AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

2013




«C'était la guerre»

Envoyer

C'est un sujet tabou, qui a donné du fil à retordre au réalisateur chaux-de-fonnier Daniel Künzi: les Suisses, au nombre de 7 à 8000, qui s'engagèrent dans la Légion étrangère française après la Seconde Guerre Mondiale.
«C'était la guerre», de Daniel Künzi, à découvrir à Genève, Cinéma Bio, tous les jours à 14h30, 18h10 ou 21h10.
La bande annonce du film : 


La Musique de la Légion étrangère rend hommage à Edith Piaf

Envoyer

A l’occasion des célébrations des 50 ans de la disparition d’Edith Piaf, la Musique de la Légion étrangère, accompagnera la chanteuse Nathalie Lermitte devant l’église St-Jean-Baptiste à Paris, le dimanche 13 octobre à 17h00 pour une représentation unique du spectacle "Piaf,une vie en rose et noir".

Dans cette « biographie musicale », Jacques Pessis (narrateur), Nathalie Lermitte (chanteuse), et Aurélien Noël (accordéoniste) racontent le destin hors normes, de la fille d’un acrobate des rues, née boulevard de Belleville, passée de la misère à la gloire. Ce spectacle offre une nouvelle mise en scène, des anecdotes inédites, et des chansons permettant de découvrir Piaf, au-delà de sa légende. Celle qui « aimait chanter la vie au bord des larmes », était en coulisses une femme qui aimait rire, profiter intensément de chaque seconde d’une existence qu’elle savait courte.

Dans le cadre des célébrations, ce tour de chant spécialement arrangé sera porté par les cinquante musiciens de la Légion. La Musique de la Légion étrangère, dernièrement distinguée par un disque d’or pour son album Heros du prestigieux label Deutsche Grammophon ira une nouvelle fois à la rencontre du public pour célébrer l’icône qui a nourri le mythe Légion.

Un spectacle gratuit et en libre accès qui naviguera du titre dédié par Edith Piaf à la Légion « Non je ne regrette rien » à « Mon légionnaire ».


Parvis de l’Eglise Saint Jean-Baptiste
139, rue de Belleville
75020 - Paris


Devoir de mémoire

Envoyer

 


Conférence du 26 septembre‏ 2013.

Envoyer

Bonjour,

Les membres des associations adhérentes au CEACH (Comité d’entente des associations de combattants de l’Hérault sont cordialement invités1 à la première conférence de la saison 2013/2014 dont la présentation vous est faite dans le flyer joint.

Il vous est demandé de ne pas arriver avant 18h afin que vous puissiez stationner dans la caserne sans difficulté.

La conférence sera suivie d’un pot qui est offert par les 3 associations.

Pour faciliter les opérations de contrôle d’accès, nous vous prions de vous inscrire auprès de l’association2 qui vous invite, soit par téléphone, soit par courriel avant le 23 septembre au soir.

Claude Gradit

 

(1)     Vous pouvez être accompagnés par des personnes de vos familles ou par vos amis.

(2)     ,Moi-même, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. et 04 67 59 71 80


François Faber

Envoyer

Le Grand Témoin Émission du 27/08/2013

Envoyer

Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc est mort

Envoyer

26 août 2013

C’est un grand soldat qui vient de nous quitter : le commandant Hélie Denoix de Saint Marc s’est éteint, ce 26 août, à La Garde-Adhémar dans la Drôme, à l’âge de 91 ans.

Résistant, déporté, officier parachutiste de la Légion étrangère, il fut l’un des acteurs du putsch des généraux, à Alger, le 21 avril 1961, alors qu’il était à la tête du 1er Régiment Etranger de Parachutistes (REP).

Né le 11 février 1922 à Bordeaux, Hélie de Saint Marc entre en résistance à l’âge de 19 ans en intégrant le réseau Jade-Amicol, dont l’activité consiste à obtenir des renseignements pour le compte de l’Intelligence Service britannique dans le sud ouest de la France.

Sa vie bascule une première fois le 14 juillet 1943 : dénoncé, Hélie de Saint Marc est arrêté puis envoyé au camp de Langenstein-Zwiebrege, dépendant de celui de Buchenwald et où le taux de mortalité dépasse les 90%. Grâce à l’appui d’un mineur letton, le jeune homme sera l’un des 30 survivants d’un convoi qui comptait plus de 1.000 déportés.

