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Légionnaire toujours...

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2013




Il sentait bon le sable chaud, mon légionnaire... de Therese Dvir

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lun, 28/10/2013

Il sentait bon le sable chaud, mon légionnaire... de Therese Dvir

'Liberté ? Mon enfant ! Je suis libre à la façon et au niveau qui me conviennent. Que le fantôme de Robert soit une réalité ou le fruit de mon imagination, comme tu insistes tant à me le faire admettre, il est pour moi un havre d'amour, un compagnon, un nid douillet où je ne me sens pas abandonnée, indésirable et stérile. Alors, que cherchons-nous réellement ? Que m'apporterait la liberté que tu proposes à ce stade de ma vie, Tamar ? Elle tuerait la dernière étincelle du merveilleux conte de fées qu'était mon amour pour Robert'.
 

Très attachée à l'histoire de la communauté juive au Maroc, c'est dans ce cadre que Thérèse Zrihen-Dvir nous conte une magnifique épopée amoureuse, touchante et pleine de poésie. En mettant l'accent sur les coutumes de cette société régie par les principes religieux, sur l'évolution du traitement réservé aux femmes, elle octroie à son ouvrage une dimension sociale et historique indéniable.

Prologue

Dès mon enfance, les merveilles de l'amour m’ont fascinée, particulièrement, cette alchimie fusionnelle qui s’opère entre un homme et une femme. Cet amour a été magnifié et dépeint depuis l'aube des temps par d'innombrables poètes et romanciers. Elan qui semble arracher une étincelle à l’éternité, et culmine généralement par la mort des deux amants, s'aimant pour toujours jusque dans l'au-delà.

 

Mais l'amour existe-t-il réellement ? Ou bien, n'est-ce qu'un rêve inaccessible, une utopie, une curiosité propre à l'esprit humain ? Toutes ces questions m’interpellent particulièrement, et ce depuis les premières étapes de ma vie. J’estimais autrefois que l'amour était comme un fruit défendu, exerçant une attraction inexplicable, aussi bien physique et psychique. Cette attirance entre l’homme et la femme, toujours selon mes idées, représentait le moteur même de notre existence. J’étais, cependant, persuadée que l’esprit humain y jouait un rôle prépondérant, et cela dès les prémices du désir.

 

Ma mère avait l'habitude de me décrire les maux et bienfaits de l'amour ; sa force intrigante surtout, qui souvent marque à jamais notre destin... Pour moi, tout cela demeurait encore bien théorique, du moins jusqu'à mes quatorze ans, lorsque je commençais enfin à mûrir. Ma connaissance très partielle du phénomène de l’amour – ce mystère insondable- revêtit un aspect surprenant lors de ma découverte de Perle et Robert. J’entrevis en eux, les portées de ce désir impérieux de s'accrocher l'un à l'autre, telle en une nécessité vitale, de respirer le même air, de rester enlacés comme pour ne plus former qu’une seule chair.

 

Leur amour était pur, puisque dénué d’intérêt matériel. Et jamais ces deux êtres ne prirent en considération leurs différences ; que ce soit d’éducation, de milieu social, ou même d'âge. Tant leur amour semblait avoir tout éclipsé… Ainsi, ces deux amants ne ressemblent-ils pas à Adam et Ève, dans leur joie divine ?

 

 Le paysage et les événements n'ont en rien contribué à la force de leurs sentiments. Même le décès de leur enfant ne les sépara point. Perle et Robert, tels des prisonniers d'un envoûtement, auront été unis en tout et partout, jusque  dans la mort, et dans l'au-delà.

 

Mais ce genre d'amour est unique. Sans doute ne peut-il naître qu'une seule fois entre un homme et une femme. Et encore rares sont ceux qui y succomberont, tant une certaine nature humaine lui préfèrera toujours la sécurité, le confort, les feux des projecteurs, et tous les éléments qui sonnent l’illusion aux individus qu’ils s’extraient du commun des mortels. Quelques-uns pourtant aspireront ou dédieront leur vie à ce sentiment merveilleux et enivrant.

 

Perle ne voulait rien connaître d'autre que cet amour, 'elle le couvait tout comme on porte un enfant. Et Robert, s’il pensa un instant détruire cette trop grande passion, réalisa très vite que rien ne résistait ç cette ébriété des sens.

 

Si les fantômes existent, comme certains le présument, Robert ne put qu’en devenir un, pour mieux demeurer auprès de sa femme, jusqu'à ce que celle-ci le suive au royaume des morts.

 

Nous devons indéniablement rendre des comptes pour tout ce que nous accompli ay cours de l’existence. Mais n’est-il pas écrit quelque part, que le Créateur abrite en son paradis, un jardin unique pour les amoureux….

 

"Place-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras, parce que l'amour est fort comme la mort, la volonté d'être l'objet d'un attachement exclusif est inflexible comme le shéol. Ses flamboiements sont des flamboiements de feu, la flamme de Yah."

 

(Tiré du chant de Salomon, chapitre huit, verset six.)

