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Légionnaire toujours...

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2014


Première Guerre mondiale: La neutralité du Grand-Duché violée

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De notre journaliste Fabienne Armborst

Il y a 100 ans, les troupes allemandes envahissaient le Grand-Duché. Malgré son statut de neutralité octroyé par le traité de Londres de 1867, le Luxembourg est entraîné dans la Grande Guerre.

Après le traité de Londres de 1839 qui reconnaît le Grand-Duché dans ses nouvelles frontières, le traité de Londres de 1867 lui octroie le statut d'un État perpétuellement neutre. Or la neutralité du Luxembourg n'empêchera pas que le pays soit entraîné dans la Première Guerre mondiale.

À la suite de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin 1914, le jeu des alliances plonge presque toute l'Europe dans la guerre.

Le 2 août 1914, les troupes allemandes envahissent le Grand-Duché. C'est par le nord que les premiers soldats allemands ont pénétré la veille, aux alentours de 19 h, sur le territoire luxembourgeois près de Troisvierges (Ëlwen). De là, les troupes allemandes procèdent à l'arrachage des voies ferrées jusqu'à la frontière, avant d'occuper l'ensemble du pays. La neutralité acquise par le traité de Londres (1867) est donc violée. Le gouvernement renonce à s'opposer, il choisit la protestation par la voie diplomatique.

C'est par la voix de Paul Eyschen (ministre d'État depuis 1888) qu'il proteste contre l'invasion allemande et, par là, la violation de la neutralité luxembourgeoise. Le chancelier allemand Theobald von Bethmann-Hollweg lui répond que l'invasion est due uniquement à des raisons militaires. Il ne s'agirait là aucunement d'un acte dirigé contre le Luxembourg, «pays ami», mais d'une mesure préventive visant à protéger l'Allemagne contre l'imminence d'une attaque militaire française.

Les volontaires luxembourgeois

Le 21 août 1914, la France (qui est entrée en guerre le 3 août) ouvre par un décret du ministre de la Guerre l'armée aux volontaires étrangers souhaitant s'engager comme volontaires. Le Luxembourg n'ayant pas d'armée, quelque 3 000 jeunes Luxembourgeois s'engagent en tant que volontaires dans la Légion étrangère. Il s'agit, entres autres, de jeunes Luxembourgeois qui travaillent à Paris ou qui font leur Tour de France, qui se retrouvent dans une atmosphère belligérante, loin de leur patrie envahie par les troupes allemandes. Ils ne peuvent pas rentrer au Grand-Duché. Une grande partie d'entre eux souhaite s'engager, autant pour défendre leur patrie occupée que par amour de la France.

Le coureur cycliste François Faber (1887-1915) est l'un des nombreux Luxembourgeois à s'être engagés en tant que volontaires dans la Légion étrangère. Or la majorité d'entre eux (plus de 2 850) tombent ou sont blessés durant la Grande Guerre. C'est d'ailleurs pour les volontaires luxembourgeois ayant servi dans les armées de l'Entente que sera érigé, après la guerre, le monument de souvenir la «Gëlle Fra», place de la Constitution à Luxembourg.

Retour au Grand-Duché envahi par les Allemands. Pendant quatre ans, le pays vivra sous un régime d'occupation. L'occupation se limite au domaine militaire, les Allemands ne touchant pas aux institutions de l'État luxembourgeois. La Grande-Duchesse, Marie-Adélaïde, et le gouvernement restent donc en place.

Maintien de la politique de «neutralité»

Le gouvernement décide de maintenir sa politique de neutralité. Une décision qui met toutefois tous les belligérants sur le même pied : l'Allemagne (qui occupe le Grand-Duché) et les Alliés. En septembre 1914, l'empereur allemand Guillaume II de Hohenzollern, séjournant au Luxembourg, est accueilli par la Grande-Duchesse au Palais grand-ducal. Ces compromissions ne seront toutefois pas sans conséquences pour l'après-guerre.

Les Alliés, dont la France, vont reprocher au Luxembourg sa politique de neutralité envers tous les belligérants. La Grande-Duchesse Marie-Adélaïde, accusée de germanophilie pour avoir entretenu des relations avec l'occupant pendant la guerre, finira par abdiquer en faveur de sa sœur, Charlotte.

Un ultimatum pour la Belgique

À la différence du Luxembourg, la Belgique neutre reçoit un ultimatum exigeant le libre passage des armées allemandes.

Le 2 août 1914, le roi des Belges, Albert 1er, reçoit avec stupéfaction et colère un ultimatum de l'Allemagne dans lequel Berlin exige le libre passage de ses armées à travers la Belgique neutre pour prévenir une offensive française.

Pourtant garante depuis 1830 de l'indépendance et de la neutralité de la Belgique, aux côtés notamment de l'Angleterre et de la France, l'Allemagne affirme contre toute évidence avoir la certitude que les forces françaises vont l'attaquer en passant par le royaume.

En fait, c'est le plan de guerre allemand établi de longue date qui prévoit d'attaquer à revers par la Belgique les forces française massées, plus au sud, sur la frontière allemande.

L'empire de Guillaume II prévient : si son petit voisin freine son avancée, «l'Allemagne sera obligée de considérer la Belgique en ennemie». Bruxelles a 12 heures pour répondre.

Pour le gouvernement belge, qui a tardé lors des années précédentes à renforcer son armée, espérant que sa neutralité lui permettrait d'échapper à un conflit, c'est la stupéfaction et la colère.

La Belgique entre en résistance

Le roi Albert, qui a des ascendances allemandes, se sent trahi. À 7 h, le lendemain matin, l'ultimatum est rejeté et la Belgique promet de se défendre de toutes ses forces.

Le 4 août, vers 8 h du matin, la IIe armée allemande fond sur Liège, première place forte belge sur sa route. Le même jour, le Royaume-Uni, pour qui la violation de la neutralité belge est inacceptable, déclare la guerre à l'Allemagne. Les garnisons et forts qui ceinturent Liège vont résister pendant plusieurs jours aux assauts de l'artillerie allemande.

La ville tombe le 16 août, mais sa résistance inattendue, qui exaspère Berlin, a retardé de quelques jours l'avancée d'une partie des forces allemandes, fournissant un petit répit précieux aux alliés français et britanniques.

À la fin de l'été, l'armée allemande a pris Namur, Mons et Bruxelles, commettant au passage des exactions qui coûteront la vie à quelque 6 500 civils et choqueront le monde occidental.

