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Légionnaire toujours...

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2014


De Dada à la Légion étrangère

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Publié le 15 février 2014

Drôle de pistolet que ce Friedrich Glauser (1896-1938), écrivain suisse allemand parfaitement francophone qui passe sa courte vie à errer dans l’Europe de l’Interbellum. Né à Vienne, il perd tout jeune sa mère, une Autrichienne, et supporte mal le remariage d’un père alcoolique et puritain ; il fréquente un collège chic de Genève avant de s’inscrire à l’Université de Zurich, à la faculté de chimie, études qu’il abandonne vite pour participer au mouvement dada et fréquenter la communauté libertaire – nudisme, végétarisme et danses extatiques – qui se réunit à Ascona.

Très tôt, les démons du chaos lui dictent sa voie, qui sera celle de la révolte et de l’errance : conflits avec l’autorité, vols, toxicomanie (éther, morphine, opium), travaux pénibles. Glauser fait très tôt l’expérience de l’enfermement, psychiatrique pour « démence précoce », judiciaire pour des larcins liés à sa dépendance aux opiacés. En 1922, il s’engage à la Légion étrangère, mais au bout de deux ans, réformé, l’ex sergent-chef se retrouve casserolier dans un grand hôtel parisien. Puis mineur de fond avec des exilés tchèques ou italiens à Charleroi, où il fait l’expérience de l’esclavage : « Là (à la Légion), en tant que soldat, je jouissais de certains droits, comme celui de me plaindre si un supérieur était trop grossier. Ici (dans la mine), je suis un esclave et rien de plus ; presque plus mal loti encore, car un esclave est nourri par son maître ».

Malaria, alcool, taule à nouveau, psychanalyse, passions amoureuses et tentatives de suicide : tout est convulsif et tourmenté chez cet homme. Y compris sa fin, rocambolesque : à la suite d’une fracture du crâne, il tombe dans le coma la veille de son mariage pour mourir le surlendemain. Un météore. Ses errances n’empêchent pas Glauser de noircir du papier pour des revues littéraires suisses, et même de composer des romans policiers qui remportent un certain succès. Sa vie chaotique, ses multiples occupations, de journaliste parisien à éleveur de volailles en Beauce, lui permettent, grâce à un sens de l’observation hors du commun ainsi qu’à une totale absence de préjugés, d’enregistrer une somme d’images qu’il met en scène dans ses écrits.

Grâce au travail aussi fervent que soigné de son traducteur, Claude Haenggli, cet étrange personnage nous revient du monde des morts avec un recueil de quinze nouvelles au style épuré, d’une surprenante sobriété et à l’efficace tension narrative. Tous ses textes baignent dans une atmosphère de mystère, d’inquiétude et même de fantastique.

Glauser y révèle son intérêt pour le surnaturel et la magie, noire avec La Sorcière d’Endor, qui donne son titre à l’ensemble, où apparaît un avatar de la Voisin, la célèbre empoisonneuse. Maisons hantées et fantômes alternent avec des historiettes curieuses, comme celle de cette touriste sud-américaine qui, venue pour l’Exposition universelle de Paris, disparut sans laisser la moindre trace de son passage en France : morte de la peste, elle avait été enlevée par la police parisienne qui craignait un effet de panique. Ou celle de ce marquis qui siffla Marie-Antoinette et qui, interné dans une maison de santé, passa cinquante ans dans ses livres, ignorant Thermidor et Brumaire, Napoléon et Louis-Philippe. Ou encore ces souvenirs de la Légion, chez les Berbères, avec des Russes blancs.

Glauser : un regard acéré ; une ligne claire – le talent.

 

La Sorcière d’Endor et autres récits, Friedrich Glauser, traduit par Claude Haenggli, L’Age d’Homme, 2013.

 

*Photo : ahisgett.


Pour le nouveau chef d'état-major des armées, « tout est en chantier »

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15.02.2014

Pierre de Villiers, 57 ans, était le major général des armées depuis trois ans. | AFP/FARZANA WAHIDY

« Bon courage » sont les mots que le nouveau chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, dit avoir le plus entendus ces jours derniers. Ce cavalier de 57 ans prend officiellement son commandement samedi 15 février. Il succède à l'amiral Edouard Guillaud, dans une période difficile pour les armées. Car dans les coulisses des opérations extérieures, vendues comme des succès par le pouvoir exécutif, « tout est en chantier », rappelle le général.

Son premier souci est donc l'état de cohésion d'une institution secouée depuis 2008 par des réformes brutales et tous azimuts. Leur pertinence n'est pas démontrée sur le terrain. Les nouvelles « bases de défense » qui assurent le soutien des troupes sont vues comme des usines à gaz. Le plan social en cours semble inatteignable – 80 000 suppressions d'emplois prévues de 2009 à 2019. Et le scandale du logiciel défectueux de la paie militaire, Louvois, « un cancer », selon Pierre de Villiers, a entamé durablement la confiance dans l'institution.

« Il faut retrouver un projet fédérateur, pour que les gens aient une lumière au bout du tunnel, explique-t-il. Nous avons besoin d'une union sacrée, pour regrouper nos forces et mieux prendre en compte la dimension humaine. Et nous n'avons pas d'autre choix que de faire autrement. Le modèle des armées issu de la fin de la conscription en 1996 est à bout de souffle. »

« UN DÉFI COLOSSAL »

Le choix du général de Villiers est celui de la continuité, fait valoir le ministère de la défense. Contrairement à son prédécesseur, l'homme n'est pas issu de l'état-major particulier du président de la République. Après avoir occupé ce poste auprès du premier ministre François Fillon, celui de l'Elysée lui avait pourtant été promis. Mais en février 2010, il lui a été soufflé au dernier moment par le général Benoît Puga, choisi finalement par Nicolas Sarkozy et prolongé à son poste par François Hollande.

Mais devenu major général des armées, autrement dit le numéro deux, Pierre de Villiers a depuis quatre ans accompagné l'élaboration de la nouvelle loi de programmation militaire 2014-2019. Sa mise en oeuvre, sous haute contrainte budgétaire, sera de l'avis même de ses promoteurs un défi.

Les nouvelles suppressions d'effectifs prévues sur la période, 34 000, sont « un défi colossal », dit le général. « Pendant que le train roule à toute vitesse, on me demande d'accrocher un nouveau wagon », résume-t-il. Le contrat de l'institution est de faire mieux avec moins : « On fera au mieux, corrige-t-il, avec les ressources qui nous sont données. »

Son « ordre aux armées », un document de trente pages présentant les projets en cours dans la marine, l'armée de terre et l'armée de l'air, tentera de montrer qu'il y a une « cohérence » dans les réformes à venir. « Nous n'avons pas été bons pour communiquer sur la réforme 2008-2013 », estime-t-il.

La priorité du nouveau chef d'état-major ira donc aux messages internes, en direction des troupes et des soldats déployés en opérations extérieures en Centrafrique, au Mali, au Liban et en Afghanistan. « Je suis un homme de bureau par effraction, confiait-il récemment. Je veux voir les choses concrètes. »

Le général de Villiers sera toutefois un chef d'état-major aux pouvoirs diminués par rapport à ses prédécesseurs. La dernière « réforme de la gouvernance », voulue par le ministère de Jean-Yves Le Drian, prive le chef militaire de prérogatives en matière de ressources humaines, de relations internationales et de gestion, au profit des grands adjoints civils du ministre.

