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Légionnaire toujours...

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COMLE

Éditorial...

                   Lettre...

                                 Dossier de presse...


L’esprit de corps, toujours en avant-garde

"Il faut chercher ailleurs que dans la nouveauté effrénée, le critère principal pour se situer en avant-garde", explique le général Lardet dans son éditorial du Képi Blanc Magazine #KBMag de mai, sur l'innovation.

 

Et si parfois l’avant-garde se trouvait à l’arrière ? C’est manifestement une des leçons de Camerone. Les légionnaires du colonel Jeanningros étaient sur les arrières et non au siège de Puebla, comme le chevalier Roland au col de Roncevaux. Que ce soit par la chanson ou par le chant du Boudin, ce sont ces hommes de l’arrière-garde qui nous guident aujourd’hui. “Pero, non son hombres, son demonios”, s’est écrié le colonel Milan.

Avant de poursuivre sur notre sujet, et puisque j’évoque Camerone, je tiens ici à remercier les légionnaires du  1er Régiment étranger sous les ordres de leur chef de corps, le colonel de Peretti. Le retour à un “grand Camerone”, après deux ans de mise en sommeil, n’était pas si facile. J’ai pu observer et admirer la ruche que représente la maison-mère dans les semaines de préparation : les convois pour les tribunes, le montage de la kermesse, les plans de transport d’autorités, les répétitions de prise d’armes, le dispositif de sécurité et d’accueil, la préparation des lunchs, la mise en ordre du quartier, sans oublier et sans être exhaustif, le montage de l’exposition temporaire du musée “de Sidi Bel Abbès à Aubagne”. À ce propos, je vous invite à visiter cette formidable exposition qui vous immergera dans la ville légionnaire. Les pièces d’époques sont émouvantes. Vous pourrez vous accouder au bar du foyer du légionnaire, y rencontrer Édith Piaf et Marcel Cerdan, bel-abbésiens. Vous aurez aussi l’occasion, pour ainsi dire, de participer au colisage qui nous a transportés jusqu’à Aubagne, la nouvelle ville de la Légion. Bref, bravo à tous pour ce beau Camerone qui a fait vivre avec brio nos traditions.

Cette digression n’est pas sans rapport avec le thème de ce numéro de Képi Blanc, “À l’avant-garde”.

Où se trouve l’avant-garde ? Je me risque, là encore en convoquant nos anciens, à mettre en garde sur une fuite en avant, peut-être dans l’air du temps. Pour une troupe d’assaut, être d’avant-garde ne signifie pas rechercher une posture avant-gardiste. Célébrer chaque année un combat vieux de bientôt cent soixante ans est-il avant-gardiste ?

Notre seule boussole est l’efficacité opérationnelle et l’innovation en est souvent un excellent moteur. S’appliquant à tous les domaines de la vie militaire, l’imagination est au cœur de la victoire future. Ce fut l’imagination du colonel de Négrier qui permit la création en 1881, de la première section montée couplant légionnaires et mulets. Par la suite cette innovation d’un mulet pour deux légionnaires, redonna, l’endurance et la vélocité au pays de la soif du Sud oranais et en définitive l’effet de surprise. Pour autant, la nouveauté n’est pas le bon critère d’un esprit d’avant-garde.

Le colonel Joseph Bernelle a cet esprit lorsqu’il décrète en 1835, nouveauté révolutionnaire, l’amalgame dans la composition des bataillons de Légion étrangère, jusqu’alors nationaux. Mêlant compétences et nationalités, cet amalgame est devenu un pilier de notre Légion. Aujourd’hui, sans une once de nouveauté, cet amalgame, condition première d’une intégration réussie, est toujours d’avant-garde.

Il faut donc chercher ailleurs que dans la nouveauté effrénée, le critère principal pour se situer “en avant-garde”. Faire ce qui n’a jamais été fait, aller là où les autres ne vont pas n’est pas le critère premier de la recherche de l’efficacité opérationnelle, mais une conséquence régulière. Grandeur et fierté font des hommes forts et une troupe forte. Ce sont les critères de l’avant-garde. Il s’agit donc, pour notre Institution, de développer notre esprit de corps. Je terminerai par une réflexion glanée dans un billet de monseigneur Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France.

“Un homme racontait : mon grand-père marchait 16 km, mon père en faisait 8, moi je roule en Cadillac, mon fil est en Mercédès et mon petit-fils sera en Ferrari…mais mon arrière-petit-fils marchera de nouveau. Pourquoi ? Parce que les temps difficiles font des hommes forts, les hommes forts créent des temps faciles, les temps faciles font des hommes faibles et les hommes faibles créent des temps difficiles”. Soyons grands et fiers, alors nous serons forts comme les légionnaires de la compagnie Danjou, à l’avant ou à l’arrière-garde : “non son hombres”.

 

Général Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

Éditorial Képi Blanc Magazine - Avril 2022


CAMERONE 2022 - Ordre du Jour du CEMA

Ordre du jour n° 14

du général d’armée Thierry Burkhard

chef d’état-major des armées

 

Officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, caporaux, clairons et légionnaires,

 

En ce 30 avril, partout à travers le monde, les légionnaires célèbrent l’anniversaire du combat de Camerone. Ce matin, à Aubagne, cette tradition plus que centenaire, constante et profondément ancrée dans l’âme de la Légion, revêt une dimension particulière.

