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2013


Mali : un général estime les troupes françaises «en état de vulnérabilité»

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Publié le 11.02.2013


ILLUSTRATION. Mali (Gao). Le nombre de soldats français ne peut rien contre une détermination absolue qui mène

aux attentats-suicides des islamistes, s'inquiète le général Vincent Desportes. | AFP / PASCAL GUYOT

 

Si 4 000 soldats français sont déployés au Mali, les forces de l'Hexagone seraient «en état de vulnérabilité» face aux de harcèlement des islamistes selon le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre. En effet, le nombre ne peut rien contre une détermination absolue qui mène aux attentats-suicides.

«C'est extrêmement simple de fabriquer des mines», assure le général connu pour sa liberté de ton parmi les officiers généraux. D'autant que certains combattants islamistes au Mali ont été formés à la fabrication d'engins explosifs en Afghanistan.

Soldats français contre kamikazes islamistes

«Nous sommes passés dans la phase d'affrontement des volontés. Le rapport de forces n'a plus beaucoup d'importance», explique-t-il devant l'Association des journalistes de défense. Ainsi le déploiement des forces françaises sur un territoire très étendu, c'est à dire sur des distances très importantes, peut se transformer en faiblesse. Les islamistes tentent ainsi d'en tirer profit puisque, selon Vincent Desportes, les attentats suicides et attaques des jihadistes peuvent être conduits «avec un niveau de forces très réduit».

Samedi, les soldats maliens renforçaient la sécurité dans la région de Gao après l'arrestation de deux jeunes kamikazes portant des ceintures bourrées d'explosifs au lendemain du premier suicide recensé au Mali.

La faiblesse de l'armée malienne et de la force africaine, la Misma, pas encore en place, font que «toutes les conditions sont remplies pour que la manoeuvre de contournement des islamistes fonctionne», s'inquiète-t-il. Deux attentats suicides et des attaques répétées des jihadistes ont déjà eu lieu ces derniers jours, notamment à Gao où un commando a affronté dimanche des soldats maliens, un mois après le début de l'intervention militaire française. Pour autant, le général estime que la France est en situation «de porter un coup sévère» au terrorisme au Mali et qu'elle doit «aller au bout» de ses opérations contre les groupes islamistes.

Le Parisien.fr


Mali : la tension reste vive à Gao, où les islamistes sont toujours présents

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Publié le 11.02.2013

 



Les combats au sol se sont poursuivis lundi à Gao, la grande ville du nord-est du Mali, reprise par les soldats français et maliens. Cette ville avait déjà été la cible de deux attentats suicides en 48 heures et d'attaques répétées des islamistes. En début d'après-midi, des soldats français ont déminé les ruines du commissariat, découvrant au quatre mines enfouies dans la cour du bâtiment, ainsi qu'une roquette et deux grenades. Ces engins ont été détruits dans une explosion contrôlée. Le principal de la ville, à proximité du commissariat, avait été évacué en début d'après-midi par des soldats français pour faciliter le travail des démineurs.

«Nous sommes dans la crainte d'un attentat, c'est pour cela que pour des raisons de sécurité, nous avons évacué le marché de Gao», avait affirmé de son côté un officier de l'armée malienne. Le marché, dans le centre de Gao, se trouve à proximité du commissariat où des islamistes armés s'étaient retranchés dimanche,après avoir affronté des soldats maliens dans le centre ville.

Au moins 5 morts et 17 blessés dans les affrontements de dimanche

Au moins deux islamistes et trois civils ont été tués dimanche dans les affrontements qui ont également fait 17 blessés, a-t-on appris lundi de sources militaire et médicale. A l'hôpital, nous avons reçu 15 blessés par balle, «tous civils», a indiqué un médecin urgentiste, Fatoumata Kanté. «Les blessés étaient tous civils, nous n'avons reçu aucun islamiste», a confirmé le chirurgien Jiteye Moulaye. Deux civils morts reposent a la morgue, tandis qu'un troisième cadavre, lui aussi un civil selon des proches, a été retrouvé dans la cour du gouvernorat proche des combats.

Deux soldats maliens ont également été légèrement blessés, selon un haut gradé malien, ce qu'ont confirmé les médecins. L'officier a indiqué qu'à sa connaissance, «au moins deux terroristes» avaient été tués.

Un commerçant du marché de Gao, où se situe le commissariat dans lequel les jihadistes s'étaient retranchés, a lui évoqué cinq personnes mortes, tuées par des balles perdues. «C'étaient des commerçants dans le marché, des frères», a ajouté Malik Maïga. L'affirmation est plausible, les cadavres n'étant pas systématiquement amenés à la morgue, ont jugé les médecins.

VIDEO. Un commando islamiste attaque Gao

Des attentats revendiqués par le Mujao. Les attaques de vendredi et samedi ont été saluées et revendiquées par Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao. «Les fidèles de Dieu ont attaqué avec succès aujourd'hui l'armée malienne, qui a laissé venir les ennemis de l'islam à Gao. Les combats vont se continuer jusqu'à la victoire, grâce à la protection de Dieu. Les moujahidines sont dans la ville de Gao et y resteront», a-t-il déclaré. C'est la première fois que les islamistes ciblent ainsi une ville récemment repassée sous le contrôle des soldats maliens et français. Gao, située à 1.200 km de Bamako, avait été reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao.

«La situation n'est pas totalement sécurisée», selon Laurent Fabius. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a admis dimanche soir sur BFM TV que la situation dans la ville de Gao n'était «pas totalement sécurisée». Il n'a pas exclu de nouvelles incursions de groupes jihadistes, même s'il a assuré qu'ils ont «été frappés durement» depuis le début de l'intervention militaire française le 11 janvier.

VIDEO. La sécurité renforcée à Gao après un attentat suicide
Bamako hésite toujours à autoriser des Casques bleus

Le gouvernement malien «hésite toujours» à donner son feu vert pour une opération de maintien de la paix de l'ONU dans le pays quand la sécurité le permettra, a indiqué lundi un haut responsable de l'ONU. «Il semble y avoir une convergence de vues croissante sur la nécessité d'une telle opération» parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ainsi qu'au sein de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest) et de l'Union africaine, a estimé le vice-secrétaire général de l'ONU Jan Eliasson devant quelques journalistes. Mais l'ONU «n'a pas encore reçu un feu vert clair de la part du gouvernement malien qui hésite toujours», a-t-il ajouté. «Pour l'instant la situation militaire n'est pas claire», pas plus que la situation politique à Bamako, a-t-il résumé.

