AALEME

Légionnaire toujours...

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1895

Military

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 120395

 

C'est M. Moingeard aide-major au 1er Étranger, qui est définitivement désigné pour accompagner nos soldats à l'expédition de Madagascar.

Nous apprenons de même source la sortie favorable de l’École de Sainl-Maixent des sous-officiers du 1er Régiment Étranger dont les noms suivent : William sergent-fourrier, Bord sergent-major, Merlzveiller adjudant.


Arrivés du Tonkin.

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 120395

 

 

Arrivés du Tonkin. — Hier soir, par le train de 8 heures avec un retard de 2 heures sont arrivés 169 hommes du 1er Étranger sons le commandement du capitaine Ballet, et du lieutenant Coville. Ils reviennent du Tonkin et ont débarqué à Alger comme nous l'avons annoncé plus haut.

Tous ces militaires paraissent fatigués du voyage, deux ou trois malades ont fait route avec eux ; quelques autres sont restés à l'hôpital d'Alger pour leur rétablissement.


Le Monde illustré du 09/03/1895

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A MADAGASCAR - COMBATS D'ARTILLERIE.

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Le Monde illustré du 09/03/1895

 

A MADAGASCAR - COMBATS D'ARTILLERIE.


Après le bombardement des lignes hovas devant Tamatave, aux derniers jours de décembre, le découragement gagna nos ennemis : la maladie survenant, et les vivres manquant, les désertions se firent chaque jour plus nombreuses:de toutes les troupes, réunies à grand'peine par les Hovas au-devant de Sahamafy, d'Ampanalane, de Faharafate, de Soaneriana, il ne resta pas un homme en face de nous.

Nous n'avons pas profité de cette situation pour occuper les positions ennemies, et nous avons bien fait. Ce serait une grosse faute de commencer les opérations offensives dans une- saison aussi défavorable : ce serait exposer inutilement nos soldats à des accès redoutables, ce serait sacrifier un bon nombre au climat, sans suffisante urgence.

Lorsque les officiers hovas virent leur camp déserté et vide, ils ne s'émurent point; ils savent que les Malgaches ne peuvent constituer une troupe permanente ; la désertion est chez eux une habitude et une nécessité : le soldat qui n'est ni payé, ni nourri, ni soigné, va chercher ailleurs sa vie lorsqu'il ne peut plus vivre des pays où il est cantonné. La garnison de Faharafate a fondu comme se sont évanouies toutes les expéditions hovas.

Ces soldats disparus, les officiers hovas se sont efforcés d'en réunir d'autres. Des ordres ont été envoyés à tous les gouverneurs de la côte Est de Marancette, dans la Baie d'Antongil, au nord; jusqu'à Manamary, dans le sud, pour qu'ils écrèment leurs garnisons et pour qu'ils envoient chacun un nouveau contingent d'une centaine d'hommes vers Faharafate.

Une nouvelle garnison fut ainsi réunie, et pour marquer sa présence, le 21 janvier au matin, les Hovas ouvraient, audacieusement sur Tamalave le feu de trois batteries.

Les Hovas ont-ils donc des canons ? Ils en ont certes : j'en ai vu dans la batterie de Tamatave; mais le nombre en est fort restreint.

Parmi les canons que les Hovas avaient mis en ligne le 23 janvier est le Gand, un gros canon de 70 centimètres, provenant de la canonnière hova l'Ambohimanga, dont nous avons précédemment parlé; le Résident de France l'avait laissé débarquer, et des ouvriers anglais étaient venus de Maurice pour l'installer sur son affût ; les autres canons dont ils disposent sont ceux dit-on, qu'ils ont achetés non en Angleterre, mais en France.

Les boulets hovas n'ont pu nous atteindre : ils sont tombés quelques mètres en avant de nos lignes. Mais on a remarqué que leur tir devenait meilleur, qu'il se rectifiait. Nos ennemis auraient-ils dans leurs rangs des officiers étrangers, anglais ou autres pour les instruire ?

