2018
des iles GAMBIER
Courrier de Monsieur le Doyen de la faculté de Médecine Montpellier-Nîmes.
Devoir de Mémoire à Nosy Be et Nosy Komba
22/03/2018
Vendredi 2 mars 2018, les légionnaires et marins français et malgaches sont venus rendre les honneurs aux combattants français décédés 120 ans plus tôt à Nosy Komba
Le 1er mars à l’alliance française de Hell-Ville, le révérend-père Robert JAOVELO-DZAO, enseignant à l’université de Diègo-Suarez, a rappelé avec émotion l’Histoire particulière qui lie le peuple Sakalava et la France à la fin du XIXème siècle à l’occasion d’une conférence devant un large public.
Le lendemain, à 04h30, les embarcations du patrouilleur Le Malin, en mission depuis La Réunion, et de la marine malgache, commencent des norias vers Nosy Komba distante de quelques nautiques. A bord, une équipe du détachement de légion étrangère de Mayotte (DLEM), la garde d’honneur du Malin, une équipe de la marine et des autorités malgaches.
Sur la plage, villageois, clergé, autorités locales, accueillent les militaires pour le sacrifice rituel de zébu organisé par l’attaché de défense de l’ambassade et le consul honoraire de France à Nosy Be. Zébu sacrifié, la délégation s’engage sur un sentier caillouteux et boueux. 6 kilomètres à peine mais 600m de dénivelé quand même, 30 degrés et 90% d’humidité à faire avec la tenue de cérémonie, étendard, fanion, armes, … à un rythme soutenu. Au sommet, au milieu de nulle part, un cimetière militaire, un hameau, une école composent un environnement bucolique. Dans le cimetière repose une centaine de soldats et marins français décédés en 1895 lors des événements alors que, blessés ils venaient à Nosy Komba pour se soigner dans le sanatorium nouvellement bâti. C’est au sommet de Nosy Komba qu’ils ont élu domicile pour l’éternité.
La mission de défense a entrepris de rénover ce cimetière dont l’état n’était plus à la hauteur des sacrifices faits par ses pensionnaires ; un financement à hauteur de plus de 42 000 euros du Ministère des armées a rendu cela possible. Ce vendredi 2 mars 2018, légionnaires, marins français et malgaches sont venus rendre les honneurs à ces combattants français décédés 120 ans plus tôt. La difficulté de la montée n’a pas ébranlé la détermination de tous à offrir une cérémonie militaire sans imperfection. En peu de temps, les membres des gardes d’honneur passent de la tenue de marche à la tenue d’apparat. Etendard et fanion sont sortis. La sonorisation est en place. Les enfants de l’école voisines sont venus. Des villageois ont fait la marche depuis la plage.
La cérémonie est honorée par la haute présence du chef d’état-major général de l’armée malgache (CEMGAM), du commandant des forces navales (COFONA) et celle du directeur du Central Intelligence Service (CIS), natif de Nosy Be. Avant le dépôt de gerbe en l’honneur des guerriers enterrés ici, l’attaché de défense et le CEMGAM rendent un vibrant hommage à la valeur des soldats et marins français. C’est leur abnégation, leur discipline qui est avant tout citée en exemple.
En silence, touchés par la solennité de l’instant, les participants redescendent vers le rivage. Avant de rembarquer dans leurs unités, soldats français et malgaches partagent ensemble sur la plage avec la population locale un ravitaillement traditionnel, organisé par le consul honoraire, fait de zébu sacrifié et de fruits tropicaux.
Il appartient désormais à chacun d’escalader le sentier pentu de Nosy Komba pour découvrir la majesté de ce site et venir à son tour faire son devoir de mémoire pour ces héros méconnus.
Une chapelle pour le 4ème régiment étranger de Castelnaudary
https://www.credofunding.fr/fr/chapelledeslegionnaires
Aidez-nous à participer à l'édification de notre nouvelle chapelle en participant au financement de sa construction pour le ressourcement de nos légionnaires!