 

Obama débloque 50 millions de dollars pour la France et le Tchad

Le président des Etats-Unis Barack Obama a donné l'ordre d'allouer 50 millions de dollars (environ 37,5 millions d'euros) à une aide militaire d'urgence pour la France et le Tchad dans le cadre du conflit au Mali, a annoncé lundi la Maison Blanche. «J'ai déterminé qu'il existait une situation d'urgence imprévue requérant une assistance militaire immédiate au Tchad et à la France dans leurs efforts en cours pour protéger le Mali des terroristes et des extrémistes violents», a affirmé Obama dans un mémorandum mentionnant la somme de 50 millions de dollars.

MALI. L'acte 2 de la guerre

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11-02-2013

Les djihadistes commencent à utiliser les armes qu’ils connaissent : kamikazes, voitures-piégées ou suicides. Toute la panoplie des groupes islamistes armés.

Un soldat touareg de l'armée malienne à un checkpoint à Gao au Mali, vendredi 8 février 2013 (Jerome Delay/AP/SIPA).

L’affaire n’a pas été ébruitée. Nous sommes le 26 janvier, au cœur de la nuit, il est quatre heures du matin, la ville de Gao vient à peine de tomber. Une colonne d’une centaine de véhicules - 400 militaires maliens, 100 français - progresse, formant un convoi qui s’étire sur dix kilomètres. À un kilomètre avant Gao, le premier véhicule blindé tombe dans un énorme cratère de trois mètres de diamètre et d’un mètre cinquante de profondeur. Sous le choc, le véhicule est disloqué, deux soldats français sont blessés, nez cassé, bras fracturé, trauma crânien.

Explication : la veille, les Forces spéciales se sont retrouvées face à un pick-up bourré d’explosifs conduit par deux kamikazes. Les Français ont ouvert le feu, le véhicule a explosé, les corps des deux islamistes "blastés", - disloqués par le souffle, gisent sur le bas-côté de la route. Il fait très noir, une équipe télé, qui accompagne le convoi, ne peut pas faire d’images. D’autant qu’immédiatement, à la radio, on entend la consigne "attention ! Restriction presse." Pas d’images, donc pas d’histoire. Le convoi reprend son chemin.

Constat. Il est double. Un, les Forces spéciales ont toujours été devant et elles savent tirer. On s’en doutait. Deux, plus important, face aux frappes aériennes qui les laissaient impuissants, puis face aux troupes au sol, plus vulnérables, les djihadistes ont commencé très tôt à utiliser les armes qu’ils connaissent : kamikazes, voitures-piégées ou suicides, mines, accrochages éclairs, bref toute la panoplie des groupes islamistes armés. Depuis, les évènements qui se sont déroulés, toujours autour et dans Gao, confirment que "l’autre guerre", prévue, attendue, redoutée, logique et inévitable, a bel et bien commencé.

Scènes de guérilla urbaine

Le 6 février, une mine saute au passage d’un véhicule, toujours sur cette route entre Douentza et Gao, - apparemment "truffée" de mines selon les témoignages - faisant quatre morts, deux soldats et deux civils. Déjà, le 31 janvier, une mine avait explosé sur la route, au passage d’un véhicule militaire malien, tuant deux soldats. Autour de Gao, les premiers accrochages commencent, avec tirs de kalachnikov et de lance-roquette antichar, le minimum de l’arsenal de tout bon djihadiste dans la région. Le 8 février, un homme à moto habillé en uniforme de la gendarmerie malienne se fait exploser devant un barrage de soldats. Un seul mort, le kamikaze et un soldat blessé. Par chance, l’obus que transportait le djihadiste sur sa moto n’a pas explosé. Et deux jours après, on pouvait toujours voir la tête du kamikaze abandonnée sur le sol, un "homme à la peau claire", arabe ou touareg.

Le 10 février, enfin, la ville de Gao connaît de véritables scènes de guérilla urbaine. Un kamikaze se fait sauter à un poste de contrôle de l’armée malienne à l’entrée de la ville, pour ouvrir la voie à un commando de plusieurs dizaines d’hommes qui s’infiltrent, prend le contrôle - symbolique - de l’ancien centre de la police islamique.

Les combats vont durer cinq heures. Et les islamistes sèment la panique dans tout le centre-ville. Des reporters décrivent des hommes en noir, ceinture de grenades autour de la taille, sautant de maison en maison dans les ruelles de la ville. Il faudra l’intervention des hélicoptères de l’armée française pour déloger le commando et rétablir l’ordre dans une ville secouée, privée un temps d’électricité et inquiète de la possibilité de terroristes rescapés, infiltrés dans la cité et bénéficiant de complicités pour attendre l’heure d’un nouveau mauvais coup.

Cette "autre guerre" qui se dessine

Bilan des pertes : combien de morts djihadistes, militaires maliens, civils ? On ne sait pas. Des témoins parlent du corps d’un civil, victime d’une balle perdue. Pour le reste... On a d’ailleurs beaucoup de mal à obtenir des bilans depuis le début de cette guerre. Une "vraie guerre", a dit Jean-Yves le Drian, qui a parlé de "plusieurs centaines de morts" chez les islamistes. Cela reste vague. Les militaires maliens ne donnent pas leurs pertes, voire les nient. Personne ne semble compter les victimes civiles. Et il est impossible de vérifier les pertes chez les djihadistes dont les corps sont invisibles. Un flou qui risque, à la longue, de peser sur la crédibilité des opérations et de semer le doute.

Bilan militaire : il est clair. L’Acte II de la guerre a commencé. Et les islamistes exultent déjà d’avoir pu reprendre l’initiative : "Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et des kamikazes", a déclaré le porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), Abu Walid Sahraoui. "Nous appelons les citoyens à ne pas se déplacer sur les routes nationales parce qu'il y a danger de champs de mines".