Cette nouvelle répartition du pouvoir ne passe pas dans les rangs des officiers supérieurs et généraux, qui dénoncent l'état d'esprit « anti-militaire » de l'exécutif actuel. Le nouveau patron des armées porte dans son paquetage le fait d'avoir avalisé ces changements contestés.

Nathalie Guibert 


Légionnaires : Ils ont senti le sable chaud

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le 15/02/2014

Le premier légionnaire « déniché » par la photographe creusotine est désormais… routier. Photo DR

Hanicka Andrès (auteur, metteur en scène et photographe, à la tête de la Cie Entr'actes depuis 2007): “C’est bien connu, la légion fascine et le légionnaire fait peur…”

Première recrue du projet artistique, rencontrée dans le Vaucluse.

Première recrue du projet artistique.

Première recrue du projet artistique.

Première recrue du projet artistique.

Faire parler et photographier des légionnaires à la « retraite », c’est l’actuel projet artistique mené par la Creusotine Hanicka Andres. Dix à quinze recrues sont actuellement recherchées...Des volontaires ?

Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui encore, plus de 175 ans après sa création, le képi blanc attire toujours autant ? Pourquoi tous ces hommes, de tous horizons, de toutes origines et nationalités, de toutes religions viennent-ils frapper à la porte de cette « institution », tirant un trait, souvent définitif, sur leur vie antérieure ? Pourquoi recommencer ici plutôt qu’ailleurs ? Légion signifie-t-elle rédemption ? Ce sont les questions auxquelles Hanicka Andrès (auteur, metteur en scène et photographe, à la tête de la Cie Entr'actes depuis 2007) aimerait répondre, en dénichant quelques spécimens de cet « agglomérat » d’individus dont le seul lien commun, au départ, est « le goût de l’aventure ou le mal-être »…

Le premier légionnaire « capté » par Hanicka Andres est plus bavard que celui de l’incontournable chanson de Piaf magnifiquement reprise par Gainsbourg. Il ne sent plus vraiment le sable chaud mais il se confie sur ses motivations, et surtout revient sur ce fameux jour où sa vie a basculé alors qu’il s’engageait à 20 ans à peine dans la Légion.

« Des gueules marquées »

Le résultat : un parler juste, incroyablement « humain » même lorsque ce sont des horreurs qui sortent de sa bouche. « Vient un moment où un homme peut choisir la mort plutôt que la vie », en reprenant la maxime de Paul Auster, le projet photo d’Hanicka Andres, couplé au documentaire de Lorenzo Cruz, tente de percer les secrets de ces hommes qui ont longtemps été astreints à un devoir de réserve. « Je veux montrer comment on bascule d’une vie à une autre. » Personnalités atypiques, longtemps formatées, pas toujours réadaptés à la « vie civile », le projet artistique (non rémunéré) va mettre en lumière des gens plus habitués à l’ombre.

« On recherche des anciens légionnaires qui ont refait leur vie depuis », expose l’artiste creusotine qui, via les réseaux sociaux, compte bien toucher ses futurs protagonistes. Le rêve absolu ? Trouver un éditeur pour cet album de « gueules marquées ».

Antoine est le premier à s’être porté volontaire pour ce projet… Les deux compères l’ont rencontré en janvier dernier chez lui, à Orange, entouré de photos de jeunesse. « L’aventure a pu commencer avec un premier shooting et les premières prises de vues pour notre documentaire », relate Hanicka Andres.

Si d’autres légionnaires en fin d’activités sont intéressés par l’aventure et les spotlights, ils peuvent contacter la petite équipe via Facebook notamment.

Contact : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ou au 06 16 42 89 81


J'ai essayé d'intégrer la Légion étrangère

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février 9, 2014 Par Simon Bennett

De la propagande près du centre d'entraînement.

À la fin de l'année dernière, je me suis dit que ce serait une bonne idée d'intégrer la Légion étrangère. J'étais cloîtré à Birmingham, en Alabama, à vendre des assurances pour que dalle, j'habitais dans un appartement minable à deux pas de la banlieue, et j'essayais toujours de choper des étudiantes (je passais surtout pour leur cousin sans avenir). Je prenais de mauvaises décisions et je le savais. Un soir, alors que je me trouvais dans un bar assez triste où j'avais mes habitudes, j'ai entendu deux vétérans qui affirmaient à qui voulait l’entendre que si c'était à refaire, ils rejoindraient à nouveau les forces de la Légion ; et qu’ils le feraient « sans hésiter une putain de seconde ». Et tout comme ces nombreux candidats pleins d'espoir qui voient la Légion comme une possibilité de faire table rase du passé, j'ai décidé de tenter ma chance. Avec le recul, je ne sais pas ce qui m'a poussé à le faire. Tout ce que je savais, c'était que je voulais me casser de mon bled et que la France me semblait être l'endroit le plus éloigné de chez moi.

La Légion étrangère est la seule armée occidentale composée majoritairement d'étrangers. Elle a été créée il y a près de 200 ans, pour les mêmes raisons qui ont donné naissance à l'Australie : offrir un nouveau départ aux rebuts de la société en les emmenant aussi loin que possible de chez eux. La Légion envoie volontiers ses soldats à la guerre pour défendre un pays dont ils ignorent tout. En contrepartie, les légionnaires peuvent repartir de zéro et se reconstruire.

À travers l'histoire, la Légion a servi de seconde chance pour les gens que la société voyait comme irrécupérables. Pour ceux qui le désirent et qui sont prêts à se surpasser, un nouveau départ est à leur portée, avec en prime l'obtention d'un passeport français tout juste tamponné. Mais en contrepartie, il faut signer un contrat de cinq ans en sachant qu’on sera considéré comme une marchandise jusqu'à son terme.

Bien que je susse à peu près ce que j’allais subir grâce au film Légionnaire avec Jean-Claude Van Damme, je n’avais pas pleinement conscience de ce qu'était le statut de légionnaire quand j'ai décidé de laisser derrière moi mon ancienne vie pour rejoindre la Légion. Contrairement à l'armée américaine, on ne peut pas appeler la Légion à l'avance pour discuter de nos objectifs ou de nos préoccupations avec un recruteur aux accents paternalistes. La meilleure solution est de se présenter à l'entrée principale du siège de la Légion avec un passeport dans une main tout en croisant les doigts de l'autre. Ne vous méprenez pas – je m'étais préparé à fond. J'avais quitté mon boulot, déménagé de mon appartement et mis la plupart de mes possessions dans un box aux États-Unis. J'étais en forme et motivé. Après avoir acheté un aller simple, voyagé pendant 22 heures – avec deux escales –, je suis enfin arrivé à Aubagne, en France.

Après quelques bières dans une taverne locale, je me sentais en pleine forme et j'étais prêt à entamer cette longue parenthèse, loin de la réalité que je connaissais. J'ai finalement eu le courage de me présenter à l’entrée. Là, j'ai rencontré d'autres candidats à la Légion : un Marocain, maigre, qui n’arrêtait pas de fumer, et deux prétendants espagnols qui ressemblaient à des membres de Fight Club version Eurotrash. Quelques minutes plus tard, un Russe avec de gros cernes – qui aurait tout aussi bien pu être en route pour le goulag en Sibérie – nous a rejoints. On avait du mal à communiquer entre nous du fait de nos différences linguistiques, mais on apprendrait tous le français dans le cadre du contrat avec la Légion.

