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Légionnaire toujours...

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2011

Castelnaudary. Télévision : la Légion à cœur ouvert

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Publié le 26/02/2011

Matthieu Lepine se démène avec sa caméra sous le regard
professionnel du réalisateur Pierre Chassagnieux. / Photo DDM.

Que les médias, grands ou petits, s'intéressent au régiment chaurien, le 4e Étranger, et à ses légionnaires entourés de tant de mystères n'est pas une nouveauté. Ce qui en est une, c'est que pour la première fois, trois militaires de cette prestigieuse arme ont consenti à parler de leur passé à la presse. Le passé du légionnaire, cela fait en quelque sorte partie intégrante du « contrat », c'est tabou. Jamais la hiérarchie ne vous parlera de ce qu'elle connaît sur le passé de ses hommes et jamais elle ne donnera l'ordre à ses hommes d'évoquer « l'avant légion ». Mieux qu'un tabou, c'est un contrat moral, basé sur le respect et la confiance réciproques. Lorsque les journalistes de « France 2 » ont eu l'idée de faire un reportage sur cet épineux sujet, il ne restait qu'une seule et unique solution, obtenir le consentement de quelques légionnaires. Et là, c'était pas gagné. Finalement, trois ont accepté, et de leurs confidences va naître un reportage qui constituera une grande première. Sous le titre « Seconde vie, deuxième chance », « France 2 » nous proposer, une émission en deux volets. Le premier consacré à un ex-truand, lourdement condamné, désormais en liberté, et qui est entré dans la voie de la rédemption depuis sa remise en liberté. Le deuxième volet concerne un sergent, un caporal-chef et un légionnaire. Trois portraits croisés avec pour dénominateur commun, le fameux pourquoi. Pourquoi, à un certain moment, ont-ils choisi d'être légionnaires ? Quels ont été leurs parcours ? Sans fard, les trois hommes racontent leur vie d'avant. Pierre Chassagnieux, le réalisateur, nous confiait : « Je savais que le sujet était très sensible, mais je dois reconnaître que le régiment et son chef de corps nous ont vraiment facilité la tâche. J'ai pu poser toutes les questions et dire ce que je voulais. Les militaires ont témoigné en toute liberté, ce qui donnera j'en suis sûr un reportage riche ». Pendant trois jours, Pierre Chassagnieux et son cameraman Matthieu Lepine, même s'ils étaient logés « hors caserne », ont vécu à l'heure de la légion, autrement dit, « lever tôt », « coucher tard », militaire « H 24 ». Ils ont suivi, observé, filmé et interrogé, chacun son tour, les trois volontaires du « 4 ».


Où va l'armée française ?

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Refonte de la carte militaire, réorganisation des états-majors, budgets de plus en plus « serrés », réduction constante des effectifs, vieillissement du matériel… Près de quinze ans après l’entrée en vigueur de la professionnalisation des armées, près de deux ans après la réintégration de la France dans l’Otan, la « grande muette » est inquiète. Elle s’interroge non seulement sur ses moyens, mais aussi sur la finalité, devenue floue, de ses missions. A quelle logique politique et stratégique obéit-elle ? Et au-delà, quelle peut être, aujourd’hui, la place de la fonction militaire dans une société régie par les seules « valeurs » marchandes, piétinant chaque jour les vraies valeurs, celles du service, du devoir et du sacrifice, que le soldat incarne dans toute leur quintessence ?

 

Lancinante comme la douleur d’une vieille blessure, l’image, imposée en 2008 par le général Jean-Claude Thomann, revient spontanément au détour des conversations entre militaires, sans parler des forums de discussions qui fleurissent sur Internet : au rythme où vont les réductions d’effectifs, l’armée de terre tiendra bientôt tout entière dans le Stade de France. Enfin presque, rectifient les plus optimistes puisque ses 81338 places seraient insuffisantes pour accueillir les 88000 combattants qui, au terme du dernier Livre blanc de la défense (2008) constitueront le fer de lance de nos effectifs en 2014. Mais les pessimistes remarquent aussitôt qu’en annexant la pelouse de ce même stade, on pourrait y ajouter sans mal les 6000 militaires non opérationnels et les 9000 civils de l’armée de terre, soit, en tout, 103000 hommes. 

L’armée de la troisième puissance militaire mondiale réduite au public d’un stade, fût-il le plus grand de France : le raccourci parle à tout le monde… Et pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte, elle évoque bien pis : les 100000 soldats accordés à la Reichswehr de 1918 par le traité de Versailles et les 100000 autres concédés à Vichy, en 1940, aux termes de l’armistice négociée avec le IIIe Reich. La vaine poussière d’armées vaincues tout juste autorisées à maintenir l’ordre. Bref, à tirer sur la foule, en cas de besoin… Mais en aucun cas à s’opposer à l’invasion du territoire.

S’exprimant le 22 octobre 2010 à l’occasion des Journées des présidents des officiers de Coëtquidan, le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Elrick Irastorza lui-même n’a pas lésiné sur la pédagogie pour faire comprendre le caractère « particulièrement compliqué » et « anxiogène » des réformes mises en place à partir de 2011 pour réduire le format de nos armées.

« En 1914, nous disposions de deux mille bataillons d’infanterie, de quoi mettre un fantassin tous les cinquante centimètres entre Nice et Dunkerque. Aujourd’hui avec nos vingt bataillons, nous avons de quoi en faire autant entre la porte Maillot et celle de la Villette ; 1724 canons français s’opposaient à Verdun à 2200 canons allemands. Il nous en reste aujourd’hui 128, réduction acceptée, je le rappelle, parce qu’elle devait être compensée par la mise en service du LRU [lance roquettes unitaire, dont l’entrée en service est repoussée à 2014 et qui figure sur la liste des matériels en suspens, si de nouvelles coupes budgétaires devaient être opérées] dès 2012. »

