Pour que l’oublie ne se creuse au long
des tombes closes, pour qu’ils ne soient
pas morts, pour une chose morte.
9 mars 1945.
C’est le cinquième, le plus beau, le plus chic, le plus chouette !
Et voici que, le 9 mars 1945, l’armée japonaise d’occupation, sans le moindre motif, attaque nos garnisons à l’improviste avec une sauvagerie qui fait frémir. Les légionnaires qui gardent la citadelle d’Hanoi, la cité de Lang Son, le poste de Ha Giang, sont achevés à coups de pioche. Des prisonniers sont décapités au sabre comme le Lieutenant-colonel Marcelin, commandant d’armes de Tong.
Le 5e Etranger, pour échapper à cette tuerie, entame une fantastique retraite. Le Colonel Alessandri qui le commande, rassemble ses unités dispersées dans le delta tonkinois, passe entre les détachements japonais et gagne les hautes montagnes pour tenter d’atteindre la frontière chinoise. Il faut suivre les crêtes, marcher le long des sentiers terriblement escarpés, sans pouvoir s’arrêter. La maladie est là, le redoutable béribéri qui enlève toute force aux hommes. L’ennemi aussi est là, qui ne cesse de traquer et d’attaquer la colonne. Il faut le refouler à Ban No Ngha, à Chien Dong, à Soulo. Blessés ou non, les prisonniers sont atrocement suppliciés. Parfois la colonne ne se dégage qu’au prix de charges héroïques comme celle qui lui permet de passer le col des Méos, où le Capitaine Komaroff trouve la mort en chargeant à cheval à la tête de son unité.
Le 2 mai 1945, une poignée d’hommes épuisés et pitoyables, franchissent la frontière chinoise. Ils ne reviendront en Indochine qu’après la capitulation du Japon. En février 1946, les effectifs du 5e Etranger, aux ordres du Commandant Gaucher, ne dépassent pas ceux d’un bataillon moyen.
Mémorial de la Légion étrangère.
L’odyssée de la colonne Alessandri.
Les trois bataillons se groupent à Hung Hoa et s’élance dans le jungle et les calcaires en direction de le frontière chinoise. C’est la célèbre odyssée de la colonne Alessandri qui constitue un des titres de gloire majeurs du 5e R.E.I. Après des combats intenses et une marche épuisante de 2000 kilomètres, ces hommes qui ont en moyenne six ans de séjour en Indochine, touchent au but le 30 avril pour la fête de Camerone. Ils rentrent finalement en Chine entre le 2 mai et le 1er juillet 1945. Sur place, ils bénéficient de la bienveillance du général Pechkoff représentant la France à Tchongking. Ancien légionnaire, il soulage les souffrances du régiment et écrit même au chef de corps du 1er R.E. pour donner des nouvelles de ceux qui « par leur lutte acharnée dans des conditions (. . . ) pénibles, ont été fidèles à la glorieuse tradition de la Légion.