C’est bien le profil de cette "autre guerre" qui se dessine. Et c’est elle que les Français, les Maliens et les soldats de la coalition africaine, doivent maintenant affronter. Avec un point d’orgue sur Gao, à 1200 kilomètres de Bamako, autrefois écrasé par le Mujao. Peut-être parce que les djihadistes du Mujao n’ont pas participé en masse aux offensives d’Ansar Dine et d’Aqmi vers le Sud. Ils seraient à la fois moins désorganisés et plus désireux de montrer que leur capacité de nuisance est intacte.

Quel futur ?

Bilan politique : après l’euphorie de la victoire, les habitants des "villes libérées" voient, sidérés, des islamistes les menacer à nouveau, sur les routes, dans les champs, les faubourgs et même au cœur de leur cité. Encore quelques actions de ce type et on imagine la suite. La multiplication des barrages et des fouilles, les points névralgiques qui se couvrent de sacs de sable, la difficulté et le danger à se déplacer, les coupures de courant, l’insécurité, le doute et la peur revenue avec les premières réflexions des habitants : "Notre armée nationale et la puissante armée française sont là... Et cela n’empêche pas les terroristes de frapper. Rien ne change !" Puis après le doute, la peur, la colère et les divisions. C’est exactement ce que veulent les groupes islamistes armés.

Le futur ? On connaît les données de cette bataille. Les islamistes du Mujao et d’Aqmi ont pour eux une solide expérience du combat, un petit arsenal, la volonté des fanatiques de vouloir mourir en martyr et un désert immense qui entoure les routes qui relient Sévaré à Gao, Tombouctou à Kidal, jusqu’à la frontière algérienne. Ils n’hésiteront pas à frapper les civils des villes "impies" qui ont fêté avec force leur défaite et leur départ, se feront exploser devant un barrage, sur un marché, dans un hôpital s’il le faut.

Les "cœurs et les esprits" sont acquis.

Face à eux, des milliers de soldats conventionnels, l’action des Forces spéciales, le renseignement recueilli du ciel, une force aérienne française et... surtout, l’essentiel, une population en majorité hostile aux djihadistes. Les "cœurs et les esprits" sont acquis. Tant mieux ! Il faut les garder du bon côté. Cela passe par une explication à la population sur la forme du conflit à venir, la mise en place de réseaux d’informations locaux, d’informateurs, de milliers d’oreilles hostiles aux terroristes et prêtes à renseigner sur leurs déplacements, leurs activités, leurs complicités.

Oui, la population est l’enjeu principal de cette nouvelle guerre. Et il faudra y penser en essayant de convaincre les Arabes et les Touaregs, - aujourd'hui montrés du doigt, décriés, accusés, pourchassés - que cette intervention n’est pas un blanc-seing donné à Bamako pour se débarrasser d’eux, mais bien une action militaire destinée à les libérer des fanatiques d’Aqmi ou du Mujao, à ramener le calme et la sécurité dans leur région, et à trouver une solution politique pour soigner les plaies qui n’en finissent plus de faire saigner le Nord-Mali.


Mali : l'armée française bombarde des islamistes à Gao

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Publié le 11.02.2013

Les islamistes armés, pilonnés par des frappes aériennes françaises, chassés quasiment sans combats des villes du nord du Mali qu'ils occupaient depuis près de dix mois, multiplient les actions de guérilla, notamment à Gao.

L'armée française a bombardé lundi le commissariat de police où étaient retranchés les islamistes depuis dimanche, dans le centre-ville de Gao. | AFP/Pascal Guyot

Les combats au sol se poursuivent ce lundi à Gao, la grande ville du nord-est du Mali, reprise par les soldats français et maliens. Cette ville avait déjà été la cible de deux attentats suicides en 48  heures et d'attaques répétées des islamistes.

Par précaution, le principal de Gao a été évacué. «Nous sommes dans la crainte d'un , c'est pour cela que pour des raisons de sécurité, nous avons évacué le marché de Gao», a déclaré un officier de l'armée malienne. Le marché, dans le centre de Gao, se trouve à proximité du commissariat où des islamistes armés s'étaient retranchés dimanche,après avoir affronté des soldats maliens dans le centre ville.

Le commissariat détruit. Ce lundi matin, vers 5 heures, l'armée française a bombardé le bâtiment. Plusieurs témoins disent avoir vu «un hélicoptère» de l'armée française en action et des restes humains autour du commissariat totalement détruit. Un témoin assure qu'un des islamistes retranchés dans le commissariat s'est fait exploser. Les journalistes ont par ailleurs été évacués de Gao par l'armée.

Au moins 5 morts et 17 blessés dans les affrontements de dimanche. Au moins deux islamistes et trois civils ont été tués dimanche dans les affrontements qui ont également fait 17 blessés, a-t-on appris lundi de sources militaire et médicales. A l'hôpital, nous avons reçu 15 blessés par balle, «tous civils», a indiqué un médecin urgentiste, Fatoumata Kanté. «Les blessés étaient tous civils, nous n'avons reçu aucun islamiste», a confirmé le chirurgien Jiteye Moulaye. Deux civils morts reposent a la morgue, tandis qu'un troisième cadavre, lui aussi un civil selon des proches, a été retrouvé dans la cour du gouvernorat proche des combats. Deux soldats maliens ont également été légèrement blessés, selon un haut gradé malien, ce qu'ont confirmé les médecins. L'officier a indiqué qu'à sa connaissance, «au moins deux terroristes» avaient été tués. Un commerçant du marché de Gao, où se situe le commissariat dans lequel les jihadistes s'étaient retranchés, a lui évoqué cinq personnes mortes, tuées par des balles perdues. «C'étaient des commerçants dans le marché, des frères», a ajouté Malik Maïga. L'affirmation est plausible, les cadavres n'étant pas systématiquement amenés à la morgue, ont jugé les médecins.

Mali : histoire secrète d'une guerre surprise

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dimanche, 10 février 2013

Que s'est-il donc passé entre ce 13 novembre où le président assurait qu'"en aucun cas" la France n'interviendrait au Mali et le 11 janvier où il déclenchait l'opération Serval ? Les informations recueillies par  Sarah Halifa-Legrand et moi-même auprès des responsables politiques et militaires dessinent un scénario assez différent de la version officielle (article publié dans le "Nouvel Observateur" du 7 février).