Certes, depuis 1960, le maintien de l’intégrité du sol national repose sur la dissuasion atomique. Autrement dit, sur des « armes d’épouvante » susceptibles de faire subir à un ennemi plus fort que nous de tels dommages qu’il en perdrait tout intérêt à nous détruire. Née de la guerre froide, et toujours d’actualité face à d’autres puissances nucléaires, cette « assurance contre l’imprévisible » comme la nommait le général Gallois, vaut-elle encore s’agissant d’un agresseur asymétrique utilisant des armes conventionnelles et qui, de surcroît, déclencherait un conflit depuis l’intérieur même du territoire ? Evidemment non. Conçue pour réduire à néant un bassin industriel ou une métropole majeure à des milliers de kilomètres de nos frontières, l’arme nucléaire, même tactique, ne serait d’aucune utilité pour s’opposer à la constitution d’une enclave indépendante sur le territoire de la République, type Kosovo, ou au débarquement, pacifique ou non, sur les côtes de la Méditerranée, de centaines de milliers d’hommes chassés par la misère ou par l’instabilité politique – l’hypothèse du Camp des saints, chère à Jean Raspail, dont ce roman magistral de 1973 est réédité ces jours-ci.

Quant à la menace majeure qu’est devenu le terrorisme, irréductible, par définition, aux catégories guerrières traditionnelles, ce n’est pas à coups de missiles qu’on la dissipera. Ce qui dissuade d’agir un Etat, dont les intérêts vitaux sont bien identifiés, ne dissuade pas une nébuleuse infra-étatique, sans territoire ni structure politique afférente, et dont le seul intérêt « vital » réside dans l’accomplissement de ses buts de destruction ou de déstabilisation, forcément contingents. On le voit bien au Niger où les intérêts français, directement menacés, ne peuvent être efficacement protégés que par le déploiement de forces classiques, et rien d’autre…

Inquiets de voir nos trois armes réduites à un format décidément incompatible avec les missions d’une grande puissance (moins de cent mille militaires en armes en 2014, une force aérienne de combat ramenée à trois cents appareils et une marine à moins de trente grandes unités navales dont un seul porte-avions), les militaires ne sont pas pour autant rassurés sur le maintien d’une dissuasion efficace. C’est-à-dire, fondamentalement indépendante. Ou encore, pour reprendre l’expression consacrée par le général de Gaulle, capable de garantir à la nation que, si la France doit faire la guerre, ce sera vraiment « sa guerre ».

Le postulat du Livre blanc de 2008 est en effet sans équivoque : « sauf exception, lit-on page 201, toutes nos opérations militaires se dérouleront dans un cadre multinational. Celui-ci peut être préétabli, dans le cas de l’Alliance atlantique ou de l’Union européenne, ou ad hoc, dans le cas de coalitions de circonstance. » Peut-on prendre plus intégralement le contre-pied du premier Livre blanc, celui de 1972, rédigé sous l’autorité de Georges Pompidou et de Michel Debré, alors ministre de la Défense : « Pour un peuple libre, la sécurité se confond avec la sauvegarde de cette liberté fondamentale qui est la première de toutes les autres et qui s’appelle l’indépendance de la nation. »

Il est vrai qu’entre-temps, la France – que le général de Gaulle avait fait sortir, en 1966, du commandement intégré de l’Otan – est revenue au sein de cette organisation et qu’au fil des traités européens qu’elle a signés depuis 1992, ses gouvernements successifs ont considéré, à rebours de vingt siècles de pensée politique, que la souveraineté n’était plus un absolu et pouvait sans inconvénient, être transférée. Ce qui, d’Aristote à Carl Schmitt, et des légistes de la monarchie à ceux de la Révolution française, s’appelle une aliénation…

Plus de moyens, de moins en moins d’autonomie… Comment s’étonner que le moral des militaires soit au plus bas ? Leur inquiétude est d’autant plus forte qu’elle se double d’une cruelle déception : la dernière grande réforme de notre défense nationale – la transformation, en 1996-1997, sous l’égide de Jacques Chirac, de l’armée de conscription en armée professionnelle – devait avoir pour corollaire un accroissement considérable de nos moyens. L’échange, en quelque sorte, de la quantité pour la qualité…

Treize ans plus tard, on sait ce qu’il est advenu de cette promesse : beaucoup moins d’hommes – c’était prévu – mais aussi, et surtout, moins de matériels et des capacités d’intervention drastiquement réduites – ce qui ne l’était pas ! Le « format » rêvé pour l’horizon 2015 – 434000 hommes, toutes armes confondues, dont trente mille projetables à huit mille kilomètres pendant un an, appuyés par soixante-dix avions et deux porte-avions (pour qu’un soit disponible en permanence) – est devenu une peau de chagrin : déjà réduite, en 2010, à 305732 éléments, dont 240996 militaires (source : Observatoire social de la défense), l’armée ne devrait pas en aligner plus de 225000 en 2014. Ce qui introduit un doute légitime sur le maintien d’une force « projetable » autonome et renforce l’inquiétude des militaires sur la perte de notre indépendance matérielle et, partant, décisionnelle.

Le 10 juillet dernier, dans Valeurs actuelles, Frédéric Pons résumait ainsi la situation : « Les armées pourraient se rabattre sur le format des unités d’intervention interarmées de 5000 hommes, projetables en permanence dans un cadre national ou multinational… La réintégration dans l’Otan plaide en ce sens, même si, à terme, ce processus risque de faire de l’armée française un simple supplétif des Américains. »

Maître mot de Nicolas Sarkozy, « l’inter-opérabilité » de nos forces a un avantage : permettre à la France de maintenir l’aguerrissement de ses troupes, en étant présente sur des théâtres majeurs. Mais, ajoutait Frédéric Pons, « les inconvénients sont nombreux : la réduction du format devrait dégrader, ipso facto, les missions et les ambitions géopolitiques de notre pays, et le recours aux capacités alliées – le culte de la mutualisation, prétexte à beaucoup de renoncements – entraînera la perte de capacités pointues, au détriment direct de la France [et de l’Europe]. Ce “décrochage” technologique devrait bénéficier aux seuls Etats-Unis. Cette évolution est préoccupante : dans le monde, l’Europe désarme, tandis que l’Amérique et l’Asie ne cessent d’augmenter leurs budgets militaires. »