En effet, après deux années de restrictions dues à la pandémie, nous pouvons enfin célébrer Camerone en compagnie de tous ceux qui éprouvent un attachement particulier pour la Légion étrangère. Français, amis, alliés : je les salue et les remercie de leur présence.

Célébrer Camerone, c’est bien sûr se pencher sur ce qui fait la force de l’esprit légionnaire. Cette année 2022 me donne également l’occasion d’évoquer un autre événement, certainement moins marquant pour l’histoire de France, mais ô combien essentiel pour la Légion. Je pense au départ de Sidi Bel Abbès.

Chaque année depuis 1906, le récit de Camerone célèbre le sacrifice des légionnaires du Régiment étranger. Il célèbre les valeurs de la Légion étrangère : l’honneur et la fidélité, mais également le culte de la mission, la fraternité d’armes et l’engagement au service de la France.

Ce récit, que nous allons entendre dans quelques minutes, que nous connaissons si bien, suscitera en nous émotion et recueillement, comme si nous l’entendions pour la première fois…

Pourquoi un tel écho ? Pourquoi, 159 ans plus tard, une telle actualité ?

Cela ne tient assurément pas à une quelconque spécificité. Si le capitaine Danjou et les légionnaires de la 3e compagnie ont écrit l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de la Légion, ils n’ont pas été les premiers à livrer ce genre de combat désespéré – et victorieux, puisque la mission fût accomplie. L’ombre de la bataille des Thermopyles plane ainsi sur l’histoire militaire depuis plus de 2500 ans…

Si Camerone nous touche autant, c’est parce qu’à l’écoute de son récit, chacun, en son for intérieur, perçoit intuitivement la force de cette communion qui unit les combattants – tous les combattants – autour de ce qui est pour nous « l’esprit de Camerone » : un sacrifice, un dépassement, mais aussi une référence, un point de repère et une inspiration.

Cet esprit est indispensable, parce que tout légionnaire sait que dès demain, peut-être, il lui faudra reproduire les actes de bravoure de ses anciens, pour le succès de la mission et l’accomplissement de son destin. C’est de la célébration de Camerone que se nourrissent les forces morales de la Légion, ces forces morales qui lui permettent de ne jamais renoncer et de combattre jusqu’à la fin, jusqu’au dernier s’il le faut et si l’honneur commande.

Si le combat de Camerone nous touche autant, c’est parce qu’il est l’incarnation parfaite de ces vertus auxquelles chaque soldat aspire.

Je salue la présence sur les rangs ce matin de la promotion « Général Caillaud » de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et de la promotion « Médecin colonel Rondy » de l’École de santé des armées. Élèves-officiers et officiers-élèves, l’exemple de vos parrains vous oblige. Puisez en cet instant une partie de ce supplément d’âme dont vous aurez besoin, le moment venu.

Cette année, nous commémorons également le 60e anniversaire de l’arrivée de la Légion à Aubagne. Début 1962, le Premier étranger recevait en effet l’ordre de quitter l’Algérie pour s’installer en métropole.

Les légionnaires étaient présents depuis 1842 à Sidi Bel Abbès, ville qu’ils ont construite de leurs mains. Mieux encore, à partir de 1933, avec la création du Dépôt commun des régiments étrangers, Sidi Bel Abbès devient de fait la « maison-mère » de la Légion : chaque légionnaire y passe, à l’aube comme au crépuscule d’une carrière au service de la France. Pour la Légion, qui a parcouru le globe, Sidi Bel Abbès n’était pas une simple garnison. C’était le centre du monde légionnaire, le creuset et le lieu où l’on conservait et honorait la mémoire des Anciens, pour le plus grand profit de jeunes légionnaires en quête de repères.

Arrachée à son histoire algérienne, la Légion laisse à Sidi Bel Abbès des souvenirs, des pierres et même les braises d’un feu, qui permirent de brûler le drapeau des Pavillons noirs. Elle laisse tout cela, mais elle emporte la flamme, celle qui brûle dans le coeur de chaque légionnaire et illumine 120 ans d’histoire et de traditions, 120 ans de gloire inscrits dans les plis des drapeaux.

La suite est à l’image de « l’esprit Légion » : en quelques années, les légionnaires transforment ce qui était alors le très austère camp de la Demande d’Aubagne en un nouveau quartier Viénot. Ils tissent des liens forts avec leur nouvelle ville d’adoption, et surtout, ils réinstallent sur place les symboles de l’histoire légionnaire : le monument aux morts devant lequel nous nous tenons, les archives, le musée.

Dans quelques instants, la main du capitaine Danjou remontera la Voie sacrée. Portée par le capitaine Estoup, capitaine du devoir qui a toujours fait le choix de l’honneur ; accompagnée par des légionnaires d’hier et d’aujourd’hui, dont les états de service, les faits d’armes et le courage font écho à l’exemple de Camerone ; escortée enfin, par les Pionniers du Premier étranger, dignes gardiens de « l’indomptable volonté » de leurs Anciens de Foum Zabel.

Cette relique, laïque mais non moins sacrée, concentre tout ce qui fait l’âme légionnaire, et nous l’accompagnerons respectueusement de nos saluts, de nos regards et de notre admiration.

Nous le voyons, le monde s’assombrit et les périls s’accumulent. Plus que jamais, les temps que nous vivons exigent courage, abnégation et dépassement de soi.

