DÉDIÉ AUX RAPATRIÉS DE MADAGASCAR DES RÉGIMENTS ÉTRANGERS
En avant, tant pis pour qui tombe!
La mort n'est rien vive la tombe!
Quand le pays en sort vivant.
Paul DÉROULÈDE
Où vont-ils ses soldats à l'allure martiale,
En habit bleus et casques blancs,
Qu'accompagne au départ la marche triomphale
Des cuivres aux sons éclatants,
Légionnaires chevronnés, troupiers imberbes.
Mais à coup sûr cœurs de héros,
Le courage se lit sur ces mines superbes
Qu'.(!!)6j'£ueillisenvtos bravos ?
ils s'en vont loin d'ici, soutenir par les armes,
L'honneur sacré du nom français !
Ils partent fiers joyeux, sans crainte, sans alarmes,
Assurés qu'ils ont du succès !
Ne sont-ils pas enfants chéris de la victoire !
El dans les plis de leur drapeau
On lit en lettres d'or plus d'un litre de gloire,
Dont la mort leur lait un manteau
Quand le sort des combats les couche dans la tombe
Pour le long et dernier sommeil !
Chacun de ces vaillants sait que lorsqu'il succombe,
Arrosant de son sang vermeil
La terre à conquérir, où le sol à défendre
Tranquillement pourra dormir
C'i la Patrie en deuil en bonne et tendre mère,
Sait en garder le souvenir !
Ta vieille Légion, ô ma Fiance chérie,
Stoïquement, sans peur,
Pendant des mois entiers à prodigué sa vie
Son sang le plus pur, le meilleur !
Spartiates nouveaux que l'espérance avive
Ils construisent tous les chemins !
Puis, lorsque les Hovas, qu'étonne tant d'audace
Essaient d'arrêter leur élan.
Ils quittent leurs outils, croyant tenir en face
Un ennemi toujours fuyant,
Oubliant la fatigue aux accents de la charge
Ils balayent en un clin d’œil.
Les Hovas altérés qui reprennent le large,
La rage au cœur et l'âme en deuil !
Le bruit de leurs exploits s'en va jusqu'en Emyrne
Troubler la Reine et son conseil' !
Que voit tous ses guerriers que la terreur domine
Chercher l'ombre et fuir le soleil !
Tananarive est prise, et le jour qui la dompte i
Apporte à nos pauvres soldais
La gloire et le repos ! Mais il faut qu'on se compte
0 mes amis comptons tout bas !
Là-bas dans la graud'lle où Ton Drapeau frissonne
Où chante clair le coq Gaulois,
Combien restent couchés hélas! sans que personne
Ait piaulé sur eux une croix !
Combien de l'Océan, les sombres étendues
Recèlent elles de soldats ?
Qui vous rassemblera chères tôles perdues
Pour vous qui sonnera le glas !
Au jour où le Très-Haut à votre mort propice
Ouvrant les portes de l'éternité,
Dira : « Venez martyrs, car votre sacrifice
A celle heure vous est compté !
Aussi c'est pourquoi, France, à l'heure solennelle
Où les vivants sont de retour
Tresse-leur de tes mains la couronne immortelle,
Que lu leur dois dans Ion amour !
Mais pleure ! pleure aussi ! ô bonne et tendre mère !
Sur ceux qui sont morts vaillamment
Pour empêcher un jour qu'une main téméraire
Arrête ta marche en avant !
A. BOURDON.