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Vie d'officier

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L'armée de terre : un outil coûteux, marginalisé, en perte d'efficacité, par le colonel Jérôme Dupont

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Secret défense

Lundi 6 Décembre 2010

 

Le colonel Jérôme Dupont, qui a quitté l'uniforme le 2 septembre dernier, nous a fait parvenir cette tribune, que nous publions volontiers. 
Saint-Cyrien, il a servi dans la Légion étrangère, en terminant sa carrière comme chef de corps du 1er REC. Après avoir suivi les cours de l'Ecole de guerre britannique, il a été quatre ans au cabinet du ministre de la Défense, dans le très discret "bureau réservé". Il a quitté l'institution pour entrer dans une entreprise privée. Voici son texte, un peu long, certes, mais qui a vocation à ouvrir le débat sur ce blog ou ailleurs. (Credit photo : La Provence).

 

Jean-Dominique Merchet


"S’adapter sans cesse au marché pour survivre. Voilà la réalité que je découvre en ayant rejoint tout récemment le monde de l’entreprise après vingt-cinq années passées dans l’armée de terre. Il faut scruter l’avenir, explorer le monde extérieur, modifier sans cesse ses structures et ses modes de fonctionnement pour, au mieux, anticiper les tendances de son secteur d’activité et, au moins, rester dans la course. Cette nécessité vitale mobilise les énergies, stimule l’imagination et génère une saine émulation.

L’armée de terre doit impérativement conduire cet exercice et s’adapter sans tarder au nouveau contexte opérationnel sous peine d’être balayé par le vent de l’histoire et des restrictions budgétaires.

D’aucuns diront pourquoi attendre de quitter le bord pour s’exprimer sur ces questions ? Que chacun se rassure, je n’ai jamais hésité à faire valoir mon point de vue. Pourtant, depuis quelques mois, j’ai ressenti une réduction croissante de la réflexion prospective dans l’armée de terre au profit d’une discipline formelle rendue nécessaire en apparence pour soutenir nos unités engagées en Afghanistan et surtout pour éviter tout débat sur la stupide réforme des bases de défense qui casse les « corps de troupe » de l’armée de terre sans proposer d’alternative. Connaissant l’ardeur des jeunes officiers, mon espoir est que les générations montantes sauront relever le défi et que ce court article suscitera des réflexions et surtout une émulation interne, plus que jamais nécessaire. Il ya un vrai besoin de changement d’état d’esprit dans l’armée de terre, changement qui doit être porté par une dynamique interarmées et un engagement renforcé de la classe politique dans les affaires militaires. Car il faut bien que nos responsables politiques comprennent que les fonctions régaliennes de l’Etat sont les véritables points d’ancrage de leur légitimité, plus que la gesticulation médiatique et partisane.

La question centrale est plus que jamais : une armée de terre pour quoi faire ? Or c’est précisément la question qui n’a jamais été réglée sur le fond et qui risque dans un avenir très proche de revenir en boomerang au détriment d’un outil dont un pays comme la France ne saurait se priver.

La guerre des effectifs, la préservation des équilibres internes, la sauvegarde des carrières, la reproduction des modèles anciens, les rivalités interarmées et les enjeux autour des contrats d’armement sont autant de combats qui peuvent être nécessaires à court terme mais qui ne devraient jamais stériliser la réflexion de l’armée de terre au point d’en arriver à éluder les questions essentielles par un mécanisme d’autocensure plus que coupable.

La prochaine élection présidentielle constituera à n’en pas douter un tournant délicat à négocier pour l’armée de terre, source potentielle d’économies budgétaires, tout aussi vitales à l’avenir de notre pays que l’est la gesticulation diplomatico-militaire.

Si l’armée de terre ne construit pas son futur, il lui sera imposé par l’extérieur. Si l’armée de terre ne s’est pas posée les bonnes questions en amont, d’autres, moins compétents et parfois moins légitimes, les poseront et y apporteront des réponses qui ne seront pas nécessairement les bonnes.

Même si les temps sont durs, nous devons rester fermement convaincus que l’Armée de terre est un élément constitutif indispensable au rayonnement d’un pays comme la France et qu’au prix d’une adaptation profonde, les militaires ont les moyens de rester au cœur de la confrontation stratégique. Il convient par ailleurs de rappeler que ce type de démarche n’est pas nouveau et que l’outil militaire terrestre a déjà connu des périodes de changement radical qui n’ont pas fondamentalement altéré la pertinence de sa mission au profit de la collectivité nationale.

 

Un constat douloureux

- Un outil en perte croissante d’efficacité

Au delà de la satisfaction légitime que l’Armée de terre déploie pour souligner la bonne tenue de ses unités en opération, la question de l’efficacité stratégique des engagements terrestres reste posée. Quel a été l’impact réel de l’armée de terre dans la gestion de la crise yougoslave ou de la crise ivoirienne? Notre déploiement libanais a-t-il une influence quelconque sur le cours des événements ? Que pouvons-nous faire face à l’actuelle crise des otages au Niger ? En quoi le sacrifice de nos soldats en Afghanistan va-t-il peser sur le dénouement d’un conflit qui nous dépasse largement ? Autant de questions dont les réponses objectives sont assez peu encourageantes. Même si une partie de la solution appartient au pouvoir politique, l’outil militaire terrestre doit être en mesure de proposer des mesures concrètes pour retrouver enfin « le chemin de la victoire »- ou tout au moins celui d’une efficacité opérationnelle porteuse de sens. Il est essentiel de sortir de la fausse alternative stratégique actuelle qui se résume par « en être ou ne pas être » pour redonner à l’action son caractère décisif pour « gagner ou ne pas perdre ». Car, même s’il faut se réjouir de la longue période de paix qui nous a évité de devoir confier nos destinées à nos soldats, il faut aussi reconnaître que l’armée de terre n’est plus un outil de décision capable de donner au pays, par sa seule action, un avantage stratégique incontestable.

- Un outil coûteux

A l’heure de la faillite de l’Etat, le rapport coût-efficacité ne peut plus se résoudre à la seule idée d’assurance vie de la Nation. Limiter les dépenses publiques et réduire la dette deviennent en soi des objectifs stratégiques qui conditionnent l’avenir de la France. Dans un contexte peu propice aux investissements somptuaires, le modèle d’une armée de terre nombreuse et bien équipée n’est plus de mise. Il n’est plus possible de dimensionner et de financer un outil en fonction d’un modèle de conflit dont l’occurrence est quasi nulle à moyen terme. Il faut un modèle d’armée qui permette à la Nation d’obtenir un résultat concret pour chaque euro investi. L’ère du strict nécessaire impose de faire des choix qui n’ont jamais été faits jusque là. Pourquoi entretenir un outil militaire ? Quelles missions lui confier ? De quels équipements le doter ? Que rapporte le coût de nos engagements extérieurs à la communauté nationale ? Le combat budgétaire pour défendre le format actuel s’apparente de plus en plus à un combat d’arrière-garde dont on sait qu’ils sont ceux des causes perdues. Inefficace et coûteuse, la tentation est grande de pratiquer des coupes sombres et nul doute que l’échéance présidentielle de 2012 sera l’occasion de nouvelles économies.