Grâce à une mesure exceptionnelle prise à la fin de la Seconde Guerre Mondiale qui permettait aux anciens résistants d’être admis à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Hélie de Saint Marc devient officier et choisit de servir au sein de la Légion étrangère. Ce qui l’emmenera à se battre en Indochine. Là, il sera marqué par la terrible expérience d’abandonner à leur sort des villageois ayant soutenu les Français. C’est ce qui expliquera sa décision de participer au putsch des généraux d’Alger.

“Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d’abus de confiance et de reniement. Nous nous souvenions de l’évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Nous nous souvenions de Diên Biên Phû, de l’entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français. Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d’Afrique. Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse. Nous pensions à ces inscriptions qui recouvrent les murs de tous ces villages et mechtas d’Algérie : ‘L’Armée nous protégera, l’armée restera’. Nous pensions à notre honneur perdu”, plaide-t-il devant le haut tribunal militaire, le 5 juin 1961.

Pour avoir “préféré le crime de l’illégalité au crime de l’inhumanité”, comme il l’a écrit dans ses mémoires, il est condamné à une peine de 10 ans de réclusion criminelle. Après 5 ans de détention à la prison de Tulle, il est finalement gracié le jour de Noël 1966. Bien que sollicité pour faire le mercenaire, le commandant de Saint-Marc entame une nouvelle carrière dans l’industrie, grâce au soutien d’un ancien déporté. Il sera réhabilité par Valéry Giscard d’Estaing en 1978 puis se verra élevé à la dignité de Grand’Croix de la Légion d’Honneur par le président Sarkozy, 23 ans plus tard.

Le commandant de Saint Marc a évoqué  ses expériences et ses souvenirs dans une série d’ouvrages, dont l’un – Les champs de braises. Mémoires – obtiendra le prix Femina de l’essai en 1996 et dans lequel il avait écrit ceci, en guise de conclusion :

“Un jour, je ne me réveillerai plus. J’ai pris l’habitude de voir la mort, cette étrange camarade, s’approcher, hésiter longuement puis, à l’instant de saisir sa proie, s’éloigner sans raison. Le jour où elle n’hésitera pas, la surprise sera peut-être d’autant plus grande. (…) Ces bonheurs et ces souffrances, ces paysages, ces hommes et ces femmes effacés de la matière par leurs bourreaux mais pas de ma mémoire, disparaîtront-ils avec mon cerveau lorsqu’il sera sans onde, et mon coeur sans battement et membres inertes? La réincarnation est l’un des grands mystères du bouddhisme. Ce livre, à sa manière, est peu de la même eau. Si un seul adolescent pouvait se méfier des slogans qui proclament que le bien de l’humanité exige la destruction de la moitié de ses semblables, j’aurais atteint mon but.”

Plus :Que dire à un homme de 20 ans“, par le commandant Hélie de Saint Marc


La mort d'Hélie de Saint-Marc

Envoyer

Publié le lundi 26 août 2013

Une figure de l'armée français vient de s'éteindre à 91 ans. «Vous savez, je doute», nous disait-il en 2002.

On apprend la mort d'Hélie de Saint-Marc, l'une des grandes figures morales de l'armée française, qui incarnait le destin tragique de toute une génération de militaires.  Il avait 91 ans. 

Pour quelques uns, notamment chez les gaullistes, Hélie Denoix de Saint-Marc sentait encore le soufre. En avril 1961, à la tête du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), cet officier de la Légion participe au putsch des généraux qui souhaitent conserver l'Algérie française. Aussitôt arrêté, il est condamné à dix ans de réclusion criminelle et emprisonné, ce qui lui évitera de participer aux actions terroristes de l'OAS. Libéré en 1966, il sombre dans l'oubli et travaille dans l'industrie. Convaincu par son petit-neveu, l'éditeur Laurent Beccaria, il publie ses mémoires en 1995. Les Champs de braise (Editions Perrin, nouvelle édition en poche chez Tempus) est un grand succès de librairie, il obtient le prix Femina-essai et, plus étonnant, le prix Erwan Bergot, décerné par l'armée de terre. 

