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2016


Génocide au Rwanda : ce qu’a dit aux juges le général Lafourcade (Turquoise)

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10 février 2016

Le général Jean-Claude Lafourcade, le 17 septembre 2001 à Lille. © François Lo Presti / AFP

Entendu en janvier par la justice française dans une procédure pour complicité de génocide, le général Jean-Claude Lafourcade, qui commandait l'opération Turquoise en 1994, s'est efforcé de dissiper la controverse autour du rôle de l'armée française durant le génocide des Tutsis au Rwanda. Sans toujours y parvenir.

C’est une audition doublement symbolique qui s’est déroulée les 12 et 14 janvier au pôle génocide et crimes contre l’humanité du tribunal de grande instance de Paris. Pour la première fois depuis l’ouverture, en 2005, d’une information judiciaire pour complicité de génocide et de crimes contre l’humanité visant des militaires français ayant participé à l’opération Turquoise, à l’initiative de rescapés rwandais, celui qui était alors le commandant en chef de Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade, 73 ans, a livré sa vérité devant les magistrats instructeurs. Tout aussi symbolique est son audition en tant que témoin assisté, un statut intermédiaire entre simple témoin et mis en examen.

Devant les juges Claude Choquet et Emmanuelle Ducos, celui qui est aussi président de l’association France-Turquoise et auteur du livre Opération Turquoise. Rwanda 1994 (Perrin, 2010) a plaidé en faveur de l’armée française, comme il le fait sans relâche depuis que cette opération « militaro-humanitaire » placée sous mandat de l’ONU, qui s’est déployée en RD Congo et dans l’ouest du Rwanda, du 22 juin au 22 août 1994, est suspectée d’avoir eu pour ambition de voler au secours du régime génocidaire hutu en déroute. Cela au détriment des rescapés tutsis.

Les procès-verbaux de son audition, que Jeune Afrique a pu consulter, laissent toutefois apparaître diverses zones d’ombre et contradictions de nature à alimenter la controverse, ancienne, autour du rôle des autorités françaises pendant le génocide des Tutsis. Décryptage.

L’armée française a-t-elle envisagé de prendre le contrôle de Kigali ?

Les magistrats ont soumis au général Lafourcade trois documents déclassifiés datant du 15 juin 1994. Ces cartes détaillent trois « options » distinctes relatives au déploiement de Turquoise (« Effort Goma », « Effort Bujumbura », « Variante Ouganda »), lesquelles ont en commun de prévoir une percée jusqu’à Kigali, la capitale – alors partiellement contrôlée par la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR).

Jean-Claude Lafourcade précise qu’à son entrée en fonctions, mi-juin, il avait déjà été décidé que la force Turquoise resterait cantonnée à Goma, à la frontière congolaise, se contentant d’abord d’incursions furtives au Rwanda. Concernant ces documents, qui témoignent qu’une prise de contrôle de Kigali a été envisagée par l’état-major français, il y voit « une activité normale de planification, afin de balayer toutes les options possibles ». « Il ne faut pas interpréter la planification des militaires comme des options politiques », ajoute-t-il, rappelant que « M. Balladur [alors Premier ministre] avait dit de ne pas s’engager à l’intérieur du Rwanda ». [Il] ne voul[ait] en aucun cas montrer une tentative de reconquête du Rwanda [par la France]. »

L’opération Turquoise visait-elle à contrer l’offensive du FPR ?

De bout en bout, les déclarations du général Lafourcade témoignent d’une obsession de l’état-major français envers la progression militaire du FPR, qui était pourtant la seule force militaire sur le terrain à combattre les auteurs du génocide. L’officier évoque notamment la « hantise de l’état-major d’une attaque du FPR sur Kibuye [en zone Turquoise] ». « Le FPR affichait une hostilité à notre intervention », justifie l’ancien commandant de l’opération, ce qui a conduit l’armée française à déployer « un dispositif robuste, avec des avions, des auto-mitrailleuses, des mortiers, afin de ne pas être pris au dépourvu par quelqu’affrontement que ce soit. Ce dispositif a été dissuasif en particulier vis-à-vis du FPR… » Mais il affirme que les militaires français avaient la « volonté de ne pas pénétrer trop loin [vers l’est du pays] pour ne pas être confrontés au FPR ».

Les juges le confrontent alors à la déposition de Guillaume Ancel, qui a participé à Turquoise en tant qu’officier de contrôle aérien avancé (Forward Air Controller). Celui-ci fait état d’un ordre de mission qu’il a reçu le 22 juin, prévoyant un raid terrestre sur Kigali précédé par des frappes aériennes. Le 29 ou le 30 juin, un nouvel ordre prévoyait cette fois de stopper une colonne du FPR à l’est de la forêt de Nyungwe ; il a été annulé in extremis au moment du décollage. Le général Lafourcade exclut que le régiment de la Légion étrangère auquel Guillaume Ancel était rattaché ait pu donner un ordre d’opération « sans avoir reçu l’ordre de l’échelon supérieur, en l’occurrence le Cema [chef d’état-major des armées] ou le commandement d’opération ». Or l’ex-patron de Turquoise est catégorique : « Il n’y a aucune ambiguïté dans mon ordre d’opération, il n’est pas question d’aller bombarder Kigali ». Reste l’hypothèse d’une chaîne de commandement parallèle, à laquelle le général Lafourcade refuse de croire : « Il est inimaginable qu’il y ait deux ordres d’opération contraires, ce serait contraire à toute éthique. »

Il admet toutefois qu’il n’était pas destinataires de certains échanges directs entre l’état-major, à Paris, et les unités d’élite rattachées au Commandement des opérations spéciales (COS) ou le PCIAT [Poste de commandement interarmées de théâtre, basé à Goma], sauf si les intéressés l’estimaient opportun.

Les militaires français ont-ils collaboré avec les tueurs ?