Chassée début octobre de la place forte d'Anvers où elle s'était retranchée, l'armée belge commandée par Albert 1er recule jusqu'aux côtes de la mer du Nord, au nord-ouest du pays. Le front stabilisé, le «roi chevalier» va rester pendant toute la guerre à la tête des troupes belges qui contrôlent la seule parcelle du territoire national restée libre, quelques centaines de kilomètres carrés entre l'Yser et la frontière française.

Mais il refusera jusqu'à la fin de participer aux grandes offensives alliées. Car, depuis l'ultimatum du 2 août 1914, son objectif n'a pas varié : défendre une stricte neutralité du royaume, considérée comme garante de son indépendance et de son intégrité territoriale.


Le grand homme

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Le Point - Publié le 02/08/2014


Hamilton et Markov arrivent au terme de leurs 5 ans d'engagement au sein de la Légion étrangère. Détachés en Afghanistan pour 6 mois, ils sont pris en embuscade lors d'une expédition non autorisée par leur hiérarchie. Markov sauve Hamilton, grièvement blessé par des tirs rebelles, mais quitte la Légion sans les honneurs. De retour à Paris, Hamilton, convalescent, souhaite rester légionnaire, tandis que Markov, désormais civil et sans papiers, survit avec son films Khadji. Hamilton sauve Markov en lui prêtant sa carte d'identité, afin qu'il puisse travailler. Si bien que lorsque Malkov meurt accidentellement, Hamilton se sent un peu mort aussi. Mais il y a Khadji, qui lui, est bien vivant.

Le grand homme

107 min - Drame

Date de sortie : 13 août 2014

Titre d'origine : Le grand homme

Acteur(s) : Jérémie Renier , Miglen Mirtchev , Jean-Yves Ruf , Daniel Fassi , Ramzan Idiev , Surho Sugaipov

Scénariste(s) : Sarah Petit , Emmanuel Jacob

Réalisateur(s) : Sarah Leonor

Producteur(s) : Les Films Hatari

Site officiel : https://www.bacfilms.com/distribution/prochainement/film/le-grand-homme


Guy Marchand reçu à l'écrit

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Le 02 août 2014

Guy Marchand © DR

Surprenant « mari » d’un flic incarné par Niels Arestrup dans « La dune » (sortie le 13 août), l’acteur romancier signe aussi un beau polar à la noirceur zébrée d’humour.

Après avoir été crooner pour plaire aux dames, l’artiste s’est fait écrivain pour épater sa femme, Adelina, dont le joli minois orne la couverture de son nouveau roman, « Calme-toi, Werther ! ». Au bout du « conte », c’est nous qu’il étonne avec son polar parigot dont le héros désabusé aurait pu s’appeler Nestor Marchand ou Guy Burma. A 77 balais, le guilleret Guy a décidé de faire le ménage dans ses phrases pour aller à l’essentiel, voire l’existentiel. Ravagé par une histoire d’amour perdu, son inspecteur introspectif mène une enquête sur une jeune star qui, inexplicablement, a rejoint les étoiles. Son amant, un acteur bellâtre, avait tellement la grosse tête qu’on la lui a coupée. Un pied dans le showbiz et un autre dans la Renaissance italienne, son flic doit faire un grand écart de méninges entre toiles de ciné et toiles de maître. Mais une affaire, ce limier élimé le sait bien, ça se résout souvent par hasard comme on remet la main sur des lunettes égarées… Un peu à l’image de Guy Marchand. Lui s’est trouvé en chinant sur le grand marché aux puces de la vie avec, pour moteur de recherche, les femmes.

L’écrivain Guy Marchand ne pouvait rêver plus belle couverture que son épouse.
L’écrivain Guy Marchand ne pouvait rêver plus belle couverture que son épouse. DR

Sa mère d’abord, une beauté dont la photographie ne quitte jamais son portefeuille, là tout près du coeur. Un coeur qu’il nous ouvre à deux battants comme des robinets d’où coule un flot de générosité. « J’ai toujours été un grand admirateur des femmes ou un obsédé sexuel, comme vous voulez, je m’en fiche. Pour moi, tout a commencé à la Libération quand j’ai vu tous ces résistants de la dernière heure préférer tondre des filles plutôt que d’affronter les fusils des derniers boches. Ma passion des femmes a débuté là. » Par un drôle de court-circuit du destin, le jeune Marchand marchera bientôt au pas sous le képi blanc de la Légion étrangère. « Au départ, j’étais plutôt antimilitariste. Mais, étant trop lâche pour me faire réformer, j’ai suivi toutes les préparations militaires. Sorti sous-lieutenant parachutiste dans les commandos, on m’a muté en Algérie dans la Légion. Je ne l’ai jamais regretté, j’y ai rencontré de vrais poètes, et ces gens sont devenus ma famille. D’ailleurs, de grands écrivains comme Romain Gary, Blaise Cendrars ou Apollinaire étaient militaires. Mais écrire, c’est un travail de bœuf ! »

"COMME JE NE LIS PAS LES SCÉNARIOS ET QUE JE NE VOIS JAMAIS LES FILMS, J’AI DU MAL À EN PARLER."

« Quand je le vois travailler, nous souffle Adelina – son épouse depuis dix ans –, un sourire et un bel accent russe aux lèvres, j’ai l’impression de voir un écolier qui fait ses devoirs. » « Moi, reprend son mari, j’écris tôt car, le matin, tous mes fantasmes de la nuit, mes angoisses, mes frustrations de ne pas être une grande star mais seulement un acteur populaire remontent… » Le légionnaire aurait-il des vapeurs de starlette ? « Mais non, je déconne, nous rassure-t-il, j’adore ma carrière. J’ai fait un métier d’enfant et j’en suis très fier. Tout a commencé pour moi grâce à la femme de Nino Ferrer que j’ai voulu draguer comme un con. Elle m’a demandé ce que je foutais. Je lui ai dit que je sortais de l’armée, que je jouais aussi de la clarinette et que j’avais écrit une chanson pour la fête de la Légion, un truc qui faisait : “Avec toi, il faudrait toujours rire…”» Et là, notre Marchand national se met à entonner a cappella « La passionnata ». « Grâce à elle, je suis entré chez Barclay et, depuis, le téléphone n’a jamais cessé de sonner… Là, je viens de tourner trois films dont “L’art de la fugue” de Brice Cauvin, « Calomnies » de cet escroc de Jean- Pierre Mocky et “La dune” de l’Israélien Yossi Aviram. Il paraît que j’y joue un homosexuel, je le savais pas quand j’ai accepté le rôle ! Faut dire que, comme je ne lis pas les scénarios et que je ne vois jamais les films, j’ai du mal à en parler. Mais c’est un beau film, très touchant. »