Homme de droite, Saint-Marc n'est pourtant pas une vieille ganache réactionnaire. Né en 1922, catholique fervent, issu de la petite noblesse du Sud-Ouest, il entre dans la Résistance dès février 1941. «A 20 ans, j'étais déjà un homme de rupture», nous disait-il. Arrêté en juillet 1943, il est déporté à Buchenwald. A la Libération, «mal à l'aise dans l'atmosphère de l'après-guerre, j'ai cherché à Saint-Cyr, puis à la Légion étrangère, la fraternité que j'avais connue dans la Résistance puis à Buchenwald». A trois reprises, de 1948 à 1954, il effectue des séjours en Indochine où, comme de nombreux soldats, il se prend de passion pour ce pays. Puis c'est la guerre d'Algérie, où le jeune commandant va basculer, à 39 ans, dans l'irréparable en prenant les armes contre le pouvoir légal. L'affaire se termine en pantalonnade et les légionnaires de Saint-Marc se rendent aux autorités en chantant à tue-tête : «Non, rien de rien, je ne regrette rien...», d'Edith Piaf.

Quarante ans plus tard, Saint Marc est devenu un mythe au sein de l'armée française. Il était reçu par les grands chefs, adulé à Saint-Cyr, et ses nombreux livres  ont rencontrés  un large public, bien au-delà des casernes.

En novembre 2011, il avait été élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction que la République peut conférer.

Un site internet lui est consacré.

En 2002, pour Libération, j'avais interrogé ce «vieux soldat qui réfléchit», comme il se présentait lui-même.  Voici l'interview qu'il m'avait alors accordée.

Officier putschiste en Algérie en 1961, vous êtes devenu depuis quelques années une référence morale au sein de l'armée française. C'est une situation paradoxale que d'aucuns pourraient juger malsaine. Comment la vivez-vous ?

Si je représente quelque chose pour les soldats d'aujourd'hui, c'est parce que je suis un peu leur mémoire inconsciente. Sans forcément le vouloir, j'ai cristallisé sur moi des problèmes qui sont d'abord des réalités tragiques pour l'armée. A propos du putsch de 1961, on a dit de nous : c'est une bande de fachos qui voulaient renverser la République. Ce n'est pas cela.

Qu'avons-nous vécu ? Toute une série de tragédies. D'abord le désastre de 1940. J'ai eu le triste privilège de voir la grande France s'écrouler en trois semaines. J'en garde un sens aigu et presque maladif de la fragilité de nos pays. Puis les militaires ont été plongés dans cette espèce de guerre civile entre pétainistes et gaullistes. N'oublions pas que des soldats français en ont affronté d'autres les armes à la main, en Syrie (1941) par exemple. Il y a eu ensuite la tragédie indochinoise, qui a été également une guerre civile entre Vietnamiens. Nous avons été vaincus à Dien Bien Phu, abandonnant à leur sort les populations qui avaient choisi notre camp. Et, enfin, notre engagement en Algérie. Là, les militaires ont essayé de sortir par le haut de la situation coloniale pour faire naître un pays où le Talmud, l'Evangile et le Coran pourraient vivre en paix. C'est à cela que nous pensions alors.

Personnellement, j'ai connu la Résistance, la déportation, le combat passionné pour le Vietnam ­ où j'ai passé sept ans. Puis toute la guerre d'Algérie. J'ai cristallisé cela. Et tout s'est terminé de manière mélodramatique, avec le putsch puis la détention criminelle.

D'accord, mais l'institution militaire a fait de vous un modèle pour les jeunes officiers...

Au cours de mon existence, j'ai toujours été entouré de directeurs de conscience. A l'extrême soir de ma vie, je ne veux ressembler ni de près ni de loi à un directeur de conscience, à un gourou. Je ne veux surtout pas dérouler un tapis de vérités sur lequel les jeunes avanceraient l'esprit en paix et le sourire aux lèvres. Vous savez, je doute. Il ne faut pas s'installer dans sa vérité mais l'offrir en tremblant. Comme un mystère.

Comment avez-vous vécu la polémique de l'an dernier sur la torture en Algérie à la suite des déclarations du général Aussaresses?

Aussaresses a toujours été un marginal et un mégalo. Mais il y a des choses qu'il ne fallait pas dire. Sur le fond, il n'existe pas de guerre propre. La guerre est toujours une tragédie, mais une tragédie fascinante, parce que c'est la grande heure de vérité. L'homme y apparaît tout nu : le courage, la peur, la lâcheté. La guerre est bien sûr un mal pour ceux qui la subissent, mais également pour ceux qui la font.

Au cours d'un conflit, on est parfois obligé d'employer le mal pour éviter le pire. Si l'ancien déporté de Buchenwald que je suis vous parle aujourd'hui, c'est aussi parce qu'il y a eu des bombardements aveugles sur les villes allemandes. Mais une chose est sûre, il faut donner aux soldats des missions de soldats, pas de policiers. C'est l'un des péchés originels du drame algérien.

