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LA LEGION EN DEUIL !

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L’Écho de la FARAC 1937/04

On honore les braves en proclamant leur courage, en consacrant leur mémoire et en exaltant leur exemple!

C'est ainsi que j'ai la douloureuse mission de faire connaître à tous, la mort prématurée et combien troublante du cher camarade Mâder, Capitaine de réserve, Officier de la Légion d'honneur, médaille militaire, croix de guerre, Commandeur du Ouissam-Alaouite, Vice-Président de « La Légion », membre du conseil d'administration de la F.A.R.A.C. et militant de nombreux groupements d'anciens combattants et victimes de la guerre, dont le corps fut trouvé sur la voie publique à proximité de son domicile dans la nuit du dimanche 21 février dernier.

Ignorant les causes de cette mort foudroyante, je m'abstiens de tout commentaire pour n'enregistrer que le fait brutal de la disparition d'un loyal serviteur du pays, d'un bon camarade dont le souci constant fut de rechercher toutes occasions pour se dévouer à son prochain.

Sa destinée fut celle de tant d'autres qui par un triste jour quittent le sol natal pour venir s'enrôler dans cette glorieuse Légion Etrangère, creuset régénérateur où viennent se fondre déceptions, angoisses et adversité et qui permet de se recréer une vie nouvelle faite d'honneur et de gloire.

Et quand donc les Français voudront-ils comprendre que tous ces parias qui meurent au service de la France, rempart dos libertés, leur épargnent larmes et deuils et quand donc les Pouvoirs Publics seront-ils moins parcimonieux pour leur reconnaître, s'ils en expriment le désir, les mêmes droits qu'à nos nationaux !

Étranger! Non pas! 0 France, depuis quand
Le baptême du sang n'est-il plus un baptême?
Qui donc vous renierait Français sans un blasphème,
Martyrs du Cameroun, héros de Tuyen-Quan?

Oui, vous êtes à nous, et nôtre est votre gloire;
Les lauriers sont à nous dont vos fronts sont fleuris,
Et, parmi les plus beaux feuillets de notre Histoire,
Notre orgueil compte ceux que vous avez écrits.
(DACHERES)

Ci-dessous le discours que j'ai eu la douleur de prononcer sur la tombe du cher disparu :

Monsieur le Maire, Mesdames, Mes chers camarades et amis,

La Légion est en deuil, un maillon de la chaîne si fraternellement forgée depuis tant d'années vient de s'en détacher par la mort prématurée de notre très cher et à jamais regretté camarade Mâder dont le dévouement à la Société fut intarissable, car, doué d'un esprit élevé, il sut pratiquer la solidarité dans le sens le plus noble du terme.

La carrière de notre cher disparu est à la fois simple et émouvante.

Né à Baie, en Suisse, il y exerçait le métier d'ouvrier-serrurier, lorsqu'en 1904, alors âgé de- 24 ans, il contracta un engagement de 5 ans à la Légion où il débuta comme ordonnance pour les chevaux du capitaine Foret; vous dire, mes chers camarades, que Mâder ne répugnait à aucune honnête besogne ayant compris qu'un bon légionnaire était partout à sa place.

A force de travail et de persévérance, Mâder, étant arrivé à se familiariser avec la langue française, se fit admettre au peloton d'instruction des élèves caporaux d'où il sortit brillamment et demanda aussitôt à partir au Tonkin; là sa valeureuse conduite alliée à ses qualités de légionnaire lui valut d'être nommé successivement caporal et sergent.

A l'époque de son retour en Algérie commença la belle épopée de la pacification du Maroc à laquelle il prit part; les combats qui s'y livrèrent furent des plus meurtriers, mais Mâder, quoique blessé et malade des fièvres, eut toujours à cœur de reprendre sa place là où le devoir l'appelait, c'est ainsi qu'il eut l'insigne honneur de participer en 1912 avec la Légion à cette héroïque défense de Fès, qui lui valut la médaille militaire, là même où notre grand chef, le Colonel Gouraud, alors âgé de 45 ans seulement, reçut pour sa brillante conduite et son héroïsme, les étoiles de Général de Brigade.

