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Légionnaire toujours...

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La Légion ultramarine : c’est d’abord la Légion

 

Drôle de titre pour un numéro de Képi Blanc Magazine. Qualifie-t-on la marine “d’ultra marine” ?

La Légion est par essence ultramarine, même si la plupart de ses ports d’attache sont aujourd’hui métropolitains.

L’acte de naissance de la Légion étrangère en a fait une troupe de combat expéditionnaire, créée pour combattre “hors du territoire continental du royaume”. L’Algérie fut son berceau. En 1831, les premiers légionnaires débarquant à Oran rejoignirent l’Armée d’Afrique pour ne plus la quitter, au moins pour ce qui concerne les traditions. Dès 1843, un “poste magasin” est créé aux portes du désert, au marabout de Sidi-Bel Abbès, dans une zone marécageuse impaludée. La Légion édifiera une ville en ce lieu insalubre et en fera sa Maison mère et le point de départ d’expéditions lointaines pour plus de 100 ans. Les légionnaires bâtisseurs renouvelleront souvent ces travaux d’Hercule comme à Kourou lorsqu’il s’est agi, à partir de 1973, d’assainir le terrain du futur centre spatial guyanais ou d’ouvrir la route de l’Est. Hubert Curien, président du CNES décernera au 3e REI en 1979 la médaille de vermeil de l’établissement, en reconnaissance du rôle joué par les légionnaires dans cette extraordinaire aventure qui dure toujours. Mais revenons à l’histoire ; la Légion s’engagera sur tous les continents. Il n’est pas une mer dans le monde qui n’est un jour vu flotter notre fanion vert et rouge : la noire, la rouge, celle d’Oman ou de Chine, des Caraïbes jusqu’à l’océan Indien et même le Pacifique qui eut son régiment dans la lointaine Polynésie de 1963 à 2000.

Les dorures de notre monument aux morts n’en sont-elles pas le témoin ?

Ultramarine, la Légion l’est donc par son Histoire, par ses gènes pourrait-on même dire. Mais elle l’est aussi et surtout, par l’esprit : mystérieuse, parfois inquiétante, toujours fascinante, comme peut l’être une autre terre au-delà de l’horizon ; aventurière comme l’explorateur décidé à aller là où les autres ne vont pas ; passionnée, prête à tout abandonner et à partir dans les lointains. Peu importe pour le légionnaire que le sel de la mer fasse place au sable du désert, à la poussière de latérite ou à la boue de l’enfer vert ! L’immensité est là et dans les têtes le départ est sans retour. Tout le nécessaire est dans le sac qui écrase les dos, donc le minimum. C’est la marque de l’aventurier de ne pouvoir tout emporter et ainsi de dépendre du milieu inconnu qui l’accueille. Si le sac n’est guère encombré, le reste, et dans ce reste particulièrement le rêve, suffit à remplir sa tête et à le faire se mouvoir.

Au-delà de la rime facile, n’est-ce pas là l’imaginaire lié à l’Outre-Mer ?

Le piment de l’Outre-Mer est indispensable à la vie légionnaire. Tout y est plus corsé, les efforts comme les amours. Tout n’y est pas traçable, le droit à l’oubli et à la deuxième chance existent là-bas.
L’Outre-Mer a d’autres règles, tout comme le légionnaire, défini comme un irrégulier par Joseph Peyré(1). “Et puis là-bas, on peut se refaire !” paroles d’un candidat à l’embarquement sur le “Patriote”, navire de l’expédition Choiseul pour la Guyane au XVIIIe siècle ou celles d’un candidat à l’engagement à la Légion étrangère ?

Étienne de Montety décrit parfaitement ce phénomène dans la préface du dictionnaire de la Légion étrangère(2). Il y cite plusieurs vers de légionnaires à l’âme de poètes, comme ceux d’Arthur Nicolet :

“Baroudeur parfumé de poudre et de tabac,

J’ai porté ma fortune et mes coups d’estomac

Aux seize vents des antipodes.

Ivre, j’ai vu griller à travers mille fleurs

Prismes chantant percés de flèches de couleurs

Les minarets et les pagodes”.

La Légion étrangère est née ultramarine, au sens de territoires français hors métropole qui lui servaient de résidence. Et si elle n’est présente aujourd’hui que dans deux territoires ultramarins sur les douze que compte la France, Guyane et Mayotte, avec seulement 7% de ses effectifs, l’esprit ultramarin y est partout présent.

Que ce soit en Guyane ou à Mayotte, les cadres et légionnaires y puisent au cours de leurs séjours les richesses des territoires. Les cadres sont à l’école des chefs et de l’autonomie, les légionnaires découvrent des milieux exigeants et s’y aguerrissent, les familles remplissent leur besace de souvenirs communs et apprennent aux enfants les difficultés du retour puisqu’alors personne ne les croira.

L’esprit de Corps se renforce spécifiquement dans les Outre-Mers. Les catégories se rapprochent, le tempo des activités s’ordonne différemment. La Légion a besoin d’Outre-Mer car elle y plonge une partie de ses racines. Elle répondra favorablement à tout projet visant à les développer.

Enfin, parler des Outre-Mer à cette période de l’année n’est pas incongrue. Le lagon de Mayotte ou les criques de Guyane produisent toujours un effet de “carte postale de vacances” ; l’occasion de souhaiter à tous un bon repos estival, bien mérité… Mais ne vous y trompez pas, pendant ce temps de relève des équipes, nos régiments des Forces de souveraineté poursuivent leur mission !

En avant,… toujours en avant !

(1) L’escadron blanc

(2) “La promesse de l’extraordinaire”, la Légion étrangère histoire et dictionnaire

Général de brigade Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère


Traduction

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