Dans chaque arme, de fait, c’est une hécatombe de moyens. L’armée de terre, qui devait disposer de 770 chars, dont 420 lourds (le Leclerc), selon le schéma 2015 arrêté sous Jacques Chirac, ne devrait pas en aligner plus de 500 en tout en 2014. L’aviation perdra 24 % de ses effectifs, la marine 11 %. La déflation des crédits est plus préoccupante encore : les baisses induites par les préconisations du Livre blanc, rédigé juste avant la crise financière, ont été aggravées par elle. Aux termes du Livre blanc, mais aussi de la loi de programmation 2009-2014, l’objectif initial était de consacrer en tout 377 milliards d’euros à la défense. Il pourrait n’en rester, au bout du compte, que 340…

Pour s’instruire du détail, il n’est que de prendre connaissance des auditions de nos généraux par la commission de la défense de l’Assemblée nationale dans le cadre de la préparation du budget 2011 (lire encadré, pages 34-35). Et malheur à ceux qui prennent moins de gants ! Le 5 janvier dernier, le Canard enchaîné révélait que l’un de nos meilleurs officiers, le général Desportes, ancien patron de l’Ecole de guerre, réputé pour la qualité de sa réflexion stratégique, manquait non seulement sa quatrième étoile, mais avait été placé sur écoutes téléphoniques par la DCRI (le contre-espionnage français, issu de la fusion, en 2008, de la DST et des Renseignements généraux). Sa faute : avoir critiqué, dans un entretien au Monde, daté du 2 juillet 2010, la stratégie choisie par les Etats- Unis en Afghanistan (« Elle ne semble pas fonctionner, factuellement, la situation n’a jamais été pire ») et de l’assujettissement des Français à celle-ci (« C’est une guerre américaine… Il n’y a pas de voix stratégique des alliés »). Surtout, le général Desportes est soupçonné d’avoir été l’un des auteurs, sinon l’inspirateur – ce qu’il dément formellement –, de la tribune parue le 18 juin 2008 dans le Figaro, sous le pseudonyme de Surcouf, et dénonçant une foncière inadéquation entre les orientations du Livre blanc et les intérêts de la France.

Ce texte, approuvé en privé par beaucoup de militaires d’active, soulignait en effet quatre incohérences majeures :

1. Une incohérence logique : « Alors que les crises se multiplient, l’Europe en général et la France en particulier diminuent leur effort de défense au moment même où chacun les augmente (les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45 % en dix ans). »

2. Une incohérence doctrinale : « Le paradigme de la “guerre industrielle” (entre arsenaux étatiques) ayant été remplacé par celui de la “guerre bâtarde” – le plus souvent “au sein des populations” –, ce dernier exige à la fois des forces terrestres plus nombreuses, une capacité de projection aérienne et navale plus affirmée, une réorientation des programmes en conséquence […] Nous en sommes, nous, à la diminution des effectifs de l’armée de terre et au “report” de la décision de construire le deuxième porte-avions, qui signe une rupture capacitaire majeure. »

3. Une incohérence politique : «Nous revenons dans l’Otan, avec une capacité militaire affaiblie, et tout en y revendiquant des postes de commandement […]. Nous baissons la garde au moment où nous souhaitons entraîner nos partenaires vers un renforcement de la défense européenne… »

4. Une incohérence tactique, enfin, « par rapport à la seule certitude que nous ayons : celle de nous engager vingt fois en Afrique dans les années qui viennent, pour y éviter des catastrophes humanitaires ou assurer l’évacuation de nos ressortissants. Si nous pouvons le faire aujourd’hui, c’est parce que notre réseau de bases nous confère une efficacité d’autant plus unique que l’ensemble des pays africains refuse le déploiement de l’US African Command (commandement américain en Afrique) sur le sol africain. Pour gagner […] trois mille postes budgétaires, nous affaiblissons de manière définitive notre positionnement, avec ce paradoxe que nos abandons vont conduire mécaniquement à un accroissement du nombre de crises que nous ne pourrons plus prévenir et dans lesquelles nous ne pourrons intervenir qu’à un coût incomparablement plus élevé. » 

Trois ans après, cette dernière remarque apparaît prémonitoire : fermée en 2010, la base de Djibouti, où stationnait la Légion ne serait-elle pas des plus utiles aujourd’hui pour combattre la mainmise d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) qui a déclaré la guerre que l’on sait aux intérêts français en tuant ou enlevant nos ressortissants ?

Las ! Le Livre blanc est passé par là, anticipant d’un an le ralliement de la France à « l’arc stratégique » exclusif de l’Otan, de l’Atlantique à l’océan Indien. Le «Great Middle East », cher aux Anglo-Saxons, qui contourne superbement l’Afrique intérieure et, partant, les intérêts français… mais privilégie le golfe Persique. Abou Dhabi, par exemple, où l’armée française s’installe, à deux cent cinquante kilomètres des côtes iraniennes.

A l’inquiétude sur le dépérissement de nos moyens, s’ajoute donc, chez les militaires, une angoisse sur les buts de guerre de la France. Voués par nature au sacrifice, les soldats n’ont-ils pas le droit, après tout, de s’interroger sur le sens de leur engagement dès lors que leur mission de défense de la patrie ne leur apparaît pas dans toute sa clarté ? Quel qu’il soit, le « format » d’une armée s’articule à une finalité. Et quand cette finalité devient floue, comment s’étonner que le doute s’installe chez ceux à qui l’on demande tant avec toujours moins de moyens ?

