Publié le 04/11/2010
Gabriel Robu présente, ici, « Renaissance »./Photo DDM, Gladys | Caporal-chef au 4e régiment étranger chaurien, Gabriel Robu est également un sculpteur de talent qui travaille aussi bien la pierre que le bois. Sous l'uniforme du légionnaire, un véritable artiste. Quand il manie la gouge, le ciseau, le caporal-chef Gabriel Robu, le soldat, laisse la place à un sculpteur de talent. S'il travaille indifféremment le bois ou la pierre, c'est vers l'olivier que va sa préférence, l'olivier une essence qu'il compare volontiers à celles précieuses que sont l'ébène ou le cocobolo. « Plus complexe que le marbre, il faut l'attaquer millimètre par millimètre, il est si complexe, dur comme de la pierre, qu'il éclate facilement ». C'est en Roumanie que Gabriel Robu a appris à tailler, à sculpter les matières, d'un père artisan qui était à la fois ferronnier, ébéniste et sculpteur dans l'atelier familial spécialisé dans la restauration des pièces d'église. L'olivier y était rare et cher et c'est seulement sous la houlette du père que l'on avait le droit d'y toucher. Ses œuvres sont pensées. « Je pars toujours d'une esquisse », explique-t-il. Il s'attaque ensuite à la matière brute, en dégage le bois pourri et mets à nu l'essence. Qui mène ensuite la danse, du bois ou de l'artiste ? Il pense que c'est lui. « J'en connais bien les veinures », dit-il. Nous pensons, nous, que sous ses mains, la matière prend vie. Qu'importe au fond ? |
Le résultat est saisissant. « Tout est fait à la main. Je n'utilise pas de ponceuse ou autre machine », est-il fier de dire. La précision est inutile tant le rendu est précis, fouillé. Il a consacré jusqu'à deux ans de week-ends et de vacances pour réaliser certaines pièces et en service a travaillé aussi sur commande pour la légion étrangère, riche de ses soldats de toutes nationalités, dont certains sont de véritables artistes. Pour cette œuvre, exposée à Aubagne, le thème en était imposé : la musique. La clé de Sol la symbolise, le dos aux courbes féminines la suggère. « Dans la légion, nous chantons Eugénie, qui fut l'épouse de Napoléon 3 », explique-t-il. Regardez de dos la sculpture et vous y verrez, la silhouette tout en délicatesse d'une sirène qui vous évoquera les chants envoûtants qui tourmentaient Ulysse. Pour le reste, Gabriel Robu n'impose rien et s'il a choisi l'abstrait, c'est pour mieux partager avec ceux qui ont le bonheur d'admirer son travail. « Renaissance », c'est la flamme de la légion qui émerge des flammes, semblable au Phœnix qui renaît de ses cendres, c'est l'aigle, c'est le pied du dragon qui écrase le diable… « Nous avons un chant, « Le Diable marche avec moi », confie le légionnaire. Mais les muses l'inspirent. Dans quelques jours, l'artiste reviendra à la vie civile. Il doit travailler au Père Lachaise, pour les Cimetières de Paris où il restaurera les œuvres d'art qu'ils contiennent. Mais continuera à créer et exposer… Pour en voir davantage : http://gopco.livegalerie.com/ Plus de 100 œuvres Des milliers d'heures de travail… Quand on aime, on ne compte pas. Jusqu'en 2006, Gabriel Robu sculptait jusqu'à douze, quatorze œuvres par an. Victime d'un grave accident alors qu'il était au régiment de Calvi, à l'occasion d'un saut en parachute, il a un peu levé le pied et n'en crée désormais que quatre à cinq mais avec toujours autant de talent. |