Avant de nous laisser entrer, un légionnaire armé – le premier que j'aie vu en vrai – a étudié minutieusement nos passeports. Ma décision impulsive se transformait en quelque chose de concret. Le soldat s'est ensuite empressé de voir si on pouvait faire au moins quatre tractions à l’extérieur du centre, histoire que personne ne perde son temps. Ensuite, on est rentrés.

Les quartiers d'habitation des légionnaires.

Après qu’on se soit débarrassés de nos affaires, ils nous ont montré où nous allions vivre au cours des semaines suivantes : un bâtiment délabré qui ressemblait à un immeuble ouvrier du bloc de l'Est ou à une prison Art Déco.

Les semaines qui ont suivi ont été ponctuées d'une batterie d’examens physiques et médicaux, ainsi que de beaucoup de temps libre passé à ne rien foutre. On tuait le temps en fumant des clopes et en parlant de tout et n'importe quoi. Chaque fois que notre nom était appelé pour un examen, on se présentait au garde-à-vous. À tout moment, si on échouait à un exercice ou qu’un des nombreux examens révélait un problème médical, ils pouvaient vous rendre vos affaires et vous faire dégager en quelques minutes.

Il y a une vieille blague qui dit un truc du genre : « À VENDRE : Fusil français. Tombé deux fois par terre, jamais utilisé. » La blague fait allusion à la tendance des Français à se rendre et/ou à se faire occuper par l'ennemi. Comme beaucoup de bonnes blagues, elle joue sur un stéréotype qui se fonde sur une idée douteuse ; allez dire aux soldats napoléoniens qu’ils étaient incompétents. Quoi qu'il en soit, je vous file un conseil : même si cette plaisanterie vous semble drôle, ne la racontez jamais à un aspirant soldat français à Aubagne. Certains de ces gars se prennent vraiment très au sérieux. Croyez-moi.

Les mecs que j'ai rencontrés au sein de la Légion étaient tous très différents les uns des autres. Je suppose que pour se trouver en présence de plus de pays représentés dans une même pièce, il faut assister à une séance de l’ONU. Mais les personnalités que vous êtes amené à rencontrer dans la Légion sont beaucoup plus intéressantes que celles que vous pouvez croiser à l'ONU. Je me souviens de la fois où, via un langage des signes de merde et d'un « interprète » encore plus merdique, un Égyptien m'a demandé si je pouvais pisser dans un préservatif pour lui. Il avait été pris au dépourvu quand il avait entendu dire qu’il serait soumis à un test de drogue alors qu'il avait fumé du haschich quelques jours avant de se présenter à Aubagne. Je n'avais jamais parlé à ce mec avant, alors j'ai feint l'incompréhension. Après cet épisode, je ne l'ai pas revu.

La prochaine série de tests devait déterminer si nous étions assez intelligents. On a commencé par des tests de raisonnement qui ressemblaient au SAT, et qui ont éliminé les candidats les moins cérébraux du groupe. Puis on a eu droit à un entretien qui tournait essentiellement autour de la question : « Pourquoi voulez-vous faire partie de la Légion ? » Comme tout entretien d'embauche, il s'est agit de leur réciter un petit laïus sur ce qu’on pensait qu'ils voulaient entendre. Après ça, un psychiatre a mis en cause nos intentions et a appuyé sur nos failles.

Un casier de légionnaire.

Finalement, après d'innombrables heures passées dans des conditions de confort rustique, la seule chose qui séparait ceux qui étaient restés d’une intégration dans la Légion était la « Gestapo ». La rumeur dit que, à ce stade, la Légion sait tout de vous. Le mot Interpol est fréquemment utilisé – ils passeraient au crible votre compte bancaire, votre casier judiciaire, vos proches, vos anciens boulots… Appelez ça une intuition, mais je pense que c'est des conneries. Ne vous méprenez pas, je crois que quelque part, il existe bien quelqu'un qui a accès à l'ensemble de ces informations. Mais un organisme français situé dans des locaux pourris de la banlieue de Marseille ne me semble pas être ce quelque part. Quoi qu'il en soit, ils m'ont appelé pour un interrogatoire.

Le concept repose sur l’intimidation. Ils veulent que vous leur lâchiez toutes les merdes que vous avez faites depuis votre naissance. Comme d'innombrables trous-du-cul-de-flics avant eux, ils emploient la vieille tactique du « si vous mentez, je le saurai, donc dites-moi la vérité et tout se passera bien ». Mon interrogateur avait mon téléphone portable et mon ordinateur en face de lui. Leur contenu avait déjà été fouillé. Je ne sais pas si c'est de la chance ou un bon timing, mais il n'y avait rien de trop embarrassant sur les deux appareils.

J'ai entendu des histoires sur des mecs qui se sont fait humilier ouvertement lorsque l'interrogateur a trouvé des photos à poil. On dit aussi que l’historique de navigation est scruté et que l'orientation sexuelle est sans cesse remise en question par la Gestapo. Dans mon cas, je pense que mes bases en français ont été une bénédiction, puisque le mec ne semblait souhaiter qu'une chose : que je foute le camp de son bureau.

Hélas, tous ces efforts allaient mener à un renvoi subjectif : on était 36 à avoir réussi tous les examens, mais seuls 18 d’entre nous seraient autorisés à se former dans la mystérieuse « Ferme ». J'étais confiant mais sûr de rien. J'espérais être pris, mais dans le même temps, une bière et un vrai lit me paraissaient former un combo plutôt sympa. Derrière la porte numéro 1, il y avait la promesse de manque de sommeil et de châtiments corporels, tandis que derrière la numéro 2 reposait la perspective de vacances en France immédiates.

Pour faire court, je n'ai pas été pris. Ils m'ont filé une quantité presque insultante de fric (une agréable surprise en fait, puisque je ne m'attendais à rien), mes maigres possessions m'ont été retournées, et à peine quelques minutes plus tard, j’avais revêtu mes fringues civiles. Aucune explication ne m'a été fournie. J'ai juste eu droit à un « merci d'avoir essayé, ne revenez jamais ».

Ma lettre de refus

À présent, je peux faire quelques déductions, fondées sur qui a été accepté et qui ne l'a pas été. Au-delà du fait que nous avions tous réussi les examens, la sélection n'avait rien à voir avec nos performances quantifiables. Si vous étiez français ou aviez eu une formation d'infanterie avec l'armée de votre pays d'origine, vous étiez accepté. Le reste des gars ayant reçu le feu vert semblaient être particulièrement pauvres et désespérés – ils n'avaient pas d'autre option ; la perspective d'un salaire de 37 000 euros et la possibilité de recevoir la nationalité française était suffisante pour les motiver à faire presque n'importe quoi.

Tout compte fait, je suis content de la tournure que les choses ont prise. J'ai un peu progressé en français et je suis resté en Europe assez longtemps pour y trouver ma place. Aujourd’hui, je réside à Bucarest, où les bières ne sont pas chères et où ma maîtrise de l'anglais est très demandée. J'ai même rencontré une jolie Roumaine qui n'a jamais entendu parler de l'Alabama. Après tout, nul besoin de rejoindre la Légion pour s’évader loin, très loin de chez soi.