Dans les moments difficiles auxquels vous serez confrontés, vous saurez puiser dans l’histoire de la Légion étrangère la force de faire face, à la manière de vos anciens.

More majorum !

Aubagne, le 30 avril 2022


Dossier de presse Camerone 2022


Madame Claire Legras, DAJ du MINARM, nommée légionnaire de 1ère classe d’honneur.

Madame Claire Legras, directrice des affaires juridiques du Ministère des Armées, a reçu la distinction de "Légionnaire de 1ère classe d’honneur" des mains du général Alain Lardet, commandant la Légion étrangère. La cérémonie s'est déroulée à la résidence du CEMA, à l'Ecole Militaire (Paris).

La nouvelle "légionnaire de 1cl d'honneur" a été affectée au 4ème régiment étranger, représenté par son chef de corps.

L’honneur que me réserve la Légion étrangère me touche au plus profond ainsi que celui que vous me faites, Monsieur le chef d’état-major des armées, de recevoir à cette occasion mes amis de la Légion, d’autres qui la connaissent et qui l’aiment, ainsi que ma famille.

Je n’ai pas comme François Sureau sué à Arta, ni comme Sylvain Tesson sauté de liane en liane dans la jungle guyanaise avec le 3e REI, ni même comme Antoine Gosset-Grainville testé des émotions nouvelles au 2e REP : le syndrome d’imposture est donc puissant !

Pour moi la Légion a commencé par une injonction, celle du général Bosser m’accueillant au ministère : « avant toute chose, il faut que tu ailles à la Légion » ; il savait que j’y trouverai un beau bouquet de problèmes juridiques, et je n’ai pas été déçue, mais aussi le sens de l’engagement militaire et des rencontres qui me donneraient à penser. Une injonction donc, avant de devenir un rêve et, grâce à vous, une patrie.

Le droit n’est pas si aride quand il n’est pas pur jus de cerveau et qu’il permet d’agir ; cette chance m’a été donnée et je l’ai vue comme telle, qu’il se soit agi de créer un fichier de souveraineté pour le recrutement des légionnaires qui soit fermé aux regards et immunisé de tout oukase européen, de les doter par la loi d’un droit dérogatoire et généreux au séjour, dans le respect de la double contrainte supra-constitutionnelle des cinq ans de vie au quartier et de l’imperium du commandement, d’entrer en pourparlers avec pôle emploi ou l’administration fiscale américaine, de défendre au nom de l’ontologie de la Légion et contre toutes les règles l’autonomie de son centre d’archives.

Autant d’occasions de rencontrer le ComLe et ses hommes, d’échanges inoubliables, de la ferme de Raissac à Aubagne. Et la tâche ne sera jamais finie, celle de protéger la Légion contre les atteintes que pourrait lui porter la grande main du droit commun qui, sous l’aiguillon bruxellois et sous le pavillon d’une vertu bien mal placée, menace durablement la singularité militaire. Si la Légion parvient à créer une troupe homogène avec des gens de toutes origines, c’est, j’en suis convaincue, parce qu’elle refuse la monochromie et la linéarité, les clivages simplistes entre l’héritage et le progrès, et qu’elle cherche à enraciner la prouesse dans le quotidien, à brouiller la frontière entre la norme et l’exception. Il faut donc qu’elle vive juridiquement à l’abri d’une forteresse de bronze, car l’époque est friande de lits de Procuste… Le droit se dévoie quand il en est l’instrument ; mais que de combats restent à livrer pour lutter contre cette dérive !

Dans sa simplicité, j’aime ce poème de 1914 sur le volontaire étranger qui, cent ans plus tard, fonctionne toujours bien, en tout cas il parlera à mes enfants

Le monde entier disait : la France est en danger

Les barbares demain, camperont dans ses plaines

Alors, cet homme que nous nommions "l'étranger"

Issus des monts latins ou des rives hellènes

Ou des bords d'outre-mers, s'étant pris à songer

Au sort qui menaçait les libertés humaines

Vint à nous, et s'offrant d'un cœur libre et léger

Dans nos rangs s'élança sur les hordes germaines.

Mais c’est à un autre poète qui n’a rien à voir avec la Légion que j’ai pensé en recherchant comment vous dire ce qu’elle représente désormais pour moi. Un poète grec – beaucoup d’entre vous savent que ce pays m’est cher entre tous. Le ComLe, lors de ma visite à Castelnaudary, a d’ailleurs eu la délicatesse de me dénicher un légionnaire grec de catalogue, tant par l’enveloppe extérieure que par le fond : et pourtant c’est une denrée rare !

La même nécessité qui nous conduit à vivre et à mourir, à rechercher, à comprendre et à aimer, la même nécessité nous amène, c’est un article de mon credo, à tourner notre regard vers cette première aurore aux doigts de rose, vers la Grèce, demeure des dieux – et désormais partenaire stratégique majeur de la France ! Comme la tragédie ukrainienne tend à remettre en selle le sultan turc, c’est un partenariat vivant !