Guy Marchand et Niels Arestrup en ménage.
Guy Marchand et Niels Arestrup en ménage. © DR

Serait-ce uniquement les cachets qui stimulent ce grand malade de la chanson ? « Bien sûr que le pognon m’intéresse, assume ce Marchand d’art, mais là j’ai accepté à cause de Niels Arestrup. Ce type a mauvais caractère, mais c’est un mec génial avec un coeur gros comme ça. C’est pour ça que j’aime ce métier, on y fait des voyages avec des demeurés et, parfois, on y croise de grands personnages. » C’est la deuxième fois de sa carrière que Guy Marchand incarne un homme qui aime les hommes, alors quand on le taxe d’homophobe, ça le fait bien rire. « Y a eu quelques malentendus dont un épisode de Burma où Nestor dit, à propos d’un travesti qui vient de se défenestrer, que ces gars-là sont beaucoup plus compliqués que les gonzesses. Vous auriez vu le tollé dans “Libé”, “Télérama”… On ne peut plus rien dire, merde, maintenant on se heurte à une nouvelle race, les hétérophobes ! Moi, tous les homos qui ont traversé ma vie, je les aime tendrement. » Ceux que Guy aime beaucoup moins, ce sont les gens de France 2 qui ont assassiné Burma. « La télé, c’est une grosse truie qui bouffe ses petits ! Je leur ai fait gagner un fric fou avec mes 42 épisodes. Ils m’ont viré à quatre reprises. A chaque fois, ils étaient obligés de me reprendre en faisant la gueule. A la fin, ils ont eu ma peau. Ils détestaient Burma, ce personnage anticonformiste, inclassable. Comme moi… »


14-18 Noyelles n’oublie pas ses coolies

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30.07.2014 Par Benoît Hopquin

Dans le cimetière chinois du hameau de Nolette, à Noyelles-sur-Mer, à un battement d’ailes de la magnifique baie de Somme, reposent pour l’éternité Yeng Hung Lu, Lan Fu Kuea et des centaines de compatriotes. Comme les grues cendrées du parc du Marquenterre, ces voyageurs célestes ont fait un long, très long périple jusqu’ici. C’était saison d’orages, en cette année 1917. Ce ne devait être pour ces jeunes hommes qu’un aller-retour, une étape dans une vie qu’il leur restait à parcourir. Mais ils ne sont pas repartis. Ils ont désormais leur tombe blanche dans ce havre serein, à l’ombre des cèdres bleus qui parsèment l’enclos. A l’entrée, sur un portique aux formes asiatiques, quelques vers en mandarin rendent hommage à ces égarés.

Membres de l'amicale des anciens de la légion étrangère d'origine chinoise durant la cérémonie du Qing Ming Jie, au cimetière de Nolette (Somme).

Membres de l'amicale des anciens de la légion étrangère d'origine chinoise durant la cérémonie du Qing Ming Jie, au cimetière de Nolette (Somme). | Guillaume Herbaut

Ce dimanche 6 avril, des oiseaux parcourent le ciel immense, un ciel de mer dont la couleur profonde dit que la côte est toute proche. Comme chaque année, une petite foule s’est réunie dans le carré funéraire. C’est Qing Ming Jie, la Fête des morts. Plusieurs dizaines de Chinois, venus pour beaucoup de Paris, et autant d’habitants de la commune picarde sont présents. Des représentants de l’ambassade sont également là. Une famille de touristes déambule, s’informe de ce qui se passe, plaint ceux qui sont enterrés là. « Pauvres hommes, ils sont venus de si loin ! » Le vent mutin renverse les couronnes de fleurs, emporte les discours, en chinois ou en français, que crachote un piètre mégaphone. La retenue n’empêche pas l’émotion. La cérémonie est belle finalement. Manière simple et digne, épurée, de dire qu’on n’oublie pas un sacrifice.

Les tombes égrènent la litanie des noms, des matricules et des dates de décès. Cheng Lan Chang (11213, 5 mai 1918), Wang Chen Pang (45884, 8 mai 1918), Lin Wen Po (48661, 15 mai 1918). « Morts au champ d’honneur », selon l’expression consacrée ? Oui et non. Tués par cette guerre à coup sûr, mais usés à la tâche plutôt que fauchés par la mitraille, terrassés par la maladie plutôt que par les Shrapnel. Ils sont victimes comme ils furent acteurs, de troisième classe. Sur les stèles, des épitaphes en anglais ronflent comme canons de 75 : « Fidèle jusqu’à la mort », « Une bonne réputation dure pour toujours », « Une noble tâche bravement accomplie »… Quelle « noble tâche » ? Nettoyer de ses morts les champs de bataille, creuser des tranchées, piocher, pelleter, porter des fardeaux jusqu’à l’épuisement ? Ils étaient venus travailler en hommes libres, mais ne savaient pas qu’ils allaient trimer dans des conditions indignes, en véritables forçats.

Cérémonie chinoise du Qing Ming  Jie au cimetiére chinois de Nolette. Le cimetière chinois de Nolette est un cimetière situé le territoire de la commune française de Noyelles-sur-Mer où sont inhumés les travailleurs civils chinois employés par l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale.
Cérémonie chinoise du Qing Ming Jie au cimetiére chinois de Nolette. Le cimetière chinois de Nolette est un cimetière situé le territoire de la commune française de Noyelles-sur-Mer
où sont inhumés les travailleurs civils chinois employés par l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale. | Guillaume Herbaut

OFFICIELLEMENT NEUTRE

En 1916, quand l’effort de guerre exigeait toujours plus de bras, des émissaires français et anglais furent dépêchés dans l’empire du Milieu. Le gouvernement chinois était officiellement neutre dans le conflit. Soucieuse moins de la santé de ses sujets que de ne pas froisser l’Allemagne, l’impératrice douairière Tseu-Hi accepta de fournir de la main-d’œuvre, à condition que cette dernière ne travaille pas à moins de 16 km du front et ne soit pas occupée à des tâches militaires. On se mit en quête de forces de travail, en fait de bêtes de somme, ainsi décrites par un attaché militaire français : « Sobre, robuste, endurant et docile, l’ouvrier du Nord s’adaptera à notre climat et à des travaux, même pénibles, n’exigeant qu’un effort mécanique : il ne s’agit bien entendu que d’hommes de peine, de coolies, de terrassiers. » On ne saurait être plus cyniquement clair. A Weihai, le bureau de recrutement britannique procédait à un examen médical digne de maquignons, tâtant les muscles et examinant la denture, comme on le fait d’un animal de bât.