Jacques Chancel: «J’ai eu honte d'être vivant!»

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08.02.2014 

L'interview indiscrète - Dans son livre «La nuit attendra», il fait le récit de sa jeunesse en Indochine et d’un terrible accident. Son secret depuis 60 ans.

Image: Eric Fougere/Corbis

Son timbre de voix inimitable, son phrasé et sa curiosité ont été la signature de «Radioscopie» et du «Grand échiquier», ces émissions de radio et de télévision qui ont vu défiler les plus grandes personnalités du monde de la pensée, des arts, du sport, de la recherche et de la politique. Aujourd’hui, dans un récit virtuose, Jacques Chancel dévoile ses années de jeunesse comme correspondant de guerre en Indochine à 18 ans. Jusqu’au jour de cet accident, lorsque la jeep dans laquelle il a pris place saute sur une mine, tuant tous les passagers sauf lui. Un secret qu’il dévoile pour la première fois dans «La nuit attendra». Véritable succès en librairie.

Jacques Chancel, qui êtes-vous?

Je me regarde dans les yeux des autres pour essayer de me reconnaître.

Votre tout premier souvenir?

C’est au lac Bleu, à 9 ans, au-dessus du Hautacam, dans les Hautes-Pyrénées. Mon père m’a fait marcher 14 heures.

Etiez-vous un enfant sage?

Non. J’étais studieux et turbulent. Je n’aime pas beaucoup les sages.

De quoi aviez-vous peur?

De rien. J’étais peut-être inconscient.

Vous l’avez sans doute été en partant si jeune en Indochine.

Je suis parti à 18 ans. On m’avait vieilli de 3 ans ( ndlr: 21 ans sur ses papiers). J’ai eu une adolescence entre rizières, montagnes et collines.

Votre mère vous disait-elle «je t’aime»?

Elle me le disait même un peu trop. J’étais le protégé, l’enfant chef-d’œuvre et ça n’est pas bon d’être considéré ainsi. Mon père était un être d’une grande lucidité, d’une grande intelligence. Il m’a fait découvrir les livres et la musique. Il était escaliériste, Compagnon du devoir.

Comment avez-vous gagné votre premier argent?

En Indochine. J’y faisais mon service militaire et, en même temps, j’étais dans une école. Le premier véritable argent, je l’ai touché à Radio Saigon, lorsque j’ai commencé à produire mes émissions.

Que vouliez-vous devenir?

Je préparais l’Ecole normale supérieure, je n’ai jamais pu passer l’oral. Ensuite j’ai eu envie de faire Santé navale: j’admire les médecins et je voulais parcourir le monde. Finalement, je me suis retrouvé correspondant de guerre. Ce sont les hasards de la vie.

L’amour pour la première fois. C’était quand et avec qui?

J’avais 15 ou 16 ans. C’était agréable et je n’en garde aucun souvenir.

L’amour est très présent dans ce livre.

L’amour des autres. Ce n’est pas l’amour comme on le définit aujourd’hui: «je t’aime, je t’aime, je t’aime». Lorsqu’on aime, on ne dit pas je t’aime, on le prouve.

La plus belle de vos qualités?

Je sais écouter alors que les gens ne savent plus entendre.

En vous lisant on est frappé par la précision de vos souvenirs.

J’ai étonné tous mes amis. Je tiens mon journal depuis l’âge de 15 ans et je le publie depuis 40 ans. Je remplis des carnets de notes par centaines, je ne me suis jamais servi d’une seule. Je n’ai obéi dans ce livre, écrit en un mois et dix jours, qu’à ma seule mémoire. Ma femme n’en revient pas. Cette aventure m’a poussé à réfléchir. J’ai gardé une masse de secrets. En soixante ans, je n’ai jamais voulu raconter mon histoire. Un jour, je me suis décidé, c’est Florian Zeller ( ndlr: écrivain français) qui m’a poussé à le faire. Ce jour-là, je me suis aperçu que ma mémoire était intacte.

Avez-vous déjà volé?

Jamais! Mon père m’aurait tué. Je suis Pyrénéen, d’un pays où on ne vole.

Avez-vous déjà tué?

Même pas à la guerre. J’étais avec la Légion étrangère, correspondant de guerre. Des gens se faisaient tuer à côté de moi. Je n’ai jamais porté d’arme, je n’en aurai jamais.

Si vous aviez le permis de tuer, qui serait-ce?

Je tuerais la bêtise.

Avez-vous déjà payé pour l’amour?

Ça ne va pas! Mais peut-être que je suis un privilégié. J’ai eu la chance d’être très bien entouré. Dans d’autres circonstances, peut-être…

Qui trouvez-vous sexy?

J’étais très ami avec Brigitte Bardot. Je lui avais demandé: «Quel a été votre plus beau jour?» Elle m’avait répondu: «Une nuit.» Ça c’est sexy.

Votre dernier bisou?

Il y a 5 minutes, pour mon petit-fils Augustin, 2 ans et demi.

Vos dernières larmes?

J’ai eu une larme à la mort de Mandela. Et puis j’ai parfois des larmes pour la connerie, le racisme et ceux qui détruisent les autres.

Vous pensez à Dieudonné?

A force de le mettre à l’épingle on va lui donner une carapace de héros. On ferait mieux de ne pas lui faire de publicité. C’est vraiment un pauvre type.

De quoi souffrez-vous?

J’ai des bobos liés à mon âge. C’est le moral qui compte. La tête fonctionne, le corps tente de suivre.

Vous avez frôlé la mort. Que s’est-il passé?

J’étais parti en reportage dans une opération assez dangereuse avec Fabrice de Pestralle, un jeune capitaine. Nous avons quitté le baraquement, 500 militaires se sont mis en poste avec deux régiments viets en face. Je suis parti avec la jeep du capitaine et nous avons sauté sur une mine. C’est peut-être pour ça que je n’ai pas voulu raconter cette histoire trop tôt, parce que j’avais honte d’être vivant. Les trois autres sont morts.

Croyez-vous en Dieu?

Je crois en un être suprême, donc forcément c’est Dieu. Mais on le met à toutes les sauces et je n’aime pas du tout ça.

Quel est votre péché mignon?

Je suis gourmand, j’aime les plats pyrénéens et, par-dessus tout, la garbure. Une soupe sublime que l’on fait cuire pendant des heures.

Trois objets culturels à emmener sur une île déserte?

J’emporterais le concerto pour violon de Tchaïkovski du violoniste Renaud Capuçon. «Les trois mousquetaires», «Madame Bovary», «Mémoires d’outre-tombe», peut-être que je reviendrais à «Belle du Seigneur» de celui que j’avais beaucoup reçu, Albert Cohen. Je voudrais tout relire en ce moment et revoir «Les garçons et Guillaume, à table!» un très grand film de Guillaume Gallienne.

Combien gagnez-vous?

Je n’en sais rien. Il faudrait demander à ma femme. J’ai eu la chance de gagner beaucoup plus que d’autres. Mais je n’ai pas gagné non plus ce que gagnent certains parce que je me suis refusé au mélange des genres.

Pensez-vous gagner assez par rapport au travail fourni?

