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Il y a 40 ans, la Légion étrangère sautait sur Kolwezi au Zaïre

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13 mai 2018

Des légionnaires lors de l'intervention française à Kolwezi, dans l'ex-Zaïre, en 1978. © Anonymous/AP/SIPA

 

 

De toutes les interventions de la France en Afrique post-coloniale, c'est la plus légendaire: le 19 mai 1978, la Légion sautait sur Kolwezi au Zaïre (actuel République démocratique du Congo) officiellement pour sauver 2 000 Européens menacés voire massacrés par des rebelles séparatistes.

Six jours plus tôt, 4 000 « Katangais » commandés par Nathanaël Mbumba, venus d’Angola via la Zambie, s’étaient emparés de Kolwezi, ville stratégique au cœur du Katanga minier, gisement des richesses du Congo et haut-lieu de l’industrie métallurgique où sont extraits et transformés cuivre, zinc, cobalt et uranium.

De nombreux Français et Belges, employés par la société minière Gécamines, se retrouvent pris en étau et en otages par les « Tigres du Shaba » qui veulent renverser le maître du Zaïre, le Maréchal Mobutu.

« Nous pouvions perdre la vie pour une parole, pour un geste », se souvient le Français Pierre Tramoni, âgé de 28 ans à l’époque.

Une attaque ultra rapide

Armés de matériel lourd, les rebelles investissent rapidement les points stratégiques : aéroport, hôpital, école… « En une demi-heure, ils ont eu Kolwezi en mains », racontera à l’AFP François Postorino, un ingénieur italien.

Le président Mobutu Sese Seko, que la rébellion a déjà tenté de renverser un an plus tôt, fait de nouveau appel à l’aide étrangère, affirmant en ce temps de guerre froide que les rebelles sont soutenus par les « marxistes » angolais et cubains.

Les puissances occidentales s’inquiètent du sort de leurs ressortissants. « Ils font la chasse aux Européens, particulièrement aux Français », déclare le ministre belge des Affaires étrangères Henri Simonet.

700 civils massacrés

Le 16 mai, une intervention manquée de parachutistes zaïrois et des rumeurs insistantes d’une opération occidentale mettent Kolwezi à feu et à sang.

En trois jours, plus de 700 civils, dont 120 à 170 Européens selon les bilans, sont massacrés.

« J’ai vu des massacres de gens, certains ont eu les jambes coupées, cinq de mes amis sont morts. La femme d’un ingénieur, enceinte de trois mois, a été massacrée », témoigne après son évacuation Pierre Tramoni, l’employé de la Gécamines.

Face aux hésitations du gouvernement belge, le président français Valéry Giscard d’Estaing décide d’ordonner une intervention en solo, avec le feu vert des États-Unis et de nombreux États africains.

600 « bérets verts » mobilisés

L’opération « Bonite » est lancée dans la nuit du 17 au 18 mai. Elle mobilise à 7 500 km de la France le 2ème régiment étranger de parachutistes (REP) basé à Calvi en Corse, sous les ordres du colonel Philippe Erulin.

L’opération est dirigée par le colonel Yves Gras, chef de la mission militaire française au Zaïre.

Les 600 « bérets verts » embarquent vers Kinshasa dans cinq appareils dont trois DC-8 d’UTA, tellement entassés qu’ils partent sans leurs parachutes. Ils utiliseront ceux de l’armée zaïroise.

Le 19 à l’aube, l’opération est annulée puis confirmée par l’Elysée. Faute de place, seuls 400 légionnaires embarquent dans quatre C-130 Hercules zaïrois et un C-130 Transall français, avec deux jours de vivres.

Un spectacle d’horreur

À partir de 15H10, 400 parachutes blancs s’ouvrent dans le ciel de Kolwezi. Les légionnaires prennent d’assaut les quartiers européens et découvrent un spectacle d’horreur.

Des dizaines de corps en état de décomposition avancée, souvent mutilés, jonchent les rues. Des chiens dévorent les cadavres, survolés par les mouches, dans une chaleur insupportable.

Dans l’ensemble, les combats sont sporadiques sauf au niveau de la gendarmerie, ancien PC rebelle, et à l’école technique, où les « paras » libèrent 20 otages européens et deux officiers zaïrois.

À mesure que les « bérets verts » avancent, des Européens surgissent, hagards, des maisons où ils s’étaient terrés pendant une semaine, sans eau et souvent sans lumière.

Soutien des Belges et des Américains

Dès le lendemain, les forces françaises contrôlent toute la ville. A l’aube, d’autres légionnaires arrivent en renfort, suivis par des Belges.

Débute alors le rapatriement de civils par un pont aérien: plus de 2.000 personnes sont évacuées en deux jours.

Des avions américains assurent le ravitaillement ainsi que le transport des munitions et matériel lourd entre la France et le Zaïre.

Si les Belges quittent Kolwezi dès le 23 mai, les parachutistes français restent pour sécuriser la ville et ses environs. La plupart repartent fin mai, les derniers mi-juin.

Plus de 1 000 morts

La bataille de Kolwezi aura fait plus de mille morts, dont 120 à 170 civils européens, cinq légionnaires et un parachutiste belge, ainsi qu’environ 250 rebelles.

Le États-Unis accuseront Cuba d’avoir entraîné et armé les Katangais, ce que La Havane réfutera.

Selon le président français, l’opération « Bonite » visait à « rétablir la sécurité » et « permettre la protection des étrangers ». Yves Gras, devenu général, écrira dans une lettre au Monde en 1981 qu’il s’agissait aussi d' »empêcher le Zaïre de basculer dans le camp soviétique ».


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