C'est un document historique, qui n'a pas encore été rendu public : le texte qui " légalise " la guerre française au Mali. " Le Nouvel Observateur " a pu le consulter. Il s'agit d'une lettre du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, à François Hollande. Elle a été écrite le mercredi 9 janvier et communiquée le lendemain à l'Elysée par un télégramme de l'ambassade de France à Bamako. Dans cette missive si importante, le chef de l'Etat malien - ou de ce qu'il reste de cet Etat - appelle l'Elysée à l'aide. Mais sa requête est étrangement formulée.

" Suite aux développements récents constatés sur le terrain et à la menace qui se précise contre nos premières lignes de défense, écrit Dioncounda Traoré à François Hollande, une intervention aérienne immédiate s'impose. Celle-ci consistera à fournir un appui renseignement et un appui feu au profit de nos troupes. " Autrement dit, le président malien demande à la France de dépêcher sur-le-champ des avions et des hélicoptères afin de faciliter une contre-attaque de l'armée régulière malienne contre les forces qui menacent de prendre" la ville de Mopti ". Dans cette lettre censée fournir un cadre légal à l'opération Serval, il ne sollicite pas le déploiement de soldats français au sol.

L'affaire est d'autant plus étrange que c'est Paris qui est à l'origine de ce document. Ce même mercredi 9 janvier, le président Traoré a, en effet, écrit un premier courrier à François Hollande, qui l'a reçu au moment du conseil des ministres. Mais cette missive initiale, qui sollicite une " intervention militaire ", a été jugée " trop imprécise "par l'Elysée, qui en a demandé une autre, plus détaillée. La réécriture a pris du temps - faute de rédacteur. " Pendant plusieurs heures, nous avions perdu la trace de Traoré, nous n'arrivions pas à le contacter, nous ignorions même s'il était toujours en vie ",explique-t-on dans l'entourage de François Hollande. Les raisons de cette disparition demeurent mystérieuses. Quand il est réapparu, le président malien a signé la seconde lettre sollicitée par Paris, qui appelle donc seulement à une intervention aérienne.

Il n'en a pas signé une troisième demandant des forces au sol, ce qui aurait " légalisé " de façon indiscutable l'ensemble de l'opération Serval. Pourquoi ? Probablement parce qu'au tout début de l'intervention française au Mali Paris ne pensait pas en avoir besoin. " Le premier jour, nous ne prévoyions pas d'aller reprendre nous-mêmes Gao et Tombouctou, confie un haut responsable français. Nous n'avons décidé l'envoi massif de troupes au sol et leur montée vers le nord que le lendemain, le samedi 12, quand il est devenu évident que l'armée régulière malienne s'était volatilisée et que les djihadistes savaient éviter nos frappes aériennes. " A ce moment-là, le Conseil de Sécurité des Nations unies avait déjà fait connaître son " nihil obstat " à une intervention antiterroriste française au Mali, et le président Traoré avait déjà remercié Paris pour son action. Il devenait alors inutilement risqué d'exiger de ce chef d'Etat par intérim, si fragile politiquement, qu'il demande - noir sur blanc - le déploiement de milliers de soldats français sur son territoire.

Mystères d'une guerre... Alors que la première phase de l'opération Serval s'achève, " le Nouvel Observateur " a cherché à comprendre comment François Hollande a été conduit à l'entreprendre, pourquoi il a décidé de faire intervenir l'armée française seule et sans mandat explicite du Conseil de Sécurité des Nations unies, alors qu'il s'était plusieurs fois engagé à ne pas agir de la sorte. Au fil de témoignages " off the record ", des responsables français ont raconté les véritables origines de cette guerre inattendue.


Le compte à rebours commence dès le 15 mai, jour de l'investiture de François Hollande. Lors de son tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy, il est beaucoup question du Sahel et des sept otages français qui y sont retenus. Les deux hommes parlent plus précisément du Mali, dont le Nord est occupé depuis quelques semaines par trois groupes djihadistes. Déjà, le 2 mai, au cours de leur débat télévisé, ils avaient évoqué le sujet publiquement. Que faire pour Bamako ? leur avait-on demandé. " La France, ancien pays colonial, ne peut intervenir directement ", avait répondu le président sortant. François Hollande s'était montré moins catégorique. S'il était élu, il comptait " oeuvrer à la stabilisation de cette partie du monde qui pourrait risquer de devenir un foyer de terrorisme ". Comment ? Pour en décider, il attendait d'avoir " toutes les informations " nécessaires.

" Quand l'équipe sortante nous a transmis les dossiers, le Mali était sur le haut de la pile,raconte-t-on au ministère de la Défense.Les conseillers du ministre sortant, Gérard Longuet, nous ont dit : "Les Français ne le savent pas, mais les risques d'attentats en provenance de cette région sont très élevés." Ils ont assuré que, depuis 2009, trois attentats sur le sol français et cinq infiltrations avaient été déjoués par les services de notre pays. " " En fait, précise-t-on à l'Elysée, les menaces d'attentats concernaient l'Europe, pas forcément la France spécifiquement. " Quoi qu'il en soit, François Hollande et Jean-Yves Le Drian, son ami de trente ans devenu ministre de la Défense, décident de prendre le dossier Mali à bras-le-corps.
" Nous considérions que nos prédécesseurs l'avaient négligé, dit-on dans l'entourage du chef de l'Etat. Ils avaient adopté une stratégie à l'algérienne, qui consistait à essayer de diviser les groupes terroristes. "Selon la nouvelle équipe, cette méthode " indirecte " avait échoué : elle n'avait pas réussi à enrayer l'implantation des djihadistes dans le nord du Mali ni leur expansion dans toute la région. " La situation devenait d'autant plus grave, ajoute un responsable français, que nous voyions bien que des armes et des hommes venant de Libye arrivaient en nombre au Mali et dans la région, rejoints par quelques jeunes Français attirés par le djihad. " " Nous avons immédiatement décidé d'adopter une nouvelle stratégie, plus directe, indique la même source. Et dès le début, nous avons considéré qu'une intervention militaire serait nécessaire. " Le 31 mai, soit deux semaines après l'investiture de François Hollande, un plan est approuvé en conseil restreint. Il consiste à la fois à tenter de mobiliser la communauté internationale sur la crise du Mali et à préparer une action armée, menée si possible par les Africains eux-mêmes.