La chapelle du régiment est fréquentée tous les jours. C’est un lieu de prière où chacun peut se ressourcer et retrouver la paix intérieure. Tous les dimanches, la messe du légionnaire qui rassemble des hommes volontaires de tout horizon, est célébrée à 17h00. Il y a une véritable demande de la part de nos légionnaires.
- Nous ne pouvons pas célébrer religieusement nos fêtes régimentaires au quartier.
- Quand nous avons un décès au régiment, la chapelle actuelle trop exiguë ne peut pas être notre chapelle ardente.
- La chapelle actuelle n’est plus aux normes et elle ne peut pas recevoir de public.
- La chapelle actuelle n’est pas visible extérieurement : il lui manque un clocher.
- C’est au 4e RE, régiment d’instruction de la Légion étrangère, que les valeurs d’honneur et de fidélité sont transmises et enseignées. Les légionnaires qui vivent 7 jours sur 7 au quartier méritent une belle chapelle pour prier, se reposer spirituellement et honorer leurs anciens.
- Depuis deux ans, nous avons pu récolter 150 000 € et nous avons aussi des promesses de dons (vitraux et tuiles) mais cela ne suffit pas !
- En effet, il nous manque 25 000 € pour financer la construction de notre chapelle et permettre à l'aumônerie militaire catholique d'en assurer la desserte.
- Nous avons reçu le permis de construire et nous espérons que les travaux commenceront cet automne.
- Ainsi, nous souhaiterions que notre nouvelle chapelle soit réalisée au printemps 2019 pour pouvoir l’inaugurer et la faire bénir par Mgr de Romanet, évêque du diocèse aux Armées.
Une Famille pour éduquer
Une famille enracinée dans une double tradition
• de soldats bâtisseurs : dès sa création à Marrakech en 1920, le régiment participe à la pacification et à la mise en valeur du Maroc et des autres pays où il a été engagé
• d'instruction : le régiment est héritier direct de la grande tradition d'instruction de la Légion et fut implanté successivement à Sidi-Bel-Abbès, Corte, Bonifacio et Castelnaudary
Baigné par l’esprit de Camerone, le quartier DANJOU est devenu pour chaque légionnaire sa maison d’accueil, qu’il entretient avec passion. Le régiment est d’autre part ouvert sur le monde extérieur, par ses contacts permanents avec d’autres institutions, civiles ou militaires.
Une communauté vivante composée de cadres et de légionnaires disponibles et compétents, aux origines diverses, pour qui les valeurs de la famille légionnaire sont essentiels à l’accomplissement de leurs multiples missions (encadrement, formation, soutien, etc ...).
- Nous envoyer vos dons qui sont déductibles d’impôts. Vous recevrez un reçu fiscal pour tout don envoyé pour le projet de la chapelle du 4.
- Faire connaitre et faire savoir autour de vous que ce projet est important et nécessaire pour le bien du légionnaire qui donne sa vie pour la France.
- Prier pour que le Seigneur nous aide par l’intercession de Notre Dame des Képis Blancs et de Saint Antoine.
- Votre don contribuera au bien-être du légionnaire qui le mérite.
- Nous serons très heureux de rassembler nos donateurs lors de la future bénédiction.
Commémoration de la fin de la Grande Guerre au Lac Anosy le 11 novembre
12/11/2018
Le dimanche 11 novembre s’est tenue au Lac Anosy la commémoration du centenaire de la Grande Guerre. La cérémonie était présidée par le Général de Corps d’Armée Béni Xavier Rasolofonirina, ministre de la Défense Nationale, de l’Ambassadeur de France Véronique Vouland-Aneini ainsi que par le colonel Bruno Malet, Attaché de Défense.