« La difficulté que nous avons eue, en arrivant au Rwanda, était de faire comprendre aux FAR [Forces armées rwandaises, l’armée gouvernementale hutue qui a encadré le génocide] que nous ne venions pas les aider, indique le général Lafourcade, qui revendique « l’impartialité » de Turquoise. Or la majorité de la population, et surtout les FAR, nous ont accueillis en sauveurs dès que nous sommes arrivés, ce qui manifestement est compréhensible : nous avions techniquement coopéré avec [elles] contre les attaques du FPR pendant des années. » Selon lui, même les anciens frères d’armes français des FAR venus avec Turquoise ont appliqué cet ordre « de manière implacable ».

Lorsque les FAR sont « balayés » par le FPR, début juillet 1994, « certains de mes officiers qui s’étaient investis auparavant au Rwanda étaient très choqués et émus du fait que leurs amis d’autrefois allaient être vaincus, mais ils ont exécuté leur mission sans faillir », indique-t-il.

Les Français ont-ils fermé les yeux sur l’implication de leurs anciens alliés dans les tueries ?

Jean-Claude Lafourcade rappelle qu’il a employé le terme « génocide » dans son ordre d’opération, daté du 25 juin. « À ce moment-là, j’avais la conviction qu’un génocide s’était produit à l’encontre des Tutsis », ajoute-t-il. Mais les deux magistrats lui font remarquer que dans son propre ordre d’opération, rédigé trois jours plus tôt, le général Germanos, sous-chef Opérations à l’état-major, évoquait quant à lui « de très graves affrontements inter-ethniques » – renvoyant ainsi dos à dos tueurs hutus et victimes tutsies.

Selon Lafourcade, la France sous-estimait l’implication des autorités rwandaises dans les massacres, ce qui expliquerait la consigne du général Germanos d’inciter les autorités civiles hutues à rétablir leur autorité, alors même que celle-ci était bien assise et les avaient conduites à encadrer le génocide pendant près de trois mois. « Il y a eu effectivement une sous-estimation générale, française et internationale, sur l’implication des autorités civiles et administratives dans le génocide », estime l’officier. Quelques paragraphes plus loin, il confie pourtant que François Léotard, le ministre de la Défense de l’époque, en visite sur le terrain dès le 29 juin, avait « refusé de rencontrer les autorités administratives à Cyangugu parce qu’elles devaient être impliquées dans les massacres ».

Pourquoi l’état-major de Turquoise n’a-t-il pas secouru les rescapés tutsis de Bisesero ?

Aux questions des magistrats sur la passivité des militaires français face à un groupe de rescapés identifiés par un détachement des forces spéciales dès le 27 juin, le général Lafourcade commence par plaider l’ignorance : selon lui, personne n’a informé l’état-major de Turquoise avant le 29 juin que quelque 2 000 rescapés tutsis cachés sur les collines de Bisesero (dans le « triangle de Kibuye ») avaient un besoin urgent d’être secourus. Ni les journalistes français et anglo-saxons présents sur place, ni les officiers du COS. Ce qui expliquerait l’intervention tardive des forces de Turquoise, le 30 juin.

Les magistrats lui soumettent alors un « point de situation » écrit de sa propre main, qu’il a adressé le 27 juin à 22 heures à l’amiral Lanxade, le chef d’état-major des armées. Il y évoque des Tutsis fuyant les massacres qui seraient réfugiés dans le triangle Gishyita-Mont Karongi-Gisovu. Selon ses propres termes, « ne rien faire » consisterait à « laisser se perpétrer les massacres dans notre dos ». En guise d’explications, Lafourcade invoque une simple « réflexion personnelle » : « Je sens confusément qu’il s’agit plutôt de massacres [que d’une présence du FPR]. » « Cela s’est-il traduit par des vérifications dès le lendemain ? », interrogent les magistrats. Le commandant de Turquoise plaide les sous-effectifs : « Nous avons attendu de disposer des moyens nécessaires, […] ce qui a pris deux jours de plus, et je ne peux que regretter la mort des Tutsis qui a pu intervenir pendant ces deux jours. »


Un generale in pensione scuote la Francia

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09/02/2016

Christian Piquemal ha comandato la Légion étrangère: ora rischia un anno di prigione

Un generale in pensione scuote la Francia
Arrestato a 75 anni per aver partecipato a una manifestazione anti-immigrazione: ad essere straniera è questa Europa

In una Francia dove ormai lo stato di emergenza è permanente, ad essere considerati un pericolo per le istituzioni sono i generali in pensione. Il suo nome è Christian Piquemal e la colpa del “giovanotto” è quella di aver moralmente guidato una manifestazione contro lo stato di degrado che si respira ormai da mesi a Calais. È qui che, con la sorveglianza dell’Eurotunnel e i conseguenti blocchi delle autorità francesi e britanniche, si è firmato un campo di diseredati che bivaccano a migliaia in alloggi di fortuna nelle campagne, a ridosso dall’autostrada. Qualcosa che ha preso il nome di “Giungla” su tutti i mezzi d’informazione e dalla quale i “migranti” partono a frotte assaltando i tir in transito, nella speranza di aprire un portellone e rimediare così, con l’autista spesso ignaro e a detrimento delle merci destinate ai mercati, un passaggio verso ciò che considerano il paradiso. Perché di qua, sul continente, invece è l’inferno: la polizia non s’arrischia che in forze ad intervenire, solo quando costretta. Come qualche tempo fa, a seguito di una sparatoria dei migranti musulmani contro i migranti cristiani.

Calais si è così ribellata, ma contro i cittadini il pugno duro si è fatto subito sentire. Sabato scorso c’è stata una manifestazione organizzata dai patrioti francesi riuniti sotto la sigla Pegida (che in Germania combatte da mesi contro l’islamizzazione dell’Europa) e nonostante l’assenza di qualsivoglia incidente il “leader”, il 75enne Chiristian Piquemal, è stato arrestato. Per carità, si tratta pur sempre dell’ex comandante della famigerata Légion étrangère, ma il fatto che si sia fatto due giorni di prigione per essere scarcerato solo ieri (dopo un passaggio in ospedale) è già singolare. Che poi rischi una pena fino a un anno di prigione e un’ammenda di 15mila euro nel processo che si terrà il 12 maggio sembra decisamente un’esagerazione.