J’en reviens à mon poète. Il s’agit d’Odysseas Elytis. Elytis est notamment l’auteur d’un poème qui est une espèce de monument national. Son titre, Axion Esti, inspiré par les premières paroles d’un hymne orthodoxe à la Vierge Marie, signifie littéralement “ceci est digne d’être loué”. Il y déploie les facettes d'un pays prestigieux, depuis l'esprit antique et les fastes byzantins jusqu'à l'expérience de la guerre mondiale, de l'occupation, de la guerre civile et recueille l'essence temporelle et intemporelle de la Grèce, incarnée dans le présent et tout entière portée par les sédiments de l'ancienne. Tout ce limon antique définit une patrie charnelle, unie par sa langue et son goût de la liberté, une patrie que tout âme peut faire sienne.

La Légion est ce bloc de granit post-napoléonien, ce poème épique qui plonge ses racines loin dans notre histoire et incarne aujourd’hui une promesse universelle : celle de la constitution d’une nouvelle patrie par l’apprentissage de la langue, par l’action de sous-officiers et d’officiers qui, tel des aèdes antiques, transmettent ce qu’ils ont reçu. Une patrie où la défense des traditions est au service d’un temps suspendu, d’un éternel présent où l’homme ne vaut que pour ce qu’il est maintenant, où il peut s’oublier, grandir, et se choisir un destin. Une patrie d’où émane une force mystérieuse, celle qui a poussé des hommes à partir pour une vie qu’ils devinent exigeante, dans un milieu inconnu dont ils ne maîtrisent pas la langue. Une patrie qui respecte le sanctuaire de la conscience, qui libère d’un passé encombrant ou non désirable, mais en vous faisant héritier de sa mémoire, de ses deuils et de ses gloires, d’un récit qui permet de sortir de soi et de devenir quelqu’un.

Bref, on explore avec la Légion ce qui fait la spécificité et l’universalité de la France. La Légion est au cœur de ce qui est digne d’être loué dans notre pays.

La Légion donne beaucoup au soldat qui la rejoint et lui demande beaucoup en retour, jusqu’à la perspective du sacrifice suprême, qui est une réalité dans cette force combattante, au cœur de la vocation expéditionnaire qui demeure celle de l’armée française. La Légion ne s’explique que si l’on est convaincu que la fidélité du légionnaire n’est ni soumission ni compromission, mais découle d’une profonde confiance et d’un acte de liberté.

Et de ce fait le légionnaire me ramène à Saint-Paul et à sa lettre à Philémon, qui nous rappelle que le christianisme est une religion de liberté et nous aide à comprendre ce qu’est celle-ci.

Paul, lui-même en prison, reçoit la visite d'Onésime, esclave en fuite de son ami

Philémon, qu’il accueille comme la Légion accueille les fuyards ; après quelque temps, où Onésime est devenu chrétien, Paul le renvoie à son maître, avec une courte lettre, qui lui demande de l’affranchir. Paul ne se lance pas dans un sermon pour expliquer que l'esclavage est une abomination, évidemment incompatible avec la vie chrétienne. Il se contente de quelques mots nettement plus révolutionnaires: « Tu avais un esclave, et je te renvoie un frère ».

Cet épisode de l’esclave devenu frère pourrait parler lui-même de la Légion. Mais je vois un lien plus profond entre cette épître et les képis blancs. En refusant de forcer la conscience de Philémon, Paul souligne que la vie chrétienne n'est pas une affaire d'obéissance, mais d'amour libre du bien. Ce n'est pas du tout la même chose, c'est nettement plus exigeant.

La Légion, avec sa discipline stricte et efficace, qui donne mauvaise conscience à tous les parents, est une allégorie de la liberté telle que Saint Paul nous la propose : résister à la tentation normative qui menace toujours le cœur de l'homme, aujourd'hui au moins autant qu'hier ; car si notre société a voulu se libérer des injonctions morales religieuses, elle les a bien souvent remplacées par d'autres commandements tout aussi impérieux et par une inquiétude qui est l’ennemie de la liberté intérieure.

Je crois que la Légion est une sacrée école pour comprendre que la liberté authentique et profonde n'a pas grand-chose à voir avec la simple absence de contraintes extérieures. Le régime y est rigoureux mais la Légion est le refuge de la liberté : car elle se situe au-delà des réquisitions morales dans une époque qui n’admet plus ni l’oubli ni le pardon ; elle place la fidélité et la fraternité au cœur de la liberté.

Merci au père Légion d’avoir planté cet aiguillon au cœur de ma vie.

Pour finir, je voudrais évoquer le souvenir d’un grand oncle qui m’était très cher et qui est mon seul lien familial avec la Légion. Le général Jacques Bourdis, mort en 2007, compagnon de la Libération, est un de ces Français libres que leur affectation à la 13e DBLE a fait participer à toutes les campagnes de cette unité jusqu’à la fin du conflit à la frontière franco-italienne. Il s’est notamment illustré à Bir Hakeim à la tête de sa section de chenillettes, puis à El-Himeimat, préliminaire de l’offensive britannique à El Alamein, et a été blessé à plusieurs reprises. Après la guerre, il a servi en Allemagne aux côtés du général Koenig, puis en Indochine, en Algérie, avant de s’occuper comme notre CEMA de communication (à l’époque on disait information) et d’être chef du cabinet militaire du Premier ministre comme Benoît Durieux.

Entretemps, il avait été attaché de défense en Grèce et l’aimait autant que moi.

De la Légion, il était passé aux unités alpines, en cohérence avec notre ancrage familial. Pierre Messmer, dont il était très proche, a souligné que son caractère de montagnard le marquait et salué en lui un « Compagnon de la Libération d’un courage fier et joyeux ».