La cérémonie de commémoration du centenaire de la Grande Guerre a été l’occasion de rendre hommage aux morts pour la Paix. Le ministre de la défense Nationale et Madame l’Ambassadeur de France ont également ingauguré une plaque commémorative pour le centenaire de la Grande Guerre, accompagnés du Secrétaire d’Etat en charge de la Gendarmerie, du président du Conseil d’administration de l’Organisation Nationale Malgache des Anciens Combattants et Victimes de Guerres et de l’attaché de défense le Colonel Bruno Malet. Sur cette plaque est inscrit :
1918-2018
Centenaire de la grande guerre
En mémoire de ceux qui sont tombés à la Guerre et Morts pour la France
Paix, Liberté en Héritage
« Honneur à nos grands morts qui nous ont fait cette victoire. Par eux, nous pouvons dire qu’avant tout armistice, la France a été libérée par la puissance des armes. La guerre est finie, reste à gagner la Paix » Georges Clemenceau
Inaugurée par :
Le ministre de la Défense Nationale
Le Général de Corps d’Armée RASOLOFONIRINA Béni Xavier
L’Ambassadeur de France à Madagascar
Madame Véronique VOULAND-ANEINI
Le Président du Conseil d’Administration de l’ONMAC-VG
Le Vice-Amiral RAKOTOARISOA Marie Jean Lucien
L’Attaché de Défense près l’Ambassade de France à Madagascar
Le Colonel Bruno Malet
Le Président du Comité du Centenaire de Madagascar,
Directeur de l’Office National Malagasy des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
Le Général de Brigade Aérienne RANDRIANIRINA Jean José Désiré
Anosy, le 11 novembre 2018.
Un hommage a également été rendu aux Morts pour la France en 2018 :
Adjudant Emilien MOUGIN, Mort pour la France
Maréchal des logis Thimoté DERNONCOURT, Mort pour la France
Caporal Bogusz POCHYLSKY, Mort pour la France
Enfin, l’attaché de défense a remis la Croix du Combattant et la médaille de Reconnaissance de la Nation à Messieurs Philippe PASCAU et Alain PRIMAUX.
Lors d’une réception à la Résidence de France dans la suite de la cérémonie au Lac Anosy, l’Ambassadeur de France, Mme Véronique Vouland-Aneini, a saisi l’occasion de la présence du Général de Corps d’Armée Béni Xavier Rasolofonirina, ministre de la Défense Nationale pour évoquer à nouveau la question sécuritaire à Madagascar, à laquelle est confrontée la communauté française, l’un de nos compatriotes enlevés ayant récemment recouvré la liberté alors qu’un autre, kidnappé il y a quelques jours, est toujours détenu.
L’Ambassadeur a ensuite lu le discours du Président de la République, M. Emmanuel Macron, pour cette cérémonie du 11 novembre :
"Un siècle.
Un siècle que l’Armistice du 11 novembre 1918 est venu mettre un terme aux combats fratricides de la Première Guerre mondiale.
A cet affrontement interminable nation contre nation, peuple contre peuple. Avec ses tranchées pleines de boue, de sang et de larmes. Ses orages de feu et d’acier qui grondaient par tous les temps et déchiraient les ciels les plus clames. Ses champs de bataille éventrés et la mort, omniprésente.
Le 11 novembre 1918, un grand soupir de soulagement traverse la France. Depuis Compiègne où l’Armistice a été signé à l’aube, il se propage jusqu’aux champs de bataille.
Enfin, après quatre interminables années de bruit et de fureur, de nuit et de terreur, les armes se taisent sur le front occidental.
Enfin, le vacarme funeste des canons laisse place à la clameur allègre qui s’élève de volées de cloches en sonneries de clairons, d’esplanades de grandes villes en places de villages.
Partout, on célèbre alors avec fierté la victoire de la France et de ses alliés. Nos poilus ne se sont pas battus pour rien ; ils ne sont pas morts en vain : la patrie est sauvée, la paix, enfin, va revenir !