Tanto che la mobilitazione si è ancora accentuata, anche perché Calais una settimana prima ha conosciuto l’altra faccia della medaglia: sulla cittadina sono calate le orde dei “no borders” antifascisti che, rinforzati dagli immigrati clandestini, hanno dato vita ad incidenti, imbrattando anche la statua del generale De Gaulle e della moglie. Come dire che al giorno d’oggi tutta Europa è Paese, a suon di frontiere aperte e umiliazioni per ogni simbolo nazionale. Ma lo sventolare dei tricolori francesi, ieri a mezzogiorno fuori dal tribunale di Boulogne sur Mer dove veniva ascoltato, segnala che c’è anche un’Europa che non s’arrende.

robert vignola


Affaire Piquemal : l'armée, entre solidarité et légalisme

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Figaro

Eugénie Bastié Publié le 08/02/2016

Un manifestant en tenue de parachutiste venant manifester sa solidarité avec le général Christian Piquemal devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer (Nord), le lundi 8 février 2016.

Un manifestant en tenue de parachutiste venant manifester sa solidarité avec le général Christian Piquemal devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer (Nord), le lundi 8 février 2016. Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP

Sur les réseaux sociaux, certains militaires soutiennent le général arrêté, tandis que les anciens de la Légion se sont désolidarisés. Le général Tauzin et le Général Dary manifestent leur solidarité.

L'arrestation du général Christian Piquemal samedi lors d'une manifestation interdite à Calais a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux. Les pages Facebook de soutien se sont multipliées. Sur celles-ci, de nombreux militaires, à la retraite ou d'active, témoignent de leur soutien. «C'est un chef comme vous que j'aurais aimé servir durant mes 10 années passées sous les drapeaux!», écrit l'un. «Tous les militaires en activités ou ex, descendons dans la rue pour virer ces politiques de m**** qui cherche que leur profit»(sic), tonne l'autre. Un proche du général Piquemal, parachutiste, confie: «Il y a beaucoup d'appels de militaires pour le soutenir mais si on prend part à cela, on va au putsh, ce qui est inévitable… Il y a un immense risque de guerre civile en France et en Europe.»

Les militaires oscillent entre le légalisme et la solidarité. A l'image de Maxime, sous-officier de 22 ans, qui témoigne: «Sur la forme, le général était le meneur d'une manifestation interdite. Donc son arrestation est légitime, même si je trouve que la façon dont elle s'est déroulée est un peu violente. L'interpellation, d'ailleurs effectuée par des policiers locaux, n'a rien de plus normal. Par contre, sur le fond, l'interdiction de cette manif et les propos de Mme Bouchard à son encontre me paraissent scandaleux quand on tient compte de la situation de Calais et le fait que la manif No border ait été autorisée, elle. Est ce qu'il n'a pas été arrêté simplement pour éviter l'affrontement entre les deux groupuscules?», se demande le jeune homme.

«Je ne l'aurais pas fait mais je ne le juge pas»

La Fédération des sociétés d'anciens de la Légion étrangère - que Piquemal a commandé pendant 5 ans- a publié un communiqué pour se désolidariser du général, et manifester son respect de la chose publique. «Tous ceux qui ont connu le général Piquemal en activité, sont désolés de ces événements», écrit le général Rémy Gausserès, président de la FSALE. «Cependant, la FSALE précise que c'est à titre personnel qu'il a agi. Aussi, toute initiative non concertée avec le bureau de la Fédération, serait de nature à transgresser l'article 7 de notre code d'honneur de l'ancien légionnaire: “Je m'interdis d'impliquer la Légion étrangère dans toute action politique.” Il y va du maintien de la bonne image de la Légion étrangère», ajoute-t-il.

Le général Didier Tauzin, qui n'exclut pas une candidature à la présidentielle de 2017 et publiera un «projet présidentiel» le 19 février prochain, a déploré, dans un communiqué, l'arrestation de Piquemal. «En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui tentent de l'éteindre». «Je félicite vivement le général Piquemal et lui dis tout mon respect.»

Communiqué du Général Tauzin#Piquemal #Calais #RebâtirLaFrance pic.twitter.com/nMGBXlLP2g

— Didier Tauzin (@DidierTauzin) February 7, 2016

Contacté par Le Figaro, le général Bruno Dary, ancien commandant de la Légion étrangère comme Piquemal, lui affirme son soutien. «A titre personnel, je ne l'aurais pas fait, mais je ne le juge pas.» Il cite Antoine de Saint-Exupéry: «Puisque je suis l'un d'eux, je ne renierai jamais les miens quoi qu'ils fassent: je ne parlerai jamais contre eux devant autrui ; quoi que je pense alors sur eux, je ne servirai jamais de témoin à charge!» Il salue un «homme de caractère et de convictions» qui «traduit une exaspération réelle dans le pays». «Son arrestation est un geste maladroit, ambigu et inopportun», conclut-il.

Faut-il hurler au putsh après cet arrestation, arrivé un «6 février», jour anniversaire de la marche des ligues, réprimée dans le sang à Paris? Libération a titré un article sur Piquemal «Graine de putshiste», ce qui a eu le don d'exaspérer les militaires. «Grotesque», siffle Dary. «La mémoire du putsch est plus présente chez les journalistes que chez les militaires», analyse pour sa part Bénédicte Chéron, chercheuse spécialiste de l'armée. «L'immense majorité des militaire est légaliste et loyaliste. On projette une mémoire nationale sur des événements qui n'ont rien à voir.» La chercheuse explique l'engouement que peut susciter Piquemal chez les civils par le fait que «la légion étrangère [soit] une référence mythique qui déclenche une mémoire dans l'opinion».


Calais: la capitulation de l'État, la révolte et la haine

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Figaro Vox

Publié le 07/02/2016 Par Alexis Théas

Crédits photo : PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Alexis Theas, le déchaînement médiatique qu'a suscité le micro-rassemblement «anti-migrants» samedi est un écran de fumée destiné à masquer une situation apocalyptique et la démission de l'Etat.