L'affaire traîne. Malgré leurs multiples déplacements à l'étranger, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et son homologue de la Défense peinent à convaincre. " Nous avons eu beaucoup de mal, pendant les premiers mois, à intéresser nos partenaires. Les Etats-Unis, en particulier, ne considéraient pas ces groupes terroristes au Sahel comme une menace pour leur propre sécurité ", explique-t-on au Quai-d'Orsay. Après la destruction très médiatisée de sept mausolées à Tombouctou, le représentant français à l'ONU, Gérard Araud, réussit tout de même, le 7 juillet, à faire adopter une première résolution coercitive sur le Mali. Mais le texte négocié est très prudent : le Conseil de Sécurité se déclare prêt à autoriser le déploiement d'une force africaine de stabilisation au Mali. Avant cela, il attend un plan d'intervention crédible et surtout... une demande des autorités de Bamako.

Car le capitaine Sanogo, l'homme fort du Mali depuis un putsch en mars, ne veut pas de troupes étrangères dans son pays : elles pourraient remettre en question son pouvoir. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, que la communauté internationale a réussi à lui imposer, y est, lui, favorable. Mais, pour le faire taire, le capitaine a ordonné à ses sbires de le tabasser et de le désigner, lui Sanogo, président " de transition ". Si bien que, depuis fin mai, Traoré soigne ses blessures en France. Il ne peut donc donner son feu vert.

Dioncounda Traoré, président malien par intérim

A peine est-il remis sur pied que Paris le renvoie à Bamako, fin juillet. Après moult palabres et bras de fer avec Sanogo, il finit par prendre le dessus. Il écrit au Conseil de Sécurité pour demander une intervention armée internationale au Mali. Fortement inspirée par la France, la lettre arrive, comme par miracle, le 26 septembre, au moment même où se tient la réunion exceptionnelle de l'ONU sur le Sahel demandée par François Hollande. Dans la foulée, une nouvelle résolution est adoptée, le 12 octobre. Elle prévoit, à terme, le déploiement au Mali d'une force africaine dirigée par la Cedeao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) : la Misma. Mais, là encore, le texte ne satisfait personne.

Paris peste : cette résolution de compromis appelle Bamako à négocier avec les groupes rebelles qui accepteraient de rompre avec Al- Qaida. " Nous étions convaincus que ces discussions menées par Alger et Ouagadougou avec Ansar Dine servaient aux terroristes à gagner du temps. La suite a prouvé que nous avions raison ",dit un officiel français. Washington tonne. " La représentante américaine à l'ONU, Susan Rice, ne cessait de hurler contre cette force africaine, elle n'y croyait pas, raconte un officiel français. Elle a tout fait pour ralentir sa création. "

Susan Rice n'est pas la seule à être inquiète." Après le vote de la résolution, François Hollande a reçu des coups de téléphone de plusieurs de ses homologues africains, raconte-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat. Ils lui disaient que cette Misma, faite de bric et de broc, serait trop faible, trop mal équipée, qu'elle ne réussirait pas à reconquérir le Nord sans un appui aérien de l'armée française. Convaincu, le président a demandé à l'état-major de planifier un tel soutien. " Fin octobre, la France change donc en secret de stratégie.

Jean-Yves Le Drian est ravi, lui qui milite depuis plusieurs semaines pour une action musclée de la France. Début novembre, le ministre de la Défense ordonne aux services de renseignement d'établir des " dossiers de cibles " au Mali. Les satellites espions et les forces spéciales dépêchées secrètement sur le terrain repèrent les centres de commandement, les dépôts de carburant et de munitions des groupes terroristes. L'état-major, lui, prépare le plan opérationnel. Si bien que, lorsque le président de la République déclare, le 13 novembre, au cours de sa première conférence de presse à l'Elysée, qu'" en aucun cas, la France n'interviendra elle-même au Mali ", il ne dit pas la vérité : les militaires - sur son ordre - planifient bel et bien une intervention aérienne. " Nous avons préféré ne pas rendre publics ces préparatifs, explique un responsablefrançais. Nous ne voulions pas mettre en danger la vie des otages. Et puis François Hollande venait de prononcer son discours de Dakar, dans lequel il annonçait la fin de la Françafrique... De toute façon, aucune décision définitive formelle n'a été prise en conseil restreint sur cet appui aérien français à la Misma. " Cependant, " celui-ci était acquis ", ajoute cet officiel.

Fin octobre, alors que 2 000 soldats sont en train de rentrer d'Afghanistan, François Hollande demande la planification d'un second schéma d'intervention de l'armée française - seule, cette fois. Et avec des troupes au sol. " Le président a dit : "Et si les djihadistes décident d'agir ensemble avant l'arrivée de la Misma, justement pour empêcher son déploiement, que ferons-nous ?", raconte un responsable français. Un tel scénario nous paraissait peu probable puisque les trois groupes terroristes ne se parlaient plus depuis plusieurs mois. " Le risque paraissait d'autant moins immédiat que l'un de ces groupes, Ansar Dine, venait d'accepter - ou faisait semblant - de négocier avec le pouvoir malien. " En fait, dans la phase qui précédait le déploiement de la Misma, nous redoutions surtout des attentats contre les intérêts français en Afrique ou des prises d'otages à Bamako ou ailleurs, poursuit l'officiel français. Néanmoins, à la demande du président, nous avons planifié une riposte française, aérienne et terrestre, à une éventuelle descente des djihadistes vers le sud. " Cette planification, dont les plus hautes autorités de l'Etat nient sur le moment l'existence, servira de base à l'opération Serval.