Point du tout. C'est nous qui les avons instruits.

L'élève se retourne aujourd'hui contre le maître.

Nous avons instruit, en France, dans nos régiments et dans nos écoles, depuis plusieurs années, de jeunes Malgaches : ils font usage contre nous de l'enseignement que nous leur avons donné si bénévolement.

En 1888, trois jeunes Hovas avaient été placés en subsistance au 122e de ligne avec l’autorisation du général Ferron : ils apprirent la langue française, entrèrent à l'école de Saint-Maixent, et servirent ensuite au 83e de ligne comme sous-lieutenants au titre étranger; ils sont à Madagascar maintenant.

En 1880 et 1891, trois autres jeunes Hovas ont suivi les cours de l'école de Versailles et fait un stage dans les régiments d'artillerie et du génie; ils sont à Madagascar maintenant.

Fort heureusement, ces élèves de la France n'ont que des canons assez défectueux et des canonniers insuffisants les servants des pièces se tiennent blottis dans des trous creusés dans le flanc de la colline en arrière des pièces qui se trouvent sur la crête : dès que le signal de charger est donné, ils s'élancent de leur terrier, chargent, tirent vivement, et reviennent précipitamment dans leurs trous jusqu'à ce que l'obus envoyé par la batterie française en riposte ait éclaté.

Puis le feu recommence si leur pièce n'est pas démolie.

Notre front n'est donc pas menacé; nos troupes se sont d'ailleurs fortifiées dans une ligne double de circonvallation qui va d'une baie à l'autre séparant complètement de la plaine la pointe de sable sur laquelle est bâtie Tamatave. Notre correspondant, M. Perrot, a pu photographier pour nos lecteurs, l'une des batteries françaises pendant l’action.

 

LES TIRAILLEURS MALGACHES.

Avec un petit nombre d'indigènes ayant pris part dans nos rangs à l'expédition de 1885, fut créé le premier noyau de tirailleurs.

Depuis neuf ans, cet embryon militaire a subi bien des vicissitudes : à chaque maison nouvelle, une nouvelle appellation lui échoit. Ils furent tirailleurs sakalaves, passèrent tirailleurs comoriens, devinrent tirailleurs de Diégo-Suarez et le dernier décret les concernant les nomme tirailleurs malgaches.

Sous un nom ou sous un autre, c'est toujours la même chose.

Ce sont de braves garçons, même s'il se trouve des Hovas dans le nombre, ce sont de bons enfants, très doux, trop doux même. Ce ne sont pas de féroces soldats. Ils se plient difficilement à nos exigences militaires : la régularité dans le travail est pour eux une dure nécessité; aussi, en ce moment même,les désertions sont nombreuses dans la garnison indigène de Diégo-Suarez,

Ils ne passent pas à l'ennemi par esprit de trahison, mais par besoin de reprendre la vie coutumière.

L'autorité militaire se montre cependant d'une extrême bienveillance envers eux; plus heureux que nos troupiers, ils sont dispensés de toute corvée, parce que, plus heureux aussi sous ce rapport que nos soldats, ils sont autorisés à mener partout avec eux, je ne dirais pas leur femme, mais une femme, et, naturellement, c'est la femme qui doit veiller à la propreté de la caserne et aux soins de la soupe. J'ai vu souvent les sergents européens donner directement aux femmes des ordres pour nettoyer et parfaire le service.

Excellente innovation, que ces petits privilèges accordés aux tirailleurs. Et cependant cela ne suffit pas encore. Les enrôlements lardent. La paye était insuffisante, pensait-on; elle a été augmentée; l'engagement ! exigé pour deux ans était trop long; un récent décret permet les engagements d'un an : les engagements vont-ils affluer? Le service est dur, quand il est si doux de ne rien faire, car il fait chaud hiver comme été.


HENRI MAGER.


Le Monde illustré du 02/03/1895

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A MADAGASCAR - LA SITUATION

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Le Monde illustré du 02/03/1895

 

A MADAGASCAR - LA SITUATION

Depuis le bombardement de Varafatrana, aucun accident militaire à signaler du côté de Tamatave.