Dans l'actualité récente, on a pourtant vu, à Mitrovica (Kosovo) ou ailleurs, des soldats français engagés dans des missions qui s'apparentent à des tâches de police (maintien de l'ordre, fouilles, arrestations). Qu'en pensez-vous ?

On entre là dans une zone dangereuse ­ mais les militaires d'aujourd'hui ont heureusement la mémoire de notre expérience en Algérie. Et des risques qu'ils courent. En tout cas, transformer l'armée française en une sorte de police internationale serait extrêmement dangereux.

En Bosnie, le général Philippe Morillon s'était «libéré» de sa chaîne de commandement en se proclamant défenseur des enclaves musulmanes menacées par les Serbes. Face aux lâchetés des Nations unies, la presse l'avait alors baptisé «général Courage». Qu'avez-vous pensé de cet épisode ?

J'ai frémi en me disant : ça recommence... comme nous en Algérie, lorsque nous avons d'abord obéi à notre conscience.

Quel regard portez-vous sur l'armée française d'aujourd'hui ?

C'est un ancien élève des Jésuites qui vous répond. Je la vois avec un certain optimisme et de l'inquiétude. Il existe un grand potentiel de générosité chez les jeunes. Si l'on devient militaire, ce n'est pas pour le confort matériel et familial... En revanche, j'ai vu la fin de la conscription avec regret. Elle n'a été remplacée par rien.

Vous avez pourtant fait votre carrière dans la Légion, pas des régiments d'appelés...

Certes, mais je crois pourtant que la défense ne se sous-traite pas, c'est l'affaire de tous. En décharger la jeunesse présente un danger.

Mais l'antimilitarisme a quasiment disparu...

Parce qu'on ne demande plus aux gens de payer l'impôt militaire. La population s'est rendu compte de la nécessité de la défense... à condition de ne pas être emmerdé par l'armée.

Et les femmes dans l'armée ?

Un peu, c'est très bien. Mais trop, c'est trop. Le vieux soldat que je suis se dit : je vois mal les femmes donner la mort.

Donner la mort, c'est cela la spécificité du métier de soldat ?

Ce n'est pas un métier simple. On donne la mort pour faire la paix. Il y a des situations plus faciles : entre soeur Teresa et le gangster du coin, le choix n'est pas compliqué. Mais lorsqu'on demande à un soldat de trucider la sentinelle qui monte la garde, c'est plus complexe. Il pourra toujours se dire qu'il se battait pour la bonne cause, mais concrètement, il continuera toute sa vie à se dire : «J'ai égorgé quelqu'un.» On plaisante souvent sur le côté boy-scout de la formation des officiers. On y parle de générosité, de respect de la parole donnée, d'honneur. Mais c'est l'antidote que les armées ont trouvé pour former des soldats et pas des bêtes de guerre. Etre officier, ce n'est pas un métier comme les autres : on conduit des hommes qui manient des engins d'une puissance terrifiante.

Qu'avez-vous pensé du mouvement de protestation des gendarmes de décembre 2001 ?

J'ai regretté que des militaires descendent dans la rue. Mais j'ai bien conscience que ce jugement est assez paradoxal dans la bouche d'un ancien officier rebelle...

Vous avez traversé trois conflits. A quoi servent les guerres ?

Elles ne règlent pas tout, mais elles permettent au vainqueur de présenter des solutions politiques en position de force. C'est énorme, même si les solutions sont parfois mauvaises, comme on l'a vu avec le traité de Versailles, au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Votre dernier livre témoigne de votre réconciliation avec l'Allemagne, où vous avez été déporté. Mais êtes-vous réconcilié avec le Vietnam ?

Je suis retourné quatre fois dans ce pays, mais je n'ai pas accepté les invitations officielles. Je crois qu'entre nous la paix n'est pas totalement faite. Au Vietnam, le discours officiel reste toujours le même, celui d'un régime communiste. En souvenir des «partisans» qui combattaient avec moi et qui ont été massacrés, il n'aurait pas été très convenable que je lève mon verre avec des anciens combattants officiels qui pratiquent toujours la langue de bois. La diatribe sur Lénine et contre le capitalisme est un peu pénible.

Et avec l'Algérie ?

J'ai été invité par un ancien officier de l'ALN. J'ai failli accepter, mais j'ai reculé au dernier moment. Au vu des violences dans ce pays, je n'ai voulu servir de caution à personne. Et je garde également le souvenir des harkis massacrés.

