifs de notre présence sur place.

Nos dirigeants qui ont décidé de cet engagement ont là de véritables efforts de pédagogie et d'explication à produire. Cela est d'autant plus vrai en France, car la population ne distingue pas le soutien à son armée des raisons politiques de l'engagement de cette dernière.

Les Américains, a contrario, supportent infailliblement leurs "boys" malgré les atermoiements des dirigeants politiques pour justifier l'engagement en Irak de 2003 par exemple.

Comme en Indochine, l'opération en Afghanistan a été décidée par un gouvernement élu démocratiquement. Cette mission a été validée par un débat parlementaire après les quatre premiers mois d'engagement. De plus, l'intervention en Afghanistan est mandatée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est difficile, de nos jours, de trouver une plus large légitimité.

Les deux opérations ont été et sont menées sans l'apport du contingent. En Extrême-Orient, ce sont les troupes coloniales et la Légion étrangère ; la guerre en Afghanistan est conduite par la jeune armée professionnelle composée de volontaires. Cet argument avancé dans les deux cas pour expliquer la distanciation n'est pas recevable, car ce sont bien des fils de France qui se battent au nom du peuple français. Considérer l'inverse reviendrait à dire que l'armée française n'est pas une émanation de la nation.

Un syndrome indochinois prend donc bien forme pour nos troupes en Afghanistan. L'élément le plus probant se situe au niveau des responsables politiques qui peinent encore à expliquer cet engagement. Or la pérennité de notre engagement conditionne son efficacité.

En outre, l'appui du peuple est vital pour nos forces armées, en particulier dans le domaine psychologique au moment du retour. Le docteur Claude Barrois explique que l'approbation collective constitue un gage majeur de la réintégration pleine et entière des soldats de retour d'opération. Cela permet d'éviter un décalage entre des soldats marqués par un conflit mené au nom de la nation et un pays qui ne s'en préoccupe guère.

L'ignorance et l'oubli sont deux prodromes des crises à venir. Nos dirigeants doivent donc poursuivre leurs efforts d'explication sur notre implication dans la résolution du conflit afghan. Cela permettra aussi de ne pas oublier que le régime taliban, autrefois en place, fut un sanctuaire du terrorisme international.

Cette guerre est bien celle de la France. Il serait paradoxal que la population afghane soutienne de plus en plus la présence de la coalition lui apportant une certaine sécurité, pendant que les opinions des pays engagés se soucient de moins en moins de leurs soldats.

Le caporal Eric vit cela au jour le jour depuis qu'il est retourné en Afghanistan. Il appréhende un peu son retour, alors aidons-le à ce moment, pour lui témoigner le soutien du peuple français et lui permettre de continuer à porter fièrement les armes de son pays.


Afghanistan : les légionnaires l'appellent «Padre» 18062010

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Publié le 18/06/2010

Afghanistan : les légionnaires l'appellent «Padre»

Par Adrien Jaulmes

Son premier colonel lui a dit:«Allez avec les paras, et sautez !»  Le Padre a suivi ce conseil, il a aujourd'hui plus de 1.000 sauts à son  actif. (Sébastien Dufour)

Son premier colonel lui a dit:«Allez avec les paras, et sautez !» Le Padre a suivi ce conseil, il a aujourd'hui plus de 1.000 sauts à son actif. (Sébastien Dufour)

Il est aumônier, il court et saute en parachute avec les bérets verts du 2e REP. Ce qui a vite fait de lui une figure aussi populaire que respectée dans ce régiment d'élite qui vient encore de perdre un homme la semaine dernière. Refusant les demi-mesures et les compromis, le père de Pommerol a tout du curé de combat.