Je gagne trop par rapport aux médecins de campagne, aux infirmières. Ils mériteraient beaucoup plus.

Qui sont vos vrais amis?

Serge Kampf, créateur de Capgemini, Jean-Loup Dabadie, Erik Orsenna.

Que dire à vos pires ennemis?

De ne plus les voir ni les entendre. Je permets à tout le monde d’être con.

Ronflez-vous la nuit?

Non! ( Rires.) Je ne le supporterais pas.

Qui aimeriez-vous voir répondre à ce questionnaire?

Le violoniste Renaud Capuçon. J’ai rarement entendu quelqu’un parler de musique comme il le fait. Il n’est pas seulement musicien, il est aussi philosophe, il est écrivain. J’aime ces gens qui savent se consacrer à tous les arts.


Eté 14 : les grands acteurs de la crise

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AFP le 07/02/2014

Une photo prise le 28 juin 1914 montrant le nationaliste pro-serbe Gavrilo Princip (d), arrêté juste après l'assassinat de François-Ferdinand de Habsbourg ( AFP/Archives / )

Voici quelques-uns des principaux acteurs de la crise qui, de l'attentat à Sarajevo le 28 juin à l'invasion de la Belgique par l'Allemagne le 3 août, plongea l'Europe dans la guerre:

 

- Gavrilo Princip (1894-1918): étudiant nationaliste serbe de Bosnie-Herzégovine, alors sous domination austro-hongroise, il tue à coups de revolver le 28 juin 1914 à Sarajevo l'héritier de l'empire, l'archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, et son épouse Sophie. Cet attentat déclenche l'engrenage diplomatico-militaire qui aboutit à la Première guerre mondiale. Mort de tuberculose en avril 1918 en prison, il est considéré comme un héros dans la Yougoslavie royale, celle de Tito, et dans la Serbie d'aujourd'hui.

 

- François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914): héritier de l'empereur François-Joseph, cet archiduc d'Autriche, slavophile et favorable au fédéralisme pour remplacer le dualisme austro-hongrois, est assassiné avec sa femme Sophie à Sarajevo le 28 juin 1914 par l'étudiant nationaliste serbe bosniaque Gavrilo Princip. Par le jeu des rivalités et des alliances entre les grandes puissances, son assassinat aboutira à la Première guerre mondiale.

 

- François-Joseph (1830-1916): empereur d'Autriche et roi de Hongrie. Ce Habsbourg, veuf de la célèbre Sissi, est en 1914 le doyen des souverains européens. Monté sur le trône d'Autriche après la révolution de 1848, il règne en monarque absolu avant d'être contraint à une politique plus libérale. C'est lui qui déclenche la crise militaire qui va précipiter le conflit mondial en déclarant la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914, un mois après l'assassinat de son neveu et héritier François-Ferdinand à Sarajevo. Il meurt pendant la guerre, en novembre 1916.

 

- Guillaume II (1859-1941): dernier roi de Prusse et empereur d'Allemagne. Petit-fils par sa mère de la reine Victoria, il monte sur le trône en 1888 et renvoie Bismarck. S'appuyant sur le camp conservateur, le kaiser mène une politique expansionniste et colonialiste. Bien que cousin de Nicolas II, Il rompt l'alliance traditionnelle avec la Russie pour se rapprocher de l'Autriche et de l'Italie. Après avoir encouragé l'intransigeance autrichienne, et sous la pression de son état-major, il transforme la crise austro-serbe en conflit mondial en déclarant la guerre à la Russie le 1er août, puis à la France le 3, et en déclenchant l'invasion de la Belgique le même jour. Il est contraint d'abdiquer le 9 novembre 1918 et de s'exiler aux Pays-Bas.

 

- Nicolas II (1868-1918): dernier tsar de Russie. Successeur d'Alexandre III, il monte sur le trône en 1894 et confirme l'alliance franco-russe. Il engage en 1904-1905 son pays dans la désastreuse guerre russo-japonaise qui entraîne la première révolution russe. Sa décision de décréter une mobilisation générale contre l'Autriche le 30 juillet va pousser l'Allemagne à entrer en guerre. Nicolas II est contraint d'abdiquer lors de la "révolution de février" en 1917, et est assassiné avec femme et enfants par les bolcheviks le 17 juillet 1918.

 

- Raymond Poincaré (1860-1934): président du Conseil français en 1912 et 1913, puis de la République jusqu'en 1920. Il prône depuis longtemps une politique de fermeté à l'égard de l'Allemagne. Bien qu'il ait été très en retrait durant la crise de l'été 1914, ses adversaires l'affubleront du sobriquet "Poincaré-la-guerre". Attaché à la fois à la laïcité (valeur de gauche) et au patriotisme (de droite), ce Lorrain froid et souvent présenté comme sans imagination appelle dès août 1914 à "l'union sacrée" de tous les Français. La formule rencontrera un vif succès. Après 1920, il jouira d'un grand prestige.

 

- Herbert Asquith (1852-1928): Premier ministre britannique de 1908 à 1916, ce libéral aux convictions pacifistes tente une médiation infructueuse lorsque la crise s'emballe fin juillet, ce qui incitera Berlin à estimer que Londres va rester à l'écart du conflit. Il est néanmoins convaincu qu'il faut empêcher l'Allemagne ? qui a notamment défié la suprématie navale de la Grande-Bretagne -- de dominer l'Europe continentale. L'invasion de la Belgique neutre par les Allemands lève les dernières hésitations de Londres, qui se range aux côtés de ses alliés en déclarant la guerre à l'Allemagne le 4 août.

 

- Albert Ier (1875-1934): roi des Belges. Sur le trône depuis 1909, il prend une part active, aux côtés des Alliés, dans la Première guerre mondiale sur le plan militaire comme sur le plan diplomatique, ce qui lui vaut le surnom de "Roi chevalier". Passionné d'alpinisme, il meurt en 1934 dans un accident d'escalade.

 

- Pierre Ier de Serbie (1844-1921): ancien élève de Saint-Cyr, ce Serbe francophile s'engage dans la Légion étrangère en 1870 sous le nom de Pierre Kara. Monté sur le trône de Serbie en 1903, le libéral Pierre Ier, malade, désigne en juin 1914 son fils Alexandre comme prince régent, lui laissant le soin de mener les opérations militaires pendant la guerre.

 

- Enver Pacha (1881-1922): un des chefs de la révolution des Jeunes Turcs, il devient membre de la famille impériale et engage l'empire ottoman dans le camp des puissances centrales. Ministre de la guerre et chef d'Etat-major, il donne en avril 1915 le feu vert à la déportation de masse des Arméniens ottomans, qui fera un million de morts. Peu après la victoire des Alliés, il démissionne et s'enfuit pour l'Allemagne. Il est condamné à mort par contumace.


Daniel Pottier: «Je suis certain qu'à Saint-Jean ils ont enterré des camarades»

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Publié le mercredi 05 février 2014

45 ans après, Daniel Pottier raconte l'enfer de Saint-Jean.

C'est le témoignage à la fois bouleversant et troublant de Daniel Pottier, cet ancien légionnaire interné durant trois mois au camp de la section d'épreuve. Il est un des rares à s'en être échappé.

La voix, parfois, s'étrangle un peu. « Excusez-moi, il me faut quelques secondes. Ce n'est pas toujours facile de raconter ».