Pendant que le président de la République apparaissait sur France 2 à la mi-temps de France-Italie pour commenter le match de rugby de samedi, le naufrage de Calais se poursuivait. Une manifestation d'une centaine de personnes, présentée comme «anti-migrants», s'y réunissait. Ce mouvement répondant à un appel du groupe allemand Pegida, «contre l'islamisation de l'Europe», il a été attribué par les médias à l'ultra-droite, voire les néonazis. La manifestation ayant été interdite par le ministre de l'Intérieur, la répression policière a été sévère: 20 interpellations, soit un cinquième des manifestants, 10 placements en garde à vue... Fait marquant: un général de corps d'armée à la retraite, ancien commandant de la Légion étrangère, Christian Piquemal, dont le parcours ne révèle rien d'un factieux ni d'un extrémiste, s'est trouvé parmi les personnes arrêtées. Les commentaires médiatiques se focalisent sur la condamnation virulente du rassemblement qualifié de raciste. Mais que recèle vraiment cette indignation?

La situation de Calais a pris une dimension apocalyptique. Plusieurs milliers de migrants en situation irrégulière ont installé un gigantesque bidonville, surnommé la Jungle, devenue une zone de non droit. Des personnes en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique, dont des enfants, y survivent dans des conditions sanitaires épouvantables, indignes de la France contemporaine, sous la férule des passeurs mafieux et des activistes d'extrême gauche. La violence et le chantage y règnent en maîtres. La police y est prise pour cible et de violents affrontements s'y déroulent périodiquement. Toute une région est gravement sinistrée. Les commerces dont le chiffre d'affaires s'est effondré doivent fermer, les habitants du voisinage vivent dans la terreur. Un véritable chaos se répand sur toute une partie de la région dont l'image est dévastée.

Une tragédie fruit de l'impuissance européenne

Le drame n'a rien de nouveau, même s'il s'est considérablement aggravé en quatre ans. Il remonte à la fin des années 1990, lié au fonctionnement de l'espace Schengen: la France a ouvert ses frontières européennes et s'est engagée à protéger par tous les moyens celles de la Grande-Bretagne, transformant, le Calaisis en cul-de-sac, réceptacle des migrants qui ont traversé une partie de la planète dans le but de se rendre Outre-Manche. Cette tragédie est le fruit de l'impuissance européenne à contrôler la frontière extérieure commune, d'ailleurs totalement démantelée depuis la grande ouverture de septembre 2015. La manifestation de samedi résulte en outre de la faillite de l'Etat dans sa mission d'autorité et de protecteur des populations. La faiblesse, comme toujours, est le plus court chemin qui conduit à la haine et la violence. La responsabilité de M. François Hollande est engagée. L'article 5 de la Constitution de 1958 fait du chef de l'Etat le «garant de l'intégrité du territoire». Le président de la République, qui ne s'est jamais rendu sur place, est responsable de l'abandon à des groupes mafieux d'une parcelle du territoire national. Calais fait autant partie de la France que le huitième arrondissement de Paris, faut-il le lui rappeler?

Le monde politico-médiatique s'est déchaîné contre le général Piquemal accusé d'extrémisme. Et si le geste solitaire de ce Soldat n'était rien d'autre qu'un mouvement de désespoir et de colère contre la grande dérobade politicienne dont la Jungle de Calais est devenue le sinistre symbole?

La vigueur des réactions politiques et médiatiques à un micro-rassemblement de cent personnes, le déchaînement médiatique autour des incidents, se présentent ainsi comme un écran de fumée destiné à masquer le désastre humanitaire et national dans toute son ampleur. La vigueur de la répression policière contraste avec le laxisme généralisé qui a abouti à la formation d'un bidonville abandonné à la mafia et aux groupuscules d'extrême gauche. Il faut y voir une gesticulation destinée à compenser une capitulation quotidienne, face à l'immigration illégale, face aux passeurs mafieux, à l'image d'un mode de gouvernement fondé sur les leurres et les manipulations. Le psychodrame de samedi renvoie au débat en cours sur la déchéance de la nationalité, et ses coups de menton destinés à recouvrir la désintégration en cours de la société française, sa plongée dans le désordre et la violence, de Calais à Marseille, en passant par Paris. Il est plus facile de réformer la Constitution dans les Palais feutrés de la République en donnant des leçons de morale républicaine, que de venir au secours de compatriotes aux prises avec l'horreur mafieuse. Le pouvoir évite ainsi de braver par des actes réels l'angélisme et le sans-frontiérisme, qui demeurent les piliers idéologiques du parti socialiste.

Le monde politico-médiatique s'est déchaîné contre le général Piquemal accusé d'extrémisme. Et si le geste solitaire de ce Soldat n'était rien d'autre qu'un mouvement de désespoir et de colère contre la grande dérobade politicienne, la démission de l'autorité face au chaos français et européen, dont la Jungle de Calais est devenue le sinistre symbole?


Prise d’otages à Djibouti en 1976 : le chauffeur du car scolaire raconte

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Jean-Marc Ducos | 06 Févr. 2016

A l'époque chauffeur du bus scolaire des enfants de militaires français à Djibouti, Jean-Michel Dupont raconte dans un livre la prise d'otages oubliée de Loyada en 1976. 
A l'époque chauffeur du bus scolaire des enfants de militaires français à Djibouti, Jean-Michel Dupont raconte dans un livre la prise d'otages oubliée de Loyada en 1976. 

C'était le 3 février 1976. Jean-Michel Dupont, jeune appelé du contingent, avait 19 ans et assurait le ramassage scolaire des enfants de militaires français sur les bases de Djibouti. Mais ce jour là, son car est pris d'assaut par une équipe de terroristes du Front de libération de la Côte des Somalis (FLCS).

Pour mettre fin à cette prise d'otages à Loyada, à la frontière avec la Somalie, le gouvernement français paniqué fait appel à une unité alors totalement inconnue : le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Ce sera leur premier fait d'armes. Ils neutraliseront les 8 ravisseurs en un tir simultané. Cette stratégie les fera entrer dans l'histoire.