 

Thérèse Zrihen-Dvir

 

Chers lecteurs et lectrices,

 

 

J’ai le grand plaisir de vous annoncer la publication de mon nouveau livre : Il sentait bon le sable chaud, mon légionnaire, édité par l’Association des écrivains à Paris.

Vous êtes invités à le commander à la FNAC ou chez l’Association des écrivains à l’adresse : 14, rue des Volontaires – 75015 Paris,www.societedesecrivains.com

Chargé des diffusions Mme Clémence Bourdon

e-mail :  Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Tél. : 01 77 48 60 73 / Fax : 01 53 69 65 27Editeur : Publibook/Société écrivains Parution : 1 Octobre 2013 Commandez avec 5% de remise sur Fnac.com GENRE : Roman Français

 

·          EDITEUR : Publibook/Société écrivains

·          PARUTION : 1 Octobre 2013

·          PRIX EDITEUR : 18€00

·          PAGES : 250p.

·          ISBN : 9782342012392


Les résultats du marathon de Toulouse Métropole, championnats de France, le 27 octobre 2013

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Par Emilie Joubert (Rédaction) le 27 octobre 2013

Plein soleil pour Corinne Herbreteau-Cante, Ruben Iindongo et Benjamin Bitok

Sous un soleil éblouissant et une température exceptionnellement élevée pour la saison, Corinne Herbreteau-Cante a signé une superbe victoire sur le marathon de Toulouse Métropole 2013, ce dimanche 27 septembre. Elle est la nouvelle championne de France, comme Ruben Iindongo.

 

Marathon Toulouse 2013 championnats de France Corinne Herbreteau Cante

 

Corinne Herbreteau Cante

Elle a déboulé sur la place du Capitole, avec une foulée pleine de panache, pour ne pas perdre la moindre seconde. Et puis elle n’a quasiment pas arrêté de sourire. Et de répéter qu’elle était « loin d’imaginer ça ». Corinne Herbreteau-Cante avait bien dans un coin de sa tête le titre de championne de France, mais elle ne pensait certainement pas terminer première féminine sur ce marathon de Toulouse Métropole 2013, ovationnée par les spectateurs massés le long des barrières. « J’ai très mal vécu les championnats de France de semi-marathon à Belfort (elle a pris la quatrième place en 1h18mn39s, ndlr). Je n’étais pas loin d’abandonner la course. J’ai été bien aidée par mon frère et mon père spirituels (Jean-Damescene Habarurema, auteur de 2h12mn40s sur le marathon de Berlin 2013, et Jean-Marie Grall, expert mesureur, ndlr) », souriait l’Angevine juste avant de partir retrouver sa belle rencontre de la journée. Didier Idziak, 46ème en 2h40mn26s. « Merci, tu m’as bien emmenée ». Et de raconter sa course : « J’ai bouclé le premier kilomètre en 3mn35, je me suis dit : « ralentis ! ». Il n’y avait pas de vent, je ne me suis pas affolée. Au 12ème kilomètre, je suis revenue sur Martha Komu, et au vingtième sur le groupe avec Aline Camboulives et l’Ethiopienne (Shewaye Debelu). J’étais bien, je me suis dit que la course commençait maintenant. Mais je ne me suis pas posée de questions ». Et lorsque le lièvre des premières féminines, Jérôme Bellanca, a stoppé son effort, l’Angevine n’a pas hésité à accélérer pour fatiguer ses adversaires. Et finalement décrocher un beau titre de championne de France, record personnel à la clé : 2h37mn50s.

Derrière elle, Aline Camboulives, championne de France 2011 et 2012, et deuxième cette année, dressait un constat limpide : « Ca allait plutôt bien jusqu’au 25ème kilomètre, mais ensuite, ma préparation ne m’a pas permis de tenir l’allure sur cette distance. Ma foulée était moins légère ». Quant à Martha Komu, troisième Française alors qu’elle revenait d’une blessure à la hanche, elle s’estimait « déjà heureuse d’avoir pu terminer la course ».

Marathon Toulouse 2013 championnats de France Ruben Iindongo, dossard 21

 

Ruben Iindongo, dossard 21

Plus relevés que ces dernières années, ces championnats de France s’inscrivaient dans la course à la sélection pour les championnats d’Europe 2014 de marathon (à Zurich du 12 au 14 août). Jean-François Pontier, manager du hors-stade, expliquait la veille que les champions de France 2013 devraient obtenir leur billet pour la Suisse. Chez les hommes, Ruben Iindongo devrait donc être du voyage. Bien calé dans le groupe de tête dès les premières foulées, le coureur de la Légion Etrangère a finalement été lâché par le Kényan Benjamin Bitok parti décrocher une cinquième victoire sur place, record de l’épreuve en prime (2h10mn54s). S’il n’était plus dans la course à la victoire finale, Indongo n’a jamais été en danger pour le titre national. Un titre, certes, mais un chrono, 2h17mn44s, nettement en dessous de ses espérances. « J’étais parti sur les bases de 2h11. Mais j’ai eu les jambes lourdes durant toute la course. Je n’ai pas vraiment d’explications, ce n’était peut-être simplement pas ma journée ».