C’est aussi qu’en s’estompant dans les méandres du droit international, la distinction ami/ennemi chère à Carl Schmitt n’affaiblit pas seulement l’esprit de défense : elle soumet le militaire à un ordre international abstrait qui, non seulement peut l’envoyer risquer sa vie pour des causes qu’il n’entrevoit pas comme vitales pour son pays, mais peut aussi, à l’inverse, le transformer en accusé devant un tribunal. Les anciens de l’opération « Turquoise », au Rwanda (1994), en savent quelque chose, comme l’a relaté le Spectacle du Monde du mois de novembre…

Dans son essai de 1931, le Fil de l’épée, le colonel de Gaulle remarquait que si la « mélancolie du soldat » était de toutes les époques, surtout en temps de paix, où triomphent d’autres valeurs que l’abnégation et l’héroïsme, l’ordre militaire n’avait été réellement attaqué à la racine qu’au début du XXe siècle. Quand la SDN, au prétexte de mettre la guerre hors la loi, l’avait simplement « déterritorialisée » en faisant des militaires, non plus les défenseurs de leur patrie, mais les agents d’un ordre juridique abstrait rompant tout lien organique entre le soldat et sa terre natale.

Quatre-vingts ans et une guerre mondiale plus tard, les choses n’ont fait qu’empirer au détriment du soldat. A-t-il jamais existé, dans l’histoire, autant de disproportions entre ce qui est demandé aux militaires, qu’on voit, pêle-mêle, risquer leur vie pour séparer des belligérants, nettoyer les plages souillées par le pétrole, charrier les monceaux d’ordures provoqués par la grève des éboueurs marseillais, et ce qu’on attend des civils ? Entre ceux qui « servent » la collectivité sans rien attendre en retour et ceux qui « se servent », le fossé, de fait, n’a jamais été aussi béant.

Nul n’est jamais entré dans l’armée pour s’enrichir, mais jamais, non plus, la notion de service n’aura été tant piétinée que par le triomphe des « valeurs » marchandes au terme desquelles tout a un prix. Tout, sauf le désintéressement dont la cote est décidément au plus bas. Sous Napoléon, déjà, l’officier désargenté considérait sans aménité le fourrier aux armées devenu un prince du faubourg Saint-Germain. Mais le cœur du pauvre «Marie-Louise » – ces soldats de la fin de l’Empire enrôlés par un décret de conscription signé de la main de l’impératrice –, même devenu demi-solde et parfois clochard avec la Restauration, s’était réchauffé pour l’éternité au « soleil d’Austerlitz ». Et cela suffisait à l’équilibre d’une société où la gloire comme la réussite matérielle pouvaient cohabiter, chacune à sa place.

Peut-on en dire autant du sous-officier de 2011, payé 2500 euros par mois pour risquer sa vie en Afghanistan et découvrant qu’en quelques clics, un trader peut gagner pour lui-même plusieurs dizaines de millions et, en prime, déstabiliser des Etats, cependant que la Marseillaise, qu’on ne chante plus guère que dans les stades, honore en priorité les vedettes éructantes du ballon rond, couvertes d’or et de scandale ? La différence avec 1815, et même 1914, c’est que la gloire a déserté l’esprit de sacrifice pour s’investir tout entière dans le monde des affaires, dont fait aussi partie le sport. C’est là sans doute qu’en dernière analyse, il faut chercher la cause du grand malaise de la fonction militaire. Et de quelques larmes secrètes, quand il est demandé à des chefs d’économiser encore, d’économiser toujours, pour que vive la France


Heurts à Djibouti, trois dirigeants d'opposition arrêtés

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DJIBOUTI (Reuters) - Trois dirigeants d'opposition ont été arrêtés samedi à Djibouti, a annoncé le parquet général au deuxième jour d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants qui réclament le départ du président Omar Guelleh.

Le procureur Djama Souleiman a précisé qu'Aden Robleh, Mohamed Daoud et Ismaïl Guedi avaient été placés en garde à vue. "Ces gens-là ne sont pas des amis de la démocratie, ils veulent au contraire la détruire", a-t-il dit à Reuters.

Dans les faubourgs de la ville, les patrouilles de la police militaire ont été renforcées après les incidents qui ont fait deux morts vendredi - un policier et un manifestant, ce dernier renversé par une voiture de la police.

Des manifestations ont encore été organisées samedi dans le quartier de Balbala et la police est intervenue pour les disperser à coups de grenades lacrymogènes.

"L'opposition veut prendre le pouvoir par la force", a déclaré le Premier ministre Yacin Elmi Bouh à Reuters.

Les opposants affirment que le mouvement de protestation a réuni vendredi plusieurs milliers de personnes qui demandaient la démission du président Guelleh.

En avril, le Parlement a adopté un amendement constitutionnel autorisant le chef de l'Etat à briguer un troisième mandat à la tête de l'ancien territoire français. L'élection présidentielle doit avoir lieu en avril.

Djibouti, qui accueille des unités militaires françaises et américaines, est une position stratégique dans cette région de la Corne de l'Afrique.

Dans son port, unique débouché pour l'Ethiopie enclavée, mouillent les bâtiments de guerre étrangers chargés de protéger les routes maritimes menacées par les pirates somaliens.

Benjamin Massot et Guy Kerivel pour le service français.

Abdourahim Arteh


Afghanistan : les oubliés de la guerre

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Jeudi 17 Février 2011

1er janvier 2011, Kevin, 21 ans, retrouve l’appartement familial. Chef de groupe à la Légion étrangère, il attend
de devenir français « par le sang versé ». Derrière, sa petite sœur, Joyce, 2 ans. | Photo Baptiste Giroudon
 

Déjà 53 morts mais aussi des centaines de grands blessés. Match a rencontré ces hommes brisés que leurs ­camarades n’abandonnent pas. Et qui ont des droits sur la France.