En d'autres temps, le père Benoît Jullien de Pommerol aurait fait un parfait martyr, dans le genre de Thomas Beckett ou de sir Thomas More, admirables autant qu'insupportables d'intransigeance, se heurtant sans cesse à un monde trop prompt aux compromissions. Il aurait pu aussi être un moine soldat, un Templier voué à la défense du royaume latin de Jérusalem, ou endosser l'armure d'un prélat batailleur du Moyen Age, sûr de sa foi et de son épée. Ou bien encore devenir un ascète, émule du Père de Foucauld, éperdu de prière au fond d'un désert. Né au XXe siècle, le père de Pommerol est devenu aumônier militaire. Ce jeune prêtre épris d'absolu est le «Padre», comme on appelle familièrement les aumôniers dans l'armée, du 2e régiment étranger de parachutistes, en mission depuis le début de l'année en Afghanistan. Grand et maigre, un long visage de saint du Greco, le Padre dit la messe tous les matins, son aube enfilée par-dessus sa tenue camouflée et ses bottes de saut. Sa petite chapelle est aménagée en sous-sol dans un ancien bunker soviétique. Elle se trouve au sommet de la base française de Tora, dans le district de Sarobi, à l'est de Kaboul, perchée sur un éperon rocheux perdu au milieu des montagnes afghanes.

 
Le père de Pommerol a fait construire un petit clocher, repeindre le plafond en bleu, et a dédié l'édifice à Notre-Dame-des-Victoires. Les soeurs de l'église parisienne du même nom lui ont offert une statue de saint Michel, patron des parachutistes, qu'il a placée sur l'autel. «C'est évidemment mon saint patron », dit le père, qui distribue autour de lui des petites médailles de l'archange, que les légionnaires accrochent à l'intérieur de leur béret vert. Son goupillon a été fabriqué par l'un des mécaniciens du régiment. «On s'en souviendra quand je serai là-haut, hein, Padre?», lui a dit le mécano en lui donnant le solide objet fait de pièces de métal soudées. Le père de Pommerol est une figure populaire au régiment. Il court le matin avec les légionnaires, embarque dans les blindés qui partent en patrouille, ou se rend dans les postes isolés, dans la vallée de Tagab ou d'Uzbine, avec les compagnies déployées. A Tora, on l'arrête dans les allées poussiéreuses du camp, entre les blindés garés devant les bâtiments des compagnies, comme ça, parfois sans raison, juste pour discuter. «Les légionnaires appartiennent à une génération qui ne connaît pas ou peu la religion. Mais ils ne la rejettent pas, explique le Padre. Ils ont souvent laissé tomber Dieu, mais pas par refus, plus par manque d'occasion. Ils n'iront pas voir un curé, mais si un curé vient à eux, ils n'hésiteront pas à “raccrocher les wagons”. C'est la pastorale de la poignée de main, dit-il. Un jour, l'un d'eux m'a dit:“Padre, je ne peux pas venir à la messe, je ne me suis pas confessé depuis le Kosovo.” Ce n'est pas une attitude indigne. C'est plutôt une marque de respect…, raconte le père de Pommerol. Je leur parle avec simplicité. Ce qui ne veut pas dire simplement, ajoute-t-il. Ma paroisse, c'est le régiment. Je vis au milieu de mes paroissiens. Mais le sacerdoce ministériel ne suffit pas à se faire respecter auprès d'eux, précise le Padre. Les légionnaires sont des gens qui ont tout quitté pour servir à la Légion. Ils regardent ceux qui n'ont pas fait le même choix avec réserve. Leur respect se mérite. Il faut marcher avec eux, aller sur le terrain avec eux, sauter avec eux.»

 Le père de Pommerol a appris cette leçon dans l'une de ses premières affectations, à l'Ecole des troupes aéroportées de Pau. «A mon arrivée, j'ai demandé à mon chef de corps, le colonel Rideau, ce que je devais faire. Il m'a répondu que j'avais carte blanche. Je lui ai demandé qui allait évaluer mon travail. “Mais c'est Dieu, Padre !”, m'a-t-il répondu. En ajoutant simplement comme consigne d'aller voir les paras. “Et les paras, a-t-il poursuivi, ils sont dans les avions : alors, allez avec eux, et sautez !” J'y suis allé, poursuit le père de Pommerol, et j'ai sauté.» Le père a, depuis, suivi à la lettre ces premières instructions. Il est devenu un parachutiste émérite, avec plus d'un millier de sauts à son actif, dont plusieurs centaines en ouverture commandée. Il pratique parfois même la chute libre en soutane. «Ce n'est pas idéal pour se stabiliser pendant la chute», reconnaît-il en riant.