Longue et belle vie à la Légion qui incarne si bien ces vertus !

 

Madame Claire Legras,

directrice des affaires juridiques du Ministère des Armées

Légionnaire de 1ère classe d’honneur


Deux capitaines du devoir

Un siècle sépare ces deux officiers de Légion. De la naissance, 1828 pour l’un, 1929 pour l’autre, de leur entrée à Saint-Cyr, 1847 et 1949, de leur début en régiment, de leur élévation comme chevalier de la Légion d’honneur à moins de trente ans, le mimétisme du parcours de ces deux saint-cyriens, à cent ans d’intervalle, est troublant. Les deux prendront même le commandement d’une troisième compagnie, respectivement en 1863 et en 1961, pour l’ultime acte de leur vie militaire. L’un mourra héroïquement sur un champ de braises, l’autre verra sa vie militaire s’achever dans l’honneur sur un lit de cendres1. Les deux ne répondront qu’à une seule injonction : “faire tout son devoir”.

Comme un symbole de l’éternité de la Légion, comme un pont séculaire, le capitaine Joseph Estoup portera la main du capitaine Danjou, le 30 avril prochain, réunissant ainsi les destins de deux capitaines du devoir.

Le 29 avril 1863, le Régiment étranger est à peine installé dans ses bivouacs de Chiquihuite qu’il se prépare déjà à la difficile mission d’escorte des convois dans les terres chaudes du Mexique entre Palo Verde et Cordoba. Une “besogne d’arrière, ces escortes !”, devaient se dire les officiers subalternes du Régiment étranger, ceux-là mêmes qui avaient écrit à l’Empereur pour réclamer leur départ pour le Mexique. À la Légion, on ne choisit pas ses missions, on les remplit. Alors qu’un convoi descendant de Puebla s’annonce, l’expérimenté adjudant major du 1er Bataillon, le capitaine Danjou, vétéran de Crimée et de Magenta, exprime son inquiétude pour la sécurité d’un autre convoi, montant celui-là. Le colonel Jeanningros approuve l’envoi d’une compagnie au-devant de ce très important convoi logistique. C’est le tour de la 3e compagnie qui n’a pas d’officier sur les rangs. Danjou en prend le commandement. C’est un officier plein d’avenir et très respecté. Dans sa dernière lettre à son frère, avant de débarquer à Vera Cruz, il écrivit : “adieu, je te quitte, résolu à faire mon devoir et plus que mon devoir…” La suite sera proclamée les 30 avril prochain dans tous les stationnements de la Légion étrangère : dix heures de combat acharné, jusqu’au dernier dans un champ de braise pour permettre en définitive au convoi de passer.  Le caporal Berg, un des rares survivants dira au colonel Jeanningros : “la 3e du 1er est morte, mon colonel, mais elle en a fait assez pour que, en parlant d’elle, on puisse dire : elle n’avait que de bons soldats.”

Le 28 avril 1961, le 1er Régiment étranger de parachutistes quitte son camp “lieutenant-colonel Jeanpierre” à Zéralda pour rejoindre le terrain d’aviation de Thiersville. Il ne s’agit pas d’une mission d’escorte puisqu’ils sont escortés par des automitrailleuses. Le combat du jour sera sans munitions, mais fatal également. Le capitaine Estoup mène ses légionnaires de la 3e compagnie vers leur dernière sortie, vers un lit de cendres. Il est seul, la compagnie n’a alors plus d’officier. Ce capitaine est expérimenté et respecté, vétéran d’Indochine et acteur de l’entière épopée de 1er REP de sa création en 1955. Depuis son entrée dans la carrière des armes, le devoir a conduit cet officier, dans les circonstances les plus éprouvantes. Ce fut le renoncement par devoir, d’une affectation dans un bataillon parachutiste vietnamien en lieu et place du 8 GCCP, puis le renoncement du saut sur Diên Biên Phu reporté puis annulé, puis la mission douloureuse et culpabilisante de récupération des prisonniers rendus par le Viet minh, puis l’évacuation des Vietnamiens du Tonkin, puis le “fiasco de Suez”, puis les batailles d’Alger, Guelma, les victoires militaires effacées. Ce fut enfin l’obéissance à une mission particulière qui entraînait le 21 avril, le non-respect des lois. Ce 28 avril donc, “chaque commandant de compagnie organisa, dans la forme qu’il voulut, sa séparation d’avec ce qui était jusqu’alors , toute sa raison de vivre”2. On ne choisit pas ses missions à la Légion, cette dernière constituera la mort militaire de ce brillant Capitaine. Depuis 1961, le capitaine (er) Estoup se tenait au jugement de “sa dernière défaite” comme il l’a écrit. Malgré les lois d’amnistie, il a toujours refusé de reporter sa Légion d’honneur et ses six citations.

Le 29 avril prochain, il sera élevé commandeur de la Légion d’honneur. Le 30 avril, il remontera la voie sacrée, avec ses décorations, accompagné d’une garde de légionnaires, uniquement composée de bons soldats : l’adjudant-chef (er) Heinrich Hartkopf, l’adjudant-chef Saïd Ighir, le sergent (er) Lucien Veres et le brigadier-chef Magomed Moussaiev.