Daniel Pottier s'en voudrait presque de perdre son fil. Celui qui déroule une histoire vieille de presque 45 ans, qu'il tente de dire de manière neutre et sereine. Une histoire qui s'est passée à Corte, « entre mai et août 1969 ».

À l'époque, le Breton d'origine s'appelait Didier Peynet et était monégasque, « parce que cela se faisait parfois, pour les Français, dans la Légion, de changer de nom et de nationalité. Mais ils conservaient nos initiales ». Âgé de 65 ans aujourd'hui, notre homme a fait partie de ces militaires envoyés pour quelques mois à la section d'épreuves, au domaine Saint-Jean, à quelques kilomètres du centre-ville, en direction de la Plaine orientale. Désormais, familles et sportifs fréquentent l'endroit, joli et réaménagé.

Pottier est l'un des rares à s'être échappé de Saint-Jean. Sans avoir été repris. « Certains, on ne les a jamais revus après avoir été rattrapés », lâche-t-il sans faire de mystère sur ce qui a pu leur arriver. « Je suis certain que, sur ce terrain, il y a des ossements, sûr qu'ils ont enterré des camarades ».

Ces quelques semaines de 1969, il avoue y avoir « relativement peu pensé pendant des années. Mais maintenant, sans que je sache réellement pourquoi, plein de souvenirs me reviennent et me réveillent la nuit ».

Des souvenirs assez douloureux. Tous ceux qui ont raconté ce camp ont dit sa dureté, le manque d'humanité de ses régisseurs : « Tout ce que je savais avant de partir, c'est que c'était très dur. Rien d'autre ».

À l'âge de 17 ans et demi, il rencontre un ancien légionnaire dans un bar. L'homme lui parle de son engagement, évoque avec lui les voyages, la vie de militaire.«Ça, et d'autres choses que je ne souhaite pas détailler, m'ont convaincu de m'engager à Paris ». Daniel est alors envoyé à Marseille pendant un mois, puis six mois à Bonifacio pour faire ses classes. Il revient en Provence, est affecté au régiment d'Aubagne, « et comme je n'étais pas vraiment familier de la discipline, j'ai eu pas mal d'absences illégales ». Le voilà envoyé un an à Madagascar, avant de revenir à Aubagne « où j'ai recommencé mes conneries d'absences ».

C'est pour cette raison qu'on signifie son départ pour Corte au printemps 1969. En bateau jusqu'à Bastia, puis en train pour rejoindre la cité paoline. Escorté par deux légionnaires. Très vite, les choses vont se gâter. Il raconte le 4x4 pour rejoindre le camp, le chemin sinueux de trois kilomètres « que j'ai fait à pied, sous les coups des hommes qui m'accompagnaient. On m'a dit« Maintenant, tu n'es plus un légionnaire, tu es une merde ». Et lors de ma présentation au responsable du camp, les insultes ont continué de plus belle. Quant aux coups… »

Echappé avant d'être repris puis viré

Le jeune homme de 21 ans découvre ce que le journaliste Henri Allainmat racontera en 1977, dans son livre L'épreuve. « Tout y est parfaitement conforme à ce que j'ai vécu en cellule d'abord, puis dans la section répression ». Les trous à creuser sans arrêt, les pierres à casser, les plaques de ciment à porter à même la peau, les déplacements à effectuer en courant… Ce qui n'était peut-être finalement pas le pire pour Daniel Pottier : « On venait nous observer quand nous faisions nos besoins. Histoire d'être sûr qu'on n'était pas en train de se reposer. On insultait quotidiennement nos parents, nos fiancées. C'était difficile de ne pas riposter par les coups. J'ai fini par le faire, et on m'a mis dans un état pas possible ».

Ce qui lui a permis de tenir ? Le mental, « parce qu'avec mon mètre 67 et mes 62 kg, je n'étais pas le mieux armé. C'est mon caractère qui a fait que je me suis relevé. Et quelque part, cette expérience m'a permis de me renforcer face aux difficultés que j'ai connues plus tard ». L'envie de s'échapper de Saint-Jean a été immédiate. Mais pas si simple à mettre en œuvre. « J'avais fini par repérer une maisonnette en pierre dans laquelle il y avait des vêtements. J'ai réussi à y aller, à me changer et je suis parti vers la route ». Là, il fait du stop, « mais je me cachais au moindre bruit ». Un automobiliste finit par le faire monter dans sa voiture. « Il a compris de suite d'où je venais. C'était un Corse d'environ 55 ans. Il m'a demandé s'il devait m'amener à la gendarmerie. J'ai dit non. Il m'a finalement permis de rejoindre la Plaine orientale ».

Daniel Pottier arrivera à Ajaccio en faisant du stop. « J'ai erré pendant plusieurs jours sans manger, mais je savais que ma seule chance était de me fondre au milieu des touristes pour qu'on ne me remarque pas ». À Ajaccio, il raconte son histoire à un groupe de jeunes qu'il rencontre sur une plage. Ils lui donneront de quoi payer la traversée pour rejoindre Marseille.

Il tente la même aventure de l'auto-stop une fois sur le Continent, « sauf que j'ai fini par être arrêté par les gendarmes et incarcéré aux Baumettes. À ma sortie, on m'a ramené à Aubagne. Je pensais être renvoyé à Corte et finalement, on m'a viré ».

Un soulagement pour Daniel. Il décide d'oublier les deux années qui viennent de s'écouler. Épouse sa fiancée, rentre à la SNCF « où j'ai fini conducteur de train ».

De la Légion, il en parle peu en famille. Son épouse connaît toute l'histoire, sa fille en grande partie, ses fils - « qui ont, tous les deux, été dans les paras » - beaucoup moins. Seule sa mère, âgée de 86 ans, ne sait rien de son passage en Corse. « Ma petite-fille a commencé à lire l'ouvrage d'Henri Allainmat. Elle a 18 ans, et peut comprendre maintenant. Je lui ai promis de répondre à toutes les questions qu'elle me poserait », explique-t-il, la voix nouée. Pas si simple de mettre des mots sur les souvenirs. Ce qui l'a poussé à témoigner ? La lecture d'autres témoignages sur le net. « J'ai découvert internet il y a peu, et je me suis mis à faire des recherches. J'ai retrouvé des histoires tellement semblables à la mienne que j'ai eu envie de raconter, moi aussi. »

Notre retraité, qui vit désormais dans un petit village du Calvados, insiste bien pour qu'il y ait sa photo : « Certains pourront peut-être me reconnaître. Sait-on jamais… »Des images de l'époque de son engagement, il n'en a aucune : « J'ai tout brûlé tellement j'étais en colère ».

Une chose est sûre : « J'en veux à la Légion. Bien sûr, nous avions fait des conneries. Mais ce n'était pas une raison pour nous faire ça ».


Municipales : Cuong Pham Phu (EELV) veut valoriser Lognes

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Gilles Cordillot | Publié le 05.02.2014

Cuong Pham Phu se mesure à Michel Ricart (PS), maire sortant.


Cuong Pham Phu n’est pas tout à fait un inconnu à Lognes. Conseiller municipal depuis 2011 sur la liste majoritaire, il se présente cette année-là aux cantonales contre le Gérard Eude. Le PS lui montre immédiatement la porte de sortie.