D'ailleurs, cet été est extrêmement chaud : et la fièvre ne tarderait pas à frapper tous nos soldats, comme pendant l'hivernage de 1829, si notre petit corps d'occupation était surmené.

L'état sanitaire demeure, de notre côté, relativement bon, avec 160 malades en moyenne sur 450 hommes.

Du côté des Hovas la maladie sévit plus cruellement : j'ai remarqué dans toutes les colonies, d'ailleurs, que les indigènes résistent beaucoup moins à la fièvre que les Européens : cela tient à ce qu'ils ont le sang appauvri par hérédité, que leur nourriture est insuffisante, qu'ils sont mal vêtus et mal abrités; les troupes malgaches de Varafalrana ont manqué de vivres, et sont décimées par la maladie. Rainandriamampandry, l'ancien gouverneur de Tamatave (dont nous avons publié le portrait), et qui, s'il n'est pas le généralissime sur la côte est (fonction dévolue au gouverneur de Manahoro), demeure l'organisateur de la résistance, est lui-même malade, très malade : certains assurent même qu'il est mort.

La fièvre sera, il faut le conclure, un aussi bon auxiliaire pour nous que pour les Hovas.

Si nous nous gardons d'avancer dans les marécages des plaines de Tamatave, nous nous fortifions chaque jour de plus en plus dans nos positions.

C'est ainsi que nos troupes se sont récemment installées dans la banlieue de Tamatave, au consulat anglais,

tout près du sentier conduisant à Vaharafate. C'est le sujet d'une de nos gravures.

A l'occasion du 1er janvier 1895, les Français de Tamatave sont allés présenter leurs hommages aux autorités militaires. Le représentant du Comptoir national d'escompte, prenant la parole, s'est exprimé ainsi :

« Je viens au nom de la colonie française de Tamatave vous présenter tous nos remerciements pour la sollicitude dont vous nous avez entourés, ainsi que nos vœux les plus sincères à l'occasion du nouvel an que nous commençons aujourd'hui. La situation actuelle nous réserve encore une série de jours difficiles, mais nous pouvons pour ainsi dire en compter le nombre, et nous savons, d'autre part, qu'ils sont la conséquence inévitable de l'action engagée ici.

Mais nous apercevons déjà, dans un avenir prochain, le calme et la confiance de la certitude que nous avons tous de trouver à l'ombre de notre drapeau sécurité et justice égale pour tous. Grâce à vous, notre fier drapeau flotte sur Tamatave, comme il flottera bientôt, nous en sommes certains, sur de nombreux points de Madagascar; grâce à vous, la France aura un fleuron, et non des moindres, à ajouter définitivement à son domaine colonial, et nous verrons dans la France orientale, comme dans la mère patrie, l'application de notre fière devise: Liberté, Égalité, Fraternité.»

Le commandant Kiésel a répondu: « Je vous remercie du juste hommage que vous rendez aux chefs distingués à qui le gouvernement français a confié l'honneur de dénouer une situation devenue intolérable à tous. Le commandant Bienaimé vous a garanti une sécurité absolue et vous a dotés d'une administration municipale, se montrant ainsi à la fois chef militaire habile et administrateur prévoyant; grâce à lui, pendant que le sang-froid et le courage du colonel Colonna vous défendent contre les ennemis du dehors, l'esprit bienveillant et conciliant de M. Chaloin, groupant les sympathies, maintiendra l'ordre intérieur et entamera la lutte contre l'insalubrité.

Les mauvais jours que nous passons me semblent l'aurore d'une période lumineuse prochaine, où la justice, la civilisation, le progrès sous toutes ses formes triompheront enfin. Sur ces champs que la bravoure de nos soldats saura conquérir, se développera avec les voies de communication la richesse, fille de l'industrie et du commerce. Ce résultat est proche, et puissent nos efforts et nos vœux en rapprocher encore la réalisation ! En ce moment où le monde entier a les yeux fixés sur la Grande Ile, les Français de Madagascar ne peuvent faire autrement que d'adresser un souvenir de respectueux dévouement et d'affectueuse gratitude à la France qui s'apprête à verser pour eux le sang de ses enfants.