Mais partout, aussi, on constate le gâchis et on éprouve d’autant plus le deuil : là, un fils pleure son père ; ici, un père pleure son fils ; là, comme ailleurs, une veuve pleure son mari. Et partout on voit défiler des cortèges de mutilés et de gueules cassées.
Françaises, Français, dans chacune de nos villes et dans chacun de nos villages, Françaises et Français de toutes générations et de tous horizons, nous voilà rassemblés en ce 11 novembre.
Pour commémorer la Victoire. Mais aussi pour célébrer la Paix.
Nous sommes réunis dans nos communes, devant nos monuments aux morts, pour rendre hommage et dire notre reconnaissance à tous ceux qui nous ont défendu hier mais aussi à ceux qui nous défendent aujourd’hui, jusqu’au sacrifice de leur vie.
Nous nous souvenons de nos poilus, morts pour la France. De nos civils, dont beaucoup ont aussi perdu la vie. De nos soldats marqués à jamais dans leur chair et dans leur esprit. De nos villages détruits, de nos villes dévastées.
Nous nous souvenons aussi de la souffrance et de l’honneur de tous ceux qui ont quitté leur terre et sont venus d’Afrique, du Pacifique et d’Amérique sur ce sol de France qu’ils n’avaient jamais vu et qu’ils ont pourtant vaillamment défendu.
Nous nous souvenons de la souffrance et de l’honneur des dix millions de combattants de tous les pays qui ont été envoyés dans ces combats terribles.
Françaises, Français, nous sommes aussi unis en ce jour dans le conscience de notre histoire et dans le refus de sa répétition.
Cet la siècle qui nous sépare des terribles sacrifices des femmes et des hommes de 14-18 nous a appris la grande précarité de la Paix.
Nous savons avec quelle force, les nationalismes, les totalitarismes, peuvent emporter les démocraties et mettre en péril l’idée même de civilisation.
Nous savons avec quelle célérité l’ordre multilatéral peut soudain s’écrouler.
Nous savons que l’Europe unie, forgée autour de la réconciliation de la France et de l’Allemagne, est un bien plus fragile que jamais.
Vigilance ! Tel est le sentiment que doit nous inspirer le souvenir de l’effroyable hécatombe de la Grande Guerre.
Ainsi serons-nous dignes de la mémoire de celles et ceux qui, il y a un siècle, sont tombés. Ainsi serons-nous dignes du sacrifie de celles et ceux qui, aujourd’hui, font que nous nous tenons là, unis, en peuple libre.
Vive l’Europe en paix !
Vive la République !
Vive la France !
Hommage aux 45.863 tirailleurs malgaches de la Grande Guerre à Paris
12/11/2018
Le 10 novembre 2018, dans le cadre des commémorations de la Grande Guerre, l’association Cefmad, présidée par Christophe Gasnot, a organisé à Paris une cérémonie en hommage aux troupes malgaches qui ont combattu aux côtés des troupes métropolitaines pendant la Grande Guerre.
Cette cérémonie a vu la présence du Secrétaire d’état aux Affaires étrangères, Jean Baptise Lemoyne, du ministre des Affaires étrangères malgache Maxime Dovo ainsi que de la Maire du 12ème arrondissement de Paris.
Un dépôt de gerbes a été réalisé au Jardin d’Agronomie Tropicale, où se dresse la stèle à la mémoire des 10% des artilleurs malgaches morts au combat.
Le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Jean-Baptise Lemoyne n’a pas manqué de rappeler la contribution du 12ème bataillon malgache au génie militaire et à l’effort de guerre produit dans les usines durant la guerre.
Des représentants de la diaspora malgache étaient présents à cette cérémonie, dont les descendants et membres de la famille des soldats ayant donné leur vie lors de la Grande Guerre.
Une chapelle pour le 4ème régiment étranger de Castelnaudary
Peteris Zalums était un homme debout
https://quebec.huffingtonpost.ca/
Il a été un citoyen qui a courageusement tenté de trouver sa voie en essayant de demeurer conséquent avec les aspirations à la liberté de son pays natal.