 Sportif accompli, passionné de basket, Jean-Michel Dupont qui se destinait à la mécanique devient chauffeur de bus dans l'Armée de l'Air, le temps de son service national. «Je faisais la tournée des bases de Djibouti pour conduire les enfants à l'école. Je prenais les plus jeunes», se souvient Jean-Michel Dupont, 59 ans, avant de détailler les faits de ce 3 février 1976.

Des terroristes armés à bord du Saviem

 Comme d'habitude, il croise son ami au volant de l'autre bus, transportant, lui, les collégiens. «Et d'un seul coup je l'ai vu se reculer. Son visage avait changé», raconte Jean-Michel qui n'a pas deviné que les terroristes montaient à bord de son Saviem. «L'un d'eux m'a mis son arme dans le dos et m'a dit Avance. Alors j'ai roulé», continue l'ancien appelé qui redoute alors le pire au moment où il va croiser le premier poste militaire sur la route. «Les enfants étaient comme figés au début», se souvient t-il. L'un de ses ravisseur ouvre le feu contre un poste tenu par des légionnaires qui prennent en chasse le car.

«Je me demandais quand ils allaient m'abattre»

 «Les terroristes m'ont dit de prendre la piste vers la frontière avec la Somalie. J'ai songé à un moment à coucher le bus, mais j'y ai renoncé ne sachant pas si les enfants allaient survivre à l'accident. Et je me suis arrêté à 200 m de la frontière à Loyada par plus de 35 degrés», relate celui qui deviendra par la suite conseiller d'éducation dans l'enseignement. Le bus stoppé, un gendarme vient aux nouvelles des exigences des preneurs d'otages. Jean-Michel rédige alors sur un bout de papier leurs exigences et la confie au plus jeune des écoliers à bord du car pour qu'il les apporte aux autorités. «Une pure folie mais il était le premier libéré», dit-il avec le recul. Le jeune appelé se prépare à une première nuit dans le car avec la trentaine enfants à qui il sert de nounou.

«Je ne pouvais pas abandonner les enfants»

  «On nous a fait passer de l'eau et des rations, j'ai distribué les couvertures. Les enfants lisaient leur livre d'école et récitaient leurs leçons. Ils n'étaient pas si affolés car ils n'avaient pas conscience de ce qui se passait. Ils circulaient même à l'intérieur du bus», se remémore Jean-Michel Dupont. Lui était bien plus anxieux : «Je me demandais Quand allaient-il m'abattre ?»

 Dans le car, la situation est surréaliste. Le jeune appelé a été rejoint par une assistante sociale qui fait la navette avec la base des légionnaires. «Le soir j'ai songé à fuir. Je n'avais que 50 m à faire. Mais je suis resté pour les enfants, je ne pouvais les abandonner», dit-il encore.

Deux enfants tués et lui handicapé à vie

  Le lendemain, le 4 février, l'assistante sociale lui fait passer le mot que «quelque chose se prépare». Lui croit à un assaut héroïque des légionnaires face aux terroristes rejoints par des soldats somaliens. Alors qu'il est assoupi dans le bus en pleine après-midi, il est réveillé par un bruit sec. Celui d'une salve unique tirée dans les vitres. «Et j'ai vu mon gardien tomber, un trou entre les deux yeux. Ca sentait la poudre. J'ai demandé aux enfants de se coucher sous les sièges pour se mettre à l'abri mais la petite Nadine avait mal aux dents et s'est redressée pour venir vers moi...», témoigne Jean-Michel.

 Une rafale du huitième terroriste, le seul à riposter, fauche la petite Nadine Durand. Une autre enfant Valérie Geissbuhler ne survivra pas à ses blessures. La rafale hache la jambe gauche de Jean-Michel qui part en lambeaux. Il passera 6 mois à l'hôpital et restera handicapé à vie. «J'ai surmonté l'épreuve. A l'époque il n'y avait pas de cellule psychologique. Mais le tir groupé du GIGN, c'était la seule issue pour nous sortir de là...», jure Jean-Michel Dupont. D

 Depuis la parution du livre sur ces événements tragique, Jean-Michel a reçu des messages d’«anciens otages». «Je m'aperçois qu'ils ne m'ont pas oublié», constate-t-il avec satisfaction.

*«Les Enfants de Loyada» de Jean-Luc Riva aux éditions Nimrod. 21 €.

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La Bretagne accueillera la première Coupe du monde militaire féminine

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Ouest-France, toute l’actualité locale et internationale

Publié le 05/02/2016


Les rencontres entre les nations vont s’enchaîner dans plusieurs villes de la région
Les rencontres entre les nations vont s’enchaîner dans plusieurs villes de la région | CNSD/2015

Huit formations internationales disputeront la première Coupe du monde de football militaire féminin qui se déroulera en Bretagne du 24 mai au 5 juin.

C’est un événement important à la fois dans le monde du football mais aussi au sein de l’armée. La première coupe du monde de football féminin se tiendra en Bretagne du 24 mai au 5 juin.

Aux côtés de l’équipe française est attendu un plateau relevé avec le Brésil, les USA, le Cameroun, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Grèce et la Belgique.

Les autorités militaires et les responsables de la ligue de football de Bretagne ont présenté les grandes lignes de la première coupe du monde de football militaire

« Une fête populaire »

« On veut une fête populaire, c’est pourquoi les entraînements et les rencontres sont gratuitement. C’est aussi un moyen de promouvoir la féminité dans nos rangs. Enfin, cette compétition doit permettre à la Bretagne de rayonner à l’international » relève le commissaire en chef Hervé Piccirillo

6 000 licenciées en Bretagne

D’ailleurs plusieurs villes se sont rapidement porté candidates à l’accueil de rencontres ou d’entraînement. D’autant plus que certaines comme Vannes ou Cesson-Sévigné possèdent une structure militaire sur leur territoire.Du côté de la ligue de Bretagne, on a le sourire.

« En Bretagne, on compte 5 935 licenciées. Et je vous assure il y a de la demande. Je tiens à insister sur le fait que le foot, c’est le haut niveau mais notre mission c’est aussi encadrer, former et éduquer », rappelle Rémy Féménia, vice-président de la ligue de Bretagne.