Je ne saurais trop le répéter, si l'expédition est rapidement conduite, si nos soldats ne sont pas maintenus dans la zone basse de Majunga, Marovay et Maevetanana, s'ils s'élancent prestement à l'escalade des plateaux, ils pourront atteindre l'Emyrne presque sans coup férir et sans maladie graves. Pour n'être pas désastreuse comme les précédentes, il faut que notre expédition soit rapide.

Henri Mager


Le Monde illustré du 23/02/1895

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A MADAGASCAR - LA ROUTE DE MAJUNGA A L'ÉMYRNE

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Le Monde illustré du 23/02/1895

 

 

A MADAGASCAR - LA ROUTE DE MAJUNGA A L'ÉMYRNE

Mesuré sur la carte, c'est-à-dire sans tenir compte des ondulations du sol, la route de Tamatave à Tananarive, que nous avons décrite dans un numéro précédent, a vol d'oiseau, accuse 270 kilomètres; le fil télégraphique, qui chevauche par monts et par vaux, les détours et coupe au plus court se développe entre le port principal de la côte Est et la capitale des Hovas, sur 300 kilomètres.

Plus longue est la route opposée, celle de Majunga à Tananarive : à vol d'oiseau elle atteint 380 kilomètres; elle est, en réalité, de 442 kilomètres.

Si la route de Tamatave à Tananarive peut emprunter la voie de mer, ou plutôt la voie des lacs côtiers, de Tamatave à Andevorante, et même jusqu'à Maromby, — ce qui réduit le trajet par terre à 200 kilomètres environ, — la route de Majunga à Tananarive utilise les voies fluviales sur 159 kilomètres; la distance à franchir, par terre, est ainsi, de ce côté, de 283 kilomètres.

La route de Tamatave et celle de Majunga convergent vers un même point situé à une altitude de 1,450 mètres; il est assez logique que la plus longue des deux voies ait des pentes plus douces. La route de Majunga, quoique moins dure que celle de la côte Est, n'en est pas moins hérissée de mille difficultés et de mille obstacles.

Allons d'ailleurs la reconnaître pour la juger.

Majunga. — Majunga — dont nous avons déjà publié diverses vues dans notre numéro du 12 janvier — est le second port d'exportation de Madagascar; en 1890, Tamatave exportait pour 2,350,000 francs, Majunga pour 500,000, Mananjary (côte est) 460,000 francs.

Mais, au point de vue des importations, Majunga n'arrive qu'au troisième rang. En1890, Tamatave importe pour 4,120,000 francs, Mananjary pour 760,000 francs, Majunga pour 400,000 francs, seulement un dixième du chiffre atteint par Tamatave : Vatomandry et Vohémar ont moins d'importance encore.

Le commerce de Majunga, tant à l'entrée qu'à la sortie, atteignait ainsi 900,000 francs en 1890, dont 800,000 francs par pavillon français.

L'Annuaire officiel de Madagascar mentionne, comme résidant à Majunga, douze Français et trois Françaises.

La population indigène atteint probablement le chiffre de 5,000 tètes : des Sakalaves en nombre, et avec eux, quelques Hovas, fonctionnaires, soldats, ou commerçants, des Indiens, protégés anglais, tous commerçants, des Comoriens, protégés français, et des Antalaotra, métis d'indigènes avec des Comoriens, ou des Arabes; tous les Antalaotra sont mahométans.

Sur ses 500.000 francs d'exportation, Majunga expédie 275.000 francs de cuirs et 185.000 francs de caoutchouc, avec 40.000 francs de produits divers, dont 20.000 francs de rabannes.