Et surtout, il n'a jamais reconnu d'autre hiérarchie que celle de Dieu. Quitte à s'attirer régulièrement quelques déboires avec celle, terrestre, de l'autorité militaire. Dès que l'occasion se présente de dénoncer un compromis, de soulever une question délicate, le père de Pommerol fonce. Dans un environnement aussi délicat que l'Afghanistan, ses sorties agacent parfois le commandement. Lorsque l'armée envisage un moment de faire porter un voile aux personnels féminins déployés en Afghanistan, le père de Pommerol monte au créneau et dénonce l'idée avec virulence. Ses discussions avec l'aumônier musulman sont aussi parfois houleuses. Le père de Pommerol cite dans ses sermons l'archevêque de Smyrne, Mgr Bernardini, prélat connu pour mettre en garde contre la montée de l'influence de l'islam en Europe. « Le combat contre les talibans est un combat de la civilisation contre la barbarie, dit le Padre. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut les mépriser. Ils ont la foi, et cherchent à plaire à Dieu. Comme disait le maréchal de Lattre en Indochine à propos des Viêt-minh, ce sont des gens qui se battent bien pour une mauvaise cause.»

«More  majorum» («selon l'exemple de nos anciens»). La devise gravée sur le  monument du 2e REP à Calvi reste le credo des légionnaires  parachutistes. «Le sens de notre mission, c'est de donner notre vie au  service des autres», dit le père de Pommerol dans son homélie.  (Sébastien Dufour)
«More majorum» («selon l'exemple de nos anciens»). La devise gravée sur le monument du 2e REP à Calvi reste le credo des légionnaires parachutistes. «Le sens de notre mission, c'est de donner notre vie au service des autres», dit le père de Pommerol dans son homélie. (Sébastien Dufour)

Lyautey et le Père de Foucauld lui servent de guides

Le père de Pommerol est conscient de l'embarras que causent parfois ses sorties. L'aumônerie militaire s'inquiète parfois de ce jeune prêtre enflammé, capable de dire leurs quatre vérités à des généraux, voire même au ministre de la Défense en visite. « Je suis peut-être un peu encombrant. Je suis un peu excessif, c'est vrai. Ma chère mère me répète depuis longtemps de mettre de l'eau dans mon vin, reconnaît le Padre.Mais je ne veux pas être modéré.Qu'est-ce que c'est qu'un aumônier modéré, d'ailleurs? J'ai sans doute des opinions tranchées, mais au moins je suis cohérent. La passion de Jésus-Christ, ce n'est pas un pique-nique!» Une chose est sûre, le père de Pommerol est un curé de combat. «L'Eglise se meurt du silence des prélats, disait déjà sainte Catherine de Sienne. Si je me tais, je raccroche les gants», répète-t-il. Ses ennemis sont la lâcheté, la faiblesse, le compromis. Rien ne l'énerve plus que la tendance de certains prêtres à s'accommoder d'une version allégée de la religion. «Je bondis quand j'entends des curés qui parlent de questions sociales ou de commerce équitable, je me dis qu'ils ne sont pas dans leur rôle. Aujourd'hui, chacun a sa vérité. Chacun dit:“Je suis croyant mais pas pratiquant.”» Ce genre d'attitude n'est pas celle du père de Pommerol. Demi-mesure et compromis ne font assurément pas partie de son vocabulaire. «J'ai endossé mon sacerdoce comme une armure», dit-il.