Entrée gratuite

Défiée sur ses terres, la France va-t-elle remporter cette première coupe du monde ?

Toutes les séances d’entraînement ainsi que les rencontres seront gratuites. Seule la soirée d’accueil des délégations, qui se tiendra à Cesson-Sevigné le mardi 24 mai, sera payante.

« Le concert sera donné par la légion étrangère. Ce sera un moment festif, inattendu et convivial au bénéfice de nos blessés », explique le général de Saint-Chamas, commandant de la zone de défense.

Le 26 mai, l'équipe de France donnera le coup d’envoi du tournoi international qui verra se jouer deux rencontres par jour.

La finale se disputera, elle au stade de la Rabine à Vannes le dimanche 5 juin. La ville accueillera également la cérémonie de clôture le lendemain.


Mort d'un ancien légionnaire retrouvé avec une paire de ciseaux dans la poitrine

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Actualités

Publié le 04/02/2016 à 07:35

Les gendarmes ont effectué de longues constatations techniques, sur les lieux du drame, à Montberon./Photo DDM, Thierry Bordas.
Les gendarmes ont effectué de longues constatations techniques, sur les lieux du drame, à Montberon./Photo DDM, Thierry Bordas.

Volets clos, portail rongé par la rouille et verrouillé par de solides maillons d'une chaîne cadenassée… Un lourd silence tombe comme une chape de plomb sur la villa d'un couple de retraités.

Il est un peu plus de 12 heures, hier, lorsque Arnold Wachter, 71 ans, est retrouvé mort dans le garage de sa maison, rue du professeur Rémond, une étroite ruelle entre l'église et la mairie, à Montberon, près de Toulouse. Une paire de ciseaux est plantée dans sa poitrine. C'est l'épouse de la victime qui fait la macabre découverte. Malgré l'intervention des secours, rien n'y fait. Cet ancien légionnaire succombe à ses graves blessures provoquées par le tranchant des lames. «Des investigations sont en cours pour rechercher précisément les causes de la mort», commente, avec prudence, le parquet, même si à ce stade des investigations, l'hypothèse criminelle ne serait pas privilégiée. Selon toute vraisemblance, la victime aurait décidé de mettre fin à ses jours de manière brutale. Une hypothèse qui devra être confirmée par l'autopsie du corps prévue vendredi, à l'institut médico-légal de Rangueil.

Des problèmes respiratoires

Durant une bonne partie de la journée, les gendarmes de la brigade de recherches (BR) de Toulouse Saint-Michel ont passé au peigne fin le garage et les pièces de la maison de ce couple «très discret», «qui n'a jamais posé le moindre problème», selon le voisinage. Une inspection méthodique dont les premiers résultats accréditeraient la thèse d'un acte de désespoir commis dans une pièce où la malheureuse victime avait l'habitude de se rendre. Diminué par des problèmes respiratoires, mais sans pour autant nécessiter l'assistance d'un important appareillage, le septuagénaire a-t-il voulu mettre fin à des souffrances qu'il jugeait trop lourdes à supporter ? Durant une bonne partie de la journée, la rue du Professeur Rémond est restée fermée à la circulation. Les gendarmes de la brigade de Castelginest et les enquêteurs de la BR de Saint-Michel ont relevé tous les indices nécessaires à leurs investigations en la présence d'un magistrat du parquet.

Hier, l'épouse de la victime a été entendue à la gendarmerie, conformément à la procédure.


Les anciens de la légion étrangère ont déménagé

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Publié le lundi 1er février 2016.

La section hyéroise de l'Amicale des anciens de la Légion étrangère (AALE) a inauguré son nouveau local au sein de la maison du combattant d'Hyères.

L'AALE, section d'Hyères, dans ses nouveaux locaux à la maison du combattant. DR

La section hyéroise de l'Amicale des anciens de la Légion étrangère (AALE) a inauguré son nouveau local au sein de la maison du combattant d'Hyères.

Cette cérémonie s'est déroulée en présence du général 5 étoiles Guignon, du colonel Bertout, délégué du SALE 06/83, du colonel Ibanez, de l'adjudant Farkas et du président départemental de l'AALE, José Madeiras.

Le président de la section, Régis Guillem, a présenté ses vœux aux participants et remercié le général...


Une héroïne française

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Le 27 janvier 2016 | Par Gilles Martin-Chauffier

Edmonde Charle-Roux dans sa villa, près d’Aix-en-Provence

Dans sa villa, près d’Aix-en-Provence : des centaines de livres et une photo de Gaston Deferre avec Zizi Jeanmaire, qu’ils adoraient. Edmonde avait écrit des arguments de ballet pour Roland Petit. © Jacques Lange

La romancière, ancienne présidente du jury Goncourt, fut d’abord une combattante pendant la Seconde Guerre mondiale. Edmonde Charles-Roux a régné. Sur la presse, sur le (grand) monde. Et sur le cœur de Gaston Defferre, donc sur celui de Marseille. Puis elle a été élue présidente. C’était à l’académie Goncourt dont elle a été membre pendant trente-trois ans.

On a tout dit d’elle. Qu’elle était belle, intelligente, cultivée, courageuse, proche de la plus haute société comme intime des meilleurs artistes de son temps. Toutes les épithètes flatteuses allaient à son teint. Mais personne ne lui a jamais accolé le terme de « familière ». Edmonde Charles-Roux était d’abord une femme du monde.

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A Marseille, sa ville adorée, où l’on n’ignorait rien de son caractère et de sa personnalité, on l’appelait la « dame de fer » depuis son mariage avec le maire. Mais on connaissait sa famille depuis des générations. Dès le XIXe siècle, les Charles-Roux y avaient tenu le haut du pavé. Propriétaires de savonneries, armateurs, députés attachés à l’expansion de notre empire colonial, ils y symbolisaient la haute bourgeoisie triomphante de la IIIe République qui fournissait le pays en industriels et en grands commis de l’Etat. Parfois, comme son père, ils étaient l’un et l’autre.