Général Bruno Dary : « La décision du chef de l’État a été de se déplacer pendant une semaine sur tous les champs de bataille »
https://www.bvoltaire.fr/
28 octobre 2018
"Cela ne s’est jamais fait"
Le général d’armée Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris et actuel président du Comité de la Flamme sous l’Arc de Triomphe, réagit au micro de Boulevard Voltaire au sujet de la polémique née autour des commémorations du 11 novembre.
Emmanuel Macron en a dit un peu plus sur la manière dont il souhaitait commémorer le 11 novembre. Ce ne sera pas vraiment un défilé militaire. Qu’avez-vous pensé de la décision du président de la République ?
La décision du chef de l’État a été de se déplacer pendant une semaine sur tous les champs de bataille. Cela ne s’est jamais fait.
La décision du chef de l’État a été d’inviter plus d’une centaine de chefs d’État qui viendront honorer le Soldat inconnu. Cela ne s’est jamais fait.
La décision du chef de l’État a été de mettre dans le dispositif militaire plus d’une centaine de drapeaux d’anciens combattants pour représenter le monde combattant. Non pas celui de la Grande Guerre, car il n’existe plus, mais les suivants. Cela, non plus, ne s’est jamais fait.
Le Soldat inconnu et ceux de 14 seront largement mis à l’honneur.
Sa décision de ne pas faire une commémoration trop militaire pour ne pas trop vexer les Allemands ne vous choque pas ?
Ceci n’est qu’une mauvaise interprétation ou le fait d’une mauvaise communication, je ne sais pas.
Le dispositif militaire en place sera le même que chaque année. En qualité de gouverneur militaire de Paris, j’ai déjà accueilli sur cette place Angela Merkel le 11 novembre 2009. Cela n’a posé aucun problème.
Que pensez-vous alors de la polémique née suite aux propos du chef de l’État ?
Inutile !
Il y a peut-être eu, à mon sens, un défaut de communication des conseillers de l’Élysée à cet égard. Il y a peut-être eu des mots mal choisis. Mais il faut juger sur les faits. Le fait qu’il se soit déplacé sur tous les grands champs de bataille, qu’il ait invité plus d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement, qu’il fasse participer les drapeaux des anciens montrent que la dimension militaire est bien présente.
Pensez-vous qu’on puisse expliquer une certaine sur-réaction des gens en raison de l’annonce, il y a deux ans, de la participation du chanteur Black M à une commémoration ?
Non, il y a eu une réaction justifiée pour la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun.
À Verdun, nous avons eu droit à une espèce de parodie. Les soldats morts à Verdun ne méritaient pas cela. Au moment du Chemin des Dames, le comité d’entente s’était exprimé auprès du président de la République en disant qu’il ne fallait pas que cela se reproduise.
Ceux qui sont morts pour la terre charnelle méritaient mieux qu’une parodie ou des chansons ridicules qui avaient eu lieu pour le centenaire de Verdun. C’est certain.
Au Rwanda, le colonel Hogard est «très fier du rôle de la France»
16.10.2018 - Jean-Baptiste Mendès
Légionnaire, notamment engagé au Rwanda et au Kosovo, le colonel Jacques Hogard s’est reconverti depuis dans le civil dans la diplomatie d’entreprise et l’intelligence stratégique. La parole libre et le verbe haut, l’ancien militaire ne manque pas de charisme et bouscule certaines idées reçues. Portrait.
Hasard du calendrier? Le Parquet de Paris demandait le 10 octobre un non-lieu pour l'instruction judiciaire dans l'attentat qui a coûté la vie au président rwandais Habyarimana le 6 avril 1994. Le 12 octobre, la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, obtenait, avec l'appui de l'Élysée, le poste de Secrétaire générale de l'Organisation de la Francophonie. Deux très beaux cadeaux offerts par la France au Rwanda. La relation entre Kigali et Paris est pourtant un dossier empoisonné, que connaît bien le colonel Hogard, ancien légionnaire, qui a participé à l'Opération Turquoise au Rwanda.