«Ma  place est avec les légionnaires.» Le Padre part en opération avec la 3e  compagnie. (Sébastien Dufour)
«Ma place est avec les légionnaires.» Le Padre part en opération avec la 3e compagnie. (Sébastien Dufour)

Un oncle jésuite, un grand-oncle cardinal, Benoît de Pommerol n'est pas un prêtre du genre contemplatif. Ordonné en 1997, il rejoint l'aumônerie militaire en 1999. Ses exemples sont ceux de grands soldats chrétiens, le maréchal Lyautey, le Père Charles de Foucauld ou le général de Sonis, qui combattit à la tête des zouaves pontificaux. «Ils ont écrit des choses lumineuses. » Il lit chaque jour la vie des saints, ou les écrits de prison de Thomas More. Il aime aussi citer la phrase du cardinal André Jullien:«S'en tenir en tout et toujours au vrai, au juste, à l'équitable, ne sera-ce pas souvent une vraie torture? Ce sera comme un martyre pour la vérité et la justice.»

 En dix ans de service comme aumônier militaire, le père de Pommerol a participé à huit opérations extérieures, et en est à son troisième séjour en Afghanistan. Il a aussi célébré six enterrements depuis le début de son sacerdoce. Deux légionnaires du 2e REP sont morts en Afghanistan depuis le début de la mission du régiment à Sarobi. Le dernier était le sergent Konrad Rygiel du groupe de commandos parachutistes, tué le 7 juin dans un accrochage avec des insurgés dans le village de Payendakhel, dans la vallée de Tagab. En avril dernier, le Padre avait célébré l'enterrement du légionnaire Robert Hutnik, tué aussi à Tagab. «Dans mon prêche, ce jour-là, j'ai dit aux légionnaires:“Vivez comme si vous alliez mourir aujourd'hui.”»

Le père de Pommerol était, le jour de la mort d'Hutnik, dans un poste voisin, trop loin pour pouvoir donner l'extrême-onction au mourant. «Je m'en veux encore de ne pas avoir pu être là, dit le Padre. Je pense en permanence aux morts, dit-il, depuis le premier d'entre eux, le maître principal Loïc Le Page, du commando Trépel, tué à Spin Boldak dans le sud de l'Afghanistan en mars 2006, dont j'avais célébré les obsèques, jusqu'à nos légionnaires.»

(Sébastien Dufour)

(Sébastien Dufour)


Pour Bigeard, la torture en Algérie était un «mal nécessaire» 18062010

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18.06.2010

Le général , décédé ce vendredi à l'âge de 94 ans, a été l'un des protagonistes de la bataille d'Alger en 1957. Il évoquait avec réticence cette période durant laquelle l'armée française se livra à la torture, une pratique qu'il avait qualifiée en juillet 2000 de «mal nécessaire». La bataille d'Alger, théâtre de la torture Lors de la bataille d'Alger, menée par la 10ème division parachutiste (DP) du général Jacques Massu, le colonel Marcel Bigeard et son 3ème régiment de parachutistes coloniaux (RPC), avaient participé au démantèlement des réseaux armés du FLN qui avaient posé une série de bombes visant les Européens. Cette bataille d'Alger avait été livrée, notamment par les régiments parachutistes de la Légion étrangère et de l'infanterie coloniale, avec le recours fréquent à la torture : supplice de la baignoire et utilisation de la gégène (décharges électriques sur les parties génitales). Cette pratique avait été dénoncée en France par les intellectuels puis par quelques rares militaires, comme le général Jacques Pâris de la Bollardière, Compagnon de la Libération. Beaucoup plus tard, Massu et Bigeard, qui ne s'aimaient guère, s'étaient renvoyé la responsabilité de ces actes. Les aveux du général Bigeard au soir de sa vie En 1999, lors de la sortie de son dixième ouvrage («Lettres d'Indochine»), le général Bigeard avait reconnu à demi-mot que certains officiers de renseignement avaient utilisé la torture durant la bataille d'Alger. «Etait-il facile de ne rien faire quand on avait vu des femmes et des enfants les membres arrachés par l'explosion d'une bombe?», avait-il alors dit. En juillet 2000, il avait déclaré que la torture était un «mal nécessaire», ajoutant qu'il s'agissait d'une «mission donnée par le pouvoir politique», mais démentant l'avoir pratiquée lui-même. «Nous avions affaire à des ennemis motivés, des fellaghas, et les interrogatoires musclés, c'était un moyen de récolter des infos. Mais ces interrogatoires étaient très rares et surtout je n'y participais pas. Je n'aimais pas ça. Pour moi, la gégène était le dernier truc à utiliser», déclarait-il en 2007 au quotidien suisse La Liberté. Mais contrairement à Massu, qui a regretté l'usage de la torture, Bigeard n'avait émis aucun remord. «Je ne regrette rien ! Nous avons fait face à une situation impossible.» Les accusations de la militante indépendantiste Louisette Ighilahriz La militante indépendantiste algérienne Louisette Ighilahriz avait révélé dans la presse en 2000, puis dans un livre paru en 2001 («Algérienne»), avoir été torturée à Alger par des militaires français de la 10e DP, entre le 29 septembre et le 20 décembre 1957, sur le commandement de Bigeard. Dans un livre paru en 2002 («Crier ma vérité»), Bigeard avait dénoncé une «machination». Louisette Ighilahriz avait mis en cause Massu et Bigeard comme les «commanditaires» du «sale boulot», assurant avoir reconnu Massu et Bigeard. «Lorsque Massu ne venait pas, un autre gradé, grand et mince, portant un béret vert, le remplaçait. C'était Bigeard», témoignait-elle ainsi dans le Nouvel Observateur du 31 mai 2001. Des spécialistes avaient relevé que le vert était la couleur de la Légion étrangère et que Bigeard, de l'infanterie coloniale dont la couleur était le rouge, ne pouvait porter un tel couvre-chef. «Curieusement», remarque Bigeard dans «Crier ma vérité», l'éditeur du livre «Algérienne» «a fait corriger certains passages et le béret de Bigeard a changé de couleur, passant du vert au rouge».