L’historienne Li Ma, maître de conférences à l’Université du littoral-Côte d’Opale, a consacré un livre à ces oubliés (Les Travailleurs chinois en France dans la première guerre mondiale, CNRS éditions, 2012). Arrivée à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) en 2003, cette universitaire de 50 ans s’est tout de suite passionnée pour leur destin. Mais elle s’est heurtée aux lacunes documentaires. Ces travailleurs étaient illettrés. Ils n’ont laissé aucun témoignage écrit de leur épopée. Ils étaient pour la plupart des déplacés, des paysans sans terre, échoués en ville, de pauvres hères vulnérables à qui des recruteurs faisaient miroiter toutes les promesses contre une croix en bas d’un contrat léonin. Ils s’embauchaient pour cinq ans, contre un salaire de 1,50 franc à 4,50 francs (l’équivalent de 5 euros à 15 euros) par jour, amputé des frais. En cas de décès, la famille touchait 270 francs (900 euros) d’indemnisation pour le dol occasionné.

Le premier homme est arrivé le 24 août 1916, explique Li Ma, mais l’essentiel du contingent débarqua en 1917. Il avait mis trois mois du port de Tsingtao (aujourd’hui Qingdao) à Marseille. Après le naufrage en Méditerranée du paquebot Athos, torpillé par un sous-marin allemand, occasionnant la mort des 543 travailleurs chinois qui étaient à bord, les convois furent déroutés. Ils traversèrent le Pacifique, puis le Canada, puis l’Atlantique, avant d’arriver en France, après six mois d’un exténuant trajet. Beaucoup ne parvinrent pas à destination.

RECRUTÉS DANS LES MINES, LES PORTS ET LES EXPLOITATIONS AGRICOLES

Selon le chiffre le plus communément admis, 140 000 Chinois furent envoyés en Europe. Les 40 000 hommes embauchés par les Français travaillèrent dans des exploitations agricoles, dans des mines ou comme dockers dans les grands ports. Mais certains furent employés dans des usines d’armement (notamment à La Machine, dans la Nièvre), en contravention des règles édictées par le gouvernement chinois. Plus fragrants encore furent les abus des Anglais, qui employèrent les 100 000 hommes du Chinese Labour Corps, très près des zones de combat et parfois même sur le front. Ils les installèrent dans des campements sommaires, comme celui de Noyelles-sur-Mer.

Dans cette commune d’aujourd’hui 771 habitants, certaines mémoires familiales entretiennent le souvenir de leur présence. C’est peu de dire que ce furent des apparitions. « Leurs chapeaux pointus ont fait sensation », explique Jean-Michel Gay, 58 ans, nouveau maire de la commune. « Ces pauvres malheureux arrivaient dans des wagons à bestiaux, raconte Marc de Valicourt, 37 ans, descendant du comte Joseph de Valicourt, le maire de l’époque. Au départ, les gens en avaient un peu peur. Et puis ils se sont habitués. Ces reclus s’échappaient du campement, se planquaient, venaient taper aux carreaux pour demander de l’aide et de quoi manger. Ils se gavaient de pommes. » « On leur doit notamment la construction de la ligne de chemin de fer qui reliait le port de Saint-Valéry au front », poursuit Jean-Michel Gay. Outre ces rails où circule chaque été désormais un petit train touristique, il ne reste du passage de ces hommes que le cimetière du hameau de Nolette et les sculptures de deux gardiens du Bouddha, ornant l’entrée de Noyelles.

Li Ma évoque des révoltes provoquées par la maltraitance mais également par l’incompréhension culturelle. Quand les Anglais criaient « Go, go ! » (en avant, en avant !), les Chinois comprenaient dans leur langue : « Chien, chien ! » la pire insulte qui puisse leur être faite. L’épidémie de grippe espagnole, à la fin de la guerre, fit des ravages. Côté français, le chiffre généralement admis oscille entre 1 500 et 2 000 morts, côté britannique, entre 2 000 et 3 000. Mais Li Ma émet des réserves sur ce comptage. « Il y a 25 000 hommes dont on a perdu toute trace. » Combien sont-ils exactement dans les 17 cimetières du nord de la France où leur présence est recensée ? Dans le plus important, celui de Noyelles, parfaitement entretenu par la Commonwealth War Graves Commission, on compte 834 tombes. Li Ma estime qu’ils sont sans doute plus nombreux à dormir ici, peut-être un millier.

1500 À 2000 CHINOIS FIRENT SOUCHE EN FRANCE APRÈS LA GUERRE

Après la guerre, ces hommes participeront au meurtrier déminage des zones de combat. Ceux qui avaient survécu à ce régime de bagne sont repartis vers leur terre natale, fin 1920 pour les employés des Anglais, fin 1922 pour la main-d’œuvre utilisée par les Français. Mais 1 500 à 2 000 hommes sont restés. Même si quelques Chinois s’étaient déjà installés auparavant, c’était là le début d’un courant migratoire qui ne fera qu’enfler avec le temps. La plupart de ces pionniers se sont établis à Paris, autour de la gare de Lyon, dans ce qui était alors l’îlot Chalon. Après la saignée d’hommes de 1914-1918, ils trouvèrent sans mal une femme et un travail, bref firent souche. Ils furent employés dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt ou dans les ateliers Panhard et Levassor, dans le 13e arrondissement, qui reste, des années plus tard, un centre névralgique de la communauté.

A partir de 1919, ils furent rejoints par un certain nombre d’étudiants chinois. Parmi eux, Deng Xiaoping, Zhou Enlai, Chen Yi (ancien ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine). Ils feront de l’alphabétisation auprès de leurs compatriotes ouvriers, y jetant les bases de leur conscience politique. Selon Li Ma, la première cellule du Parti communiste chinois vit le jour à Boulogne-Billancourt en février 1921, avant celle de Shanghaï, qui date de juillet 1921. Un des anciens coolies de 1917, Tchang Chang-Song, jouera un rôle actif dans la Résistance, pendant la seconde guerre mondiale.