Et avec les gaullistes, la réconciliation est-elle faite ?

J'ai du mal à pardonner à certains l'abus de confiance. Au final, je crois que Pierre Mendès France se serait mieux débrouillé que de Gaulle. Il aurait raconté moins de mensonges.

Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.


L’hommage au commandant Hélie Denoix de Saint-Marc

Envoyer
 
Les obsèques du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, 91 ans, ont lieu ce vendredi 30 août 2013 à la collégiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon. Les honneurs militaires lui sont rendus à l’issue de la célébration religieuse, devant la cathédrale.
Cet homme d’honneur si attachant par la puissance de ses raisonnements et la fidélité inébranlable aux valeurs auxquelles il croyait a été une figure de la Résistance, un officier remarquable de la guerre d’Indochine et un officier indigné de la guerre d’Algérie. Il est décédé le lundi 26 août 2013 à la Garde-Adhémar dans la Drôme où il sera inhumé. L’écrivain François Sureau lui rendant hommage a écrit qu’un juste vient d’entrer dans l’invisible. Cela sonne vrai. Lorsque j’ai rencontré Hélie Denoix de Saint-Marc, la première fois, c’était à Reims où il venait présenter ses Mémoires “Les Champs de braises”. J’avais envie de rencontrer l’homme, celui qui avec ses tripes parlait de ses choix, de ses souffrances et de cette capacité à pouvoir se regarder dans la glace sans avoir honte parce qu’il s’était toujours donné à la France par conviction. Il parlait d’une voix, douce et son regard clair était transperçant. Sa simplicité, sa franchise, sa proximité n’étaient pas simplement touchantes mais émouvantes. Sa sincérité était indiscutable. Pas la moindre la nostalgie mais avec sa plume d’écrivain et ses paroles de témoin et d’acteur de l’histoire, il incarnait la grandeur de l’homme accompli.

Issue d’une famille bordelaise, élevé chez les jésuites, il est dès l’adolescence apprécié pour sa rigueur intellectuelle et sa droiture. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, voir la France renoncer, l’armistice signé, l’occupation s’imposer est pour lui unes épreuve insoutenable. Il choisit de résister et faut-il être surpris, il rejoint le réseau Jade-Amicol où se trouve aussi son ancien directeur de collège? La Résistance expose parce qu’on prend des risques, qu’on met en danger sa vie. Il est arrêté et n’échappe pas à la déportation d’abord à Buchenwald avant de rejoindre l’effroyable tunnel du kommando de Langestein où il vit cette déshumanisation de l’homme par l’homme.

Il souffre, il plie. Il ne rompt pas. Il parlait de tout cela avec beaucoup de retenue, s’interrompant pour prendre une bouffée, ce qui l’aidait à mieux respirer. Les séquelles de la prison et de la déportation avaient laissé quelques traces. Il parlait des hommes du mal, de la lâcheté, de la fierté mais surtout de l’honneur qui est le nom que les militaires donnent à leur conscience. Sur la place d’Erlon, autour d’un café, il s’était soudain figé et m’avait montré un jeune homme passant avec un cabat et me regardant droit dans les yeux il m’avait confié: ” Ce garçon-là, il a fait de la prison comme moi. Ceux qui ont fait de la prison se reconnaissent à leur regard”. Alors nous avons pris un rendez-vous, celui de nous revoir pour ses autres livres “Les sentinelles du soir”, “Notre Histoire”, “Toute une vie”, ‘L’aventure et l’espérance”. Saint cyrien, il a vecu la guerre d’Indochine et un premier départ douloureux de la France puis la guerre d’Algérie qui a conduit l’officier de la Légion étrangère à se rebeller. Condamné lourdement, emprisonné, privé de tout, réhabilité, il a passé de longues années à expliquer son cheminement en passant au crible l’histoire de son pays avec la lucidité d’un témoin authentique, dont la mémoire ne flanche pas et n’est jamais révisée au fil des ans vers plus de gloire.

En novembre 2011, le président de la République, Nicolas Sarkozy, l’a élevé dans la cour des Invalides à la dignité de grand croix de la Légion d’honneur. Alors qu’on lui demandait sa réaction il avait déclaré tout de go: “La Légion d’honneur on me l’a donnée, on me l’a reprise, on me l’a rendue”. Ereintée par une vie abîmée mais reconstruite avec une dignité exemplaire il évoquait ainsi sa santé qui n’était plus fameuse en même temps qu’il revivait des épreuves qui figeaient son visage: “La semaine dernière la mort est encore passée tout près de moi. Je l’ai tout de suite reconnue: nous nous sommes si souvent rencontrés”.