Afghanistan sous le feu avec la Légion 17062010

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Le 17 juin 2010

Le lundi 7 juin, en début d’après-midi, un premier homme du 2e REP à terre dans une ruelle de Shaehwatay, un village en apparence paisible qui s’est révélé être un piège. Le jeune légionnaire, légèrement blessé, informe ses camarades que l’ennemi est tout proche.Photo Jonathan Alpeyrie

Paru dans Match

Notre reporter a suivi une opération du 2e REP et vu tomber plusieurs hommes. Leurs camarades se plaignent des règles de combat qu’on leur impose.

Photos et reportage Jonathan Alpeyrie - Paris Match

Jamais je n’aurais imaginé ce qui m’est arrivé. J’ai atterri le 1er juin à Bagram, la grosse base américaine où tous les pays de la coalition sont représentés. On m’a donné un casque et un gilet pare-balles. Le lendemain, j’ai rejoint un convoi de Vab (véhicules de l’avant blindés) qui se dirigeait sur Tora, la base avancée de la Légion, où il y a également des Bérets rouges. Pendant quatre jours, j’ai pris des photos de la vie du camp et me suis lié avec plusieurs hommes. Le 4, on apprend que l’opération « Altor Libeccio » va être lancée. Il s’agit d’un gros mouvement de troupes destiné à consolider la présence alliée dans le sud de la vallée de Tagab, particulièrement dans la « green zone », la bande de terres fertiles, parce qu’irriguées, où se trouve l’essentiel des villages de la région. Pas question pour autant de faire la guerre « à la russe ».Au contraire, les officiers expliquent qu’on fait désormais des « chouras », des actions où le rapprochement avec les populations locales est l’objectif prioritaire.

Avec l’élimination des « insurgés », bien sûr. Les militaires ne parlent jamais de talibans. Outre les 2e et 3e compagnies du 2e REP, le GTIA (Groupement interarmes) engagé par la France est composé du 1er RHP, du 35e RAP et du 17e RGP. Au total, environ 500 hommes. Un bataillon de l’Ana (Armée nationale afghane) est également de la partie. Deux hélicoptères Tigre et des F-15 américains seront en appui. Je suis content, quelque chose va se passer. Dans l’après-midi, un énorme diorama est installé. Il s’agit d’une maquette géante du terrain sur lequel nous allons intervenir. Les hommes parlent du « bac à sable ». Tout y est représenté, les hameaux, les maisons et le lit des « wabis », rivières asséchées. Des petits ­drapeaux indiquent les positions ennemies supposées, ainsi que les probables endroits où pourraient être planquées des mines artisanales. Les officiers afghans ont l’air un peu paumés. Alors que le commandant G. voudrait décrire le déroulé des opérations pour les cinq jours futurs, ils sont apparemment incapables d’anticiper la situation sur plus de 24 heures. Ils ne connaissent que les techniques de guérilla, ils n’ont pas lu Clausewitz.