Retrouvez les meilleurs moments de cet entretien en vidéo
La Légion étrangère, le patriotisme et la foi catholique ont façonné Jacques Hogard. Désormais à la tête d'une entreprise spécialisée dans la diplomatie d'entreprise, la bien-nommée, EPEE pour «experts partenaires pour l'entreprise à l'étranger», il conserve toute sa pugnacité concernant les deux faits marquants de sa vie militaire, le Rwanda et le Kosovo. Mais pas seulement. Il est omniprésent sur Twitter, d'ailleurs sa bio sur le réseau social en dit long: «Catholique et Français toujours! ». Jamais avare en punchlines, Jacques Hogard n'est pas un chef d'entreprise tout lisse, ce qui m'a décidé à le rencontrer une après-midi dans ses bureaux parisiens, dans un immeuble cossu à deux pas de la place de l'Étoile.
«Tout est fondé sur l'idéologie du génocide»
Nous commençons par ce qui le préoccupe depuis presque vingt-cinq ans, le Rwanda, toujours dirigé par Paul Kagamé, au pouvoir depuis les années 90. Pas vraiment sa tasse de thé. Car pour Jacques Hogard, ce qui a provoqué le génocide reste l'attentat du 6 avril 1994, abattant le Falcon 50 du président rwandais hutu, Juvénal Habyarimana. Une attaque perpétrée alors que la guerre civile avait déjà débuté depuis 1990 entre le FPR (Front Patriotique Rwandais) de Paul Kagamé et les forces gouvernementales de l'État rwandais. Ainsi, le colonel accuse-t-il le FPR d'avoir lancé les deux missiles ayant assassiné le chef d'État:
«L'avion du président Habyarimana est abattu le 6 avril par un commando armé de missiles sol-air. Sans l'ombre d'un doute, on sait que ce commando est FPR, c'est sûr et certain, on en a toutes les preuves matérielles aujourd'hui, les numéros des missiles, le circuit d'acheminement des missiles et c'est conforté, corroboré par les généraux rwandais eux-mêmes, qui sont maintenant en dissidence.»
Une opinion dérangeante, mais qui est confortée dès 1997 par Michael Hourigan, enquêteur australien du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda), en 2006 par l'enquête du juge français Jean-Louis Bruguière et en 2007 par celle du juge espagnol Fernando Merelles. Celle-ci est pourtant infirmée en 2014 par une deuxième enquête, du juge Marc Trévidic cette fois. Enfin, ce mercredi 10 octobre 2018, le non-lieu est requis par le parquet de Paris.
Encore plus polémique, Jacques Hogard insiste sur l'instrumentalisation du génocide par ce même Paul Kagamé afin d'atteindre et de conserver le pouvoir, aux yeux de la communauté internationale:
«Cet attentat est considéré comme l'élément déclencheur du génocide, c'est l'étincelle qui met le feu au baril de poudre. Il fallait cette étincelle pour que le génocide ait lieu. Je pense, c'est une conviction personnelle, que ça rentrait dans le plan de Kagamé, qui savait parfaitement qu'il ne prendrait jamais le pouvoir par les urnes et qu'il ne pouvait les prendre que par les armes. Mais que pour s'y maintenir, il lui fallait une légitimité indissoluble de l'opinion publique internationale […] Tout est fondé sur l'idéologie du génocide.»
Une autre polémique s'est aussi invitée en France. L'armée et l'État français sont accusés de faits gravissimes, concernant son rôle, voire sa complicité dans le génocide. Une thèse soutenue dans l'Hexagone notamment par un journaliste, Patrick de Saint-Exupéry et par Guillaume Ancel, ancien militaire, qui a d'ailleurs servi au Rwanda sous les ordres du colonel Hogard. L'opération Turquoise déclenchée par le gouvernement français aurait-elle servi de prétexte pour sauver le régime génocidaire?