Par Caroline Fontaine - Paris Match 

Sans pouvoir s’arrêter, il tousse, il tousse, et tout son corps se soulève mécaniquement. « Kevin, voulez-vous un verre d’eau ? » Kevin respire, ­sourit. Oui, il veut bien. A l’aide d’une paille, il en aspire trois, coup sur coup. « C’est à cause de la cigarette », murmure-t-il. Sauf que, ­depuis le 2 juillet dernier, il n’a plus fumé. Il n’a pas non plus marché, ni bougé. Juste sa tête qu’il appuie sur un bouton pour appeler les infirmières. Il a la trace d’un trou dans la gorge, souvenir d’une trachéotomie, le crâne abîmé et marqué de cicatrices. Dans l’espoir de masquer ma gêne, ma voix se fait plus forte : « Kevin, quelles sont les séquelles de votre blessure ? » En articulant, il répond, comme si tout cela n’était rien : « Ma voix a changé, j’ai un déséquilibre de la mobilité, je n’arrive plus à bouger, je vois mal d’un œil. Et c’est tout ! »

La balle a franchi les distances à 800 mètres par seconde avant de se loger dans son casque, faisant exploser sa voûte crânienne. Elle a sectionné la veine qui irrigue les vaisseaux, entraînant une ­paralysie des quatre membres. Les lésions cérébrales lui occasionnent pertes de mémoire et troubles cognitifs. ­Kevin éprouve des difficultés à contrôler ses émotions et passe facilement du rire aux larmes. Il prend des médicaments pour lutter contre les raideurs, éviter les infections urinaires et pulmonaires ou les crises d’épilepsie causées par des morceaux de crâne qui se baladent encore dans son cerveau. Sans oublier les médicaments « pour sourire »…

Kevin a fêté ses 21 ans le 16 octobre, dans sa chambre du service de rééducation de l’hôpital militaire Percy. Il l’occupe encore. Un trait de barbe dessine le contour de son visage. « A l’hôpital, il faut être beau », confie-t-il, malicieux. Les yeux rivés sur les photos accrochées au mur, il rit à l’évocation de sa vie d’avant. Installés sur un fauteuil, trois lions en peluche, dont l’un porte une grande croix en bois, le regardent. « Je suis un lion », affirme Kevin. Ce surnom lui va bien. Il date de l’époque de sa belle tignasse, quand on lui prédisait un radieux avenir de footballeur professionnel. « J’avais ce rêve, dit-il. Mais je me suis mis à traîner. Mon oncle avait fait la Légion. A 18 ans, je me suis engagé. Je ne le regrette pas. »

Au souvenir du corps de son fils inerte sur son lit d’hôpital, les mots de sa maman s’entrechoquent, ses yeux brillants se voilent. Mais par moments, pointe la joie des pronostics déjoués. « Vers minuit, on m’a prévenue que c’était sérieux, que c’était une question d’heures. A 2 heures, je me suis dit : “Tiens, il est 2 heures.” A 6 heures, j’ai pensé : “Eh bien, on dirait qu’on a passé la nuit.” Puis j’ai compté les jours. Je fuyais les médecins. “Laissez-le partir. A vie, il sera un légume”, annonçaient-ils. Kevin n’avait qu’un pic à son électroencéphalogramme. » Sa mère a refusé qu’il soit débranché. Dix-sept jours et dix-sept nuits à le veiller, à organiser des tours pour que ­jamais il ne soit seul. Jusqu’à ce matin, ce « miraculeux matin » où il a ouvert les yeux. Puis cet autre, où il a mimé la parole. « Dieu est tout-puissant », assure cette maman...

L'au revoir à Madeleine Quétu.

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dimanche 13.02.2011

Madeleine Quétu a vu son parcours terrestre s'interrompre, le 5 février, à l'âge de 90 ans. De Madeleine Quétu, les Airois conserveront le souvenir d'une femme énergique et travailleuse, qui se consacra passionnément à la direction des Ets Quétu-Marien (ancienne épicerie en gros). Mercredi dernier, sa famille et ses amis, lui ont rendu un dernier hommage à la collégiale Saint-Pierre.

Certains ont pu s'étonner de la présence, dans le chœur, d'un drapeau tricolore. C'est que Madeleine Quétu fut « marraine de guerre » d'une compagnie (13e DB) de la Légion étrangère. Ce que n'ignorait pas le docteur Jean-Pierre Comiant (lui même ancien légionnaire) qui, avec béret vert et drapeau, avait tenu à saluer le grand départ de Madeleine Quétu, avec les couleurs de la France.


Castelnaudary. Le vigile sauveteur est devenu un héros

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Publié le 11/02/2011

Il est 6 h 45, hier matin… Laurent Viateur est réveillé sur son portable par une radio nationale. « Sur mon portable ! , s'étonne-t-il. J'ignore comment ils ont réussi à avoir le numéro ». L'agent de sécurité, sauveur de la petite Roxanna, ne revient toujours pas de sa soudaine notoriété. Un peu plus tard, en amenant son fils à l'école, il est à nouveau félicité. Des parents, une enseignante… tous ont lu «La Dépêche du Midi» qui a relaté, hier, en exclusivité, la belle histoire dont il s'est trouvé malgré lui le héros. Grâce à son sang-froid et sa maîtrise du secourisme, cet ancien légionnaire a sauvé un bébé , qui était en arrêt cardio-respiratoire. « Elle avait les symptômes de la mort subite du nourrisson », ont constaté les médecins.

À la même heure, tôt, très tôt le matin, dans le froid, Ludovic Martinache allait, lui, chercher son journal, notre titre auquel il est abonné. « En voyant la première page, les larmes me sont montées aux yeux », raconte-t-il. Il a du mal à parler, la peur qui l'a terrassé quand il a cru perdre son bébé est encore tapie là, au fond de son cœur.

Hier après-midi, tout ce petit monde s'est retrouvé à Géant où travaille Laurent Viateur. Il était de repos, il a repris du service, pressé par tous les médias de France et de Navarre pour témoigner sur son lieu de travail. Jérôme Boche, le directeur, est là, content de cet heureux dénouement et regarde d'un œil amusé l'accueil de son hypermarché transformé en lieu de tournage. La «2», «M6» sont là à filmer. De la poche des jeans des cameramen, dépasse «La Dépêche du Midi». Une histoire, une belle histoire qui finit bien, notre information a séduit. Laurent Viateur raconte, on demande au papa de refaire en marchant le trajet qu'il a fait en courant depuis l'autre bout du magasin quand son bébé était en train de perdre la vie. Véra, la maman, raconte, reraconte, à la demande, témoigne de leur reconnaissance à celui qui a sauvé leur vie, confie la peur, l'immense peur qu'ils ont eue…Roxanna dort du sommeil du juste dans ses bras, indifférente à cette agitation autour d'elle. Au fil des prises de son et d'images, la tension baisse un peu même si « tout cela met la pression », confie l'agent de sécurité. « Je l'ai mis à l'aise et j'ai bien insisté sur le fait qu'il avait le choix, qu'il ne fallait pas qu'il se sente obligé », explique le directeur de l'hypermarché. Il l'a fait et ainsi, après «La Dépêche du Midi», les autres médias auront le loisir de narrer à leur tour cette belle histoire à l'heureuse épilogue. La suite ? Laurent Viateur pourrait bien être le parrain de Roxanna. Les parents du bébé le lui ont demandé. « Nous allons en parler », a-t-il promis.