La priorité : se rapprocher des populations locales

5 juin au matin. « Tu vas voir, ça va péter. » Il y a de la tension dans l’air. Les légionnaires nettoient leurs armes, démontent les mitrailleuses, chargent les Vab. ­Départ vers 16 heures. J’accompagne la 3e compagnie, une centaine d’hommes. La 2e est partie hier soir pour la base avancée de Rocco. Chaque régiment a sa propre ligne de front. Notre but est d’atteindre le Cop 46 : le poste de combat (Combat Outpost) situé sur le 46e parallèle. Il vient d’être rebaptisé Cop Robert Hutnik, en hommage au caporal de 23 ans, d’origine slovaque, qui y a trouvé la mort le 8 avril dernier. « Plus on grimpe, plus c’est dangereux », m’explique le lieutenant L. Il y a de plus en plus de noyaux durs de résistance. La limite de l’intervention des troupes françaises est le Cop 51. Au bout d’une heure et demie de routes et de pistes, on fait halte pour la nuit. On dort par terre près des Vab. Réveil à 2 h 30. Une demi-heure plus tard, nous sommes en vue du village de Shaehwatay, le plus au sud de la « green zone ». Les quatre sections de la compagnie se dispersent.

Les Vab se positionnent de façon à être protégés sur tous les flancs. Les opérations commencent vraiment. Je me retrouve avec la 1re section (« Noire 1 », les « Rouges » sont la 2e compagnie). Elle est commandée par un adjudant biélorusse avec qui j’ai un bon feeling. Les gars sont calmes. Les insurgés attaquent rarement de nuit, car ils savent que les forces alliées disposent de détecteurs thermiques. 9 heures : j’entame ma première patrouille à pied en Afghanistan. C’est assez flippant. Tu pénètres dans le bourg de maisons en terre où le danger peut venir de partout, d’un coin de rue, d’un toit, d’un arbre. A chaque carrefour, la pression monte d’un cran. Il ne se passe rien. Nous rentrons sur nos positions. Les légionnaires vérifient s’il y a du monde dans les champs alentour. C’est l’indice de base : s’il n’y a personne, ça veut dire que quelque chose se trame, les paysans sont au courant et sont partis se mettre à l’abri. Là, c’est la vie normale de la campagne afghane. Seconde patrouille en début d’après-midi. Même calme. Mes compagnons m’expliquent que les insurgés ne passent jamais à l’offensive le premier jour. Ils observent la tactique déployée par les alliés avant de se décider à attaquer ou non. Ils ne se déplacent qu’en petit nombre, pas plus de 15 individus, des « paks », comme disent les légionnaires.

Les rebelles préfèrent combattre en « binôme » ou carrément seuls. Surtout, ils sont dans le décor comme des poissons dans l’eau. Impossible de savoir si les civils sont des amis ou des ennemis. Un pauvre paysan peut se métamorphoser en insurgé en un rien de temps. Et il y a aussi les combattants ouzbeks, tchétchènes, pakistanais, proches d’Al-Qaïda, très motivés, « hard­core ». Pour le moment, on achète des bouteilles de Coca qu’on donne aux gamins. C’est la nouvelle doctrine : établir de bons rapports avec les gens du cru. Les hommes s’exécutent, ce sont des professionnels, mais je sens bien qu’ils ne sont pas 100 % OK. « Altor Libeccio » est une opération « civico-militaire », il n’est pas question de parler d’offensive. Les règles d’engagement sont en outre très contraignantes. Pas question de pénétrer dans les maisons pour rechercher des armes. Il est également interdit de tirer sur un homme armé, même s’il est animé de mauvaises intentions. Il faut ­attendre qu’il te canarde pour riposter. Las de son rôle de « libérateur-distributeur de friandises », un soldat me confie : « On ne peut pas gagner une guerre avec les mains accrochées aux couilles. »