A 15 ans, Edmonde Charles-Roux a déjà compris qu’on n’éteint pas la lumière en fermant les yeux

Avant de devenir le dernier président de la richissime Compagnie de Suez, nationalisée par Nasser en 1956, François Charles-Roux avait été un grand ambassadeur à la veille de la Seconde Guerre mondiale. A l’époque, le Quai d’Orsay était le club le plus chic de France, plus sélect encore que le Jockey. On y rencontrait les Margerie, les Chambrun, les François-Poncet et tous ces fils de famille qui incarnaient l’élégance patricienne française mais défendaient la République et ses valeurs face aux voyous tenant les rênes à Berlin, Rome, Madrid et ailleurs. L’Europe était leur salon.

A voir aussi : Les adieux à Edmonde Charles-Roux

C’est parmi eux que, petite fille, Edmonde a découvert le monde dans nos ambassades les plus prestigieuses, à Prague, puis à Rome, auprès du Saint-Siège, à deux pas de la place de Venise d’où Mussolini haranguait la foule. Inutile de dire que si, en ces années-là, les enfants pouvaient être vus mais pas entendus, elle n’en ouvrit pas moins grands les yeux.

Edmonde Charles-Roux, une combattante qui recevra la croix de guerre.
Edmonde Charles-Roux, une combattante qui recevra la croix de guerre. © DR

Rien ne lui échappa du spectacle quotidien de la brutalité fasciste. Ni de l’impuissance de nos diplomates en cachemire qui saisissaient leurs pinces à sucre pour contrer les haches de Hitler. Marquée à vie, Edmonde fut du premier au dernier jour une femme de gauche. A 15 ans, déjà, elle avait compris qu’on n’éteint pas la lumière en fermant les yeux. Dans l’existence, il faut se battre. Quand la guerre éclate, elle a 20 ans, et les filles de son milieu, avec leur col en dentelle et leurs gants blancs, ont l’air de Cendrillon au bal. Pas elle. Alors que son père va devenir secrétaire général du Quai d’Orsay à la place d’Alexis Leger, elle s’engage comme infirmière et elle est blessée. Après la débâcle, pas question de se résigner, elle travaille pour la Résistance. Et, en 1944, dès le Débarquement en Provence, elle entre à la 5e DB et mène campagne jusqu’à la victoire.

Gaston Defferre la contemple comme la voûte céleste et elle le seconde dans la cité

Infirmière, elle soigne beaucoup de légionnaires, devient extrêmement populaire, notamment auprès des Tchèques dont elle comprend la langue, et sera faite caporal d’honneur de la Légion étrangère, une distinction dont elle restera aussi fière que de sa croix de guerre et de sa Légion d’honneur où elle atteindra le grade de grand officier. La paix établie, elle redevient ce qu’elle est : une vraie beauté du gratin qui se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire de sa vie. Pas question de se ranger en annonçant ses fiançailles dans le carnet mondain du « Figaro ». Avec la souplesse des petits chats, qui retombent toujours sur leurs pattes, elle atterrit dans la presse. Elle est belle, elle a un merveilleux carnet d’adresses plein de De… et de Du…, la presse féminine l’accueille à bras ouverts. D’abord à « Elle », avec Hélène Lazareff, puis à « Vogue ». Mais c’est mal la connaître d’imaginer qu’elle va se contenter de mondaniser pour le journal. Ce n’est pas le champagne qu’elle veut faire couler, c’est l’encre.

Décembre 1971, Edmonde Charles-Roux pose pour le photographe de Paris Match Jean-Claude Sauer.
Décembre 1971, Edmonde Charles-Roux pose pour le photographe de Paris Match Jean-Claude Sauer. Jean-Claude Sauer

Et, là encore, son énergie renverse tout sur son passage. En six ans, elle devient rédactrice en chef et crée un style. Fini, les photos posées et les légendes composées, le style petite dame, les renvois d’ascenseur, les séances maquillage. Elle n’a pas des yeux pour recopier ce qui se fait déjà. Elle appelle les meilleurs photographes (William Klein, Richard Avedon, Irving Penn, Guy Bourdin), rameute ses amis écrivains (Violette Leduc, François Nourissier, François-Régis Bastide) et leur laisse carte blanche en disant, comme Diaghilev à Cocteau : « Etonnez-moi. » Ça marche. Elle n’a pas peur de choquer et d’imposer son point de vue au cric. L’art et la presse ne sont pas faits pour changer le monde mais pour le montrer. Alors, allons-y ! Un jour, elle fait poser des mannequins sur le mur de Berlin ! Une autre fois, elle prétend mettre une top model noire en couverture. Là, c’en est trop pour le groupe Condé Nast. Les provocations de la gauche caviar parisienne font sans doute beaucoup rire Aragon et sa petite bande (dont Edmonde est un suppôt) mais passent par-dessus la tête des annonceurs de Manhattan qui ne veulent jamais prendre leurs lecteurs à rebrousse-poil. Edmonde claque la porte.

Invitée à l’Elysée par Giscard d’Estaing (à g.) lors de la réception pour le pape Jean-Paul II en 1980. A sa droite, François Mitterrand et Gaston Defferre.
Invitée à l’Elysée par Giscard d’Estaing (à g.) lors de la réception pour le pape Jean-Paul II en 1980. A sa droite, François Mitterrand et Gaston Defferre. © Patrick Jarnoux/PARISMATCH/SCOOP

Ça tombe bien, elle avait envie de passer à autre chose. La littérature la démange. Elle s’est fait la main en servant de nègre à Maurice Druon pour sa saga des « Rois maudits ». Depuis, elle songe à un roman personnel. Son licenciement lui donne des fourmis dans les doigts. Bientôt paraît son premier titre : « Oublier Palerme ». Un vrai règlement de comptes : la vie d’une petite Sicilienne partie pour New York où elle entre à « Fair », un journal qui ressemble comme deux gouttes d’eau à « Vogue ». C’est une fresque : l’Amérique, la Sicile, l’amour, la presse, le chagrin. Succès immédiat et, cerise sur le gâteau, le prix Goncourt. Décidément, elle déploie ses talents comme un éventail. Sa troisième carrière est lancée. Tout se passe à merveille. Dans « Elle, Adrienne », un aristocrate, officier dans la Wehrmacht, tombe amoureux d’une célèbre couturière parisienne ; cela ressemble à une liaison fatale de Coco Chanel ou d’Arletty dans l’Europe équivoque des années 1940. Gros succès. Tout comme « L’irrégulière », encore plus visiblement inspirée par Chanel. Ensuite viendront deux ouvrages plus austères pour raconter la vie d’Isabelle Eberhardt, une jeune Suissesse convertie à la religion musulmane et morte à 27 ans lors de la crue d’un oued dans le Sud algérien qu’elle traversait déguisée en garçon. Un sujet idéal pour Paris, ville où beaucoup de mandarins mènent la vie de Cocteau tout en rêvant d’enfiler bientôt les sandales de Charles de Foucauld.