L'agent de sécurité de Géant casino a sauvé la vie d'un bébé , victime de la mort subite du nourrisson. Hier, télé, radio, presse écrite ont voulu le rencotnrer à leur tour, avec Roxanna l'enfant.


Castelnaudary. Un bébé de 2 mois sauvé par le vigile du Géant

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Publié le 10/02/2011


Une belle photo souvenir que celle qui réunit aux côtés de
Jérôme Boche, directeur de Géant, (à gauche) la petite
famille et leur ange gardien. /Photo DDM, Gladys

« Sans lui, votre bébé serait mort…» Lui, c'est Laurent Viateur, 37 ans, agent de sécurité, un Bramais retraité de la Légion étrangère, aujourd'hui agent de sécurité à Géant. Le bébé, Roxanna, tout juste 2 mois. Il n'est même pas 18 heures, en ce mardi après-midi à Géant. Véra et Ludovic Martinache font leurs courses avec Julio, leur petit garçon de 7 ans, et Roxanna. « Elle est devenue toute rouge, s'est tétanisée, les yeux exorbités », raconte le père qui a encore du mal à se remettre de ses émotions. Il prend le bébé à bout de bras, traverse le magasin en courant vers l'accueil. « Vite, vite, appelez les pompiers, ma fille va mourir ». L'agent de sécurité s'approche, et avec un sang-froid incroyable examine l'enfant posée sur le comptoir de l'accueil et entame rapidement un bouche à bouche et nez, en même temps qu'un massage cardiaque externe à deux doigts sur le nourrisson. « Elle ne respirait pas. Malgré les insufflations, rien… L'air ne passait pas ». Il regarde si le bébé n'a pas avalé sa langue. La mâchoire est serrée. Le sauveteur garde tout son calme et parvient même à rassurer Julio, le « grand» frère qui s'inquiète et n'arrête pas de s'enquérir : « Qu'est ce qu'elle a ma petite sœur ? ». « Elle va bien ». À force, à force, il lui semble qu'un filet d'air parvient à passer. Il persiste, veut y croire quand tout d'un coup, ça y est. Il sent que c'est bon, approche sa joue, le bébé respire. Les sapeurs-pompiers arrivent, enfin. Roxanna est vite mise sous oxygène et c'est là, dans le camion des secouristes, qu'elle se mettra à crier. « Ils sont arrivés très vite mais le temps nous a semblé interminable », confie le papa. « À moi, aussi », abonde Laurent Viateur.

Hier, les parents ont souhaité rencontrer celui qui a sauvé la vie de leur bébé. « Aux urgences, on nous a dit que sans lui, Roxanna ne serait plus là. On l'a vue morte, elle était raide, ne bougeait plus », rapportent les parents encore sous le coup de l'émotion. Ému, Jérôme Boche, le directeur de l'hypermarché Géant, l'est aussi. Il a appris ce qui s'était passé, hier matin, à la première heure et a évidement souhaité voir l'agent de sécurité aussitôt qu'il est arrivé. La petite famille était là, aussi, au grand complet. Ils ont voulu acheter une bouteille de champagne et l'ont remise au sauveur de leur fille en lui disant : « Nous ne vous remercierons jamais assez pour tout ce que vous avez fait ». « Il fallait un sacré courage pour tenter les gestes de premiers secours sur un tout petit bébé », félicite le responsable de la grande surface. « On parle de nourrisson, mais quand on le voit, ça fait quelque chose ». Une belle histoire à l'heureuse issue.

Le bébé, qui dormait tranquillement, s'est arrêté de respirer. « La mort subite du nourrisson », diront les médecins. Roxanna doit la vie à Laurent Viateur, l'agent de sécurité de Géant Casino où ses parents faisaient les courses.


Le carnet de voyage de Brandon

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09.02.2011

Brandon Sierra et sa mère Christelle ne sont pas prêts d’oublier leur week-end à Paris les 14, 15 et 16 janvier dernier. Ce jeune pezénois a en effet été tiré au sort pour représenter l’école publique de Pezens qui a reçu le premier prix de la mémoire et du civisme André Maginot dans la catégorie « écoles primaires » avec un 19/20. Du jamais vu en 17 ans de concours !

Une semaine après son retour, Brandon eut la gentillesse de nous livrer ses souvenirs de voyage, heure par heure,  afin de les partager avec ses 33 camarades des classes de CM1 et CM2 de l’an dernier. « Départ de la gare de Carcassonne à 7 h avec les maîtresses Cathy et Caroline. Arrivée : 13 h. Après avoir déposé nos affaires dans nos chambres à l’hôtel, nous avons visité le muséum d’histoire naturelle. Retour à pied, sous la pluie,  pour une première réunion avec  les 250 participants aux cérémonies. Pour eux, la journée n’est pas terminée : sortie en bus pour un « Paris by night », suivie d’une courte nuit avec un réveil à 6 heures.