- Un outil marginalisé

Après la présomption de connaissance mutuelle entre l’armée de terre et la nation qui a caractérisé l’ère de la conscription de masse et qui a favorisé une forme d’antimilitariste sournois fondé sur des souvenirs plus ou moins plaisants de la vie de troupier, est venue l’ère de l’indifférence pour une institution qui vit en marge du pays, comme on porte un jugement sur un voisin poli et discret. Contrairement à une idée trop répandue, cette marginalisation n’est le fait ni du statut militaire, ni de la discipline encore moins des valeurs que peut véhiculer l’armée de terre. Il est le fait de l’indifférence des élites vis-à-vis de l’armée et de la marginalisation progressive des officiers qui ne font plus partie de la haute fonction publique. Cette marginalisation est le résultat désastreux de l’inefficacité relative des engagements armés et de la difficulté qu’ont les militaires de s’intégrer aux réseaux de pouvoir en comprenant la dimension éminemment politique de leur action. A cet égard, l’engagement afghan illustre bien le paradoxe de cette marginalisation : en voulant montrer un intérêt de façade envers nos soldats déployés sur la place, nos dirigeants les victimisent alors qu’il faudrait les glorifier et forger de nouveaux héros.

- Une rupture stratégique majeure

La rupture stratégique actuelle n’est peut-être qu’une péripétie de l’histoire mais elle touche directement le cœur de l’armée de terre. La maîtrise de l’espace maritime et de l’espace aérien justifie l’existence d’une marine et d’une aviation. La maîtrise de l’espace terrestre ne saurait justifier à elle-seule l’existence de l’armée de terre qui se construit directement par rapport à une menace. L’ère des grandes guerres nationales (« ère westphalienne ») avait permis de formaliser un cadre de définition simple qui a, jusqu’à présent, structuré en profondeur l’armée de terre et qui n’a jamais été réellement remis en cause. Ce cadre codifie trois constantes de l’histoire que sont les phénomènes de violence collective, l’existence d’outils dédiés à l’usage de cette violence et les liens étroits qui existent entre entités politiques et violence collective : la guerre comme forme unique d’expression de la violence collective, l’armée comme seul acteur légitime pour employer la force et l’Etat comme ayant le monopole de la décision du recours à la force. Or ce cadre a littéralement volé en éclat. La violence collective s’exprime le plus souvent en dehors du champ étatique et les armées constituées n’en sont plus les uniques acteurs. Vouloir comprendre les conflits actuels avec les grilles de lecture anciennes conduit inévitablement à une impasse. Soit l’armée de terre conserve son ossature héritée du temps passé et elle se condamne elle-même à une obsolescence rapide soit elle comprend la profondeur des changements et elle entame une mutation salutaire pour rester l’outil de gestion de la violence collective dont la France a besoin.

Des propositions concrètes

- Une armée de terre pour quoi faire ?

La capacité à gérer efficacement les phénomènes de violence collective reste la justification principale de l’existence de l’armée de terre. Or la conflictualité a beaucoup évolué et les capacités dont il faut avoir le courage de se doter pour y faire face sont bien différentes des outils jadis nécessaires pour contenir l’armée rouge. On conservera ici trois ruptures majeures qui ont des conséquences directes pour les choix structurels : la fin des engagements militaires purement nationaux, la remise en cause de la létalité comme unique moyen d’action et l’obsolescence des organisations militaires rigides face à la variété des conflits. Comment s’intégrer dans un environnement multinational ? Quels sont les modes d’action vraiment utiles ? De quels types de forces avons-nous besoins ? Comment optimiser le commandement et le soutien des opérations ? Est-il réellement nécessaire de disposer d’effectifs importants ? Il faut élargir la gamme des modes d’action tout en étant capable de déployer des unités taillées sur mesure avec une chaîne de commandement ad hoc. Cette nécessaire rénovation du potentiel « combattant » de l’armée de terre ne doit pas laisser de côté les autres justifications qui fondent son existence et qui étaient jusqu’à présent consubstantielles à sa mission principale. Ainsi, la participation au rayonnement de la France et le lien armée nation doivent être repensés et, pourquoi pas, faire l’objet de structures différenciées.

- Un outil de gestion de la violence collective

La clef de l’efficacité militaire dans le contexte actuel est finalement de pouvoir disposer d’une capacité d’action élargie avec le minimum de moyens. Dans ce domaine, la réponse la plus efficace a été apportée par les forces spéciales qui ont su mettre sur pied des unités resserrées, polyvalentes et autonomes disposant de procédures de travail strictes et correctement formalisées et d’une organisation totalement adaptable avec une chaîne de commandement et de logistique allégée. C’est clairement vers ce modèle que l’armée de terre doit se diriger pour structurer ses unités opérationnelles. On peut identifier aisément trois axes de réflexion pour redessiner les contours d’un outil de combat entièrement projetable dont le volume total pourrait être ramené à moins de 50 000 hommes.

L’augmentation de la masse critique et la diversification des unités tactiques de base : les unités élémentaires actuelles (compagnie ou escadron) sont « mono-tâche » et elles ne disposent pas de la taille critique suffisante pour agir efficacement dans la durée ; les structures régimentaires, quant à elles, sont trop volumineuses et trop spécialisées. La nouvelle unité tactique de base (sous-groupement tactique interarmes) devrait pouvoir disposer de 4 pions de manœuvre, d’1 pion de sûreté rapprochée, de 2 à 3 pions de soutien et d’appui et d’équipes spécialisées. D’un volume moyen de 180 à 250 hommes, elle devrait pouvoir disposer d’une structure de commandement capable de gérer des appuis extérieurs. Ces unités de base peuvent ensuite être intégrées à d’autres structures tactiques modulaires dimensionnées en fonction des nécessités propres à la mission.


La recherche de la continuité et de la réversibilité dans les modes d’action : les actions dites civilo-militaires ainsi que les actions de coercition non létales et les actions indirectes constituent, avec les actions létales, un continuum désormais indissociable dans toutes les opérations. Chaque unité tactique doit disposer des outils et des savoir-faire lui permettant d’assurer cette continuité tout en conservant une très forte réversibilité pour passer d’un style d’action à un autre sans délais.


L’adaptabilité et l’allègement des structures de commandement et de logistique : la chaîne de commandement opérationnel proposée par l’armée de terre est encore calquée sur l’ancienne structuration à trois niveaux (stratégique, opératif et tactique) avec une autonomie forte du commandement de théâtre. Les structures actuelles sont lourdes et redondantes et elles ne répondent pas au besoin. Il faut réduire les états-majors existants et créer des structures de commandement sur-mesure sans lourdeur administrative avec une forte connexion politico-militaire et une indispensable dimension multinationale.

- Un outil de promotion des intérêts nationaux

Le rôle que la France entend jouer sur la scène internationale comprend un large volet d’actions de partenariats dont beaucoup concernent l’armée de terre qui reste encore un vrai vecteur de rayonnement du pays. Les récents traités signés avec la Grande-Bretagne montrent que la gestion intelligente de l’interdépendance a pris le relais du cantonnement anachronique dans le mythe de l’indépendance nationale. La capacité à mettre en œuvre concrètement des collaborations fructueuses avec nos partenaires étrangers et, en particulier, européens constitue un enjeu de taille. Cette mission justifie l’existence d’un pool de cadres militaires correctement formés et capables de s’insérer dans des structures internationales et/ou de mener à bien des actions de formation, de conseil, de soutien aux exportations ou d’échange, soit dans le cadre de la gestion des crises soit en dehors dans le cadre des partenariats stratégiques. Ces militaires sont aujourd’hui principalement ponctionnés dans les unités opérationnelles. La création d’une organisation adaptée pour les former et les soutenir en marge de la chaîne des forces permettrait d’optimiser davantage ce volet important du rôle de l’armée de terre.