Pourquoi ce revirement, 61 ans après ? Le COMLE le lui a demandé or le capitaine Estoup a été et demeure un capitaine du devoir. Au fond, malgré ses défaites comme il le dit souvent, il sait que comme ses anciens de Camerone, il a toujours choisi l’honneur. Par un signe du destin, la troisième mort du 1er REP sera promulguée un 30 avril, comme un appel à unir deux capitaines.

Ils seront à l’honneur le 30 avril prochain.

 

[1] “les cendres sont ce qui reste des braises mortes. Les champs de braises (allusion au livre d’Hélie de Saint-Marc) laissent des lits de cendres” préambule de Joseph Estoup dans son livre Lits de cendres, Yvelinedition, 2018.

[2] Lits de cendres, p 213

 

Général Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

Editorial Képi Blanc - Avril


Algérie, les larmes aux yeux…

Il y a 60 ans, l’histoire retient de mars 1962, les 18 et 19, la mise en place d’un cessez-le-feu résultant de la signature des accords d’Évian. La Légion est alors en totalité déployée en Algérie et au Sahara, à l’exception du Bataillon de Légion étrangère à Madagascar. Le magazine KB rend visite aux unités Légion et raconte justement dans son numéro de mars, un périple de 5 000 km, reliant les deux frontières marocaine et tunisienne, en passant par l’Algérois, le Constantinois, les Némentchas jusqu’aux confins du Sahara. Les 1er RE, 2e REI, 3e REI, 4e REI, 5e REI, 13e DBLE, 2e REP, 1er REC, 2e REC, 1er Escadron saharien porté de la Légion, les 2e et 4e CSPL(1) poursuivent leur mission et contrôlent le terrain, sans pour autant pouvoir réellement intervenir.

Malgré le succès militaire, l’ambiance est lourde et les plaies sont profondes chez les légionnaires. L’année écoulée, depuis avril 1961, fut probablement la pire que la Légion eut à connaître. Le sentiment de tristesse et d’impuissance est répandu dans les unités : le départ de l’Algérie est inéluctable et douloureux par les drames accumulés depuis 1954(2) mais au-delà par la charge historique qui lie la Légion étrangère à cette terre nord-africaine. La Légion étrangère est née pour l’Algérie. Les premiers légionnaires connurent leur baptême du feu dès 1832 au sud d’Alger, près de Maison–Carrée. Le lieutenant Cham fut le premier des

904 officiers tués au combat sous la grenade à sept flammes. C’est en 1840 que la Légion pose son bivouac à Sidi Bel Abbès qui est alors uniquement le lieu-dit d’une Kouba(3).

De rien, la Légion en fit sa maison mère et sa ville. Les légionnaires assainirent, défrichèrent, créant les premières exploitations agricoles et bâtirent. Le développement de Sidi Bel Abbès a été fulgurant : 431 habitants en 1849, 5 259, dix ans plus tard, pour atteindre les 80 000 en 1959.

En ce mois de mars 1962, l’angoisse au cœur, le départ se prépare. Le général Morel, inspecteur de la Légion étrangère, déclare lors d’une visite : “ce jour même, 5 avril 62, une première unité fait route sur Djibouti, d’autres suivront vers de nouveaux territoires où de nouveaux destins les appellent. Fidèle à ses traditions, la Légion immortelle poursuit sa route.”

Dans cette période troublée, le chef de corps du 1er Régiment étranger, le colonel Vaillant, tient la barre du paquebot Légion et pense l’avenir. Il tient les troupes, maintient l’ordre dans la ville de Sidi Bel Abbès. Il déclarera : “l’honneur de l’Armée, c’est d’avoir été opposée à un adversaire désigné et de l’avoir battu. Le pays fait ce qu’il veut des succès de son armée.”(4)

Il était une fois Sidi Bel Abbès…

Ce sera le thème de l’exposition temporaire du Musée qui ouvrira le 30 avril prochain. De Sidi Bel Abbès à Aubagne, la Légion s’est résolument enracinée dans sa nouvelle ville provençale et fête les 60 ans de son implantation. Un concert de prestige ouvrira les festivités illustrant ce lien fort entre la Légion et Aubagne le 9 mars. Le lendemain, la ville d’Aubagne recevra, en la personne de son maire, monsieur Gérard Gazay, la distinction de légionnaire d’honneur, marquant notre reconnaissance à notre ville.

Que vive Aubagne et sa Légion étrangère !

 

 

(1) Pour la troisième fois, le 1er REP a disparu, le 30 avril de l’année précédente.

(2) Drames qui a valu près de 2000 légionnaires tués au combat.

(3) Tombe d’un Saint musulman.

(4) Albéric Vaillant ou la passion de la Légion de Michel Tirouflet, édition nuvis, p.143.

 

Général Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

Editorial Képi Blanc Magazine - Mars 2022


XV de France - Légion 42 partout et un essai transformé

18h30, ce 29 janvier, une rencontre hors norme débutait. Sur le terrain de Carpiagne, 42 engagés volontaires de la Légion étrangère faisaient face aux 42 membres, staff et joueurs, du XV de France.