« Las d’être un libérateur-distributeur de friandises »

Lundi 7 juin. Toujours rien. En plus, il pleut. Je commence à ­désespérer. Je demande au capitaine G. si je peux me joindre à la « Noire 4 », qui est stationnée plus près du village. Avec quelques hommes, le lieutenant L. est installé à l’abri d’un muret. On avance, courbés en deux. Nous venions juste de finir de déjeuner quand, tout à coup, ça s’est mis à canarder dur du côté du nord-est. Le lieutenant m’informe qu’il a plusieurs hommes isolés dans les parages. Des « Eagles », des membres du GCP, le groupement de commandos parachutistes du 2e REP. Des bêtes de combat. Alors que les tirs redoublent, le capitaine G. donne l’ordre par radio à la « Noire 4 » de se replier dans ses trois Vab vers l’est du village. L’idée, c’est de surprendre les insurgés par le côté. Une demi-heure plus tard, on s’extrait des véhicules blindés et on pénètre dans Shaehwatay en courant le long des murs. Depuis les Vab, les légionnaires tirent au canon de 20 millimètres et à la 12,7. Ça fait beaucoup de bruit, mais manifestement ça ne suffit pas à calmer l’ardeur des rebelles. Un premier légionnaire tombe devant moi. J’ai juste le temps de shooter, mais nous poursuivons notre course, c’est l’ordre. On pénètre dans une cour, ça « rafale » énormément. Deuxième blessé.

Puis je vois des « Eagles » déboulant d’une ruelle très étroite. Ils sont en train d’évacuer un combattant sur une civière de fortune. Stress maximal. Comme je veux prendre une photo, les légionnaires me l’interdisent sans ménagement. Leur compagnon est mort, tué par une rafale de kalach. ­Tandis que le capitaine G. ordonne de décrocher, dans le ciel, à moins de 100 mètres d’altitude, un F-15 fait un « show force ». Un boucan d’enfer. La bataille a l’air de se calmer. La « Noire 4 », les commandos du GCP et le capitaine attendent que la 2e compagnie (Rouge) ait décroché quand, soudain, une paire d’insurgés, l’un avec une kalach, l’autre avec un RPG-7, nous prennent dans leur ligne de mire. Les légionnaires forment alors une « boule de feu » : ils se mettent tous à tirer en même temps. Là, j’ai vraiment eu peur.

En se repliant, on fait un prisonnier, un drôle de hère en guenilles, au visage couvert d’hématomes et complètement excité. Il est vite calmé. Un mort et trois autres sous-officiers blessés, cinq insurgés tués, c’est le bilan de cette sinistre journée. Il n’y a pas eu la moindre erreur de commandement, seulement une embuscade très bien montée. Les légionnaires en ont gros sur le cœur. L’impression que s’ils pouvaient faire leur métier – se battre, rentrer dans le tas – ce genre d’accrochage fatal n’aurait pas lieu d’être. Pas question, néanmoins, de baisser les bras. Le lendemain, nous retournons au Cop 46 pour montrer à l’ennemi invisible que nous n’avons pas peur. Tout est calme. Je suis toujours avec la « Noire 4 ». Il fait très beau.On informe le lieutenant L. que 20 « paks » armés se cachent dans un « compound » (une maison fortifiée). Les Américains sur place assurent qu’ils peuvent le détruire avec leurs F-15. L’ordre ne sera pas donné. Le 8 juin au soir, la mission « Altor Libeccio » est déclarée achevée. Dans un mois, les hommes du2e REP regagneront Calvi. Ils seront remplacés par un régiment d’infanterie de l’armée régulière...

Propos recueillis par Pierre Delannoy

 


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