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Un SDF a retrouvé sa famille au Maroc grâce à deux étudiants lyonnais

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26 mars 2017

Grâce à deux jeunes d’une école de commerce de Lyon, un SDF ancien légionnaire a pu rentrer chez lui vendredi. Après une longue absence…

Vendredi à l'aéroport de Lyon, Jean-Thierry entouré de Corino et Cédric, les deux étudiants de l'EM Lyon qui lui ont permis de retrouver sa famille au Maroc. (R. QUADRINI pour le JDD)

Le grand jour est arrivé. Ce vendredi, à l'aéroport Saint-Exupéry (Lyon), on ne saurait dire quel est le plus ému des trois. Jean-Thierry H., le SDF, qui disparaît en salle d'embarquement en agitant la main, un large sourire sous sa casquette Star Wars? Ou bien Corino Fontana et Cédric Zbirou, les deux étudiants en école de commerce, qui le regardent s'éloigner : "Fais attention à toi!" Ce jour-là, le quadra s'envole pour retrouver (enfin) sa famille au Maroc. Les deux amis "sèchent" un cours consacré au projet de création d'entreprise pour l'accompagner.

Ainsi se termine une belle histoire. La rencontre inattendue entre cet homme cabossé par la vie, portant sac à dos et bagues à tête de mort, et ces deux jeunes, plutôt trench et polo siglés, inscrits à l'EM Lyon, l'une des quatre meilleures écoles de commerce de France. Tout a commencé le 20 octobre. En sortant de sa salle de sports, Corino tombe sur le clochard place Bellecour : "Je n'avais pas de pièce, mais du temps. Nous avons commencé à discuter."

Coiffé d'un chapeau militaire, le "cow-boy" lui raconte sa vie. Ses années de Légion étrangère : "A 16 ans, j'avais fait beaucoup de conneries. Le juge m'a dit : "C'est la prison ou l'armée."" Lou, l'animal qu'il a eu en étant maître-chien. Avignon, où il pensait travailler dans la sécurité, "mais la boîte a coulé". Puis Lyon, la rue. Né à Colombes, l'homme assure avoir une famille près de Casablanca. Il rêve de la retrouver, mais n'en a plus les moyens : "Ma mère ne sait pas que je dors dehors. Je ne veux rien lui demander. J'ai ma fierté."

821 euros récoltés en 24 heures

Le soir même, l'étudiant poste un message sur le groupe Facebook de sa promo. Fidèle au credo de l'école early makers, il invite ses camarades à agir, à payer un billet d'avion pour JT. En vingt-quatre heures, 821 euros sont récoltés. "Les écoles de commerce ne forment pas que de grands méchants banquiers!", plaisante Cédric. Les deux "loustics" – comme les appelle parfois le SDF – pensent tout régler en quelques jours.

«D'habitude, les gens donnent une pièce, puis détournent le regard. Là, nous sommes parvenus à lever le blocage»

Mais Jean-Thierry se fait voler son sac à dos. Dépôt de plainte, domiciliation, acte de naissance, demande de passeport… Les jeunes l'aident dans toutes ses démarches. Des mois de galère. "JT est devenu la star de l'école", sourit Cédric. D'autres étudiants passent le ­saluer : "D'habitude, les gens donnent une pièce, puis détournent le regard. Là, nous sommes parvenus à lever le blocage."

"Je crois que je vais crever là, dehors"

Car tout ne se résume pas au soutien financier. Le sans-abri subit des épreuves. Son chien est piqué après avoir mordu des passants. Un compagnon meurt d'une overdose. Et lui-même se voit roué de coups. "Quand tu as fait l'armée, tu encaisses", crâne-t?il. Mais son visage et ses mains portent des cicatrices de tesson de bouteille. "A Noël, se souvient Corino, Jean-Thierry m'a laissé un message désespéré : "Je crois que je vais crever là, dehors."" Ils ne le lâchent pas.

Mercredi, le passeport est enfin réceptionné. Les jeunes offrent alors à "tonton" (son petit surnom) une nuit d'hôtel avant le départ : "Nous voulions qu'il soit propre, rasé, lavé… Nous avions peur qu'on lui refuse l'accès à l'avion." Ce vendredi matin, JT fait ses adieux aux amis de la rue, caresse une dernière fois leurs chiens, jette un œil au fatras d'affaires qu'il abandonne derrière lui. Méryle, 19 ans, sursaute en le découvrant sans barbe : "Mais tu as quel âge, en fait? 41 ans? Je pensais que tu avais la cinquantaine!"

Puis direction l'aéroport, le sac à dos rempli de jouets pour ses enfants : "Je suis heureux. Je rentre à la maison!" Les étudiants, eux, s'inquiètent jusqu'au bout : "Tu vérifies que l'avion est bien affiché", "Tu as de quoi nous appeler à l'arrivée?" Quand JT décapsule à nouveau une bière, le stress ­redouble : "Sérieux, tu ne peux pas être alcoolisé dans l'avion…" Une dernière photo à trois. Puis le SDF part vers sa nouvelle vie. Cédric et Corino rentrent chez eux. Sur le portable, un e-mail : "Tiens, le fonds d'investissement de Londres m'a répondu…"

Marie Quenet - Le Journal du Dimanche


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