C’est en souvenir de ces précurseurs de l’immigration que Paul Ting, président de l’Association des Chinois en France, organise depuis trente ans une cérémonie à Noyelles. « On ne peut pas se couper de nos racines », dit-il. Né à Shanghaï en 1940 puis installé à Hongkong, cet homme est arrivé en France début 1969. Il a créé en 1971 une société d’import-export, puis une agence de voyages. Paul Ting est devenu un homme d’affaires prospère qui roule en Mercedes. Il a découvert par hasard le cimetière de Nolette en 1982. Il en est ressorti étreint par l’émotion, avec le sentiment d’une dette mais aussi d’un ancrage plus profond dans cette France qui est désormais la sienne. « Il est important de se souvenir qu’il y a cent ans des Chinois sont morts ici », dit-il.

DETTE DU SANG

« Les enfants ne connaissent pas notre histoire », regrette Xe Xingqiu, 61 ans. Lui est arrivé en France en 1980, venant de la région de Wenzhou, comme une bonne partie de la diaspora chinoise. Il a fait sa vie dans son pays d’adoption et s’est intéressé à ceux qui l’avaient précédé sur les chemins de l’exil. Il a écrit deux livres sur l’histoire des Chinois de France, en mandarin, afin de mieux la faire connaître dans la communauté. L’un d’eux est consacré aux travailleurs chinois de la Grande Guerre. « Leur histoire est aussi la nôtre », dit-il.

Une trentaine de groupements de Chinois (une efflorescence et une concurrence associative bien française…) participe régulièrement au Qing Ming Jie. Hu Victor, 47 ans, responsable de l’Amicale des anciens légionnaires d’origine chinoise en France, revenait pour la sixième fois cette année. A une grande tablée du Rio, restaurant-bar-brasserie-dancing de Noyelles, il raconte comment il s’est engagé dans la Légion en 1986. Il sait ce que signifie la notion de « dette du sang » versé pour la France. Elle lui a valu sa naturalisation. Il a deux enfants, une fille de 21 ans et un garçon de 16 ans, tous deux français. C’est aussi pour eux qu’il est là.

Jing Wang, 32 ans, a aussi fait le pèlerinage de Noyelles ce 6 janvier. Elle prépare un doctorat sur l’immigration chinoise en France au laboratoire d’anthropologie de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle est originaire de Tsingtao, d’où partirent nombre de ces travailleurs de la Grande Guerre et où elle avait pris connaissance de leur histoire, les archives locales gardant des traces de leur passage. La voilà dans ce qui fut leur dernière escale.

Jing Wang est arrivée à Paris en 2007 et, depuis, elle étudie « comment la communauté chinoise a importé sa culture en France sur trois générations ». Elle démontre la complexité des relations qu’entretiennent, de manière différente selon les âges, les Franco-Chinois et avec leur pays d’origine et avec leur pays d’adoption. Cette immigration, réputée bien intégrée et si discrète, connaît aussi des tiraillements identitaires. Partout, à Aubervilliers, à Noisy-le-Grand, à Belleville, Jing Wang fait le même constat : « Les jeunes ont deux visions de la Chine, celle que véhicule l’histoire familiale et celle qu’ils voient dans les médias. C’est l’histoire familiale face à l’histoire collective. » A Noyelles, dans l’odyssée de ces pauvres coolies, se trouve peut-être une clé pour réconcilier ces deux histoires.


Honneur à la compagnie de retour de Mayotte

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Publié le 29/07/2014

Honneur à la compagnie de retour de Mayotte
Honneur à la compagnie de retour de Mayotte

C'est au cours du traditionnel rapport régimentaire du lundi que le chef de corps, le colonel Guillaume Venard avait choisi de rendre un hommage particulier aux sapeurs, sous-officiers, officiers, qui, sous les ordres du capitaine Alexandre Muller rentraient d'une mission de 4 mois à Mayotte.

C'est sur la place d'armes du régiment que se déroulait cette cérémonie où, après le salut aux couleurs et le chant de la «Marseillaise», le colonel rendait compte du retour de la compagnie en mission à Mayotte, où l'action menée avait donné entière satisfaction. Il remerciait également l'encadrement de la FSE et soulignait les activités «aguerrissantes» menées au cours de la semaine dans un esprit de sérieux mais aussi de détente «qui doivent être poursuivis». Il rappelait également la mise en berne du drapeau national en raison du crash de l'avion au Mali. «La semaine qui vient, ajouta-t-il, verra la passation de commandement à la 1ère compagnie de combat et de nombreux départs en permission dont il faudra bien profiter car la rentrée sera soutenue avec, notamment, la participation du régiment aux commémorations du débarquement en Provence.»

Mission de souveraineté pour la compagnie

Après cette partie tout à fait officielle, c'est le capitaine Muller qui détaillait le déroulement de la mission de la compagnie à Mayotte. Celle-ci s'était vue chargée d'une «mission de souveraineté» avec la présence de l'armée française sur ce territoire, notamment sur les îles Glorieuses, «petits bouts de France dans le canal du Mozambique», où, seuls les militaires français témoignent du rattachement de ces territoires à la France.

Mission d'instruction aussi pour les sapeurs avec mission d'aguerrissement par des stages commandos, dans des conditions climatiques, de terrain, matérielles souvent difficiles pour ces militaires qui se trouvaient rattachés au détachement de la Légion étrangère à Mayotte et qui sont rentrés avec la fierté du devoir accompli.


Mylène Bacon le tube de l'été

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Publié le 29/07/2014

Mylène Bacon et Younes Aazam./ Photo DDM, C.-H. O.
Mylène Bacon et Younes Aazam./ Photo DDM, C.-H. O.

La course à pied est un sport individuel et à la fin c'est Mylène Bacon qui gagne ! Sacrée le 14 juin à Gajan (Ariège) sur 9 km, le 21 juin à Beaupuy sur 12 km, le 29 juin à Villemur-sur-Tarn sur 10 km et le 12 juillet à Bagnères-de-Luchon sur 15 km, l'athlète du Team I-Run a remis ça dimanche matin lors des Foulées de Saint-Sauveur.

Pour sa première participation, «Mimi», grande favorite du 10 km, n'a laissé aucune chance à ses rivales. Après avoir bien négocié la partie «trail», elle a ensuite déroulé sur la deuxième boucle 100 % bitume, ratant de peu son objectif. «J'espérais passer sous les quarante minutes. Au final, je termine en 40' 03”. C'est un peu frustrant. Malgré tout, je ne regrette pas le déplacement. Et j'en profite pour tirer un grand coup de chapeau aux organisateurs», précisait la lauréate, qui reprendra la compétition sur ses terres bretonnes le 10 août, plus précisément à Locmiquelic (Morbihan) sur 13, 5 km.