« La remise des prix a eu lieu à  l’hôtel de Ville de Paris avec le général Dary, l’adjointe  au maire de Paris, …avec Jean Claude Narcy comme animateur.  La décoration était très impressionnante : il y avait  de l’or partout ! ». Ce sont les classes primaires qui débutent la cérémonie. « Grosse émotion au moment de monter sur la scène  avec les maîtresses et Joseph Lopez, notre parrain auprès de la fédération Maginot.  On voit notre « chamois » (ndlr : le nom de l’essai littéraire produit par les élèves) sur l’écran géant et on reçoit plein de compliments sur notre travail.  On a été gâtés : une médaille, un trophée, une vingtaine de livres sur les guerres, un chèque de 250 euros pour la coopérative. Les copains vont être contents ! »

Christelle, sa mère, note que « notre groupe de pezénois n’est pas passé inaperçu ! Notre accent sans doute ? A part nous, il n’y avait  que des écoles du Nord de la France dans les lauréats. Elle ajoute « les deux enseignantes, Cathy Marcaillou et Caroline Cella, ont très bien représenté l’école et le village. Elles se sont investies à fond dans ce projet avec beaucoup d’enthousiasme et de complicité».

Brandon poursuit son récit « suite à la cérémonie, cocktail et repas dans une salle de l’hôtel de Ville. Le service est très soigné. Je prends en photo tout ce qui se trouve sur la table tellement c’est beau !  15 h 15 : messe aux Invalides avec de nombreux portes drapeaux et officiels. Que c’est grand, que c’est beau ! A 18 h 30 : avec tous les lauréats, on défile avec les portes drapeaux et la Légion Etrangère  sur les Champs Elysées. Après avoir déposé chacun une rose sur la tombe du soldat inconnu, je suis choisi au dernier moment pour raviver la flamme sous l’Arc de Triomphe. Il faut tenir une grande épée et faire tourner le socle pour raviver la flamme. C’est fort ».

La  fin de la cérémonie officielle coïncide avec le début de « trente minutes de calvaire pour quatre pezénois à la recherche de leur bus parti sans eux avec les cadeaux et le chamois ». Heureusement, tout finit bien autour d’un apéritif et d’un buffet dans les salons de l'hôtel.

 Dimanche matin : repos pour la famille Sierra et visite de Paris pour les maîtresses. « 15h 20 : départ en train pour Carcassonne. On s’est lâchés, les maîtresses aussi… Qu’est-ce qu’on a rigolé ! 20h 35 : retour au pays. On est tous très excités. Dès mon retour à la maison, je raconte mon week-end à mon grand-père. Je crois bien qu’il a pleuré… »

Il reste à Brandon à rédiger son carnet de voyage et à le présenter à ses camarades. Un nouveau devoir de mémoire à réaliser pour ne rien oublier et pour partager un moment fort gravé à tout jamais dans la vie de ce jeune adolescent.


Ça se corse pour l'Alès CA

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Édition du mercredi 9 février 2011

Jusque-là, tout va très bien. L'Alès Cévennes athlétisme a survolé les championnats du Gard de cross country à Saint-Gilles (18 titres, 32 podiums en tout), avant de régner sur les régionaux à Perpignan (9 victoires, 17 podiums). Mais voilà que ça se corse ce dimanche, avec les interrégionaux (ou pré-France) de Linguizetta, près d'Aléria (Corse). C'est la dernière étape avant les championnats de France, qui se dérouleront à Paray-le-Monial (Bourgogne) à la fin du mois. Pour les 55 Alésiens qui seront au rendez-vous de l'île de Beauté, le premier objectif sera de se qualifier pour l'épreuve nationale. Le deuxième sera de marquer les esprits vis-à-vis des concurrents directs.

Alès - Athleg Provence, round 1. Les légionnaires viennent de finir 2e de la coupe d'Europe des clubs
Si les jeunes Cévenols auront fort à faire face aux Provençaux et aux Corses, tous les regards 'acasiens' seront tournés vers les espoirs et les seniors. Lors de la course des As, l'équipe hommes retrouvera son meilleur ennemi, l'Athleg Provence. Soit le club de la Légion étrangère basé à Aubagne, champion de France en titre par équipe, et qui a pris une excellente 2e place lors de la coupe d'Europe des clubs, au Portugal. Les deux formations vont se qualifier pour les France, mais dans quel ordre ? L'Athleg sera-t-il au complet ? Pas l'Aca, en tout cas, qui n'abattra pas toutes ses cartes. Ezzobayry est ménagé, Lahlali est blessé. Ce dernier sera remplacé par Lahssini, tout frais champion régional mais qui devait initialement faire l'impasse. Les athlètes de l'Aca (Zoubaa, Hirt, Boucena, Berraho) ont mis toutes les chances de leur côté en allant se préparer dans la douceur du Maroc. Tout comme les filles Lakhouad et El Farisse, ou Bardelle au Portugal. Les féminines seront favorites du cross long.

Départ vendredi, nuit dans le ferry Les Alésiens prendront le ferry à Toulon vendredi soir. Ils y passeront la nuit puis débarqueront à Bastia samedi matin. Ils auront une journée pour récupérer du voyage. L'imposante délégation logera dans deux hôtels d'Aléria. La compétition débutera dimanche matin par les intercomités minimes dans lesquels sont sélectionnés deux membres de l'Aca, Alexandre Pugnière et Sabrina Megdoud. Jusque-là, tout va très bien. 

E. DZ.

Comtesse du Luart, princesse courage

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09/02/2011

Dans La circassienne, Guillemette de Sairigné consacre un livre au destin hors norme de la comtesse du Luart, née dans une famille princière du Caucase, mannequin à Paris avant de devenir une légende de l'armée française.

Quelle femme étonnante que l'héroïne du livre de Guillemette de Sairigné. Gali Hagondokoff, issue de la plus ancienne aristocratie de la Kabarda - petit territoire de ce Nord Caucase multiple et toujours agité - devenue Gali Bajenov par la vertu d'un mariage célébré en pleine révolution russe, et finalement Leïla, comtesse du Luart. Ces identités successives et si diverses - caucasienne, russe et enfin aristocrate française - recouvrent une personnalité puissante, dominée par une volonté d'exister à son gré jamais démentie, et une vie, ou plutôt des vies multiples.