Le scénario improbable devient réalité fin décembre. Le 20, le Conseil de Sécurité vote une troisième résolution, qui prévoit, enfin, le déploiement effectif de la Misma au Mali. " Tout de suite après, les écoutes montrent qu Ansar Dine, le Mujao et Aqmi communiquent de nouveau. Ils préparent un mauvais coup, dit un officiel français. Dans le même temps, nos interlocuteurs africains commencent à nous décrire des regroupements de pick-up. Des chefs d'Etat de la région en parlent à François Hollande. "Pour en avoir le coeur net, les services de renseignement français demandent à leurs homologues britanniques et américains s'ils ont repéré la même chose. Leur réponse est positive.

Le dimanche 6 janvier, l'offensive des djihadistes vers le sud est imminente.L'état-major dépêche des avions espions Atlantic 2 et des forces spéciales au Nord, à Sévaré, pour suivre leurs mouvements. Les Français constatent qu'à l'évidence les groupes ont décidé d'agir. " Ils étaient convaincus que nous les laisserions faire, que nous n'interviendrions pas, dit-on dans l'entourage de François Hollande. Ils avaient constaté que, quelques jours auparavant, en Centrafrique, nous n'avions pas répondu à l'appel du président Bozizé qui nous demandait de venir le défendre contre des rebelles. Nous avions dépêché des forces uniquement pour protéger nos ressortissants, pas pour sauver son régime. " Les djihadistes croient la voie ouverte. Ils commencent leur avancée.

François Hollande décide d'intervenir le 10 janvier, après que les trois groupes, organisés non en une grande colonne comme on l'a dit mais en de multiples groupes d'une vingtaine de pick-up répartis sur 200 kilomètres, ont chassé l'armée régulière de la ville de Konna et franchi la frontière symbolique entre le nord et le sud du Mali. Les djihadistes veulent-ils descendre jusqu'à Bamako, situé à 650 kilomètres de là, et s'emparer de la capitale, comme l'affirmeront les officiels français ? Pas sûr. " Par les écoutes, nous savions qu'ils voulaient prendre Sévaré, une ville très importante, notamment à cause de son aéroport, dit un officiel. Mais nous n'avions pas d'éléments probants concernant Bamako. " " En fait, même si nous ne pouvions l'exclure totalement, raconte unautre, nous ne croyions pas qu'ils voulaient s'enfoncer dans le Sud, en terres bambaras totalement hostiles. En fait, nous ne pensions pas qu'ils voulaient prendre eux-mêmes le pouvoir sur l'ensemble du pays, mais plutôt par procuration. "

Les 8, 9 et 10 janvier, en effet, les services de renseignement relèvent un fait troublant : les groupes terroristes, et particulièrement Ansar Dine, sont en contact permanent avec les leaders des manifestants qui, à Bamako, exigent, depuis quelques jours, le départ du président Traoré. " Notre analyse, dit unofficiel, était que les djihadistes et les manifestants, contrôlés en fait par le capitaine Sanogo, s'étaient mis d'accord pour mener une action conjointe : les premiers prenaient Sévaré tandis que les seconds dénonçaient l'incapacité du pouvoir en place à empêcher la chute d'une ville si importante. "Résultat : le président par intérim, Dioncounda Traoré, chutait " dans les quarante-huit heures ", et un nouveau pouvoir s'installait à Bamako. De mèche avec les terroristes, les putschistes n'auraient pas autorisé le déploiement de la Misma et encore moins une intervention militaire française. Toute la stratégie de Paris s'effondrait. Et le Mali devenait, de fait, un sanctuaire pour les djihadistes.

Vincent Jauvert avec Sarah Halifa-Legrand


Photo du foulard avec une tête de mort : le soldat a été puni et rapatrié

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lundi 11 février

La photo du soldat français au Mali portant un foulard noir avec une tête de mort avait provoqué une polémique fin janvier. Ce légionnaire semble avoir été sanctionné et rapatrié en France

Le foulard à effigie de Ghost, un personnage du jeu vidéo de guerre Call of Duty, porté par un légionnaire français au Mali (AFP)

Un légionnaire avec un foulard de tête de mort.  La photo de ce soldat français au Mali a fait le tour du monde et avait déclenché une belle polémique fin janvier. 

La hiérarchie de l'armée française avait annoncé qu'elle prendrait des sanctions. Cela semble donc avoir été le cas. Le légionnaire figurant sur cette photo, qui appartient au 1er régiment étranger de cavalerie d'Orange aurait été rapatrié en France cinq jours après les faits et puni de 40 jours d'arrêts.

"C'est un foulard qui coûte cher". C'est Le Mamouth, un blog spécialisé dans les questions de défense, connu pour son sérieux, qui a dévoilé l'information. "Le légionnaire photographié au Mali avec un foulard aux motifs de squelette a été puni de 40 jours, et rapatrié cinq jours après les faits". "Le porte-parole de l'EMA (état-major des armées) a récusé en bloc ces éléments, ajoutant par ailleurs ne pas vouloir mettre sur la place publique le reste de l'affaire, et notamment les sanctions en question."

Que venait donc faire l'effigie de Ghost, un personnage du jeu vidéo de guerre Call of Duty, au sein de l'armée française ? Le REC, unité à laquelle appartient ce soldat, est le régiment de Légion étrangère spécialisé dans le domaine de combat des blindés. Il opère au Mali depuis les premières heures de "Serval".

On peut douter que le soldat ait agi par provocation. Sur le blog de l'AFP, juste après les faits, le photographe indiquait : "Un hélicoptère était en train d’atterrir et soulevait d’énormes nuages de poussière. Instinctivement, tous les soldats à proximité ont mis leurs foulards devant leurs visages pour éviter d’avaler du sable (...) J’ai repéré ce soldat qui portait un drôle de foulard et j’ai pris la photo. Sur le moment je n’ai pas trouvé la scène particulièrement extraordinaire, ni choquante. Le soldat ne posait pas."

Mais depuis l'annonce de la sanction, dans le milieu militaire le débat semble vif, comme en témoigne ce texte publié dans DSI, une revue en ligne consacrée à la défense et à la stratégie : "La guerre que fait la France et ses alliés au Mali est juste. De quoi a-t-on si peur lorsque l’on condamne ce foulard ? Que les motifs même de l’intervention soient remis en question ?".

Fin janvier, François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'Iris, expliquait pour sa part au Monde :  "Ce masque pose un problème de communication militaire et politique. Nos soldats sont censés mener une opération propre et légale contre des criminels. Intervenant avec l'accord de l'ONU, ils sont censés être impeccables."