- Un outil au service de la communauté nationale

La disparition du service militaire n’a pas fait disparaître le besoin de cohésion ni la nécessité pour l’Etat de disposer d’outils pour encadrer la jeunesse dans sa démarche de découverte de la citoyenneté responsable. L’armée de terre pourrait continuer à être l’un de ces outils, même après la disparition du service militaire. On peut tout à fait envisager, en marge des unités opérationnelles, de disposer d’unités de type militaire pour supporter et élargir l’idée du service civique. Ces unités polyvalentes pourraient assurer toute sorte de missions de service public depuis la sécurité générale (Vigipirate) jusqu’à la lutte contre les feux de forêt ou l’aide aux populations en cas de catastrophe naturelle.

- Libérer les énergies

Cette restructuration plus que nécessaire de l’armée de terre doit s’accompagner de la remise en cause de quelques verrous liés pour une grande part au mode de gestion des carrières militaires. Il faut assouplir le carcan qui règle minutieusement la carrière des officiers et valoriser les échanges réciproques avec la fonction publique et le privé, en particulier par le biais de la réserve. A l’instar de ce qui existe dans les grandes entreprises, il faut créer de l’ « insécurité » dans la gestion des potentiels pour libérer les énergies. Il ne faut plus que les contraintes de gestion dictent le format de l’outil mais, au contraire, que la volonté de renouveler l’outil génère de nouveaux modes de gestion.


Le lavage de cerveau dans les camps du Viet Minh 1945–1954

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Les chefs de la Légion étrangère

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La Légion étrangère à Pau, 1836

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Historique de la Légion étrangère

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Des Américains dans la guerre du Rif

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La Légion Etrangère sur le front de Champagne - 1914 / 1917

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Dès la déclaration de guerre, de nombreux étrangers, représentant plus de 50 nationalités, se pressent devant les bureaux de recrutement. Ils sont impatients de servir la France qu'ils ont appris à aimer et où beaucoup résident en se considérant comme Français. Aussi est-ce avec un peu de surprise qu'ils apprennent n'être autorisés à contracter un engagement, pour la durée de la guerre qu'au sein de la Légion étrangère. (1)

Les 1er et 2e Régiments étrangers (R.E.), stationnés en Algérie, respectivement à SIDI-BEL-ABBES et SAIDA, qui ont déjà chacun un régiment de marche au Maroc, formeront dès le 12 août 1914, quatre demi-bataillons à base de légionnaires dont les nationaux des pays ennemis sont en principe exclus (2), ceux-ci continuant de servir en Afrique.

Ce sont des éléments de la vieille Légion, renforcés de réservistes, qui sont chargés d'incorporer, encadrer et instruire ces volontaires d'origines si variées, et, comme toujours en pareil cas, diversement recommandables. L'amalgame ne se fait pas sans quelques froissements, d'autant que la plupart des nouveaux engagés n'ont jamais fait de service militaire. Le sens de l'humain, la qualité de l'encadrement, la vie au front et ses misères, les premières escarmouches, auront vite raison des préventions réciproques, et la solidarité, grande vertu légionnaire, apparaîtra rapidement, faisant disparaître l'écume des éléments mauvais ou indésirables.

Quatre régiments de marche sont ainsi formés, et trois seront amenés à combattre en Champagne en 1914-1915, avant que le Régiment de Marche de la Légion étrangère, formé avec les restes de ces unités, se couvre de gloire à nouveau en Champagne en 1917 et partage avec le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc le titre envié de régiment le plus décoré de l'Armée française. (1) Une campagne de presse dans les années précédentes tendait à présenter la Légion comme une unité de fortes têtes, apte aux expéditions coloniales, le contingent ayant la faveur de défendre le sol national. (2) La règle est de demander individuellement au légionnaire s'il veut participer à des opérations contre son pays. Un certain nombre de légionnaires allemands, autrichiens, bulgares se porteront volontaires pour servir dans les régiments de marche, parfois en francisant leur nom pour éviter les représailles.

(1) Une campagne de presse dans les années précédentes tendait à présenter la Légion comme une unité de fortes têtes, apte aux expéditions coloniales, le contingent ayant la faveur de défendre le sol national.
(2) La règle est de demander individuellement au légionnaire s'il veut participer à des opérations contre son pays. Un certain nombre de légionnaires allemands, autrichiens, bulgares se porteront volontaires pour servir dans les régiments de marche, parfois en francisant leur nom pour éviter les représailles.

 

L'APPRENTISSAGE

Les combats de secteur SILLERY - PRUNAY - FERME DES MARQUISES

Le 2e RM / 1er RE et le 2e RM / 2e RE (1), formant brigade, quittent le camp de MAILLY le 18 octobre 1914 pour la région de VERZY afin d'y relever les bataillons de tirailleurs sénégalais en ligne. A peine installés les deux régiments sont dissociés ; le 2e RM/ 2e RE part dans l'Aisne, tandis que le 2e RM / 1erRE rattaché à la Division du Maroc prend le secteur de PRUNAY. " Les tranchées tenues par les légionnaires comprennent deux lignes, l'une à ciel ouvert, l'autre couverte, elles sont reliées par des traverses et s'étendent à 700m des Allemands ". ( JMO du Régiment ) (2). Avec l'arrivée d'un troisième bataillon le 26 octobre, puis d'un quatrième le 22 novembre, le régiment forme brigade avec le 4ème Régiment de Marche de Tirailleurs Algériens. Par le jeu des relèves, les légionnaires occupent jusqu'en avril 1915 les tranchées comprises entre SILLERY et la FERME DES MARQUISES.

Sur un front globalement stabilisé, ils sont engagés dans des actions locales, défensives ou offensives. Ces rudes hommes au moral élevé (3), constamment tenus en haleine, ne se laissent pas décourager dans ces continuels combats d'une guerre nouvelle. Les " minnenwerfer " (4), les mines, les grenades, la pluie, le froid, la boue sont autant d'épreuves qui s'ajoutent à la fatigue et au manque de sommeil. " Les cuisines sont à trois heures de marche, la soupe et le ragoût arrivent glacés, rien pour les réchauffer ". (5)

Parmi les actions visant à rectifier le front dans les environs du fort de LA POMPELLE, pivot de la défense de REIMS, il convient de noter que le 22 décembre 1914, profitant d'une action de diversion du 4e Tirailleurs, le Régiment étranger avance ses lignes de 1 500m dans le bois des Zouaves, âprement disputé depuis des semaines. La contre-attaque allemande ne peut reprendre la position conquise. Il en est de même les 1er et 2 mars 1915 dans la zone durement conservée entre ce bois et la " Tranchée du haricot ", là où les adversaires sont les plus proches les uns des autres.

 

Le 25 avril 1915 le régiment part pour la SOMME, mais est remplacé quelques jours plus tard par le 2e RM / 2e RE qui s'est illustré dans l'offensive d'ARTOIS ( où il a obtenu sa première citation ). En mai-juin 1915 les Légionnaires sont toujours entre BEINE-SILLERY et la FERME DES MARQUISES. Si le mauvais temps a cessé, un nouveau danger vient d'apparaître avec les gaz de combat dans cette région où se succèdent les attaques locales, sans grand retentissement, mais toujours aussi meurtrières et éprouvantes. Relevé en juillet le Régiment rejoint la Division du Maroc et son frère jumeau. Réorganisés et complétés par les restes des 3e et 4e RM/ 1er RE dissous, le deux Régiments de Marche vont rejoindre à nouveau la Champagne à la fin de l'été pour participer à la grande offensive prévue en septembre.