Cette fois, c’est en tant que candidat d’Europe Ecologie- qu’il entend se mesurer à un autre socialiste, Michel Ricart, maire depuis 1989.

Il sera à la tête de la liste « Ensemble, valorisons Lognes ». Né en 1969 à Hanoï au Viêt Nam, l’ex-Indochine française, il passe par la Légion étrangère où il sert notamment en ex-yougoslavie pendant la guerre des Balkans.

« Ma liste est complète, assure le candidat, technicien informatique depuis quatorze ans. Elle compte des gens venant de tous horizons et de toutes catégories professionnelles. » Ce que Cuong promet avant tout s’il est élu, c’est une bonne gestion de la ville. « J’éliminerai les frais inutiles » et il rappelle son combat (il avait même écrit au Président de la République) pour dénoncer l’augmentation de 30% des indemnités que les élus du syndicat d’agglomération nouvelle (San) aujourd’hui communauté d’agglomération, s’étaient votée. « D’ailleurs, ajoute-t-il, je lancerai un audit afin de connaître le réel état financier de Lognes. » Cuong veut encore être très près des habitants. « On va créer une journée de la citoyenneté pour sensibiliser les habitants aux questions d’environnement et donner la parole aux citoyens avant le début du conseil municipal. » Le candidat prévoit encore de « faire suivre les jeunes et de veiller à leur orientation. « Un adjoint s’occupera tout spécialement de la jeunesse, précise-t-il, ajoutant : sans oublier l’aide à la parentalité. Si on donne le bon exemple, les jeunes auront moins envie de faire des bêtises. Je serai beaucoup sur le terrain. Nous aiderons les demandeurs d’emploi dans leur recherche. » Ses yeux brillent d’impatience. Cuong Pham Phu assure n’avoir qu’une seule ambition : « que sa vie soit utile. » Quant à son succès le mois prochain, Cuong n’en doute pas un seul instant : « Je rassemblerai plus de 30% des suffrages. Ricart sera derrière moi et au second tour il sera évincé! » Aux cantonales aussi, il avait annoncé sa victoire…
Le Parisien

Les FAZSOI coopèrent avec les Comores

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Mercredi 5 Février 2014


Du 28 au 30 janvier 2014, le général de division Jean-François Hogard, commandant supérieur des forces armées dans la zone Sud de l’Océan Indien, s’est rendu en visite officielle en Union des Comores. Au cours de cette visite,  il s’est longuement entretenu avec le docteur Ikililou Dhoinine, Président de la République de l’Union des Comores, et avec  M. Hamada Madi Bolero, son Directeur de Cabinet en charge de la Défense, des questions de sécurité et de coopération opérationnelle.
 
En 2013, la France, au travers des forces armées dans la zone Sud de l’Océan Indien, a mené 13 actions de formations au profit 470 militaires comoriens. Ils ont notamment été formés aux opérations de maintien de la paix et à l’aguerrissement nautique.

Cette coopération franco-comorienne se poursuit actuellement, dans l’optique de la mise sur pied d’une compagnie dédiée aux opérations de maintien de la paix, et pour accompagner la montée en puissance de la fonction garde côtes. A terme, cette coopération permettra à l’Union des Comores d’honorer ses engagements dans la participation à la force africaine en attente et au plan national, le à parfaire l’exercice de l’action de l’Etat en mer. 

Le général de division Hogard s’est rendu également l’île de Mohéli, où le Détachement de Légion Etrangère achevait l’instruction de la compagnie d’infanterie comorienne qui y est stationnée. La cérémonie de clôture du DIO (détachement d’instruction opérationnelle) s’est déroulée en présence du directeur de cabinet de la présidence en charge de la Défense, de monsieur Philippe Lacoste, ambassadeur de France aux Comores et des autorités civiles et militaires de l’île.

Ces Suisses «morts pour la France»

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Le Temps

histoire samedi 01 février 2014 Denis Masmejan

Guerre de 1914-1918. Soldats du 4e Régiment de marche de la Légion étrangère à Mézières, dans la Somme, un lieu de carnage. (Adoc-photos)

 

Il y aura un siècle cette année que la Grande Guerre a commencé. Des volontaires suisses y ont participé. La plupart se sont battus du côté français dans la Légion étrangère. Certains se sont aussi engagés dans l’armée allemande

Ils s’appelaient Alfred Ernest Buvelot et Jules Ramuz. On ne sait rien d’eux, sinon qu’ils font partie de ces Suisses «morts pour la France» durant la guerre de 1914-1918, commencée il y aura un siècle exactement au mois d’août prochain. Le nom des deux hommes figure sur un monument au bas du cimetière de Nyon, face au lac.

Se connaissaient-ils? On l’ignore. Mais on peut retrouver leur trace en consultant la page internet du Ministère français de la défense intitulée «Mémoire des hommes», grâce à laquelle il est possible d’accéder à la fiche personnelle de 1,3 million de soldats tués ou disparus au combat durant la Grande Guerre (www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr).

Ernest Buvelot et Jules Ramuz étaient incorporés l’un et l’autre dans la Légion étrangère, comme la plupart de leurs compatriotes engagés pour la France – à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Frédéric Sauser, Blaise Cendrars de son nom de plume, qui tira de son expérience du front et de la blessure qu’il y reçut en 1915 le récit de La Main coupée, paru longtemps après, en 1946.

Si l’on en croit la fiche qui le déclare «mort pour la France», Jules Ramuz est né à Lausanne le 6 décembre 1891. Il s’est fait recruter à Annecy. A la rubrique «Genre de mort», figure, tracée à la main, la mention «suites de blessures de guerre». Et les date et lieu: 9 mai 1915, La Targette/Pas-de-Calais. Ce jour-là et à cet endroit-là en effet, les troupes françaises lancèrent un assaut massif contre les positions allemandes, qui durera jusqu’au 17 juin. Aujourd’hui, le lieu abrite l’une des nécropoles nationales dédiées aux morts des combats de 1914-1918. Né le 17 janvier 1896 à Aubonne, Ernest Buvelot, lui, a été «tué à l’ennemi» dans la «zone de Cachy (Somme)», le 26 avril 1918, à l’âge de 22 ans, alors que les Allemands avaient lancé une offensive dans la région d’Amiens.

Un peu partout en Suisse, des monuments rappellent la mémoire de ces engagés volontaires qui se retrouvèrent à partager l’existence peu enviable des poilus dans les tranchées de Verdun ou de la Somme. A Genève, de manière attendue, les traces de ces volontaires helvétiques sont particulièrement visibles. Plusieurs monuments leur rendent hommage. Ainsi, rue Sénebier, devant le Consulat de France, à proximité immédiate du parc des Bastions, les noms de 45 Suisses sont gravés sur un mur aux côtés des nombreux Français de Genève également tombés au combat. On y repère Edouard Junod, né, selon la fiche de décès de l’armée française, à «Plainpalais-Suisse» le 3 février 1875, capitaine de la Légion au 2e Régiment de marche du 1er étranger, tué le 29 septembre 1915 lors de l’assaut de la butte de Souain en Champagne, opération restée dans l’histoire des combats comme une boucherie. La mémoire de l’officier suisse sera perpétuée à Genève après la guerre à travers une Société capitaine Edouard Junod qui avait pour but de venir en aide à ceux qui s’étaient portés volontaires, association dont on a aujourd’hui perdu la trace.