Licencié à Revel au sein de l'Athlé Lauragais Olympique, Younes Aazam découvrait lui aussi le tracé mis en place par le comité des fêtes. Troisième après le premier tour, le Franco-marocain, légionnaire au 4e régiment étranger de Castelnaudary, a finalement arraché la décision en 35' 24”, avec six secondes d'avance sur Slimane Benyakoub (Team 12).

Record de participation

Un peu plus tôt dans la matinée, Nathalie Freund (Castelginest, 22' 30”), en solo, et Thomas Sarocham (Montauban Triathlon, 17' 23”), au sprint devant Julien Fourcroy (Athlé 632), s'étaient montrés les plus rapides sur 5 km.

Côté organisation, Hubert Marty et Jean-Jacques Vergnes, aidés par cinquante bénévoles, avaient concocté un circuit «50 % trail-50 % route». Une initiative synonyme de nouveau record de participation avec 238 concurrents (contre 200 l'an passé, N.D.L.R.).

Pari réussi.


L'histoire rocambolesque d'Eugène Lelouvier

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23/07/2014

En fouinant sur internet, Bernard Desgrippes est tombé sur une carte qui mentionne un Domfrontais qui fait le tour du monde à pied. Après recherches, il dégote un sacré personnage

Eugène Lelouvier, à gauche, au départ de la folle course automobile New York-Paris. Archives Bernard Desgrippes
Eugène Lelouvier, à gauche, au départ de la folle course automobile New York-Paris. Archives Bernard Desgrippes
Eugène Lelouvier naît à Domfront le 7 juillet 1873, il est le fils d’Auguste Lelouvier, qui était boulanger à Domfront, rue Guérin (c’était une portion de ce qui est aujourd’hui la route d’Alençon). En 1887, premier coup d’éclat, il sauve un dénommé Albert Moreau alors qu’ils jouent sur de la glace et que celle-ci rompt.

L’aventure comme fil conducteur

Après de (très) brèves études à l’Ecole des arts et métiers d’Angers, Eugène s’embarque dans la marine marchande. Une aventure qui tourne court. Par deux fois, il se trouve à bord de navires qui font naufrage, une première fois dans la Manche, une seconde fois aux Antilles. La première fois, on le croit mort, sa famille fait même donner des messes, mais il réapparaît quelques semaines après.
Il s’engage dans l’armée le 11 septembre 1891. Il est incorporé dans le 1er régiment d’infanterie de marine (Rima). Un peu moins d’un an plus tard, le 15 mai 1882, il est muté au 10e Rima et part pour le Tonkin où il s’illustre, une fois de plus pour acte de bravoure : blessé, il a porté sur son dos un légionnaire grièvement touché. Cela lui vaudra une médaille militaire et une citation. Au cours de cette expérience orientale, il croise Joffre, futur maréchal qui était alors commandant, ou bien Gallieni qui était colonel et qui deviendra gouverneur de Paris durant la Grande Guerre. Son expérience militaire se poursuit et se termine en Algérie. Il quitte l’armée le 7 septembre 1900.
On le croyait rassasié d’aventure, c’est mal connaître le bonhomme qui entre comme journaliste auprès du journal La Patrie et décide de faire le tour du monde à pied et sans le sou ! Un périple qui le mène jusqu’en Sibérie via Bruxelles, Berlin, Varsovie, Minsk, Moscou, Kazan, Novosibirsk, Irkoutsk, etc.

Retour à Paris

La traversée de la Sibérie s’avère difficile. Attaqué par des malfrats, il est blessé. Par chance, il est transporté à l’hôpital d’Omsk où il est soigné par une infirmière bénévole : Hélène Kreis, qui deviendra quelques mois plus tard sa femme. Le 10 mai 1903, il l’épouse à Oufa avant de repartir. Périple pédestre qui prend fin en Mandchourie. La guerre entre la Russie et les Japonais y fait rage. Malgré d’âpres négociations, son voyage s’arrête là et les époux doivent retourner à Paris. Ils arrivent le 31 décembre 1903, Hélène accouche d’une petite Georgette le 5 janvier 1904.

Après l’Asie, l’Afrique

Mais le père a toujours la bougeotte et il s’engage dans une société qui fait des relevés topographiques au Congo. De nouveau blessé, il est rapatrié en métropole. Il trouve alors du travail dans l’usine Automobile de Dion, à Lyon. Dans le même temps, sa femme a retrouvé sa Russie natale et s’installe à Moscou.
Il ne tient pas en place et quand en 1907 le journal Le Matin est en plein préparatif pour l’organisation de la course automobile Pékin-Paris, Eugène se porte volontaire pour reconnaître la première étape asiatique. Il va donc parcourir 2 000 km à cheval et à dos de chameau, mais surtout, il va traverser à pied 800 km du désert de Gobi, d’Ulan Bator (Mongolie) à Pékin, l’un des coins de la planète où le climat est le plus extrême ! Sa mission : baliser les étapes et repérer les points d’eau. En 1908, il participe au grand raid automobile New York-Paris. Non pas le Paris sis au Texas immortalisé par le cinéaste Wim Wenders, mais bien Paris en France, via le détroit de Béring.

La chance le quitte

La naissance de son fils Louis le 17 juin de cette même année précipite son retour vers Moscou et lui donne l’occasion de se fixer dans la capitale russe durant trois ans où il exerce le métier de mécanicien dans l’aviation.
1911 marque le retour de la famille en France, à Lyon, où le Domfrontais exerce encore ses talents de mécanicien. En 1914, quand la guerre éclate, il est mobilisé comme instructeur mécanicien dans l’aviation. Puis un jour, fini la chance qui le suivait jusqu’ici, en lançant une hélice à la main, il reçoit une pale en pleine tête. Il bénéficie du statut de gueule cassée. Il survit avec sa famille en faisant de petits boulots.
Une crise d’urémie l’emporte le 25 décembre 1937, il avait 64 ans. Hélène lui survit jusqu’en 1973. Une partie de sa famille vit aujourd’hui encore à Bagnoles-de-l’Orne.
Adrien Borga avec le concours de Bernard Desgrippes

Il va courir pendant huit jours pour son collègue Loïc Liber

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Publié le 20/07/2014

Le caporal-chef Éric Bermont devant la stèle du quartier Marescot ornée de sa devise ... opportune : «Ouvrir la route» Du 15 au 23 novembre,

ce militaire compte couvrir la distance de 606 km sur le tracé de la «No finish line» à Monaco pour son frère d'armes Loïc Liber./ Photo DDM, P.Mz

 

À Castelsarrasin, le caporal-chef Bermont va participer à la «No finish line» de Monaco au profit de Loïc Liber. 8 jours de course non-stop, au nom de la solidarité entre frères d'armes… et avec le soutien de la famille princière.