(1) 2e Régiment de Marche du 1er et 2e Régiment Etranger.
(2) JMO = Journal des Marches et Opérations, conservé au Service Historique de l'Armée.
(3) Le Colonel PEIN visitait les premières lignes chaque jour.
(4) Un minnenwerfer est un mortier, en lance-bombes. Les " mines " désignent à l'époque les charges explosives placées dans des galeries souterraines creusées sous les tranchées pour les détruire.
(5) " En campagne avec la Légion étrangère " par Albert ERLANDE, pages 139-140.

 

LE GESTE HEROÏQUE DES GARIBALDIENS DU 4e RM / 1er RE
EN ARGONNE - DECEMBRE 1914 - JANVIER 1915

Pendant que le 2e RM / 1er RE était en ligne à l'est de REIMS, le 4e RM / 1er RE, son instruction terminée, quittait le camp de MAILLY le 20 décembre 1914 pour l'ARGONNE, où il était rattaché à la 10e DI du Général GOURAUD.

Cette fois c'est dans une zone boisée au relief accidenté et dans des conditions climatiques difficiles que les légionnaires italiens vont lutter jusqu'au corps à corps.

Le jour de Noël, le Lieutenant Colonel GARIBALDI (1) et ses chefs de bataillon effectuent les reconnaissances préalables à l'attaque prévue pour le lendemain dans le bois de BOLANTE.

Le 26 décembre, le Régiment " accompagné d'un détachement du génie muni de cisailles est à 500m des lignes ennemies " ( JMO du Régiment ). Au son de " la charge " il s'ébranle, traverse les tranchées tenues par le 76e RI et parvient à 15m des tranchées allemandes où son élan est brisé. Le baptême du feu a coûté cher, mais il n'a pas altéré la volonté d'en découdre. L'occasion en est donnée le 5 janvier 1915.

Les 1er et 3e bataillons doivent cette fois attaquer dans la vallée de COURTE CHAUSSE. " Les ordres sont clairs et chacun sait ce qu'il doit faire " ( JMO du Régiment ). Bénéficiant d'une préparation d'artillerie et de l'explosion de fourneaux de mines, les légionnaires partent à l'assaut au son de " la charge ", et enlèvent à la baïonnette, non sans pertes, les trois lignes de tranchées allemandes, capturant plus de cent prisonniers et deux mitrailleuses, pour un gain de 500m de terrain. La contre-attaque adverse est arrêtée mais au prix de l'abandon d'une tranchée conquise peu avant. Pendant ce temps le 2ème Bataillon a soutenu un autre régiment de la Division entre LA HARAZEE et LE FOUR DE PARIS ; le soir il rejoint son corps sur de nouveaux emplacements sur la rive gauche du ravin de COURTE CHAUSSE.

Le 8 janvier un nouvel effort est demandé au 4e RM / 1er RE. Il doit faire face à l'une des plus violentes attaques entre les ruisseaux des MEURISSONS et de COURTE CHAUSSE, en occupant les tranchées de LA FILLE MORTE. Pendant deux jours le combat contre les chasseurs silésiens et les landwehriens hessois est acharné et féroce. Les " Garibaldiens " participent à la contre-attaque et reprennent une partie du terrain si glorieusement défendu.

Le 10 janvier, le Régiment épuisé part se reformer au Sud de CLERMONT-EN-ARGONNE avant d'être dirigé sur BAR-SUR-AUBE. En raison de ses pertes élevées ( 429 tués, blessés ou disparus ), et de l'entrée probable de l'Italie dans la guerre, le 4e RM/ 1er RE disparaît de l'ordre de bataille le 5 mars 1915. Les Italiens rentrent dans leur pays, mais 127 d'entre eux demandent à continuer de servir dans les Régiments de Marche de la Légion étrangère. Le départ des Italiens, Belges, Russes vers leurs armées nationales et les pertes, ne laissent subsister à l'été 1915 que deux régiments de marche.

(1) Une importante fraction de " Garibaldiens ", qui ont conservé le culte de la chemise rouge et qui ont pour chefs les petits-fils du fameux GARIBALDI, le héros de l'indépendance italienne, qui mit son épée au service de la France en 1870-1871, se sont engagés à la Légion Etrangère en août-septembre 1914. Ce régiment est en majorité italien, cadres compris, avec un noyau actif fourni par le 1er RE. Deux petits-fils de GARIBALDI ont été tués lors des attaques du 26 décembre et du 5 janvier.

 

L'OFFENSIVE DE SEPTEMBRE-OCTOBRE 1915

En juillet 1915 le Général JOFFRE décide de lancer deux actions de grande envergure le même jour, en ARTOIS et en CHAMPAGNE, afin de rompre le front et de procéder ensuite à une exploitation en profondeur. Pour la CHAMPAGNE, l'action se déroulera entre la Suippe d'AUBERIVE et l'Aisne, et visera la région de VOUZIERS-SEDAN.

A cette époque les 2e RM du 1er et du 2e RE ont été réunis en brigade et affectés à la Division marocaine. Les légionnaires ont perçu, comme toute l'Armée française, la nouvelle tenue bleu horizon et le casque Adrian. Ils ne se distinguent que par leurs écussons soulignés par deux soutaches vertes.

Débarqués à SAINT HILAIRE AU TEMPLE le 12 septembre 1915, les légionnaires sont provisoirement détachés de leur division pour être mis en réserve du Corps d'Armée Colonial pour le 2e RM/ 1er RE, en renfort de la 10ème Division d'Infanterie Coloniale ( DIC ) pour le 2e RM / 2e RE au Nord de SOUAIN.

La zone d'action des Régiments étrangers se situe à l'Est de la route SOUAIN-SOMMEPY, c'est un glacis coupé de petits bois rabougris, qui s'élève doucement jusqu'à la crête marquée par la Ferme de NAVARIN et la butte de SOUAIN. Cette zone est protégée par un formidable réseau de tranchées et de barbelés. Elle est défendue par une énorme accumulation d'armes automatiques et battue par une artillerie nombreuse et puissante.

La préparation d'artillerie française débute le 22 septembre et se poursuit jusqu'au 25. L'aviation participe au réglage des tirs et afin de bien marquer les premières vagues de fantassins ceux-ci ont dû coudre au dos de leurs capotes des carrés d'étoffe blanche. Hélas, toutes ces innovations seront sans effet lors de l'attaque, car celle-ci se déclenche le 25 par un temps brumeux et particulièrement pluvieux.

Lorsque les vagues d'assaut des coloniaux sortent des tranchées à 9 h 15 et s'avancent " dans un élan superbe vers les ouvrages ennemis " ( JMO du 2ème RM / 2ème RE ), les légionnaires gagnent les emplacements que viennent de quitter les " marsouins ". La mission initiale est d'être prêt à intervenir et le cas échéant à pousser jusqu'à SOMMEPY.