En ce début de rencontre, sous les projecteurs du stade, transformé en petit Marcoussis, nos 42 futures “Fortes têtes” étaient parfaitement disposées en carré, képi blanc dans la main droite, visage concentré, dans un silence total : Biélorusse, Brésilien, Chilien, Colombien, Moldave, Ukrainien, Turc, Népalais, Suisse, Kenyan, Danois, Sud-Africain, Chinois, Mauricien… et Français de Tahiti, de La Réunion et d’ailleurs, âgés de 18 à 32 ans, de toutes les religions : hindou, évangéliste, protestant, orthodoxe, musulman ou catholique. Auparavant, ils étaient ingénieurs, soldats, policiers, officiers et même athlète international. Ils ont vaincu, les épreuves de sélection (un parmi eux renouvelait pour la cinquième fois sa tentative d’engagement), le premier mois d’instruction et enfin la marche Képi blanc dans les calanques voisines. Ils étaient prêts, au coup de clairon d’envoi, à effectuer leur Haka.

Les 42 autres portaient un autre uniforme où le coq rouge tient lieu de grenade à sept flammes. Alignés, eux aussi, habitués des face-à-face, ils observaient avec curiosité cette équipe d’un autre championnat. Ils étaient effectivement 42, joueurs, préparateurs physiques, analystes des données, nutritionnistes, kinés, entraîneurs des différents blocs, jardiniers, arbitre, analystes vidéo… Leurs histoires et horizons sont également multiples. Un pilier, appelé pour la première fois dans le groupe, vient de quitter sa ferme et ses cent vaches. Je me suis demandé de quel côté devait-il se placer.  Eux aussi, ces 42 à la bande tricolore, avaient vaincu à de nombreuses reprises et les meilleurs du monde.

Le Caïd et les seize premières mesures du Boudin donnèrent le coup d’envoi de la cérémonie de remise des képis blancs (RKB). Le code d’honneur a résonné fort dans la tête des deux équipes. La détermination, la fierté, la solidarité, le courage, la fraternité d’armes sont entrés en résonance. C’est par ce rite de la RKB, que la Légion souhaitait se présenter. Assister à cette cérémonie initiatique est une expérience marquante. L’observateur est saisi et perçoit une forme de sacré. “Séquence sacrée” est d’ailleurs le nom choisi par le staff du XV de France pour nommer le moment d’immersion dans ses périodes de préparation. Le sacré, ce soir-là, prend la forme d’une profession des sept articles du Code d’honneur du légionnaire.  Ce ne sont pas seulement 42 engagés volontaires qui sont alors devenus légionnaires, mais 42 voix qui n’en faisaient plus qu’une, comme pour manifester que l’individu ne vit que par le groupe, Legio Patria Nostra. Fin de la première mi-temps.

La seconde mi-temps ne fit que poursuivre ce que la RKB avait initié. Les témoignages des combattants d’Afghanistan, de RCA ou du Mali, les récits de nos blessés n’ont fait que confirmer les valeurs communes aux deux équipes. Un ancien chef de peloton mit en avant la préparation et la mise en condition avant l’engagement et l’importance d’acquérir des fondamentaux réflexes. Un ancien équipier du groupement commando parachutiste (GCP) témoigna de l’importance de l’ascendant psychologique et des conditions pour l’obtenir. Un sergent, camarade de classe d’un des joueurs du XV, illustra la force de l’esprit de corps et de la résilience qu’elle procure. Enfin un major, blessé très grièvement en Afghanistan, parla de la victoire sur soi-même, lorsqu’il faut se reconstruire. La victoire était dans toutes les têtes au cours de cette rencontre. Tous témoignèrent que pour l’obtenir, il ne s’agit pas tant de la rechercher elle-même, que de créer les conditions de son avènement : intelligence tactique qui nécessite une étude poussée de l’adversaire, tactique simple justement, mais tout d’exécution, entraînement sans concession qui épargne le sang, forge la discipline et la constance dans l’effort, compétences techniques larges et surtout esprit de combat. Fin de la deuxième mi-temps qui se termina, à égalité, sur un match pourtant loin d’être nul.

Je ne décrirai pas la troisième mi-temps qui souligne toujours l’intensité de la rencontre et le respect entre les équipes. Bien plus longue que les deux premières réunies, elle fut ponctuée de chants au refrain répété : “on est pareil c’est incroyable”.

Le XV de France nous a impressionné de professionnalisme, de sens de l’engagement, de bon esprit et de détermination. Je remercie Bernard Laporte, le président de la fédération française de rugby, Fabien Galthié sélectionneur de grande classe et surtout notre colonel de réserve citoyenne Max Guazzini, sans qui, ces moments d’exception, n’auraient pas été possibles.

Leur objectif est d’emmener le XV français là où il n’est jamais encore allé. Cette première rencontre, manifestement, fut un essai transformé. La Légion se fera un honneur, si le XV le souhaite, de poursuivre ce partenariat et de les aider à aller là où les autres ne vont pas !

 

 

Général Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

Editorial Képi Blanc Magazine - Février 2022


«Mes chers légionnaires d'Ukraine», adresse du général Alain Lardet, commandant la Légion

Le général Alain Lardet, commandant la Légion étrangère, prend la parole pour s'adresser aux légionnaires d'origine ukrainienne, tirailllés par l'invasion russe. Il annonce le déploiement d'urgence de mesures pour ces derniers et souligne que le système "Solidarité" singulier à la Légion sera à la hauteur du rendez-vous pour les familles.

Legio, Patria, Nostra

C’est par ses mots, que vous, les légionnaires d’origine ukrainienne ou de la région en particulier, coiffez le Képi blanc : « Nous jurons de servir la France avec honneur et fidélité ».