Sur le port d e Monaco où le parcours de la «No finish line» (1) sera tracé sur un circuit de 1,370 km, le caporal-chef Éric Bermont compte couvrir la distance de 606 kilomètres en huit jours. 606 kilomètres, soit la distance séparant Montauban (où 3 parachutistes du 17e RGP tombèrent sous les balles de Merah) de Clamart (Haut-de-Seine) où Loïc Liber est hospitalisé depuis près de deux ans maintenant… Loïc Liber, militaire au «17», seule victime survivante de la tuerie du 15 mars 2012.

Depuis les faits, les frères d'armes de Loïc sont à la hauteur des valeurs de solidarité propres à l'institution militaire. À Castelsarrasin, le caporal-chef Éric Bermont originaire de Martinique, ancien légionnaire engagé au 31e RG depuis 2001, partage ces valeurs de fraternité et de courage qu'incarne Loïc Liber dans son combat pour la vie. Ce courage que le caporal-chef Bermont démontre aujourd'hui encore auprès de sa fille âgée de 8 ans gravement accidentée et hospitalisée à Toulouse. L'accident récent de sa «princesse» ne remettra pas en cause son projet de courir pour son pote Loïc. Fière de son père, la fillette l'encourage à poursuivre. Ce week-end la fillette a reçu le soutien du parachutiste montalbanais hospitalisé.

«Loïc est à fond»…

«Loïc est à fond», nous confiait Éric Bermont en nous présentant son projet il y a quelques semaines, «je voulais qu'on fasse une course ensemble». Cette course que Loïc n'est aujourd'hui pas en mesure de réaliser mais qu'il envisage quotidiennement avec Éric Bermont, s'enquérant de son entraînement, de sa condition… La condition physique du caporal-chef Bermont est aussi constante que les valeurs de fraternité et d'humilité qu'il défend. Spécialiste des courses d'endurance (il a à son actif la Diagonale du Fou, les 100 km de Millau, les 24 heures de Brive…), Éric Bermont est un sportif accompli. Course, vélo, natation constituent sa ration quotidienne d'entraînement. Aujourd'hui engagé au 31e RG, régiment dont il est extrêmement fier, il aurait pu mener une carrière de footballeur après avoir porté, étant jeune, les couleurs du Brest Armorique et celles du PSG à l'époque du sport études.

Ces qualités, le caporal-chef Bermont va donc les mettre au service de son ami Loïc. Une entreprise destinée à soutenir matériellement et humainement Loïc. Le militaire de Castelsarrasin a réussi à fédérer de nombreuses bonnes volontés à ses côtés. Un grand élan de solidarité se manifeste effectivement autour du projet d'Éric Bermont.

Le prince Albert à ses côtés tous les jours…

La princesse Caroline de Monaco marraine du 17e RGP qui, à ce titre, porte un regard bienveillant sur le combat de Loïc, prendra à sa charge le coût du dossard et de l'inscription du caporal-chef Bermont à la «No finish line». Pour sa part, le prince Albert courra tous les jours une demi-heure aux côtés du CCH Bermont sur le circuit monégasque. Mais sur le territoire tarn-et-garonnais aussi, un certain nombre de professionnels et d'amis œuvrent pour faciliter l'opération «Ensemble pour Loïc» (2). Tous motivés pour que la victime de Merah retrouve une vie conforme à ses ambitions. «La star, ce n'est pas moi, c'est Loïc», se défend encore Éric Bermont, néanmoins fier d'incarner cette cohésion que l'ensemble de la communauté militaire cultive comme le bien le plus précieux.

(1) La «No finish Line» aura lieu du 15 au 23 novembre à Monaco. Le principe consiste à couvrir le circuit tracé sur la digue du port Hercule, une fois, deux fois ... ou huit jours non-stop. L'épreuve réunira une quarantaine de coureurs internationaux en quête de chronos mais aussi tous les amateurs qui voudront bien se joindre à cette épreuve de bienfaisance organisée par l'association «Children & Future».

(2) L'association Kalou de Martinique, Décathlon Montauban, Laurence Pitet, pharmacienne, la SARL Gourmelon-Gilbert à Renan (29), le 31e RG, le 17e RGP, Julien Dasparens (Impression Castelsarrasin), l'AGPM, la MNM, Robert Prieto (CA Birac), Expert Cycle Joel Feutrier (castelsarrasin)…


«Ensemble pour Loïc» : vous aussi ?

1, 2, 10, 20 euros ou plus ? Pour aider Loïc Liber dans son quotidien, le caporal-chef Éric Bermont met à profit sa course à Monaco pour récolter des dons au bénéfice de la seule victime survivante de Mohamed Merah. Rappelons qu'à la suite de l'attentat commis le 15 mars 2012 à Montauban (qui avait coûté la vie aux soldats du «17» Abel Chennouf et Mohamed Legouad) Loïc Liber est toujours hospitalisé à Paris. Aujourd'hui tétraplégique, il n'a plus l'usage de ses membres.

À l'instar des initiatives menées précédemment par d'autres de ses collègues militaires en soutien à Loïc Liber, celle assumée par le caporal-chef Bermont se veut concrète. Les dons récoltés lui seront remis à l'issue de la course monégasque prévue en novembre prochain. Les dons sous forme de chèques sont à libeller à l'ordre de «Loïc Liber» et à envoyer à l'adresse suivante ; Cch Bermont. 31e Régiment du génie. 21e ccl. Section sgmc . 82 100 Castelsarrasin. Si vos moyens financiers ne vous permettent pas ce type de dons, vous pouvez faire un «like» sur la page face book de CCH Bermont «ensemble pour Loïc» . Une autre façon de manifester votre soutien à Loïc.

Pierre Mazille.

Tué à coups de marteau : le témoignage des enfants en intégralité

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Par Émile CHAUVOT |Publié le 17/07/2014

Gilianne Skendo, 16 ans, et son frère Mickaël, 18 ans, habitent Marseille avec leur mère. Ils voyaient leur père très régulièrement jusqu’à ce qu’il soit assassiné, le vendredi 4 juillet, à Sisteron.

À la suite du meurtre de Krenar Skendo, le 4 juillet dernier à Sisteron, sa femme et sa belle-fille ont été écrouées pour assassinat et complicité d’assassinat. Les proches d’Anouk Genriès évoquent un couple aux relations orageuses. Les enfants de la victime, qu’il a eus avec son ex-épouse, ont souhaité témoigner. Nous les avons rencontrés à Marseille.

