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Légionnaire toujours...

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Le centenaire de la Légion.

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Le Journal des Débats. 02/03/1931

 

Il y aura cent ans le 9 mars prochain que fut instituée légalement la Légion Etrangère « avec le statut qui lui donne son organisation et des droits qui sont encore les siens. »   C'est là une date, non seulement dans nos annales militaires et dans l'histoire d'un esprit de corps propre au romanesque et resté mystérieux, mais aussi dans l'orientation de maintes destinées, éparses sous tous les cieux, puisque la « Légion est une sorte de garnison universelle, sous les plis de notre drapeau. »

Peu de formations héroïques ont fournit à la littérature et à la synthèse rude de l'imagination populaire une matière aussi ample. L'atmosphère de Sidi-Bel-Abbès compose une force attractive de rare qualité, poétique et mélancolique à la fois, autour de l'uniforme à grenade.
Trois éléments se partagent la vie du légionnaire : le risque, le « cafard », l'illusion. Un des historiens de la phalange légendaire et qui~lui appartint durant cinq ans : M. C.-R~Manue, a écrit : « Il ne faut pas oublier que les légionnaires sont des dépaysés, des déclassés que rien ne retient ni ne lie, en proie aux plus terribles désespérances ou soucieux d'oublier un lourd passé. » Sur la couverture du livre que leur consacra jadis M. Georges d'Esparbès on voyait un de ces modernes « chevaliers de fortune porteur d'un masque qui dérobait entièrement ses traits. Symbole du drame inconnu qui, multiplié, aboutit souvent, sous le soleil d'Afrique, à l'enrichissement d'une équipe d'énergies unique au monde !

Pour ceux qui se rappellent les hécatombes amoncelées, cette phrase vaut mieux encore qu'un chapitre de Plutarque : « Pendant la guerre, sur le front de France, le ler régiment de marche de la Légion Etrangère venait en tête de la division marocaine; il avait groupé sous son drapeau à fourragère rouge tous ceux qui, en Europe, avaient éprouvé le besoin de contribuer, de leur personne, à la victoire française.

Les fastes de ta Légion ? Un siècle de gloire. Sa devise ? Disctpline – et le mot prend en l’occurrence tout son sens inflexible. M. Mac Orlan a évoqué, au cours de son enquête, le jeune poète américain Alan Seeger, tué dans les rangs des légionnaires, Kisling et Blaise Cendrars, qui y furent blessés, et la parole du général Dodds : « A de tels sotdats, on peut tout demander. »

Ouvrons le palmarès incomparable : combat de Mouley Ismaël en 1835; de 1841 à 1852, c'est Kolea, Bou Maza, Constantine, la Mouiouya. 1854. Campagne de Crimée. Viennent ensuite celles d'Italie et du Mexique. Voici l'Année Terrible. Le prince Karageorgevifch, qui deviendra le roi Pierre1er de Serbie, lutte avec elle comme officier au titre étranger. Et le Dahomey, Madagascar, se succèdent,  après le Tonidn. Puis c'est le Maroc, où, en 1906, « le premier régiment de marche reçoit la Légion-d'Honneur. »

1914... La Légion arrive en Artois, livre combat à Fay et au Bois Etoilé, se fait décimer, le 28 janvier 1915, sur la Grande-Dune, près de Nieuport, enlève, le 9 mai, la crête de Vimy, conquiert les positions ennemies de la butte de Souain et celles du Bois Sabot le 25 septembre, regagne la Somme en 1916, redescend en Champagne en 1917 pour la journée tragique du 17 avril, prend part, le 24 août, au coup dur de Verdun et vit, en 1918, une véritable épopée: Villers-Bretonneux, Missy-aux-Bois, Chaudun, Amblény, Saint-Pierre Aigle, Dommiers, Vauxaillon, NeuviIle-sur-Margivat, où, porte sa citation d'alors, « avec une fougue admirable, après douze jours de luttes très dures, le premier régiment étranger a enlevé un des saillants réputés inexpugnables de la ligne Hindenburg ». En novembre, quand fut signé l'armistice, le drapeau de la Légion arborait la Légion d'Honneur, la Croix de guerre avec neuf palmes, la fourragère rouge et la fourragère jaune. Inlassabtes, en 1925 les magnifiques guerriers rentraient triomphalement en campagne, dans le Riff.

A Montréal un monument va être élevé pour commémorer le souvenir des soldats français et étrangers qui sont morts au champ d'honneur de 1914 et 1918 dans les rangs de la Légion. J'ai sous les yeux la reproduction de la maquette d'un autre monument dû à la collaboration du peintre militaire Mahut et du statuaire Pourquet qui devait être érigé cette année, à Sidi-Bet-Abbès, dans la cour même de la caserne du 1er régiment. Y pense-t-on toujours?

11 est des sentiments âpres, tributaires d'erreurs inexpiables, faits de nostalgie, de renoncement et de témérité, que ne sauraient exprimer l'outil de l'artiste et la plume de l'écrivain. Ici, la musique intervient.

La Légion a la sienne; son orchestre à cordes comprend des musiciens qui ont appartenu aux grands orchestres de Milan, d'Amsterdam, de Berlin, de Vienne; sa clique présente une particularité unique dans notre armée: en plus des clairons, trompettes, tambours et cors de l'infantene, elle possède des fifres en pied...

La musique de la Légion. Des morceaux qu'elle exécute se dégage une sorte de drogue idéale et perfide, qui noie l'ennui et anéantit la peur quel que soit le paysage que la présence de ces hommes anime.

GAÉTAN SANVOISIN


Traduction

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