Gali Hagondokoff est née en 1898 dans une petite ville d'eau du Caucase, Kislovodsk, par le hasard des nominations d'un père militaire qui, aussitôt après sa naissance, emmène les siens en Mandchourie. L'enfance de Gali sera nomade, au fil des missions paternelles Harbin, Saint-Pétersbourg encore Kislovodsk. C'est là que Gali rencontre un bel officier grièvement blessé, Nicolas Bajenov, qu'elle épouse à peine sortie de l'adolescence. Fuyant avec lui la révolution et ses désordres, elle arrive à Shanghaï, lieu de rassemblement des Russes, et met au monde un fils. Mais, voyant la révolution bolchevique installée solidement en Russie, et l'espoir perdu d'y retourner, Gali, comme nombre de compatriotes, se dirige finalement vers Paris.

Et là naît une tout autre femme. Engagée à l'instar de nombreuses aristocrates russes comme mannequin chez Chanel, elle rencontre celui qui va devenir son second mari, le comte Ladislas du Luart. Ici se place un épisode combien significatif de ce caractère surprenant. Pour donner tout l'éclat et la solennité possibles à cette nouvelle union, Gali, divorcée de Nicolas Bajenov, le déclare mort. Une veuve peut se marier à l'église catholique et la famille du mari est catholique. Et plutôt qu'Hagondokoff, nom pourtant célèbre au Caucase et en Russie, mais qui en France pourrait paraître exotique, elle préfère celui, plus simple à retenir, de son supposé défunt époux.

 

Une entreprise impensable 

Nous sommes en 1934, la mue se poursuit. Gali qui pour se marier avait choisi de se prénommer Irène, devient soudain Leïla, comme la Circassienne que rencontra Alexandre Dumas dans son voyage au Caucase, et le restera jusqu'à sa mort. Leïla comtesse du Luart, qui a naguère réussi à se sauver de la révolution, à survivre matériellement, n'est-elle pas comblée? Mais elle se découvre femme d'action, guère disposée à subir les cadeaux mais aussi les coups du destin. La guerre d'Espagne qui vient de commencer l'épouvante. La révolution va-t-elle gagner l'Europe ? Elle veut aider ceux qui s'opposent au «péril rouge» et invente pour cela un système d'ambulances chirurgicales permettant de traiter en urgence, sur place, les blessés. Elle rassemble les bonnes volontés, surtout trouve l'argent nécessaire et il en faut pour acheter et équiper ces ambulances, sillonne avec courage les zones de combat et participe personnellement aux soins des blessés, retrouvant les gestes qu'elle a vu faire par sa mère durant la Première Guerre mondiale. Gali a montré alors qu'elle était capable de mener à bien une entreprise impensable, créer de toutes pièces en le finançant un véritable système chirurgical d'urgence. Elle a montré aussi la force de ses convictions. Si par la suite elle taira cet exploit et cette période, c'est que le conformisme politique qui déjà s'instaure interdit de reconnaître qu'on a pu se retrouver aux côtés de ceux qui combattaient avec la France contre le communisme. Guillemette de Sairigné a eu le mérite de lever ce tabou.

Mais une autre guerre mondiale va permettre à Leïla du Luart de repartir encore une fois à l'aven­ture, de se trouver cette fois-ci du bon côté et de montrer jusqu'où son courage et son esprit d'initiative peuvent la conduire. C'est d'abord la «drôle de guerre». Elle s'y est préparée, mettant de nouveau sur pied une équipe chirurgicale. La défaite qu'elle ne peut accepter la pousse ensuite vers l'Afrique puis vers l'Italie. Sa «formation d'ambulances», dont elle a réussi à préserver le statut indépendant, sera sur tous les fronts où se joue le destin de sa patrie d'adoption, y compris dans la campagne de France et enfin en Allemagne. La paix revenue, l'aventure va-t-elle s'arrêter? Peut-être aurait-elle tenté de mener la vie mondaine de la comtesse du Luart, mais la mort brutale de son unique enfant qui la brise la pousse à chercher dans l'aide à ceux qui combattent une raison de survivre. Elle ira la chercher en Algérie où la guerre commence. Ici, ce n'est pas de soigner les blessés qu'il s'agit mais d'organiser pour les jeunes appelés en permission des lieux de détente leur permettant d'oublier un moment les horreurs d'une guerre très particulière. Les «centres du Luart» y deviennent aussi populaires que l'étaient des années auparavant les «ambulances du Luart». Ici aussi, Leïla qui avance en âge mais ne perd rien de sa superbe a su financer, créer les équipes, soulager les souffrances.

 

La légion, une seconde famille 

Tout naturellement, la dernière étape de cette existence au chevet de ceux qui doivent se battre quelque part, ce sera la mythique Légion étrangère, si souvent croisée au cours des combats. Leïla retrouve ses protégés, ses filleuls du 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) cantonné après la perte de l'Algérie à Orange. La légion sera la seconde famille de Leïla, celle qui lui restera lorsque disparaît Ladislas du Luart, le mari fidèle et patient qui l'a suivie dans toutes ses équipées sans jamais regimber. Elle retrouve sans cesse cette famille à Orange, à Paris où elle entoure et fête ses filleuls. C'est la Légion qui lui rendra les derniers honneurs aux Invalides le 29 janvier 1985. La petite émigrée kabardo-russe, aux identités incertaines, est devenue une héroïne nationale française qui a reçu les plus hautes distinctions : le général Weygand l'a citée à l'ordre de l'Armée en 1940, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur lui a été remise par le maréchal Juin et elle est élevée à la dignité de Grand Officier de l'ordre national du Mérite. Combien de femmes ont accédé à tant d'honneurs?

Cette femme d'exception, Guillemette de Sairigné en a conté l'épopée d'une plume alerte, appuyée sur une documentation impeccable. Elle l'a probablement révélée, même à ses proches souvent perdus dans des informations biographiques contradictoires, tel le faux veuvage. Leïla mérite d'être connue, car, au-delà d'une aven­ture fabuleuse, c'est une vie exemplaire par le courage, la dignité de l'héroïne, mais aussi par les services rendus à la patrie choisie. L'identité nationale dont on débat si fort, n'est-ce pas aussi cette adhésion passionnée à la France de Gali-Leïla?


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