Je vous l’ai écrit il y a un an tout juste, dans notre magazine Kb « au nom de la Fidélité » :

Les légionnaires ne sont pas apatrides et la Légion ne leur demande en aucun cas de renier leur patrie d’origine, ni encore moins de la combattre.

Mais la Légion ne distribue pas les causes à combattre aussi belles qu’elles puissent être. Elle a été créée pour le service de la France, accueillant des volontaires. Notre honneur est de ne pas choisir nos causes mais de servir la mission qui est sacrée.

Votre fidélité de légionnaire est le cœur de notre engagement. Elle est pour le temps que vous avez décidé dans votre contrat, insurpassable.

La fidélité est-elle douloureuse ? L’histoire de la Légion depuis presque 200 ans est remplie de douleurs mais d’honneur, celui qui reste par-dessus tout. Un de nos anciens a déclaré : « on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer »

Mes chers légionnaires d’Ukraine ou de la région, concernés par cette guerre, je compatis à votre tiraillement intérieur. Votre patrie d’origine saigne et souffre, vos familles sont frappées par cette guerre. Pourtant, pour les quelques-uns confrontés à la tentation de courir là où l’incendie fait rage, je vous dis que les guerres ne se gagnent que si chacun remplit sa mission, là où il se trouve. Comme père Légion je sais que je dois vous encourager dans cette voie de l’honneur : ne vous parjurez pas, pour vous et pour la Légion, maintenez votre service avec honneur et fidélité.

Qui sait si demain, votre unité ne sera pas engagée, où serez-vous ? vous manquerez alors à votre binôme, frère d’armes comme tout légionnaire.

Chères familles légion, éprouvées pour certaines, soyez assurées du soutien de la Légion étrangère. Pour faciliter la mise en sécurité des familles fuyant la zone de conflit, j’ai autorisé les légionnaires le désirant, à se rendre sur autorisation, dans un pays limitrophe de l’Ukraine afin de les recueillir.

Sachez que tout légionnaire concerné par ce conflit pourra solliciter la Légion étrangère pour l’aider à accueillir dans l’urgence, sa famille dans le respect de la réglementation applicable en France, en particulier selon l’évolution des directives relatives à la prise en compte des réfugiés.

La solidarité Légion, corollaire de l’engagement total du légionnaire au profit de notre patrie, pourra ainsi, à sa mesure et selon ses priorités, fournir une aide matérielle ou administrative. Dans ce cadre, la Légion travaille à la mise en place d’une cellule d’écoute pour répondre au mieux à vos besoins.

Soyons unis et responsables pour notre Légion étrangère.


1962 - 2022 : de Sidi Bel Abbès à Aubagne, il y a soixante ans

 

 

Comme l’an dernier, au cœur de ma tournée de Noël, la mise sous presse anticipée de ce numéro de Képi Blanc me pousse à la brièveté. Comme l’an dernier, je me concentrerai sur l’ouverture de l’année 2022.

Que sera 2022 ? Une année importante, cruciale, pleine de surprises ? Probablement…mais je me garderai de rejoindre la cohorte nombreuse des faux prophètes. Comme toutes les années, 2022 ressemblera à « cette tapisserie tissée fil à fil, dont nous ne voyons que l’envers ».

Il fallait pourtant trouver un thème pour cette année. L’Histoire est ainsi fort utile pour remettre à peu près à l’endroit, la tapisserie de nos vies : il y a 60 ans, notre Légion étrangère s’apprêtait à quitter sa maison de famille, bâtie patiemment pendant plus d’un siècle. Quitter sa maison de jeunesse, de toujours même, n’est pas un événement anodin. Sidi Bel Abbès a fini par rimer avec légionnaire. Je me suis alors posé la question du message envoyé par le COMLE à l’orée de 1962.

Le général Morel, inspecteur de la Légion étrangère, écrivait ceci dans son introduction au Képi Blanc de janvier 1962 : « Chassant de notre esprit les rancœurs, nous panserons entre nous nos blessures sans gaspiller nos énergies en regrets stériles. Résolument confiants dans les destinées de la Légion, nous saurons nous montrer plus forts pour remplir avec courage les nouvelles missions qui nous seront confiées. Depuis plus d’un siècle, l’histoire de la Légion est liée à celle de la France et de son Armée, étroitement unies, elles ont partagé leurs gloires et leurs misères. Fière de son passé, la légion poursuivra sa route avec honneur et fidélité ».

Effectivement, quelques mois plus tard, le Sidi Bel Abbès traversera la méditerranée avec à son bord, l’histoire, le patrimoine de la Légion, dont les pièces de fonderie du monument aux morts. Le colonel Vaillant débarquera, une fois certain que l’âme de la Légion pourrait se réimplanter en terre de Provence. La première tâche fut de relever au centre du domaine, le globe terrestre du centenaire de Camerone. 60 ans après, notre nouveau Sidi Bel Abbès s’appelle Aubagne.

Voilà ce que nous commémorerons cette année, avec notre chère ville d’Aubagne. Chers amis de la Légion, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année ; que vous puissiez patiemment tisser fil à fil la tapisserie de 2022. J’y ajoute le vœu de vous retrouver pour les festivités de ce bel anniversaire.

« Sans peur, en route pour la Légion ! »

Général de brigade Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

 


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