Et voilà que se déclare la guerre de 1914-1918, Mâder, alors adjudant-chef, n'avait plus qu'un seul désir, prendre place au milieu des défenseurs du Droit et de la Liberté, mais ce n'est pas seulement au Régiment de marche de la Légion qu'il combattit avec vaillance, mais aussi aux bataillons d'Afrique et aux Zouaves où il fut détaché comme cadre.

Cité pour la seconde fois, il fut renvoyé au Maroc d'où blessé et cité à nouveau il revint sur le front français pour y être nommé sous-lieutenant et termine la guerre comme lieutenant et chevalier de la Légion
d'honneur. La paix étant rétablie, il va quitter l'armée active pour jouir paisiblement et honorablement de sa retraite proportionnelle à laquelle il a droit par suite de ses 15 années de services actifs.

C'est alors que j'eus le plaisir de faire sa connaissance, il était à la recherche d'une situation que je lui ai trouvée assez rapidement comme chef du service de l'entretien à l'école des travaux publics de Cachan; là comme au régiment il donne toutes satisfactions à ses chefs qui, j'en suis convaincu, le regrettent et le pleurent aujourd'hui au même titre que nous tous.

Mais son désir de servir dépassait le cadre de ses occupations journalières, il voulut mettre à profit cette sollicitude débordante qui le caractérisait en se dévouant à la cause de ses anciens frères d'armes qu'il affectionnait plus que tout, les considérant comme sa seconde famille; c'est ainsi qu'il occupa au sein de notre société la place prépondérante de vice-président, à la satisfaction et à la gratitude de tous.

Nommé lieutenant de réserve au 468 d'Infanterie à Paris, je fus assez heureux de le recommander à l'ancien Colonel de ce régiment, mon cher et vieil ami, le général Matter, alors directeur de l'Infanterie au Ministère de la guerre, qui, après avoir pris connaissance de ses brillants états de services, de ses nombreuses campagnes, de ses glorieuses blessures et citations, n'hésita point à le proposer pour le grade de Capitaine et par la suite, le fil nommer Officier de la Légion d'honneur, rosette hautement méritée et dignement portée.

En 1926, lorsque Sa Majesté le Sultan du Maroc vint pour la première fois en France, le Résident Général, l'honorable président Steeg, me chargea de répartir parmi tous les anciens combattants conquérants du Maroc, un important contingent de l'Ordre Chérifien, l'Ouissam-Alaouite; mon choix se porta immédiatement sur Mâder auquel j'eus la joie d'attribuer l'une des cravates de Commandeur de cet ordre, distinction justifiée puisqu'il en avait été nommé officier dès 1916.

Messieurs, Mesdames, chers camarades et amis, vous connaissez la merveilleuse carrière de celui que nous accompagnons aujourd'hui à sa dernière demeure et que nous pleurons du plus profond de notre cœur.

Légionnaire dans l'âme, c'était un véritable camarade, plus, un ami au cœur généreux, un homme dans toute l'acception du mot; par sa mort la Légion fait une perte irréparable.

Ah! que le destin est donc cruel! Après avoir échappé à la mort qui maintes fois le guettait au cours de meurtriers combats, il meurt prématurément sur cette terre de France qu'il a aimée au point d'en faire sa seule patrie.

Mon cher Mâder, que cette terre de France, que vous avez toujours si vaillamment défendue et pour laquelle vous avez généreusement versé votre sang vous soit légère; qu'il soit permis à vos frères d'armes ainsi qu'à vos amis qui sont venus vous accompagner pour votre ultime voyage, d'adresser à votre mémoire, l'expression de leur profond et inaltérable souvenir; en mon nom et au nom de tous vos amis je m'incline douloureusement ému et vous dis un suprême adieu.

Madame, Monsieur,

Veuillez recevoir pour vous, avec prière de les faire agréer à toute votre famille éplorée, les condoléances attristées de tous les amis de votre cher frère enlevé à l'affection de tous et soyez certains que la tombe qui se ferme aujourd'hui à jamais sur celui que nous pleurons, sera pour la Légion un lieu de pieux pèlerinage.

J. E. MAURER.


Traduction

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