En une heure les coloniaux s'emparent de la première position allemande dans toute sa profondeur, mais arrivent à bout de forces devant le deuxième, à peu près intacte, dépassant légèrement les ruines de la ferme de NAVARIN. Hélas vers 10 h 30 de nombreuses explosions immédiatement au nord des bâtiments les obligent à se plaquer au sol tandis que le tir de l'artillerie lourde française se fait de plus en plus court. Le mauvais temps et la fumée empêchent les artilleurs de voir les fusées demandant l'allongement du tir. Les agents de liaison qui ne sont ni tués ni blessés, auront toutes les peines à joindre le commandement tant les boyaux glissants et boueux, encombrés de troupes, de blessés, de prisonniers s'entrecroisent sous le feu de l'artillerie allemande qui redouble ses tirs à obus explosifs ou à gaz sur la position perdue.

 

L'ENGAGEMENT DU 2ème RM / 2ème RE

Alors que ces éléments dramatiques se déroulent, le 2ème RM / 2ème RE est déployé dans les lignes de départ en attente d'engagement. Le moral est parfait, les commandants de compagnie ont du mal à retenir leurs hommes qui veulent foncer dans le sillage des coloniaux. Ainsi sans avoir d'ordre la 4ème compagnie du bataillon D s'élance au secours de la compagnie de mitrailleuses du 52ème RIC, participe avec elle à l'attaque et au nettoyage d'une tranchée imparfaitement conquise puis, entraînée dans son élan, pousse jusqu'en première ligne, rassemblant des groupes épars et participe l'après-midi aux attaques de la 10ème DIC, ne rejoignant le régiment que le lendemain.

A 11 h 00 les bataillons reçoivent l'ordre attendu et s'avancent en lignes déployées successives, dans le plus grand ordre, malgré les tirs de mitrailleuses qui causent des pertes. Le bataillon C et les sapeurs régimentaires se portent au-delà des abris au nord des ouvrages de WAGRAM, et retournent les tranchées face à l'ennemi ( en inversant les parapets et les créneaux de tirs existants ). Le bataillon D après nettoyage s'installe lui aussi au nord de l'ouvrage et détache deux compagnies dans le bois C 4. A sa droite le bataillon G atteint sous un tir très violent le saillant de PRESBOURG, où la vigueur des défenseurs conduit à de furieux corps à corps. Sur ordre de la Division, la direction de marche est infléchie vers les bois C 5 et C 6 pour boucher un trou dans le dispositif. Le mouvement est repris sous le tir de l'artillerie et des mitrailleuses allemandes restées dans le boyau d'ESSLING. Dès la liaison rétablie entre la 10ème DIC et la D.M. ( Division Marocaine ), les légionnaires s'engagent dans la partie sud du boyau et progressent à la grenade, capturant ce qui reste de la compagnie de mitrailleuses allemande. L'ennemi qui a compris que sa première ligne est perdue multiplie ses tirs de barrage sur la zone tenue par le régiment, qui utilise au mieux tranchées et boyaux pour limiter ses pertes.

Vers 17 h 15 le Colonel LECOMTE-DENIS, chef de corps, blessé, est remplacé par le Commandant ROZET, chef du bataillon C. S'inspirant de la mission générale qui est de pousser éventuellement jusqu'à SOMMEPY, il prescrit de reprendre la progression, qui offre l'avantage de soustraire les légionnaires au matraquage de l'artillerie. Le mouvement s'exécute par bonds successifs. Le bataillon C suivi de la compagnie de mitrailleuses appuie sa gauche à la route SOUAIN-SOMMEPY, le bataillon D dépasse le bois C 4 tandis que le bataillon C s'avance en échelon de droite. En finale, le régiment atteint la tranchée des GRETCHEN et les éléments avancés parviennent jusqu'au bois U 18, appuyés par la compagnie de mitrailleuses en position au nord du bois C 2.

Entre 20 h 00 et 22 h 00 une troupe de ligne ayant été contrainte à un repli, la Légion par sa solidité contribue à rétablir la situation. " Les officiers poussent des cris répétés de En avant ! le Caporal BOUYOUX, de sa propre initiative, sonne au clairon En avant ! et La Charge ! ( JMO du 2e RM / 2e RE ) ". Le régiment passe le reste de la nuit sur ses emplacements en se réorganisant, ses pertes de la journée s'élèvent à 10 officiers, 310 sous-officiers et légionnaires tués, blessés ou disparus.

 

L'ENGAGEMENT DU 2ème RM/ 1er RE

Le 25 septembre matin le 2e RM / 1er RE est en réserve du Corps d'armée colonial, au sud de SOUAIN. A 11h00 il reçoit l'ordre de se porter à hauteur de la place d'armes de l'OPERA. Ce mouvement s'effectue sous une pluie violente, dans la boue et dans une atmosphère empuantie par les gaz. Le régiment parvient à l'endroit fixé, où il reçoit l'ordre de nettoyer le saillant de PRESBOURG. La densité des tirs d'artillerie oblige les unités à utiliser les boyaux de plus en plus encombrés pour aller mettre hors de combat les derniers défenseurs du saillant, et prendre contact avec le régiment frère dans l'ouvrage de WAGRAM.

A 16 h 00 le régiment est mis à la disposition de la 10e DIC avec pour mission de poursuivre vers les bois U 23 et U 24. En abordant le bois C 2 les compagnies tombent sur les fantassins du 171e RI et du 2e RM / 2e RE, et organisent ensemble ce bois et ses abords.

Vers 22 h 00 le Colonel DELAVAU remplaçant, à la tête de la 10e DIC, le Général MARCHAND (le héros de FACHODA), blessé le matin, demande au Lieutenant-Colonel COT, commandant le régiment, de prendre liaison avec le 42e RIC qui se trouve dans le bois U 22. Le bataillon B organise le boyau de l'ARCHIDUCHESSE, et aménage une tranchée dans les bois U 21 et U 22. Sans être engagé à fond le régiment a perdu dans la journée 2 officiers et 146 sous-officiers et légionnaires tués, blessés ou disparus.

Au cours de la journée du 26 les deux régiments restent en place sous un bombardement violent qui les éprouvent durement. Au 2e RM / 1er RE les pertes sont à peine inférieures à celles de la veille.

Le 27 les légionnaires retrouvent au sein de leur brigade reconstituée leurs camarades du 4ème Tirailleurs qui, formant groupement avec les 247ème et 248ème RI, régiments de réserve bretons, venaient de réduire le redoutable saillant fortifié du BOIS SABOT, à l'est de SOUAIN .

 

LA RELANCE DE L'ATTAQUE

Le 28 septembre 1915, la brigade reçoit mission de s'emparer des bois P 16 - P 17 et P 18, jalonnés par la tranchée de la KULTUR sur la crête reliant la Ferme de NAVARIN à la butte de SOUAIN.

A 13 h 00 les éléments du 2e RM/ 1er RE se portent du bois C 7 aux bois U 22 et U 25. A gauche, les 3ème et 4ème compagnies s'infiltrent dans le bois U 2 malgré des tirs nourris de mitrailleuses. Quelques groupes trouvent un passage dans le réseau de barbelés et bondissent dans la tranchée de la KULTUR vers P 16. Ils sont aussitôt mitraillés à bout portant, arrosés de grenades, et ne peuvent élargir la brèche. Une lutte sans pitié s'engage, les deux compagnies cherchent à forcer le passage. Des légionnaires s'infiltrent sous les barbelés, ils sont presque tous tués par les mitrailleuses. Des fougasses explosent en avant de la tranchée, creusant de profonds entonnoirs et déchiquetant les corps. C'est une véritable boucherie, les Allemands s'acharnent sur les survivants qui ont pris pied dans leur tranchée, et sur ceux qui tentent vainement de les rejoindre.