Hélie de Saint-Marc qui a fait de la réconciliation, l’un des combats intellectuels de sa vie est parti sur l’autre rive mais son oeuvre demeure et surtout sa vie a été entièrement donnée à la France. Tous les épisodes de sa vie sont construits sur la même ligne c’est pourquoi il mérite le respect éternel.

Le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc était grand croix de la Légion d’honneur, croix de guerre 39-45 ( une citation), croix de guerre des Territoires d’opérations extérieures (Huit citations) croix de la Valeur militaire (4 citations). Il était aussi titulaire de la médaille de la Résistance, de la croix du combattant volontaire de la Résistance, de la croix du combattant de la médaille de la déportation et de l’internement pour faits de résistance.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a salué la mémoire du commandant Hélie Denoix de Saint Marc en ces termes: « Grand patriote, résistant de la première heure, déporté à Buchenwald, Hélie Denoix de Saint Marc a mené une carrière militaire prestigieuse en Indochine puis en Algérie. De sa complexité, il faut retenir aujourd’hui la force de son engagement d’officier et la générosité de son dévouement aux hommes dont il était responsable. Par ailleurs, il a su garder à travers les péripéties de l’Histoire, un esprit curieux et novateur, notamment dans le dialogue avec l’ancien ennemi allemand, en publiant avec le colonel August Von Kageneck le livre commun notre histoire, 1922-45 ».

Eloge au Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc par le Général CA Bruno DARY (28 nov 2011)

Envoyer

26 août 2013


Les Invalides, le 28 novembre 2011 - Général Bruno DARY, Gouverneur Militaire de Paris

 

Mon ancien, mon commandant, et, si vous le permettez en ce jour exceptionnel, mon cher Hélie !

 

Nous vivons à la fois une journée exceptionnelle et un moment paradoxal : qui d'entre nous en effet....

 

.....n'a pas lu un seul de vos livres, sans avoir eu, la dernière page tournée, un goût amer dans la gorge ?

 

La guerre est toujours une tragédie et vos livres nous rappellent que l'histoire est souvent une tragédie ; ils m'ont ramené un siècle plus tôt, quand le capitaine de Borelli, officier de Légion, alors au Tonkin, écrivait à ses hommes qui sont morts :

 

« ...Quant à savoir, si tout s'est passé de la sorte,

Si vous n'êtes pas restés pour rien là-bas,

Si vous n'êtes pas morts pour une chose morte,

Ô, mes pauvres amis, ne le demandez pas !... »

 

Et pourtant, aujourd'hui, il n'est pas besoin d'interroger tous les présents, pour affirmer que tous sans exception sont très heureux de vivre ici ce moment exceptionnel ;

ils sont heureux pour notre pays, incarné par sa République et son Président qui vient de vous décorer ;

ils sont heureux pour la France, qui montre aujourd'hui qu'elle sait à la fois pardonner et reconnaître chacun selon ses mérites ;

ils sont heureux pour vous, pour l'honneur qui vous échoit, pour le témoin que vous êtes, pour les mystères que vous avez soulevés, pour le courage que vous avez toujours montré !

 

Alors, permettez-moi d'être leur porte-parole et d'essayer d'exprimer tout haut ce que beaucoup ressentent intérieurement.

 

Je parlerai au nom de ceux qui vous entourent et de ceux qui auraient aimé être là ; je parlerai au nom de tous ceux qui vous ont précédé, ceux qui sont partis, au hasard d'un clair matin, dans les camps de concentration, dans les brumes des calcaires tonkinoises, ou sous le soleil écrasant d'Afrique du Nord.

 

Comme je ne peux les citer tous, j'évoquerai simplement le nom des trois derniers, qui nous ont quittés récemment, le commandant Roger Faulques, héros de la RC4, le major Otto Wilhelm, qui eut l'honneur de porter la main du Capitaine Danjou en 2006 à Camerone, et puis, le caporal Goran Franjkovic, dernier légionnaire à être tombé au combat, voici 15 jours en Afghanistan

 

Parmi ceux qui se réjouissent aujourd'hui avec vous, je veux citer en premier lieu, les légionnaires, vos légionnaires, ceux d'hier qui ont marqué toute votre vie et ceux d'aujourd'hui qui étaient sur les rangs et sous les armes durant la cérémonie.