Les cuirs sont de deux qualités : les cuirs de boucherie qui valent de 20 à 23 francs les 50 kilos, et les cuirs de l'intérieur, qui sont généralement traités au sel et dont la préparation laisse beaucoup à désirer. Elle est à un tel point défectueuse que les transactions deviennent impossibles. Les Américains qui vendent des quantités considérables de « toiles de coton », qui en entrent à Tamatave pour près de deux millions de francs par an (soit moitié des importations totales), avaient songé à acheter les peaux de bœufs pour donner du fret de retour à leurs navires; des cargaisons entières de peaux se sont moisies et cette perte a été trop sensible aux deux maisons américaines de Madagascar, pour qu'elles consentent de longtemps à tenter une nouvelle opération sur les peaux salées.

Quant au caoutchouc il est de trois qualités : le caoutchouc des Sakalaves, coagulé par l'action du citron ou du tamarin, mal recueilli, contenant de la terre, du sable, des cailloux, par suite déprécié et ne se vendant, en moyenne, que 11 piastres les 36 livres anglaises : le caoutchouc du Ménabé, venant du sud, plus propre que le précèdent, mais toujours humide et perdant parfois moitié de son poids pendant le transport en Europe; se vend 25 à 30 piastres les 100 livres anglaises; — enfin, le caoutchouc de Majunga qui est préparé par les Hovas avec l'acide sulfurique et qui atteint les prix de 36 et 40 piastres les 100 livres anglaises.

Le commerce de Majunga, loin de se développer, diminuait chaque année : les importations, qui se chiffraient, en 1890, à 400.000 francs, avaient été de 548.000 en 1888. L’exportation des peaux, qui avait atteint certaines années 188.000 peaux, était tombée en 1887 à 98.000, en1888 et 1889 à 66.000. en 1892 et 1893 à 53.000 peaux.

Les causes de cette crise économique résident certainement dans l'état d'insécurité où se trouvait la contrée sakalave, dont Majunga est le débouché : le brigandage, le fahavalisme arrêtait complètement la vie de ces contrées.

Notre intervention aura un salutaire effet et permettra l’exploitation du pays.

Embarquons-nous, — par la pensée — à Majunga soit dans une pirogue (il y a quelque danger, c'est couleur locale et ce n'est pas banal), soit en boutre, pour les apeurés, soit pour ceux qui recherchent, le confortable et la vitesse, en chaloupe en vapeur. Une chaloupe est à ce jour en service : la Boina, qui a été construite, non pas en France ou en Angleterre, mais à Madagascar même, à Suberbieville. dans les ateliers de M. L. Suberbie; ce fut une façon très heureuse et économique de résoudre la question du transport entre l'Europe et l'Océan Indien que de la supprimer, en montant sur l'Ikopa des ateliers suffisants pour la construction métallique. (Nous représentons cette chaloupe parmi nos gravures.) La Borna, qui a depuis longtemps fait ses preuves, mesure 24 mètres de longueur, 3m50 de largeur, 40 centimètres de tirant d'eau: sa force est de 90 chevaux.

42 kilomètres sont à franchir, à travers la baie de Bombétoke, pour atteindre Marovay.

Marovay. — Marovay, dont le nom signifie « beaucoup de caïmans », est situé au fond de la Baie de Bombétoke, en face Nosy-Ambatobé, et un peu dans l'intérieur, sur une petite rivière de 2 mètres de large, c'est le chef-lieu de l'un des vingt-trois gouvernements qui composent le Boeni ou Pays des Sakalaves du Nord.

Village de Marovay - Départ du courrier.

Village de Marovay - Les rues principales.

Village de Marovay - Les rues principales.

Village de Marovay - Vue d'ensemble.