«Nous avons lu beaucoup de mensonges au sujet de mon père. Ça nous a vraiment fait de la peine. » Ce samedi après-midi, dans l’appartement du quartier de La Blancarde à Marseille où ils habitent avec leur mère, Gilianne Skendo, 16 ans, et son frère Mickaël, 18 ans, parlent sans larme, ni haine. Ils souhaitent simplement « rectifier l’image » de leur papa, Krenar Skendo, victime d’un meurtre à l’arme blanche et au marteau, vendredi 4 juillet, à Sisteron. Meurtre pour lequel l’épouse de la victime, Anouk Genriès, et sa belle-fille, Hélène, ont été mises en examen (lire par ailleurs). « Il a été mentionné qu’il battait des femmes, qu’il maltraitait des animaux. Je peux vous dire qu’il a vécu avec ma mère et qu’il n’a jamais levé la main sur elle », assure Gilianne.

Un père « attentionné » et « aimant »

« C’est vrai qu’il pouvait être irascible, nerveux, mais il a toujours été là en cas de problèmes, toujours. C’était juste une “grande gueule” » poursuit Michelle Derambure, laquelle a été mariée avec lui pendant presque 10 ans et avec qui elle a eu Gilianne et Mickaël. « Anouk a posté dernièrement, sur sa page Facebook, un article sur les femmes maltraitées, un autre sur les animaux. Les gens ont fait l’amalgame. » La dernière fois que les enfants ont vu leur père, c’était quatre jours avant le drame, à Marseille, pour l’anniversaire de Mickaël. « Anouk avait le sourire jusqu’aux oreilles. Ils parlaient même de leurs projets. Piscine ou pas piscine, le jardin… », raconte le jeune homme, arborant au poignet le dernier cadeau que son père lui a offert pour ses 18 ans. Un papa « présent », « aimant » et « attentionné » qui a toujours gardé des liens étroits avec ses enfants. « Il répétait qu’il était fier de nous. Il n’hésitait pas à nous mettre en avant », explique Gilianne, laquelle a pour ambition d’intégrer la prestigieuse école de Saint-Cyr et devenir officier de l’armée de terre. « Ils se téléphonaient très régulièrement. Mickaël allait à Sisteron pendant les vacances scolaires, il s’entendait très bien avec le fils d’Anouk. C’était une vie normale », reprend Michelle, ancien agent administratif dans l’Éducation nationale de 54 ans, qui a rencontré Krenar Skendo à Marseille en 1994.

Originaire d’Albanie, il était alors légionnaire depuis un an. « Cela n’a pas duré longtemps. Il est parti à Sarajevo. Quand il est revenu pendant l’été 1995, on s’est marié, on a eu les enfants. Il a commencé les petits boulots ». Il a travaillé dans une société spécialisée dans les ascenseurs, puis dans une casse automobile. Il a également été agent de sécurité, poste qu’il occupait également à Digne-les-Bains, au moment du drame. « Ça n’a jamais été un tire-au-flanc, il n’est jamais resté sans rien faire, assure son ex-femme. D’ailleurs, il envoyait de l’argent à sa famille régulièrement. » Famille dont une partie habite Bergame, en Italie, et dont Michelle redoute la réaction au moment des funérailles [elles se sont déroulées hier, à Marseille]. « J’ai vu Krenar à l’institut médico-légal. Il est totalement défiguré. Je l’ai reconnu grâce à sa cicatrice, confie la mère de famille. « Ce n’est pas possible de faire ça », lâche à son tour son fils. Aujourd’hui, Gilianne et Mickaël souhaitent savoir ce qui s’est réellement passé ce matin du 4 juillet. Et surtout « pourquoi ». Leur mère a rendez-vous cette semaine au service d’aide aux victimes du tribunal de Marseille, afin que la famille puisse se constituer partie civile lors d’un éventuel procès.


Roland Gourdon reçoit la Légion d'Honneur

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Publié le 17/07/2014

Roland Gourdon, en costume, a reçu la Légion d'Honneur au 4e Régiment étranger de Castelnaudary.

Parmi les décorés de la Légion d'Honneur du 14 juillet, on compte un Revélois : Roland Gourdon. Le sculpteur bien connu dans la région et qui expose en ce moment aux Ebénistes et Créateurs, route de Castelnaudary, a reçu sa médaille lors des cérémonies du Quartier Danjou, au 4e Régiment étranger de Castelnaudary. Avec lui, sept autres légionnaires ont été décorés lors de ces cérémonies.

Agé de 69 ans, Roland Gourdon est né à Sidi Bel Abes, en Algérie, justement dans cette ville où Napoléon créa la Légion étrangère. Sa proximité avec cette troupe d'élite lui donnera envie de s'engager dans la Légion.

«J'ai fait la préparation militaire puis l'école militaire Cherchell, à Alger où je suis resté deux ans, de 1956 à 1957», explique-t-il. «J'ai ensuite rejoint le 129e régiment d'infanterie. C'était un régiment opérationnel au sein duquel j'ai combattu». Ses actions au sein de cette unité combattante lui permettront de recevoir la médaille de la «valeur militaire». Viendra ensuite le temps de l'exil.

«Je viens d'une famille d'agriculteurs. Ce fut mon premier métier. La soudure et le fer faisaient partie de mon quotidien».

Le militaire se veut poète et sculpteur

Puis la vie faisant, de retour en France, il quittera le monde de la terre pour entrer dans celui de la ville. «J'ai vendu des aspirateurs sur la Côte d'Azur, des bijoux et même du vin ! J'étais marié et en 1965, avec mon épouse, on est venu rejoindre un ami d'enfance qui était assureur à Revel. J'ai longtemps travaillé pour lui, puis, en 1972, j'ai créé mon propre portefeuille et mon cabinet, que j'ai cédé le 1er janvier 1999».

Roland Gourdon ne cache pas que jeune, ses deux passions étaient la terre et la poésie. «J'étais fasciné par les poèmes de Lamartine et les textes de Victor-Hugo. Cette poésie m'a toujours suivi et j'en écris aussi, depuis toujours». Cette poésie qu'il essaie aujourd'hui de matérialiser à travers ses œuvres en métal de récupération. Aujourd'hui, Roland Gourdon a transformé une partie de sa maison en véritable galerie d'art contemporain et atelier d'où sortent ses œuvres de «recup'art» qu'il expose dans toute la région et lui ont valu de nombreux prix.

Émile Gaubert

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