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1896

Le petit Français illustré - 1896 - N° 354 à 405

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A travers le monde - 1896

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Le Petit Parisien. Supplément littéraire illustré - Année 1896

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Le Monde illustré - 191296

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A TRAVERS LE PAYS FAHAVALO

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 191296

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Légion Étrangère

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 191296

 

M. Buch, lieutenant au 1er Étranger, servant au titre étranger, est admis dans le cadre français avec son grade.


Le Monde illustré - 211196

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Les travaux de route à Madagascar

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Le Monde illustré - 211196


Les officiers du corps expéditionnaire sont pris de doux accès de gaieté lorsque les journaux de France leur apprennent que la route carrossable entre Tamatave et Tananarive est ouverte à la circulation et au commerce. Qui diable peut avoir intérêt à tromper ainsi le bon peuple de France? Le résultat obtenu est déjà assez honorable pour qu'il ne soit pas besoin de l'exagérer. La vérité, c'est qu'il existe entre Tamatave et Tananarive une piste muletière construite à la hâte. C'est sur cette piste que sont actuellement concentrés tous les travailleurs. Il faut à tout prix la mettre en état de résister à la saison des pluies, et non pas certes la rendre praticable aux voitures.

Une seule route à peu près carrossable existe à Madagascar. C'est la route d'Ambohimanga à Tananarive : 20 kilomètres en terrain relativement peu ondulé — la plaine n'existe pas. Ces 20 kilomètres de route viennent d'être terminés. Le service du génie y a fait construire deux ponts en treillis l'un de 12 mètres de portée sur le Mamba et l'autre de 8 m. sur le ravin d'Andranotsilakadahy (où l'eau n'a pas de fond).

La piste muletière entre Tamatave et Tananarive, ouverte en deux mois par les officiers du génie, avec des travailleurs désertant au jour le jour, a difficilement résisté aux passages répétés des convois de mulets. Les parties en forêt constamment exposées à l'humidité et à la pluie — la saison sèche est encore un mythe — sont complètement défoncées; les parties à flanc de coteau , se trouvent réduites par suite de l'effondrement des remblais à une corniche de quelques cent mètres de largeur surplombant des ravins de 300 à 400 mètres de profondeur.

Il était urgent,si l'on voulait pendant la saison des pluies conserver des communications avec la côte, de reprendre sur presque toute sa longueur le travail amorcé. Deux points surtout étaient en danger de disparaître complètement.
En quittant la côte, on pénètre après un trajet de 50 kilomètres environ dans la grande forêt de Béforona, forêt immense où les hautes futaies et les lianes forment un rideau impénétrable. La route ne recevant ni air ni lumière, n'était plus qu'une mare de boue. 600 Chinois dirigés par une compagnie du génie (14e compagnie) sont en train de refaire la route, de l'assécher et de l'aérer en abattant largement le bois à droite et à gauche.

Plus haut, avant d'entrer dans l'Imerina, on rencontre - immédiatement après avoir traversé le Mangoro — deux alignements montagneux importants, le Fody et l'Angavo. Le Fody a pu être tourné par le Nord et la route construite par le capitaine du génie Serrat a merveilleusement résisté.

L'Angavo ne pouvait être tourné qu'au prix d'un allongement énorme du trajet. Il est bien profondément entaillé par la vallée de la Mandraka mais cette vallée, resserrée en plusieurs endroits entre deux parois de rochers à pic où la rivière se précipite en cascades de 30 et 40 mètres de hauteur, ne peut être utilisée qu'au prix d'efforts et de travaux gigantesques que ne peut entraîner la création d'une simple piste muletière. Le capitaine du génie Serrat a exécuté un traçé de route qui s'élève d abord jusqu'à mi-côte par des lacets escaladant un contrefort de l'Angavo, contourne très habilement une série de croupes où les pentes atteignent parfois 70° puis gagne le sommet par de nouveaux lacets à flanc de coteau.Après avoir suivi l'arête pendant quelques kilomètres, la route pénètre en forêt, s'abaisse pour traverser la Mandraka puis gravit les pentes boisées qui précèdent Ankeramadinikia.

Sur tous ces lacets, le remblai, glissant sur les pentes, a disparu. Un détachement de la 12e compagnie du génie et des travailleurs zanzibars et somalis travaillent en ce moment à la réparation sous la direction d'un officier du génie. La protection des travailleurs — car on est là en pleine zone fahavalo — est en outre assurée par un détachement de tirailleurs sénégalais que commande un lieutenant d'infanterie de marine. Ce détachement a actuellement installé son camp au-dessus de la première série de lacets dont nous parlions tout à l'heure. Le coup d’œil n'est pas banal.

Des paillottes fabriquées de bric et de broc — on n'a pas de temps à perdre: tous les dimanches on lève le camp, on va s'installer quelques kilomètres plus loin et le lundi le travail reprend — quelques tentes auxquelles il reste moins de toile que de trous et, planant sur le tout, le pavillon français.