Avec le gouverneur hova, Raini-Voanjo, un 12e honneur, nous compterons à Marovay, centre relativement important, cinq Français, un Autrichien, cinq Comoriens commerçants et quatre planteurs, un peu plus d'une cinquantaine d'Indiens. Près de la ville est un fort hova, modeste comme tous les forts hovas, un simple rova (se prononce rouve); tel celui que notre gravure représente : une palissade en pieux et c'est tout. Ni fortifications à la Vauban, ni batteries, ni canon; les Hovas n'ont aucune arme à nous opposer; dans leur aveugle orgueil, ils ont pris jusqu'ici notre patience pour de 1 impuissance; ils ne croient pas encore que nous nous déciderons a une action plus énergique qu'en 1883-85. Mais si nous avançons, ils se soumettront à la force. Depuis des années ils disent et répètent : « Nous ne céderons qu'à la force; mais devant la force, nous céderons. »

Il nous suffira de paraitre pour obtenir une soumission complète, absolue.

Maëvatanana. - La rivière de Marovay dépassée, on entre dans le Betsiboka (se prononce Betsibouke); on le remonte jusqu'en face Trabonjy, autre chef lieu de gouvernement, peuplé de quelques centaines d'indigènes et où se sont fixés six commerçants indiens. On quitte alors le Betsiboka pour entrer dans son grand affluent l'Ikopa (se prononce lkoupe).

A 117 kilomètres de Marovay, à 159 kilomètres de Majunga, où se trouve en face de Maëvetanana.

Pour franchir la distance totale, les pirogues mettent 36 heures.

Maëvetanana, comme Marovay, comme Mahabo, Trabonjy, Ankoala, Amparihibé, Antongodrahoja, Ambodiamontana est chef-lieu d'un des vingt-trois gouvernements du Boéni. Ce village est situé à 4 kilomètres de la rivière, sur une éminence; l'une de nos gravures représente le rova du gouverneur; Romambazafy est entouré de ses aides de camp, près de lui sont ses soldats réguliers et ses musiciens.

Le port de Maevatanana est Suberbieville.

Suberbieville. — En décembre 1886, le premier ministre hova accordait à notre compatriote M. L. Suberbie le droit d'exploiter tous les gisements aurifères du bassin de l'Ikopa et du Betsiboka.

Préparation de la tranchée des sluices.

La sluice boxe.

Laveurs à la battée.

Un traité intervint entre Rainilaiarivony et son concessionnaire : les termes en furent à différentes reprises modifiés.

M. Suberbie avait pu s'engager, tellement l'exploitation se présentait sous un jour favorable, à payer, lui-même, et lui seul, l'emprunt des 13 millions en 10 semestrialités, versées de 1891 à 1895, et allant de 111.596 piastres pour la première (557.982 fr.) à 464.391 piastres pour la dernière (2.321.957 fr.).

Dès sa concession obtenue, M. L. Suberbie se met a l’œuvre.

Il travaille tout à la fois l'alluvion et le quartz; il lave les terres alluvionnaires à la battée, où il les traite par des procédés moins primitifs; il attaque la roche à Ampasiry par une méthode hydraulique ( qu'une de nos gravures figure ); il recherche les filons par puits et galeries.

Suberbieville est créé en 1889 : à certains moments 1.400 hommes travaillent sur les chantiers : ils donnent 27 kilogrammes d'or par mois : on eut pu en obtenir quatre fois plus si le; bras n'eussent manqué.

Marokolohy. — A Suberbieville, on abandonne la voie de l'Ikopa pour prendre la voie de terre. Pendant 25 kilomètres on longera le fleuve: 5 heures de marche conduiront au petit village de Tsarasaotro; la montée sera de 200 mètres.

Un plan incliné, avec de légères ondulations, montera à 400 mètres, puis une dépression dans laquelle est le village d'Ampasiry, aux granits aurifères.

La zone difficile débute : le plateau d'Ampasiry est extrêmement raviné; puis des collines succédant aux collines, des masses rocheuses de tous côtés; il reste 223 kilomètres pénibles à vaincre.

Huit heures et demie de marche ont mené à Marokolohy, l'un des chefs-lieux des gouvernements hovas échelonnés sur la route: là nous retrouvons un gouverneur, 9e honneur (Andriantseheno), avec son rova, sa garde et ses musiciens, et de nombreux moustiques dont les traces se retrouvent dans l'étvmologie du nom de ce poste.

