Étranger, toi qui viens servir sous la bannière
Verte et rouge du Corps au prestigieux passé.
D'être un vrai légionnaire, auras-tu la manière,
Ou par ce grand honneur seras-tu dépassé ?
La tâche qui t'attend, très souvent sera rude,
Et ce n'est pas facile, écoute mon ami,
Sans un cœur généreux, fier de sa servitude
De tenir en entier ce que l'on a promis.
Il te faudra pourtant respecter ta parole
Ton honneur de soldat après tout est en jeu ?
Ce ne sera pas toujours certainement très drôle,
Mais les espoirs permis sont dignes de l'enjeu.
L'ombre de nos drapeaux a balayé la terre
Et les titres de gloire enfermés dans leurs plis,
Éloquents, te diront ce qu'il reste à faire
Pour ajouter ta part aux exploits accomplis.
De l’Algérie d'hier aux hordes fanatiques
La Légion reçut son baptême sanglant,
L’Espagne et l'Italie nous virent magnifiques,
Le visage bruni sous notre Képi Blanc !
Et les soixante-cinq héros de Camerone
Par tous, au trente avril, fêtés pieusement,
Furent dignes, crois-moi, des grognards de Cambronne
En préférant la mort à l'oubli d'un serment.
Si je devais parler de tous ceux qui j'admire,
De tous ceux du Tonkin, d'Afrique et du Levant,
Des morts de l'autre guerre et de ceux de Palmyre
Quels sublimes accents recueillerait le vent.
Le travail entrepris serait tâche impossible
Mais il te suffira pour égaler ces preux,
De servir ton drapeau, d'un courage impassible
Et le cas échéant ... mourir aussi comme eux !
Écrit en mer entre Djibouti et Colombo, par le légionnaire LILIAN, mort au Champ d'Honneur, trois jours après son débarquement en Indochine.