Quand l'orage se déchaîne, la toiture de chaume, si pittoresque, laisse passer d'abord de minces filets d'eau qui se changent bientôt en torrents venant réveiller bien désagréablement le dormeur et l'arracher à ses songes. Adieu, pays, famille, gloire. Voir le Rêve de Detaille. — Il essaye d'abord de boucher les trous, déplace son lit sans succès et finit par se rendormir sous la douche et retrouver le fil interrompu de sa rêverie. Le soleil du tropique n'est-il pas là pour faire disparaître demain les traces de l'orage.

En revanche, on jouit de ce point d'un panorama merveilleux. Le cirque d'Ambodinangavo (au pied de l'Angavo) s'ouvre à vos pieds. Au loin, bien loin on distingue les hauteurs de Moramanga; puis vers l'est, à l'horizon, une ligne bleuâtre silhouette la grande forêt; dans le fond, des rizières, autrefois florissantes, aujourd'hui en partie abandonnées par suite du manque de bras. Comme couleur, c'est un peu terne.

Je me souviens avoir déjà eu l'impression de cette coloration. C'est devant un tableau de Gustave Doré où ce maître du crayon a tenté d'entrer en lutte avec la couleur. « Un orage dans les montagnes d’Écosse » au musée de Grenoble. Ce sont les mêmes tons vert sombre, avec de loin en loin, les taches grisâtres des roches. Par endroits, une mince ligne rougeâtre indique l'écorchure de la route. J'ai le regret de ne pas connaître l’Écosse, mais si Gustave Doré a réussi à en rendre l'aspect, la ressemblance avec les massifs montagneux de Bezanozano est frappante.

On n'entend pas dans ces derniers le bag-pip des montagnards écossais, mais la musette des travailleurs zanzibars peut presque confirmer l'illusion.

On se fait difficilement une idée, surtout après avoir vu les villages nègres de l'Exposition de 1889, de l'aspect d'un campement d'auxiliaires noirs.

Les Zanzibars robustes et infatigables cachent leurs torses musclés, sous de vieilles défroques de l'armée anglaise, casaques rouges élimées, timbrées aux pattes d’épaule de la couronne royale, de vieux uniformes des courriers de l'Agence Cook ou des chemises en lambeaux. L'un d'eux a acheté le pagne déchiré d'une indigène sénégalaise et s'y enroule voluptueusement.

Les Somalis, anémiés, épuisés, secoués par d'affreux accès de toux, te drapent dans des couvertures de coolies jadis rouges, devenus roses sous l'action des pluies. Ils rivalisent de paresse et c'est un spectacle curieux que de les voir à l'appel du matin que suit immédiatement la visite médicale (?) singer la maladie pour esquiver le travail. Leurs regards faux implorent, leurs gestes obséquieux et désespérés semblent indiquer d’atroces souffrances. Force est d'être sans pitié: si un carottier réussit à éviter le départ, le lendemain 30 se présentent et ce sont des grimaces piteuses, des contorsions comiques, des gémissements sans fin. On les bourre de quinine, on les badigeonne de teinture d'iode et en route.

Au travail même contraste: le Zanzibar chante, s'entraîne et se grise; l'un d'eux hurle à plein poumons : Gombé. les autres marmottent comme un répons religieux: Tunotindgé Kiniamoisi et la besogne va vite. La terre vole sous les angadys (bêches malgaches), le Somali, lui, murmure une litanie faite de: Jossa, Jossa et ne travaille qu'avec des gestes lents, comme à regret. Et, pendant que le Zanzibar s'excite au travail par ces chants au rythme étrange et que le Somali s'endort sur sa tâche, le bon tirailleur sénégalais qui les protège s'appuie sur son arme et somnole doucement.

Le soir, au retour, toute la bande accélère l'allure, le pas de soupe et défile en chantant : Tararaboum. Est-ce un air d'importation? Qu'en pense Bruand?

Au camp, tous se bousculent pour jeter leurs outils, puis avant de se séparer, hurlent le triple et légendaire « hip, hip, hip hurrah » anglais.

Le travail consiste à élargir à 2 mètres en déblai la corniche étroite qui marque la ligne suivie par les anciens travaux à construire à toutes les traversées de ravins des enrochements et des palées solides pour soutenir les terres. Le travail est atrocement compliqué par la présence du roc à fleur du sol, et les échos du cirque d'Ambodinangavo répercutent toute la journée l'écho des coups de mine nécessaires à entailler la roche.

Sur ce terrain dur, les angadys se tordent, les pics se brisent, les barres à mine s'émoussent et ce n'est pas le forgeron qui est le moins occupé cela ne l'empêche pas d'interpeller gaiement son souffleur somali que sa maigreur famélique a fait surnommer M. Gigot fin.

Malgré toutes les difficultés, les travaux avancent et si, pendant l'hivernage les convois de mulets peuvent parvenir à Tananarive, si la disette ne s'y fait pas sentir, les braves gens qui n'auront marchandé ni leur dévouement ni leur santé, s'estimeront assez payés.

Daniel ROB.


Le Monde illustré - 14/11/1896

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