«Je suis très fier d'avoir participé à l'opération Turquoise»
Alors que l'affaire empoisonne toujours les relations franco-rwandaises, Jacques Hogard a tant bataillé et il continue à s'insurger face à ce discours de plus en plus relayé dans notre pays. La France était auparavant l'alliée du gouvernement de Juvénal Habyarimana, celui-ci ayant même demandé de l'aide militaire au président Mitterrand face aux troubles grandissants importés par le FPR venu d'Ouganda et armé par ce pays. Hogard tient à répondre point par point à ces allégations sur le rôle de l'armée, sur l'entraînement, l'armement des génocidaires, puis une relative passivité face aux massacres:
«Quand on dit que l'armée française a entraîné des tueurs, c'est un raccourci illustrant une parfaite désinformation: l'armée française ou des coopérants français ont soutenu les forces rwandaises gouvernementales qui, à l'époque ne sont pas absolument pas impliquées dans un génocide. Personne ne sait qu'il va y avoir un génocide. Ce génocide a eu lieu à la machette essentiellement. L'armée française n'a entraîné personne à se servir de machette et n'a pas importé de machettes […] La passivité c'est absolument faux également […] Il n'y a pas d'armée française sur place, il reste sept coopérants militaires dont deux vont être tués, deux et une épouse de cadre, tués par le FPR».
Ainsi pour les commémorations des vingt-cinq ans du génocide en 2019, le colonel appréhende-t-il une nouvelle opération politico-médiatique qui viserait à accuser la France, ce qui servirait plus ou moins volontairement les intérêts américains, lesquels cherchaient depuis longtemps à évincer la France de cette région riche en minerais rares: coltan, uranate, tungstène, béryl.
«Je sais qu'un certain nombre de réseaux en France vont se déchaîner contre leur propre patrie pour essayer de la salir un peu plus. Moi, pour avoir participé à ces événements, je suis très fier d'avoir participé à l'opération Turquoise.»
Après le Rwanda, le colonel Hogard a été envoyé au Kosovo en 1999, afin de diriger les forces spéciales françaises. Sous la conduite de l'OTAN, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne agissaient de concert afin d'organiser le départ des populations serbes de cette province. Alors qu'on évoque très peu en France les guerres de Yougoslavie, au point de provoquer un trou de mémoire chez Emmanuel Macron qui a soutenu que «nous vivons depuis 70 ans dans un miracle: il n'y a plus la guerre en Europe», ce témoin direct de ce conflit m'a confié quelques souvenirs de cette opération.
Des mémoires déjà consignées dans un ouvrage paru en 2014, L'Europe est morte à Pristina (Éd. Hugo & Cie). Au-delà de cet ouvrage, cette opération a laissé des traces dans son bureau, bardé d'icônes et de décorations militaires, et notamment un grand portrait du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, l'un des plus grands héros militaires français du siècle dernier, décoré en 2011 Grand-Croix de la Légion d'honneur, malgré sa participation au putsch des Généraux en 1961, en Algérie.
«C'était une balle dans la tête si ça n'allait pas assez vite»
Sa première mission consistait à prendre contact avec les différentes parties, les Serbes d'un côté et l'UCK albanaise, qu'il qualifie d'organisation «criminelle maffieuse», de l'autre. Dans l'armée de père en fils et venant d'un milieu catholique, il a clairement choisi son camp, insistant fortement sur l'alliance historique entre la France et la Serbie depuis les deux Guerres mondiales.
Immédiatement confronté à de multiples incidents provoqués par l'UCK, Jacques Hogard en retire une forte expérience. Étonnamment protégé par sa hiérarchie, il dénonce la collusion constante des Britanniques avec l'UCK puis exprime «un véritable dégoût de la désinformation ambiante». Après un mois passé au Kosovo, le colonel et ses hommes se sont distingués notamment dans la protection des populations et des monastères serbes. Suite à la protection qu'il assura du monastère de Saint Joanikijé de Devic et de ses religieuses, assailli par l'UCK en juin 1999, il sera même décoré de l'Ordre de Saint Sava par l'Église orthodoxe serbe.