En fin d'après-midi tout espoir est perdu et les survivants des 3e et 4e compagnies se reportent sur le bois U2 où ils se terrent jusqu'à la nuit, avec les rescapés de la 2e compagnie, couverts par la compagnie de mitrailleuses qui, depuis le bois U 22 bloque par ses tirs les contre-attaques contre les restes du bataillon B.

Dans la colonne de droite formée par le bataillon A, les deux compagnies de tête débouchent par vagues successives du bois U 25 sous le feu meurtrier des mitrailleuses. Tous les officiers et la plupart des sous-officiers sont tués ou blessés. C'est sans doute à ce moment que tomba le jeune écrivain américain Henry FARNSWORTH. Les restes du bataillon se replient sur la lisière nord du bois U 25 où eux aussi doivent se terrer sous le bombardement incessant de l'artillerie adverse.

A 22 h 00 le régiment terriblement éprouvé reçoit l'ordre de rallier sa base de départ dans le bois C 7. Sur un effectif de 43 officiers, 1 960 sous-officiers et légionnaires, le 28 au matin, le régiment a perdu 20 officiers et 809 sous-officiers et légionnaires, dans ses deux bataillons et unités régimentaires. Parmi les blessés se trouvait le poète Blaise CENDRARS.

De son côté le 2e RM / 2e RE quitte les bois C 5 et C 6 à 15 h 30, le bataillon C en tête suivi du bataillon D. Le déplacement s'effectue à l'abri des tirs par un itinéraire reconnu qui l'amène dans les bois U 23 - U 24. Des reconnaissances du bataillon C parviennent jusqu'au réseau de fil de fer de le tranchée de la KULTUR et prennent contact avec les unités du 2e RM / 1er RE.

Vers 18 h 00 la section de tête du bataillon D est bloquée par un feu violent dans le bois U 4. Peu après, alors que le régiment se prépare à déboucher, il reçoit l'ordre d'annuler son attaque et d'assurer le recueil des unités du 4e Tirailleurs et 2e RM/ 1er RE, puis de se reporter sur ses positions, pendant que s'organise le ramassage et l'évacuation des blessés. Le 2e RM / 2e RE, qui n'a pas été engagé, a quand même perdu 15 tués, 69 blessés et 14 disparus. Quant au 4e Tirailleurs ses pertes s'élèvent à 14 officiers et 336 sous-officiers et tirailleurs. Cette triste comptabilité permet de mesurer l'âpreté et la violence des combats sous un déluge de projectiles de toutes sortes.

Du 30 septembre au 3 octobre le 2e RM / 2e RE remonte en ligne devant la butte de SOUAIN face à la tranchée des SAXONS sur un front relativement apaisé. Après 48 heures de repos au sud de SUIPPES, il retrouve les lignes le 5 octobre au nord du Bois GUILLAUME à l'ouest de la route de SOUAIN à SOMMEPY, mais ne participe pas à l'attaque du 6 octobre. Il occupe la tranchée des VANDALES du 7 au 9 octobre avant d'être relevé, comme le 2e RM / 2e RE, entre le 16 et le 18 octobre pour se reformer.

Complètement exsangues, les deux régiments, par décision du Général JOFFRE, vont fusionner, le 11 novembre 1915, en un Régiment de Marche de la Légion étrangère qui recueille les citations gagnées par les deux régiments au cours de la bataille de Champagne qui vient de se terminer. Le RMLE poursuivra son héroïque parcours dans la Somme en 1916 ( combat de BELLOY EN SANTERRE ) puis à nouveau en Champagne en 1917 dans le secteur d'AUBERIVE, lors de la " Bataille des Monts "

L.C. Jacques Brissart

Est cité à l'ordre de l'Armée le 2e régiment de marchedu 1er étranger : Pendant les opérationsdu 20 septembre au 17 octobre 1915,sous le commandement du lieutenant-colonel Cot,a fait preuve des plus belles qualités de courage, d'entrain et d'endurance. Le 28 septembre,avec un admirable esprit de sacrifice,s'est élancé à l'assaut d'une position qu'ilfallait enlever à tout prix ; malgré le feuextrêmement dense des mitrailleuses ennemies, estparvenu jusque dans les tranchées allemandes.(Ordre général n° 478 du 28 janvier 1916 de la IVe Armée)

Est cité à l'ordre de l'Armée le 2e régiment de marche du 2e étranger: Le 25 septembre 1915, s'est élancé à L'assaut des positions ennemies avec un entrain et un élan superbes, faisant de nombreux prisonniers et s'emparant de plusieurs mitrailleuses.(Ordre général n° 478 du 28 janvier 1916 de la IVe Armée)

Le Drapeau du R.M.L.E. à NAVARIN - 21 JUILLET 2002 ( Photo extraite de la revue " Képi blanc " d'octobre 2002 )

 

LA LEGION ETRANGERE SUR LE FRONT DE CHAMPAGNE AVRIL 1917
LE CADRE DE L'ENGAGEMENT

Le Régiment de marche de la Légion étrangère ( R.M.L.E. ), formé avec les rescapés des combats de Champagne de septembre 1915, (voir bulletin précédent), renforcés de nouveaux engagés et des légionnaires récupérés en Indochine, Algérie, Maroc, a été créé le 11 novembre 1915. Il s'est taillé une solide renommée, sanctionnée par une citation à l'ordre de l'Armée pour son action à BELLOY EN SANTERRE en 1916; elle s'ajoute aux trois autres gagnées par ses devanciers du 2e de Marche du 1er Etranger et du 2e de Marche du 2e Etranger.

Après la semi-disgrâce de Général JOFFRE, c'est le Général NIVELLE qui est en 1917 à la tête des armées françaises. Partisan de l'offensive à outrance, il croit pouvoir, après une courte et brutale préparation d'artillerie, réaliser la rupture du front. Après bien des péripéties il a décidé de lancer le 16 avril 1917, sur le Chemin des Dames, une attaque, qui sera complétée le lendemain par une manœuvre de diversion sur les MONTS DE CHAMPAGNE. Les moyens réunis sont importants, les préparatifs poussés à fond. Tout ou presque a été étudié : tonnage de munitions, approvisionnements, préparation d'artillerie, objectifs, rythme de progression. Rien n'a été laissé au hasard. Avec la Division Marocaine, le R.M.L.E. a rejoint le 1 et le 2 avril 1917, la région de MOURMELON, en vue de prendre part à l'attaque du 17 avril, entre le MONT SANS NOM et la Suippe, en direction générale de SAINT HILAIRE LE PETIT.

Les légionnaires ont pour objectif le GOLFE d'AUBERIVE, vaste étendue plate délimitée à l'ouest par les vestiges du BOIS DES BOULEAUX et du BOIS NOIR, et à l'est par la Suippe jalonnée par les villages d'AUBERIVE et de VAUDESINCOURT. Sur ce front stabilisé depuis la fin 1914, les Allemands ont édifié une ligne de défense particulièrement solide. Les localités ont été fortifiées, la plaine truffée de nids de mitrailleuses reliées par un lacis de tranchées si imbriquées qu'elles ont reçu le nom de LABYRINTHE, et pour compléter le tout des fortins ont été édifiés de part et d'autre de la route AUBERIVE-VAUDESINCOURT.