Alors que le débat enflamme les réseaux sociaux et les sites spécialisés, la "grande muette" va probablement devoir communiquer sur les suites données à cette affaire dans les jours qui viennent.


MALI. Scènes de guérilla urbaine dans Gao

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10-02-2013

Des soldats maliens transportent des suspects à Gao, dans le nord du pays. (Julien Guyot - AFP)

Un commando d'islamistes a affronté dimanche 10 février des soldats maliens à Gao, la plus grande ville du nord du Mali. Le premier acte de guérilla urbaine dans une ville reprise par les soldats français et maliens, cible de deux attentats suicides en 48 heures.

Les islamistes armés, pilonnés par des frappes aériennes françaises, chassés quasiment sans combats des villes du nord du Mali qu'ils occupaient depuis près de dix mois, multiplient depuis plusieurs jours les actions : attentats suicides, pose de mines le long des routes et désormais opérations armées en pleine ville.

Les échanges de tirs entre soldats et islamistes ont éclaté en début d'après-midi au coeur même de la ville, près du commissariat central, qui était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao. L'attaque a été revendiquée par le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois Gao et le nord du Mali, y multipliant les exactions.

Les fidèles de Dieu ont attaqué avec succès aujourd'hui l'armée malienne, qui a laissé venir les ennemis de l'islam à Gao. Les combats vont se continuer jusqu'à la victoire, grâce à la protection de Dieu. Les moujahidine sont dans la ville de Gao et y resteront", a déclaré Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao.

Il a aussi revendiqué l'attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche un poste de contrôle de l'armée malienne à l'entrée nord de Gao, qui aurait mis en fuite les militaires maliens et permis l'infiltration du commando. "Beaucoup d'islamistes" auraient été tués lors de ces combats, selon un officier de l'armée malienne, mais des journalistes de l'AFP sur place n'étaient pas encore en mesure de vérifier cette information.

Une cinquantaine de journalistes évacués

"Des islamistes se sont retranchés dans le commissariat. Quand des soldats maliens sont arrivés, ils leur ont tiré dessus. Des renforts maliens sont arrivés et ont été pris à partie par des islamistes dissimulés dans les bâtiments alentours", a expliqué un témoin qui a assisté au déclenchement de l'attaque. "Après des échanges de tirs nourris, l'armée française est intervenue", a-t-il ajouté, affirmant avoir vu un cadavre, "probablement un civil tué par une balle perdue".

Une source de sécurité a évalué à "plusieurs dizaines" le nombre d'assaillants. La fusillade a vidé les rues de Gao, contraignant les habitants à se terrer dans leurs maisons. L'armée française a par ailleurs indiqué avoir évacué une cinquantaine de journalistes du centre de Gao. En milieu d'après-midi, les tirs ont quasiment cessé autour du siège de la police islamique dans le centre de Gao, mais ils ont repris ensuite au gouvernorat, à environ 800 mètres plus au sud-est, vers le fleuve Niger.

Des détonations d'armes légère, de mitrailleuses lourdes et l'explosion de roquettes étaient nettement audibles depuis le centre-ville, avant de décroître en intensité à la tombée de la nuit, alors que la ville, sans électricité, était plongée dans le noir. Des militaires français patrouillent au côté de soldats et gendarmes maliens, très nerveux. Ils mettent en garde les habitants contre la possible présence de tireurs embusqués, tandis qu'un hélicoptère français d'attaque Tigre survole la zone.

Deux attentats en deux jours

"Les effectifs islamistes infiltrés en ville ont été fortement réduits, il y a beaucoup d'islamistes tués", a assuré le lieutenant-colonel Mamadou Sanake, de l'armée malienne, sans pouvoir donner de bilan plus précis.

C'est la première fois que les islamistes organisent une attaque contre une ville récemment repassée sous le contrôle des soldats maliens et français. Gao, la plus grande ville du Nord-Mali, située à 1.200 km de Bamako, avait été reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao. Ces affrontements surviennent après un attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao, le deuxième en deux jours, alors que le Mali n'avait encore jamais été frappé par des attentats suicides.

La tête de l'auteur de l'attentat, un homme arabe ou touareg, gisait encore sur le sol dimanche matin, selon un journaliste. Aucun militaire malien n'a été atteint dans l'explosion, selon les soldats sur place. Mais la route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal a été fermée et aucun véhicule n'était autorisé à l'emprunter.

"Dès qu'on sort de Gao, c'est dangereux"

Trois mines antipersonnel ont aussi été découvertes dans la zone, selon un militaire français. La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu'un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s'était fait exploser vendredi à proximité, blessant légèrement un militaire malien. L'attentat avait également été revendiqué par le Mujao. Les effectifs ont été doublés et le poste est désormais protégé par deux murs de sacs de sable séparés de 300 mètres. Les arbres alentours ont été rasés pour améliorer la visibilité et des mitrailleuses lourdes placées en batterie.

"Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont aussi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao.


Le légionnaire au foulard aurait été rapatrié et puni de 40 jours d'arrêt

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09/02/2013

Le foulard protégeait le soldat contre la poussière soulevée par un hélicoptère. (AFP / ISSOUF SANOGO)

La photo d'un légionnaire en service au Mali et portant un foulard représentant une tête de mort avait causé grand bruit dans certains médias, poussant la hiérarchie militaire à réagir.

L'information circule depuis plusieurs jours sur des blogs et sites de revues spécialisés dans les questions de défense : le légionnaire du 1er REC d'Orange pris en photo au Mali alors qu'il portait un foulard représentant une tête de mort a été rapatrié en France et puni de 40 jours d'arrêts. S'il est impossible de faire confirmer l'information de la part de l'Etat-major des armées, une source militaire à cependant souligné à Midi Libre le sérieux des informations contenues dans le blog le mamouth. Samedi matin, Midi Libre n'avait pas réussi à contacter Jean-Marc Tanguy, le rédacteur du site.