 

Vous avez dit et écrit que vous aviez vécu avec eux, les heures les plus fulgurantes de votre vie !

Eh bien, ils sont tous là, les petits, les sans-grade,  les sans-nom, les oubliés de l'histoire !

Ceux dont les noms ne figureront jamais sur un monument aux morts !

Ceux qui montent à l'assaut sans hésitation,

Ceux qui se battent la peur au ventre, mais le courage dans le cœur, et Ceux qui sont tombés sans un cri !

Ils ont bâti la gloire de la Légion et de notre armée avec leur peine, leur sueur et leur sang.

 

Parmi eux, comment ne pas évoquer vos légionnaires du 1e REP, ceux des champs de braise et des brûlures de l'histoire,  ceux qui, une nuit d'avril 1961, vous ont suivi d'un bloc parce que vous étiez leur chef !

 

Quand j'exerçai le commandement de la Légion étrangère, nous avons évoqué plusieurs fois ensemble cette aventure, votre sentiment et votre peine à l'égard de la Légion d'avoir entraîné des soldats étrangers dans une affaire française ; car la Légion, elle aussi, a payé le prix fort !

 

Avec les légionnaires, figurent aussi leurs chefs, vos camarades, vos frères d'armes, ceux de tous les combats, ceux du 2e BEP de Raffalli, du 1e REP de Jeanpierre, et puis, Hamacek, Caillaud et votre cher et fidèle ami, le Cdt Morin, camarade de lycée et compagnon de déportation.

 

Ils ont partagé vos joies, vos peines, vos craintes, vos angoisses, vos désillusions et vos espérances.

 

Sont heureux aujourd'hui, les jeunes officiers, ceux de la 4e génération du feu, ceux qui ont longtemps monté la garde face au Pacte de Varsovie, puis, une fois la menace disparue, une fois la Guerre froide gagnée, sont repartis dans de nouvelles aventures, en opérations extérieures, imprégnés de vos écrits, de votre expérience, de vos interrogations, de vos encouragements et de vos messages d'espoir ; ils sont repartis dans des circonstances bien différentes, mais, comme vous, ils ont toujours cherché à servir de leur mieux, guidés par leur devoir et leur conscience!

 

Et puis, parmi ceux qui se réjouissent, il y a ceux qui, un jour dans leur vie, ont dit ‘‘non'', fatigués des scènes d'horreur, des années d'occupation et des humiliations répétées.

 

Contre toute logique, contre l'air du temps, contre l'attrait du confort et la sécurité du lendemain, ils ont dit non, et ils ont assumé leur décision en mettant leur peau au bout de leur choix ; dans ce long cortège, Antigone a montré le chemin, d'autres ont suivi et habitent encore ici, dans l'aile opposée des Invalides, celle d'Occident ; ce sont les Compagnons de la Libération, vos frères d'armes de la 2e Guerre Mondiale, venus de partout et de nulle part, et qui, comme vous ont dit non, quand ils ont vu la France envahie.

 

Se réjouit aujourd'hui avec vous la foule silencieuse de ceux qui ont connu la souffrance, dans leur corps, dans leur cœur ou leur âme ; il existe un lien mystérieux, invisible, profond, indélébile qui unit ceux qui ont souffert.

 

La marque de la douleur vous confère cette qualité de savoir regarder la vie autrement, de relativiser les échecs, même importants, de rester conscients que tout bonheur est fragile, mais aussi de savoir apprécier les joies simples de la vie, le regard d'un enfant ou d'un petit-enfant, le sourire d'une femme, la fraternité d'armes des camarades, l'union des âmes des compagnons.

 

Vous rejoignent aujourd'hui dans l'honneur qui vous est rendu, ceux qui, comme vous, ont connu la prison, la prison qui prive de liberté, et surtout la prison qui humilie, isole, brise, rend fou, et détruit l'être dans le plus profond de son intimité ; comment ne pas évoquer ce mineur letton du camp de Langenstein, prisonnier anonyme et qui vous a sauvé la vie ?

 

Entre eux aussi, il existe un lien mystérieux : je me souviens de ce jour de septembre 1995, lorsque je vous ai accueilli au 2eREP à Calvi, je vous ai présenté le piquet d'honneur, et au cours de la revue, alors que vous veniez de vous entretenir avec plusieurs légionnaires, vous avez demandé, avec beaucoup de respect et de pudeur, à l'un d'eux : « Mais, si ce n'est pas indiscret, vous n'auriez pas connu la prison? »  Et, malgré son anonymat,  il vous répondit que c'était bien le cas...