Avec un terrain aussi défavorable il est évident que le dispositif ennemi est inabordable de face, aussi l'intention de manœuvre prévoit-elle que le I / R.M.L.E. du Commandant de SAMPIGNY attaquera vers le nord en direction des BOIS DES BOULEAUX et du BOIS NOIR, pour soutenir ensuite le III / R.M.L.E. ( Commandant DEVILLE ), qui se rabattra vers l'est pour déborder le GOLFE. Le II / R.M.L.E. du Commandant WADDELL sera en réserve de division.

Pour éviter de dévoiler l'objectif la préparation d'artillerie ne s'appliquera pas au GOLFE, mais c'est à l'artillerie de tranchée et aux nouveaux canons de 37 que reviendra le soin de neutraliser les résistances au fur et à mesure, et, le cas échéant, aux 75 et 105. Sachant que même sous les bombardements les plus denses il subsiste toujours quelques mitrailleuses, il apparaît que l'affaire sera rude. Malgré cela le régiment prépare calmement son secteur. Depuis 1915, les techniques de combat ont évolué, un nouvel armement (fusil-mitrailleur, / canon de 37, / grenades), est apparu et les troupes d'Afrique ont reçu une nouvelle tenue kaki moins voyante, enfin le beau temps est apparu et ajoute à la confiance générale.

L'ATTAQUE DU 17 AU 21 AVRIL CINQ JOURS D'INTENSES COMBATS

Le 17 avril, peu après 01 H 00, le I / R.M.L.E. quitte les tranchées pour gagner, par les boyaux, les parallèles de départ au nord du BOIS EN T. Il est suivi par le III / R.M.L.E. qui se place 300m en arrière. L'arrivée soudaine de la pluie rend très vite le terrain glissant et les déplacements pénibles, tandis que les obus soulèvent des gerbes de boue, qui blanchissent rapidement les silhouettes kaki.

Il fait encore nuit, lorsque à 04 H 45 le tir s'arrête et que le Ier bataillon s'élance, tout de suite pris à partie par les mitrailleuses qui ont échappé à la préparation d'artillerie, et par un violent tir de contre-batterie adverse. Seule la 1ère Compagnie (Capitaine MAIRE), partie " à cheval sur le dernier obus ", parvient d'un seul élan et au prix d'un tué, jusqu'à la tranchée du CROISSANT. Les deux autres compagnies progressent le plus souvent en rampant jusqu'à la tranchée ennemie qu'elles arrosent de grenades avant de s'y précipiter pour de furieux corps à corps. La tranchée des Austro-Hongrois, celle d'Arménie et l'extrémité de celle de Posnanie sont conquises dans la journée. Le IIIème Bataillon parvient de la même manière à s'installer dans le BOIS DES BOULEAUX, et à prendre pied dans la tranchée du GOLFE, en liaison avec la 1ère Compagnie.

A la nuit des barrages de sacs de terre, édifiés à la hâte, jalonnent les positions des adversaires dans les tranchées, où les uns et les autres s'observent, prêts à profiter de la moindre défaillance pour poursuivre l'avance ou reprendre le terrain perdu. En dépit de la progression en formation plus diluée qu'en 1915, la vigoureuse défense allemande aidée par les mauvaises conditions atmosphériques ( la neige a succédé à la pluie ), l'avance française s'avère lente. La progression prévue par les Etats-majors, de 100m en 6 minutes, n'a pu être tenue, mais néanmoins, au prix de lourdes pertes, la ligne ennemie est entamée, mais non rompue.

C'est en quittant son P.C. du Centre LAMBERT, vers 07 H 00 que le Lt Cl DURIEZ commandant le Régiment est très grièvement blessé. Il ne consent à être évacué qu'après avoir passé ses consignes au Chef de Bataillon DEVILLE, puis, rendu compte au Colonel commandant la Brigade (1). Il est transporté à l'ambulance où il meurt le lendemain, parfaitement lucide et soucieux de ses légionnaires durement engagés. Le 2e Bataillon, réserve de Division, a progressé dans le sillage du 7e Tirailleurs jusqu'à la tranchée du LANDSTURM sans être trop éprouvé au cours de la journée.Au cours de la nuit les Allemands tentent de reprendre les positions perdues en s'infiltrant entre les sections du Régiment. Des corps à corps violents entre des hommes également épuisés n'amènent pas de modifications des emplacements.

L'aube du 18 se lève sur le même décor et des acteurs toujours aussi déterminés malgré les difficultés de ravitaillement. A nouveau il faut enlever à la grenade chaque traverse, chaque carrefour. Avec des alternances d'avance et de recul, parfois de 20m, gagnés ou perdus en plusieurs heures, les 1er et 3e Bataillons sont maîtres, en fin de journée, de la tranchée de POSNANIE et du boyau reliant les tranchées de BYZANCE et du GOLFE. Le II / R.M.L.E. toujours à la disposition de la Division assure la liaison entre le 7e et le 4e Tirailleurs qui s'alignent à gauche vers le MONT SANS NOM, objectif du 8e Zouave. A l'est la 24e DI ( Général MORDACQ ), progressant sur les deux rives de la Suippe, parvient à la hauteur du fortin sud-est de VAUDESINCOURT. Le R.M.L.E. dans son secteur a pu agrandir la brèche, mais il lui reste à conquérir les organisations du GOLFE pour se rabattre sur AUBERIVE.

Le 19, les légionnaires s'enfoncent dans les tranchées de BYZANCE, des DARDANELLES et du GOLFE. En fin de soirée la 10e Compagnie fait sa jonction, à proximité du fortin sud-est de VAUDESINCOURT avec des éléments de la 24e DI, et lance des patrouilles dans le village abandonné par l'ennemi. Ces actions avaient été précédées dans l'après-midi par une reconnaissance de la 185e Brigade Territoriale.(2) Profitant de l'avance des légionnaires " les pépères "(3) ne voulaient pas rester inactifs, faisant par là preuve d'un bel esprit. Le Bataillon WADDELL, pour sa part, a continué d'assurer sa mission de liaison entre les deux régiments de Tirailleurs, au prix lui aussi de sérieux accrochages. A l'issue de la journée la situation s'est améliorée. Du Mont sans Nom à la Suippe l'avance française a enlevé la majeure partie de la ligne adverse, mais pour sa part, le R.M.L.E. doit encore conquérir le LABYRINTHE, le fortin sud-ouest de VAUDESINCOURT et le GRAND BOYAU. C'est une lourde tâche pour des unités diminuées de moitié, souffrant de la soif (4) et du manque de ravitaillement. Seules les munitions ne manquent pas trop.

Le 20, selon un scénario bien rodé et face à un adversaire toujours aussi résolu l'attaque reprend. Le nettoyage du LABYRINTHE et du GRAND BOYAU se poursuit méthodiquement, réalisant quasiment l'encerclement du fortin sud-ouest de VAUDESINCOURT, clef de la défense. Le 2e Bataillon ne reste pas inactif puisque, après un coup de main extraordinaire, il doit faire face à une vigoureuse réaction allemande.

Le 21, cinquième jour de l'attaque, une patrouille signale que le fortin sud-ouest de VAUDESINCOURT paraît inoccupé. Une reconnaissance au Nord de cet ouvrage le confirme, mais est vite prise à partie, tandis qu'un violent tir d'artillerie s'abat sur les 10e et 11e Compagnies. Elles tiennent bon mais ne peuvent empêcher l'ennemi de s'y réinstaller, bien que la plus proche tranchée française n'en soit qu'à moins de 100m. Avec la chute du jour " Il n'est plus possible d'espérer une nouvelle progression, effectifs réduits de moitié, les hommes sont épuisés par les durs combats qu'ils n'ont cessé de livrer depuis le 17, on ne peut leur demander que de conserver le terrain ". C'est ainsi que conclut le Journal de Marche du Régiment.