Un ancien légionnaire : "un blâme aurait été suffisant"

Une décision qui ne passe pas auprès de certains anciens légionnaires. Un d'entre eux a fait part de son indignation à Midi Libre Gard rhodanien : "il n'y a pas eu mort d'homme, un blâme aurait été suffisant". D'autant plus que, selon lui, ce "vol bleu" (rapatriement prématuré pour indiscipline) risque de peser sur la carrière du militaire. "Une campagne, c'est une médaille, une solde augmentée... Autant d'avantages qui peuvent être remis en question après ce retour au pays."


Les islamistes ouvrent un nouveau front

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publié le 08/02/2013

« Les Aigles », de la légion étrangère française, en plein déminage le 25 janvier.  Photo AFP

Les islamistes armés qui ont abandonné le nord du Mali face à l’offensive des soldats français et maliens, ont affirmé hier avoir ouvert un nouveau front, en posant des mines qui ont tué quatre civils maliens mercredi dans une explosion entre Douentza et Gao.

« Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et organiser des kamikazes », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Abu Walid Sahraoui.

« Nous appelons les citoyens à ne pas se déplacer sur les routes nationales parce qu’il y a danger de champs de mines », a-t-il souligné. Le Mujao, l’un des groupes islamistes armés qui ont contrôlé le Nord du Mali pendant plus de neuf mois, a ainsi revendiqué deux récentes explosions de mines qui ont frappé des véhicules de civils et de soldats maliens.

Mercredi, un véhicule « a sauté sur une mine posée par les criminels islamistes entre Douentza et Gao. Il y a eu quatre morts », confirme un officier de la gendarmerie de Douentza, à 800 km au nord-est de Bamako.

Plus au nord, Kidal et sa région, en particulier le massif des Ifoghas situé près de la frontière algérienne, l’aviation française a mené ces derniers jours de nombreux raids contre des positions et dépôts d’armements des groupes islamistes qui y sont retranchés.

Sur le plan diplomatique, la France pense déjà à son retrait progressif de ce pays et elle a demandé à l’ONU de préparer l’envoi d’une force de maintien de la paix, « sous casque bleu lorsque les conditions sécuritaires le permettront », a déclaré mercredi l’ambassadeur français à l’ONU Gérard Araud.


MALI. "Le retrait sera imposé par la réalité du terrain" MALI. "Le retrait sera imposé par la réalité du terrain"

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07-02-2013

Laurent Fabius a indiqué que les troupes françaises se retireraient à partir de mars. "Une annonce d'ordre politique", selon le général Vincent Desportes.

Un convoi de véhicules de l'armée française patrouille entre Tombouctou et Douentza, le 4 février 2013. (AFP PHOTO / PASCAL GUYOT)

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, annonce que les troupes françaises vont commencer à se retirer du Mali à partir du mois de mars. Ce délai est-il tenable compte-tenu de la situation complexe sur le terrain ?

- C'est une annonce qui est avant d'ordre politique et non militaire. Elle vise, dans un premier temps, à indiquer à la France et à la classe politique de manière claire, qu'il n'y aura pas d'enlisement et que les soldats français partiront. La deuxième cible est internationale. Il s'agit à la fois de la Cédéao, de l'Union Africaine (UA) et de l'ONU. De manière à les pousser à prendre leurs responsabilités en leur indiquant que la France ne resterait pas très longtemps et que c'est à eux de mettre en place les troupes et les moyens nécessaires. A l'UA et à la Cédéao d'accélérer la mise en place de l'équipement de la Misma, aux Nations unis de transformer, éventuellement, rapidement, la Misma en force onusienne. 

Concrètement, le calendrier de retrait sera imposé par la réalité du terrain. Tout peut évoluer d'ici le mois de mars. La nature et le volume des retraits dépendront de l'évolution de la situation. Il faut noter que la France n'est pas dans la position qu'elle avait en Afghanistan, où elle pouvait repartir avant les délais fixés. Là, le pays est la force principale et en tant que telle, elle est responsable de la sécurité et du bon déroulement des opérations de relève. Or, François Hollande a bien indiqué qu'il soutiendrait l'action de la Misma autant que nécessaire. Et que la France participerait à la restauration de l'intégrité territoriale. Il est tenu par cet engagement fait en public, à Bamako samedi dernier. Il est aussi tenu désormais par l'engagement politique qui a été fait hier matin à l'issue du Conseil des ministres. Il lui reste une marge de manœuvre d'une durée de deux mois.

Que se passera-t-il en mars ?

- François Hollande tiendra probablement son engagement. Mais quand il dit qu'il retirera des troupes, il parle des troupes qui ne seront plus utiles. Je pense, en particulier aux troupes lourdes, dont la projection a été déclenchée alors que nous étions au cœur de la première bataille, alors que Gao et Tombouctou n'avaient pas été repris et que nous ne connaissions pas le degré de résistance que nous opposeraient nos adversaires.

Autant, il a été légitime de prendre la décision d'envoyer ces forces au Mali, autant on risque de s'apercevoir assez rapidement qu'elles ne sont plus nécessaires. Les combats dans la zone de l'Adrar des Ifoghas, ne sera pas une bataille de blindés, mais plus vraisemblablement une bataille dans laquelle les forces spéciales et la destruction par les frappes aériennes seront prépondérants.

Comment va se dérouler le passage de relais entre l'armée française et une éventuelle force des Nations Unis ?

- Il s'agirait de transformer la Misma en force onusienne. Probable que, comme nous l'avons fait en Côte d'Ivoire, la France conservera une force de réaction rapide capable d'apporter des appuis particuliers. Mais pour le moment, la décision n'a pas encore été prise, les plans définitifs n'ont pas été arrêtés. Nous sommes encore dans une démarche diplomatique. Les planificateurs commencent à travailler sur cette hypothèse.

Un débat à l'Assemblée nationale est prévu le 27 février. Certaines voix dans l'opposition commencent, bien que timidement, à critiquer l'action du chef de l'Etat. Si la date du mois de mars n'est pas tenue, pourra-t-elle servir la droite ?

- On aura un débat mais comme d'habitude, on n'a pas trop à en attendre. En général, les débats de Défense à l'Assemblée nationale entérinent les positions prises par l'exécutif. En France, la tradition c'est l'union. Et puis nous ne sommes pas encore au 27 février, il reste 20 jours.


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