«J'ai des équipes qui ont intercepté des gens de l'UCK, qui étaient en train de vider des barres d'immeubles à Stari Trg, au nord de Mitrovica, de leurs occupants serbes qui avaient ¼ d'heure pour faire leurs bagages et disparaître, parce que les nouveaux maîtres voulaient s'approprier les appartements. C'était une balle dans la tête si ça n'allait pas assez vite. Et mes équipes ont ramassé quelques vieillards serbes qui n'allaient pas assez vite».
L'UCK qui, rappelons-le, est toujours au pouvoir au Kosovo, en la personne de Hashim Thaci, homme d'État extrêmement controversé pour son rôle dans la guerre, également suspecté de trafics d'organes par le Conseil de l'Europe. Il est avec Paul Kagamé la bête noire de Jacques Hogard.
La photo de la honte: un pdt de la République française fraternisant à l'Elysée ce matin avec le chef kosovar mafieux terroriste Hashim Thaçi. Pensées et prières pour les innombrables victimes innocentes de l'UCK: serbes, roms, goranis et albanais opposants aux terroristes UCK. pic.twitter.com/MQvqLxTIJf
— Jacques HOGARD (@HogardJacques) 14 марта 2018 г.
Mais une fois revenu en France, il se rend compte qu'il est devenu gênant pour l'état-major et démissionne peu après. Il va chercher à se reconvertir dans le conseil en entreprises, what else pour un jeune retraité de l'armée. Après quelques années d'errance, il fonde finalement EPEE en 2005, qui joue un rôle d'interface et de conseillère des entreprises françaises lorsqu'elles s'implantent à l'étranger, dans des zones plutôt sensibles. Et son domaine de prédilection reste l'Afrique. Mais attention, il ne s'agit pas d'une société militaire privée et ses employés ne sont pas armés.
«Essayer de promouvoir et de défendre les intérêts français»
Le nom d'EPEE a d'ailleurs été médiatisé en 2010 lorsque des djihadistes ont visé un site d'extraction d'uranium d'Areva, enlevant cinq Français. Car EPEE conseille les filiales d'Areva sur place et gère les relations entre l'entreprise, les autorités locales et les sociétés de sécurité. Seconde affaire, c'est l'assassinat d'Hugues de Samie, également ancien colonel de la Légion, qui a travaillé quelque temps pour EPEE en Libye et a été exécuté à Tripoli en 2012 dans des conditions très troubles:
«Absolument impossible de faire la lumière sur les circonstances de son assassinat et on pense quand même, a priori, que ces raisons sont liées à son passé précédent en Libye. Il venait d'effectuer trois ans en Libye pour le compte d'une société de construction navale française qui était liée au régime du colonel Kadhafi.»
Le fondateur et président d'EPEE admet sans fard avoir sans doute perdu quelques contrats à cause de ses opinions engagées, exprimées dans ses ouvrages et sur les réseaux sociaux. Son bureau en est aussi une parfaite illustration, arborant un drapeau iranien, un souvenir de Damas et le ruban de Saint-Georges, symbole de la Victoire de l'Armée rouge contre l'Allemagne nazie. Des amitiés suspectes aujourd'hui en France, mais qui lui permettent d'anticiper sur le long terme:
«Nous sommes là pour essayer de promouvoir et de défendre les intérêts français là où nous pouvons le faire. Et c'est aussi un moyen de maintenir des liens avec des pays avec lesquels, pour des raisons politiques ou diplomatiques du moment, les liens se distendent […] On ne peut pas dire que je travaille aujourd'hui avec Damas ou Téhéran, je maintiens des liens pour être prêt à le faire.»
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