Malatsy. — Quatre heures de marche à travers les collines d'Ambohimenakely, par une montée de 500 à 690 mètres pour redescendre à 580, permettent d'atteindre Malatsy, autre chef-lieu de gouvernement hova.

Ampotaka. — La rivière Kamolandy franchie, l'ascension des mille mètres de l'Andriba évitée par un détour, un regard donné sur les curieux monuments des antiques Yazimba qui se dressent sur la droite, on longe le cours du Mamokomita dans une région extrêmement tourmentée: la piste est de tous côtés dominée de sommets rocheux très escarpés.

On monte toujours: au delà de la cascade de Tafofo, une belle chute de 100 mètres, on est à 995 mètres d'altitude: on franchit un étang couvert de roseaux et une pente légère mène à Ampotakil, autre chef-lieu de gouvernement: c'est un village d'importance moyenne, comptant environ 100 cases.

Kinajy. — Entre Ampotaka et Kinajy, on longe un ruisseau, le Firingalava, que l'on passe plusieurs fois à gué. La pente est peu sensible; mais la piste est enserrée à droite par les rochers d'Ambohitohana. d'Ambohibé, d'Ankotrokotrana, de Kiangara, à gauche par les rochers de Tsinainondry, de Fandriandratsy.

Kinajy est le dernier chef-lieu de gouvernement du Boëni.

Au delà est la plus grosse difficulté de la route : il faut franchir les lianes du plateau de l'Emyrne; un gradin, une marche de 500 mètres d'élévation abrupte.

De Kinajy à Amboripotsy, la distance n'est que de 8 kilomètres, pendant lesquels on s'élève de 950 à 1.450 mètres.

Sakalaves. — 'Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les Sakalaves de la côte-ouest formèrent un puissant empire : le fondateur de la monarchie sakalave avait été, selon la tradition, le « brûleur de forêts », un blanc débarqué, peut-être au XVIe siècle, dans la Baie de Saint-Augustin. Des querelles intestines ruinèrent la puissance des Sakalaves. Lorsque les Hovas les attaquèrent sous Andrinampoinimerina (1787 à 1810) et sous Radama Ier (1810 à 1828), ils ne purent résister. Ils furent vaincus, ils ne furent pas soumis. C'est contre les Hovas que les Sakalaves contractèrent traités avec nous en 1840 et 1841 : ils avaient confiance en nous : et comptaient user de notre appui; nous les avons trahis en 1885 en les abandonnant aux Hovas.

Les Hovas n'ont pu se rendre maîtres du Sakalava : leur autorité ne s'étend pas au delà de quelques kilomètres à l'entour de leurs rovas, et les Sakalaves témoignent contre nous un ressentiment profond.

N'a-t-on pas assez répété depuis quelques année; que les Sakalaves seraient pour nous de précieux auxiliaires pour la campagne ? Pure illusion. Ces peuplades, guerrières par excellence, nous traiteront en ennemis. L'escorte du résident général descendant en novembre dernier de Tananarive à Majunga a failli échanger des coups de fusil avec eux. L'expédition aura à les réduire. Ils ne croient plus à notre parole : nous ne pourrons les désarmer par des promesses, faudra avoir recours à la force, cruelle conséquence des fautes du passé. Nous avons décrit les deux routes, qui conduisent au Plateau de l'Imerina ou Emyrne, celle de l'est et celle de l'ouest. Il nous reste à parler du plateau central.

HENRI MAGER.


Le Monde illustré du 16/02/1895

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A MADAGASCAR - LE BOMBARDEMENT DE FARAFATRANA.

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Le Monde illustré du 16/02/1895

 

A MADAGASCAR - LE BOMBARDEMENT DE FARAFATRANA.

Tamatave était occupée par nos troupes le 12 décembre; le drapeau français était hissé sur la batlerie hova « pour toujours»; toutes les tentatives pacifiques ayant échoué, notre plénipotentiaire, M. Le Myre de Vilers, quittait Madagascar le 27.