La photo préférée de Gaston Defferre : Edmonde Charles-Roux et lui sur le yacht « Eglantine ».
La photo préférée de Gaston Defferre : Edmonde Charles-Roux et lui sur le yacht « Eglantine ». © DR

Mais les deux livres, même longs comme les dunes du désert, confirment son talent : l’histoire inouïe d’une femme qui se noie au Sahara ! C’est une grande romancière. Tant mieux pour ses confrères car elle finit aussi par être la grande prêtresse du Goncourt. Et attention, prudence ! Les éditeurs découvrent vite que, avec elle, mieux vaut s’abstenir de savantes manoeuvres d’approche. Elle aime ou elle n’aime pas, mais elle n’a besoin de personne pour se faire expliquer les subtilités d’une oeuvre. C’est une femme libre. Une femme heureuse, aussi. Elle a enfn rencontré l’homme de sa vie. Ce n’est pas le premier. Elle a beaucoup de succès. On l’a vue longtemps auprès d’Orson Welles, puis avec Maurice Druon. Plus tard, le Tout-Paris médisant lui prêtera une liaison avec Kadhafi – elle en sourira, ni plus ni moins. Mais cette fois-ci, c’est le bon. Au lendemain du Goncourt, quand Marseille a voulu rendre hommage à son prix, Gaston Defferre est tombé amoureux au premier regard.

Edmonde Charles-Roux devant la Sainte-Victoire
Edmonde devant la Sainte-Victoire, la montagne de Cézanne, près d’Aix, où elle avait choisi de se retirer en 1989, trois ans après la mort de Gaston Defferre © Jacques Lange

Très vite, ils sont comme le gant et la main. Il la contemple comme la voûte céleste et elle le seconde dans la cité dont elle devient le ministre de la culture, de la communication et de mille autres petites choses qui nous échappent. En épousant ce protestant austère venu de Nîmes pour s’emparer de la ville et ne plus la lâcher jusqu’à sa mort, elle est à sa place, la première. Qu’il s’agisse du « Provençal », de Bernard Tapie, du Festival d’Aix, du théâtre La Criée, du musée Cantini, dès qu’une question se pose, la réponse s’impose : « Qu’en pense Edmonde ? » On attend alors ce que dit l’oracle. Edmonde est la reine, tout simplement. A la mort de Gaston, elle lui consacrera un superbe album photo, « L’homme de Marseille », où on les voit avec leurs amis, des gens tout simples, les Mitterrand, par exemple, ou le kiosquier de la rue Paradis. De son Olympe, Edmonde ne classait pas les gens. A la fin de sa vie, elle vivait beaucoup dans sa propriété de la campagne provençale. Une très belle maison, pas le genre qu’on achète, plutôt celle « qui est dans la famille depuis l’Antiquité ». Elle donnait encore des critiques littéraires à « La Provence », mais on n’osait plus la déranger. Fille de mandarin, femme de mandarin, mandarin elle-même, elle aurait pu susciter la jalousie mais c’est le respect qu’elle inspirait. La prudence aussi car on sentait vite en sa présence que cette femme, tellement élégante et séduisante, pouvait d’un mot vous effacer du paysage, sans élever le ton, d’une voix blanche tombée de la plus haute branche de son arbre généalogique.


SEISSAN Galette des Rois avec l'Amicale des anciens de la Légion

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Le journal du Gers

26.01.2016

C’est dans la salle des fêtes de SEISSAN  que l’Amicale des Anciens  de la Légion Etrangère du Gers avait décidé de fêter les Rois. Ils étaient une douzaine de membres de l'Amicale auxquels s’ajoutaient quelques retraités d’autres armes et leurs familles , parmi lesquels Ivan Baus, le président de cette association.

Après avoir accueilli personnellement chaque adhérent et excusé les quelques absents pour  raison de santé , ce dernier a rappelé ce que représente cette fête de l’Epiphanie pour la grande famille de la Légion. La Légion Etrangère , ce sont actuellement 7200 hommes de 152 nationalités différentes. Aussi  dans un esprit de cohésion, trois fêtes  sont solennellement célébrées : Camerone, anniversaire de la terrible bataille du 30 avril 1863, fête de la tradition militaire, puis  Noël  , fête de la famille légionnaire pour ces hommes bien loin de leur famille de sang  qui retrouvent une certaine intimité empreinte de fraternité au sein de la caserne et enfin l’Epiphanie  qui permet d’élire le roi pour  la journée entouré de sa  cour ,lequel accorde une demi-journée de quartier libre à son peuple, et un quart de vin supplémentaire, fête plutôt burlesque.

Si pour les retraités gersois, Camerone sera  célébré dans quelques semaines  à Auch dans la pure tradition avec piquet d’honneur, office religieux et deux prises d’armes, l’Epiphanie a été à Seissan,  la fête familiale avec femmes et même  enfants,   autour des traditionnelles galettes : frangipane ou  couronne  au choix  , cidre et jus de fruits. Seuls le drapeau de l’Amicale  et les fanions   ainsi que les décorations portées sur certaines poitrines  rappelaient que l’on avait bien affaire à d’anciens militaires .

Ils  étaient là,  avant tout,  pour se retrouver  dans  le meilleur esprit de convivialité et de belle camaraderie afin de  se détendre  entre anciens qu’un vécu parfois difficile a soudé  depuis longtemps.


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