Après sa brillante action de la veille le 2e Bataillon est ramené au BOIS DES BOULEAUX où il reste à la disposition de la 2e Brigade ( 8e Zouave, 7e Tirailleurs ).

 

LE PRIX DE LA GLOIRE

Ces cinq longues journées de combats ont usé la Division Marocaine. Par un temps épouvantable, sous la neige et la pluie, le vent, sur un terrain difficile, face à un adversaire déterminé, mal ravitaillé, dans une tension nerveuse permanente, presque sans sommeil, les hommes sont épuisés. Dans ce contexte les légionnaires ont montré leur sens du terrain et fait preuve de courage et d'esprit d'initiative hors du commun, attestant de leur valeur au sein d'une unité parfaitement soudée et amalgamée. Au cours des combats, le Caporal AROCAS progresse à l'abri des sacs que son escouade pousse devant lui, et avec une vigueur peu commune, expédie ses grenades sur l'adversaire.(5) Presque seul il combattra ainsi durant 36 heures. Cet exploit lui vaudra la Légion d'Honneur, et de participer à la garde au Drapeau.

Autre exemple de l'esprit de décision : la réaction de l'Adjudant-Chef MADER (6) de la 6e Compagnie, qui, voyant qu'une compagnie d'infanterie allait droit sur une mitrailleuse allemande qu'elle n'avait pas décelée, s'élance avec une dizaine de légionnaires, tombe dans le dos de l'ennemi et le réduit à la grenade, sauvant ainsi les fantassins amis. Interrogeant les survivants dans sa langue maternelle, car il est d'origine germanique, le sous-officier continue en accord avec son capitaine et la compagnie de tirailleurs qui était à proximité. Toujours à la grenade, il attaque l'ouvrage où se trouve une batterie d'obusiers. Au terme d'un combat de 5 heures, les pièces sont capturées et une compagnie de la garde impériale refoulée, après avoir subi de très lourdes pertes. La relation de ce fait d'armes se terminera dans le J.M.O. par la mention " Fait le plus grand honneur à l'Adjudant-Chef MADER, ainsi qu'aux légionnaires qui l'ont accompagné ".

Au prix de 16 officiers et 777 sous-officiers et légionnaires, le R.M.L.E. (7) a conquis en 5 jours, sept kilomètres de tranchées et montré une fois de plus sa valeur, sanctionnée par une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée, et l'inscription " LES MONTS 1917 " sur son Drapeau où figurait déjà " CHAMPAGNE 1915 ". Avec les titres de gloire gagnés par ses 4 116 tués au cours de la Grande Guerre, la Légion étrangère peut soulever l'interrogation

Qui sait si l'Inconnu qui dort sous l'arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux fastes du passé,
N'est pas cet Etranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé.

Ordre général n° 809 du 7 mai 1917 de la IVe Armée: Merveilleux régiment qu'animent la haine de l'ennemi et l'esprit de sacrifice le plus élevé. Le 17 avril, sous les ordres du Lieutenant colonel DURIEZ, s'est lancé à l'attaque contre un ennemi averti et fortement retranché, et lui a enlevé ses premières lignes. Arrêté par des mitrailleuses et malgré la disparition de son chef, mortellement touché, a continué l'opération sous les ordres du chef de bataillon DEVILLE, par un combat incessant de jour et de nuit jusqu'à ce que le but assigné fut atteint, combattant corps à corps pendant cinq jours, et malgré de lourdes pertes et des difficultés considérables de ravitaillement, a enlevé à l'ennemi plus de deux kilomètres carrés de terrain, a forcé, par la vigueur de cette pression continue, les Allemands à évacuer un village fortement organisé où s'étaient brisées toutes nos attaques depuis plus de deux ans.

Signé ANTHOINE

(1) La 1re Brigade comprend le R.M.L.E. et le 4e Tirailleurs La 2e Brigade comprend le 8e Zouave et le 7e Tirailleurs.
(2) La 185e Brigade territoriale ne participait pas à l'attaque, mais tenait les tranchées entre la 24e DI et celles du R.M.L.E. avant l'attaque.
(3) " Pépères " est le surnom affectueux qui avait été donné aux territoriaux, réservistes âgés.
(4) Un bidon trouvé sur le terrain, une flaque d'eau, permettaient d'étancher la soif.
(5) Le R.M.L.E. a consommé 50 000 grenades pendant ces 5 jours.
(6) Volontaire pour servir sur le front malgré son origine, MADER est une figure du R.M.L.E. Cet exploit lui vaudra la Légion d'Honneur.
(7) Le R.M.L.E. terminera la guerre avec 9 citations à l'ordre de l'Armée, et la fourragère double aux couleurs de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre. En 1920 son Drapeau recevra la récompense suprême : la Médaille Militaire. C'est ce Drapeau qui a été présenté le 21 juillet 2002 à NAVARIN.


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Accepter l’étranger :

Ce qui constitue l’âme d’une nation est lié au passé et au présent. L’un est la possession d’un héritage de souvenirs ; l’autre impose le vivre ensemble, ainsi devraient se conjuguer en harmonie le natal et l’adoptif.

La notion de se nourrir de romantisme patriotique impose à tout « patriote » le sentiment d’être tributaire d’une civilisation, débiteur du monde qui le précède, il adhère naturellement à l’histoire de son pays digne représentant de ses très vénérables aïeux.

Aujourd’hui, pour les jeunes générations, cette manière de penser peut paraître paradoxale, la situation se présentant noyée dans un monde devenu mondialisation et il leur semble difficile de situer leur place dans une Europe qui peine à se construire.

Comment serait-il possible, pour nos jeunes, avec le regard d’aujourd’hui, ne pas souhaiter abandonner un passé récent qui n’est pas fait que de gloire, ni d’héroïsme, mais surtout de sacrifices, de souffrances imposées et dont les épisodes embarrassants ne peuvent s’assumer correctement puisqu’il en ressort un constat d’une navrante imbécillité doublée d’inhumanité.

Le passé rend désormais des comptes, il comparait devant le tribunal du présent, l’Europe devient terre d’immigration, il est tellement vrai que nous ne saurions nous isoler dans une bulle et regarder le reste du monde mourir de faim.

Pour nous, tout cela tient en trois mots : « Plus jamais ça ! » 

Nous sommes à la croisée des chemins, est-il encore temps de faire un choix et lequel ? Pourrons-nous ne pas subir les conséquences de nos propres faiblesses ?

A ces questions, seuls les jeunes devraient y répondre.

Qu’avons nous, à leur offrir, la société idéale n’existe tout simplement pas, mais il serait grand temps de transformer celle que nous nous préparons à leur léguer.

Vaste programme comme disait si bien un personnage célèbre, il n’en reste pas moins vrai que nous pouvons nous interroger sur l’avenir qui s’impose à nous et où la place de l’étranger sera indiscutablement au centre des débats. Nous savons par expérience toute la richesse que peut nous apporter l’étranger au sein de notre Légion étrangère (qui n'a de richesse que d'hommes), pourquoi en serait-il autrement pour le pays des droits de l’homme et du citoyen…


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