A Genève encore, dans le cimetière de Châtelaine, une plaque honore les «vaillants volontaires suisses de la Grande Guerre morts en France pour le droit et la justice». C’était là l’expression consacrée, du côté français, pour justifier la guerre menée par la République contre les Empires centraux.

Dans une étude consacrée aux «Traces de la Grande Guerre à Genève», le chercheur Philippe Coet rapporte les propos tenus par le président de l’association des volontaires suisses lors de l’inauguration du monument de Châtelaine, en présence du maréchal Joffre, en 1920: «Nous savons qu’il y a eu chez nous, dans notre libre pays, sur notre sol sacré, des hommes, des officiers même, qui n’ont pas craint de souhaiter la défaite des armées alliées, qui ont osé, eux, républicains de race, applaudir les hordes du Nord. Nous en demandons pardon à la France et si le sang de nos morts peut racheter les fautes de quelques-uns, ce sang répandu est la rédemption de l’Helvétie.»

Propos tenus, bien sûr, après la victoire de 1918. «Plusieurs raisons ont poussé des citoyens suisses à s’engager, analyse pour sa part Alexandre Elsig, doctorant en histoire à l’Université de Fribourg et spécialiste de la Première Guerre mondiale. Certains étaient déjà établis en France et faisaient corps avec la République – à l’instar de Blaise Cendrars –, d’autres partent par idéal, pour ce qu’ils considèrent comme le combat de la civilisation contre la barbarie. Il y a aussi toute une série d’aventuriers et de professionnels de la guerre cherchant à faire l’expérience du combat.»

L’engagement des volontaires suisses dans la guerre de 1914-1918 reste toutefois peu documenté, relève-t-il. Sans surprise, il s’agit en majorité de Romands. Mais des recherches empiriques dans la banque de données «Mémoire des hommes» montrent que des Alémaniques se sont aussi engagés pour la France, même si la Suisse alémanique était volontiers germanophile. Parmi ces engagés, on repère le soldat de 2e classe Gottfried Hegglin, né le 26 juillet 1893, tombé le 20 avril 1916 au lieu-dit Mort-Homme, l’un des points névralgiques de la bataille de Verdun, gigantesque abattoir à ciel ouvert où périrent 300 000 hommes, Français et Allemands, et qui fit 400 000 blessés des deux côtés. C’était l’époque du «tourniquet» mis en place par Pétain le long de la Voie sacrée, simple route de campagne sur laquelle montaient en permanence, 24 heures sur 24, des troupes fraîches vers le front. Le futur maréchal avait voulu que toutes les unités de l’armée, les unes après les autres, se relaient sans discontinuer pour défendre Verdun.

Mais combien furent les Suisses à combattre pour la France? Selon le Dictionnaire historique de la Suisse, qui se réfère à l’ouvrage classique sur le service des Suisses à l’étranger de Paul de Vallière Honneur et fidélité – la devise de la Légion étrangère –, ils auraient été 14 000 sur toute la durée du conflit; 8000 ne seraient pas revenus.

Ces chiffres paraissent largement disproportionnés aux yeux de Philippe Coet, qui les met en relation avec les 45 noms du monument aux morts de la rue Sénebier à Genève – la plus grande ville de Suisse romande. «S’il y avait eu 14 000 Suisses au service de la France en 1914-1918, soit l’équivalent d’une division, ça se serait su», réagit, sceptique lui aussi, Eric Mouillefarine, délégué général en Suisse du Souvenir français, organisme qui honore la mémoire, partout dans le monde, des soldats tombés pour la France. Selon des estimations faites juste après la guerre par l’Œuvre en faveur des volontaires suisses à Paris, les engagés helvétiques auraient été quelque 6500 à combattre pour la France, rapporte Alexandre Elsig.

Le page internet «Mémoire des hommes» ne permet pas d’identifier la nationalité des combattants tués ou disparus, mais uniquement leur pays de naissance. On y dénombre 1893 hommes nés en Suisse. Parmi eux, on ne peut pas distinguer ceux qui pouvaient avoir la nationalité française ou qui vivaient en France. Toutefois, une part importante de ces soldats étaient dans la Légion, ce qui laisse supposer qu’il s’agissait bien d’engagés volontaires.

Il y eut aussi des volontaires suisses dans l’armée allemande. Plusieurs cas sont documentés, notamment par des récits, explique Alexandre Elsig. Les traces de leur mémoire sont cependant nettement moins visibles que celles des combattants au service de la France, ce qui peut s’expliquer à la fois par le fait que l’Allemagne a été vaincue, et parce que la France disposait d’une unité spécialement destinée à accueillir des volontaires étrangers, auréolée de plus d’un important prestige militaire et historiquement liée aux anciens régiments suisses au service des rois de France.

On sait que le fils du général Ulrich Wille – la germanophilie du commandant en chef de l’armée suisse lui-même était notoire – a songé à rejoindre les rangs de l’armée allemande en décembre 1914, détaille Alexandre Elsig. Son père le fera revenir sur sa décision, mais cela n’empêchera pas le fils de transmettre des informations militaires à l’état-major allemand au cours des hostilités.

A priori, l’engagement de volontaires suisses au service de l’un ou l’autre des belligérants devait être de nature à préoccuper les autorités aussi bien qu’à attiser les braises d’une opinion publique dont les sympathies, entre Alémaniques et Romands, étaient opposées. Pour l’historien fribourgeois, ce point constitue néanmoins une «zone d’ombre, un angle mort»: car durant les années de guerre, la question de l’engagement des volontaires «n’apparaît jamais de façon polémique dans la presse, sauf à une notable reprise: lorsque le colonel vaudois Louis Henri Bornand salue des légionnaires suisses sur le front en 1915, cette action est dénoncée d’une même voix par toute la presse germanophile».

L’ambassade de France, relate Alexandre Elsig, est intervenue une fois auprès des autorités à la suite d’un spectacle de cabaret donné en allemand à Berne où l’image de la Légion étrangère était écornée. La commission de censure a été saisie mais a finalement renoncé à intervenir, la chanson incriminée étant à ses yeux plutôt flatteuse pour la Légion.

Sur le plan légal, il faut noter qu’à l’époque, l’engagement de citoyens suisses dans une armée étrangère n’était pas prohibé en tant que tel. Les volontaires continuaient à devoir remplir leurs obligations militaires en Suisse, mais ne se rendaient pas coupables de délit en acceptant de combattre aux côtés des belligérants. La loi fédérale sur la justice pénale pour les troupes fédérales du 27 août 1851, encore applicable en 1914-1918, punissait seulement ceux qui recrutaient des soldats en Suisse pour le compte de puissances étrangères. Le projet de nouveau Code pénal militaire présenté par le Conseil fédéral aux Chambres en 1918 restait dans la même logique: seul celui qui aura «enrôlé un Suisse» devait être puni, non le Suisse qui s’engage. Ce sont les Chambres elles-mêmes, lors de la discussion du texte, qui ont décidé de rendre punissable le fait de servir dans une armée étrangère. De la sorte, on évitait que la neutralité soit mise en cause. Le nouveau Code pénal militaire a été adopté en 1927. Il est encore en vigueur.


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