Le départ du ministre plénipotentiaire français, c'était la déclaration définitive et irrémédiable de l'état de guerre, c'était l'abandon par l'administration civile aux pouvoirs militaires de toute liberté d'action.

Pour marquer l'ouverture de cette situation nouvelle, un bombardement fut décidé; le bombardement de Farafatrana fut pour la marine comme une fête d'inauguration.

Le 27 décembre au soir, le commandant Bien-Aimé avait passé en revue les troupes de la garnison : la première opération offensive était décidée pour le lendemain.

Le 28, avant huit heures, le Dupetit-Thouars quittait son mouillage en grande rade pour aller prendre position dans la baie de Panalana; le Primauguet et le Papin s'embossaient sur place; la mer était calme: pas un souffle n'en ridait la surface.

Pour seconder les canons des trois navires, une batterie (que nous représentons au moment de son départ, d'après une photographie de MM. Perrot) va prendre position dans la plaine de Betainaomby.

Enfin, les canons tonnent, les coups se succèdent de minute en minute;la flotte tire environ cent coups, la batterie de terre cinquante.

A 10h1/2 le feu cesse : l'heure du repas sonne.

Les Hovas n'avaient pas riposté, toutes leurs défenses semblent anéanties.

Quelques heures après cependant ils démasquent une batterie : peut-être pensaient ils que nous avions épuisé toutes nos munitions. Ils tirent six ou sept coups de canon, dont un seul boulet est venu tomber à 400 mètres en avant des batteries de Betainaomby; c'est leur plus grand effort.

Les batteries de terre ripostent, le Papin tire quelques obus à la mélinite sur la batterie hova ; lorsque la fumée est évanouie, on peut constater qu'il ne reste plus rien debout chez les ennemis, ni canon, ni Hova.

 

PRISE DE L'« AMBOHIMANGA ».

Du côté de Diego-Suarez, nous n'avons pas encore agi avec autant d'énergie : nous laissons les Hovas maîtres d'Ambohimarina, d'où leurs bandes pillardes viennent chaque nuit dévaster impunément notre colonie.

Nous n'avons pu de ce côté, malgré les douze cents hommes de garnison que nous entretenons dans notre colonie, préserver nos frontières.

Les colons de nos villages agricoles ont dit abandonner leurs cases pour se réfugier au chef-lieu : ils ont évacué entre autres villages, ceux de la Montagne d'Ambre et du Sakaramy; le village d'Anamakia, qui est tout proche du chef-lieu (Antsirane), a déjà, lui aussi, été dévasté à différentes reprises par les pillards: l'audace des Hovas est telle que le 23 décembre ils ont attaqué le poste militaire de Mahatsinzo; leur attaque, cela va sans dire, a été prestement repoussée par nos tirailleurs sakalaves que dirigeait admirablement le brave capitaine Jacquemin, ce crâne officier dont les démêlés avec M. Larrouy ont fait jadis quelque bruit.

Toutes les propriétés et les plantations de nos colons de Diego-Suarez ont été saccagées par les Hovas : quelques heures ont suffi pour anéantir les résultats de neuf années de travail et de sacrifices.

En rade de Diego se balançait depuis quelques mois le seul bateau qu'ait jamais possédé le gouvernement Hova : l'Ambohimanga; il n'était plus armé; ce n'était guère qu'une épave des grandes espérances hova; le 13 décembre un détachement de marins du ponton de l’État, la Corrèze, a pris possession de cette canonnière; le pavillon de la reine a été abattu et remplacé par le pavillon tricolore.

Les Hovas eurent jadis une armée de mer : onze ou douze fusiliers marins ! qui avaient été embarqués à bord de l'Ambohimanga; cette armée de mer, s'en est allé comme leur armée de parade, faute de fonds.

Aujourd'hui le gouvernement hova n'a même plus son piquet de marins aux pieds nus : il l'a licencié depuis longtemps par nécessité budgétaire.

HENRI MAGER.


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