 

Et puis, parmi la cohorte immense, il y a ceux qui croyaient au ciel, et ceux qui n'y croyaient pas, tous ceux qui ont été ébranlés dans leur foi et leurs certitudes, pour avoir vu, connu et vécu l'horreur ; ceux qui ont douté qu'il pût exister un Dieu d'amour, pour avoir hanté les camps de la mort, qu'il pût exister un Dieu de fidélité, pour avoir dû abandonner un village tonkinois, qui avait cru à votre parole,  ou qu'il pût exister un Dieu de miséricorde, pour avoir été victime de parjures.

 

Et pourtant, au soir de votre vie, vous restez persuadé que rien n'est inutile et que tout est donné, que si le passé est tragique, l'avenir est plein d'espoir, que si l'oubli peut envahir notre mémoire, le pardon ne pourra jamais assaillir notre cœur ; c'est ce que vous avez appelé : ‘‘l'Aventure et l'Espérance''

 

M'en voudrez-vous beaucoup si, parmi ceux qui se réjouissent en ce jour, je parle aussi des femmes ? Celles que l'on évoque souvent dans nos chants de légionnaires, Eugénie, Anne-Marie, Véronika ; celles dont les prénoms ont servi à baptiser les collines de Dien-Bien-Phu ; celles qui ont toujours tenu une place particulière dans votre vie de combattant et d'homme de lettres ; celles dont la beauté et le charme ne vous ont jamais laissé indifférent.

 

Je me permettrais d'évoquer la première d'entre elles, Manette, qui comme elle s'y était engagée devant Dieu et les hommes, vous a suivi pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Elle et vos quatre filles furent à la peine ; il est bien normal qu'aujourd'hui elles soient à la joie !

 

Enfin et au dessus de tout, ceux qui se réjouiront sans doute le plus, même si leur pudeur ne le leur permet pas, ce sont les hommes d'honneur ! Car l'étoile qui vous a guidé dans toute votre vie, restera celle de l'honneur, puisque vous lui avez tout sacrifié, votre carrière, votre famille, votre renommée, votre avenir et vos lendemains !

 

Et aujourd'hui, cet honneur vous est officiellement reconnu, car la France, dans sa profonde tradition imprégnée de culture chrétienne, a su pardonner et même plus que cela, elle a reconnu votre sens de l'honneur.

 

Avant de conclure, vous me permettrez de citer ce général, qui, au cours d'un des procès qui suivit la tragédie algérienne, déclara :

 

‘‘ Choisissant la discipline, j'ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d'un abandon ! Et pour ceux, qui, n'ayant pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l'Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre !''. Aujourd'hui, 50 ans plus tard, à travers l'honneur qui vous est fait, il semble que l'Histoire soit sur le point de rendre son verdict !

 

Mon ancien, vous arrivez aujourd'hui au sommet de votre carrière, militaire et littéraire ; mais comme vous le dîtes souvent, vous êtes aussi au soir de votre vie, à l'heure où l'on voit les ombres s'allonger. Tous ceux qui sont là sont heureux d'être auprès de vous sur ce sommet ; et ce sommet n'est pas qu'une allégorie ! Ce sommet est bien concret ; permettrez-moi de l'imaginer en Corse : toutes vos sentinelles du soir sont là, autour de vous, admirant le soleil couchant ; comme partout en Corse, le paysage est sublime, le spectacle intense ; la nuit s'est répandue dans la vallée, le soir monte, et l'on voit s'éclairer peu à peu les villages et leurs églises, les cloches des troupeaux tintent dans le lointain, et l'on admire le soleil qui disparaît lentement derrière l'horizon dans le calme et la paix du soir.

 

Il va bientôt faire nuit et chacun de ceux qui sont là, qui vous estiment et qui vous aiment, ont envie de fredonner cette rengaine, désormais entrée dans l'histoire :

 

‘‘Non, rien de rien ! Non, je ne regrette rien !''


Page 26 sur 28

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui14420
mod_vvisit_counterHier13987
mod_vvisit_counterCette semaine44508
mod_vvisit_counterSemaine dernière40850
mod_vvisit_counterCe mois121472
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919980808

Qui est en ligne ?

Nous avons 2866 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42858038
You are here BREVES 2013