Une déception qui contrastait avec la joie de Sébastien Charnay, qui repartira de Toulouse des étoiles plein les yeux. Troisième en 2h23mn13s, il a géré sa course avec intelligence, au vu d’une météo exceptionnellement chaude. « J’ai préféré démarrer prudemment, j’ai laissé partir devant moi. Et ça a payé sur la fin. Je suis vraiment revenu à partir du 23ème kilomètre, et là, ça n’a été que du bonheur ».

Alors que beaucoup craignaient le vent, c’est finalement le soleil et la chaleur qui ont usé certains concurrents. A l’image de Cédric Pélissier, extrêmement déçu par sa treizième place en 2h28mn13s. Mais au moment où le local de l’épreuve franchissait la ligne d’arrivée, il n’était qu’à peine plus de 11 heures. Derrière lui, des milliers de concurrents (il y avait 4 252 participants en individuel, dont 500 environ pour les « France ») continuaient de fouler le bitume. Et autour de la majestueuse place du Capitole, les finishers pouvaient fêter leur victoire personnelle sur les terrasses des bars et restaurants. A Toulouse, ce dimanche 27 octobre, c’était l’été indien. 

Les résultats

Scratch 

Hommes

1. Benjamin Bitok (KEN), vainqueur en 2h10mn54s, nouveau record de l’épreuve
2. Dadi Gemeda (ETH), 2h11mn45s
3. Atsheba Hailemariam (ETH), 2h17mn03s
4. Ruben Iindongo (FRA), 2h17mn44s
5. Raymond Chemungor Kemboi (KEN), 2h19mn54s

Femmes

1. Corinne Herbreteau-Cante, vainqueur en 2h37mn50s
2. Aline Camboulives, 2h38mn51s
3. Shewaye Debelu (ETH), 2h39mn37s
4. Martha Komu, 2h45mn37s
5. Kenza Dahmani (ALG), 2h48mn25s
….

Le classement scratch complet

Championnats de France

Hommes

1. Ruben Iindongo, vainqueur en 2h17mn44s
2. Simon Munyutu, 2h21mn43s
3. Sébastien Charnay, 2h23mn13s

Les résultats complets

Femmes

1. Corinne Herbreteau-Cante, vainqueur en 2h37mn50s
2. Aline Camboulives, 2h38mn51s
3. Martha Komu, 2h45mn37s

Les résultats complets

Relais

Le classement de la course relais

Handisport

1. Julien Casoli, vainqueur en 1h40mn14s
2. Claude Issorat, 1h42mn44s
3. Serge Robert, 1h55mn24s


L'enfant de Calabre

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Le 13/11/2013

Résumé du livre
A la mort de sa mère, Frédérique tombe sur une mystérieuse photo de son père Vittorio (décédé lui aussi) avec une inconnue. Elle y surprend une expression de douceur et de plénitude qu'elle ne lui connaissait pas. Intriguée, elle entreprend un voyage à Nice, la ville de son enfance. Elle espère sans se l'avouer retrouver la trace de la belle brune de la photo. Elle remontera sa piste jusqu'à Gênes, la ville des fantômes, pour rencontrer cette femme qui fut la maîtresse de son père. Celle-ci lui dévoilera alors le bouleversant secret de Vittorio sur son passé de légionnaire. Avec précision et sensibilité, Catherine Locandro mène son lecteur dans un labyrinthe de souvenirs - de Diên Biên Phu à Cittanova -, vers une issue inattendue et poignante.
 
Premier chapitre

A mes parents.

La famille : une sorte de destin auquel il est impossible d'échapper.

Luchino Visconti

Quand on écrit, la réalité des choses ne se transmet pas, mais se construit. C'est la que naît le sens.

Haruki Murakami

Le convoi funèbre a descendu la Via Roma jusqu'au cimetière. Un long chemin de terre, chaotique et crasseux. Le convoi, c'était une charrette tirée par un cheval, avec ton cercueil posé dessus. Deux de tes fils suivaient en marchant. Le plus jeune, et le deuxième. L'aîné n 'était pas là, ton mari non plus, ni aucune autre personne de ta famille ou du village. Sur ton passage, les fenêtres et les portes se fer­maient les unes après les autres, dans un synchronisme parfait. Ceux qui t'avaient bannie lorsque tu étais en vie détournaient aussi le regard de cette boîte bon marché qui contenait ton corps.

Au cimetière, ton cercueil a été enseveli sous la terre anonyme de la fosse commune. Quelques mots d'un prêtre ont peut-être précédé cette ultime punition, ce reniement absolu de ce que tu avais pu être, de ton existence tout entière.

Le soir de ton enterrement, ton benjamin, qui avait huit ans, s'est enfui de la, maison de ses grands-parents paternels pour venir s'en­dormir devant les grilles du cimetière. Le gardien l'a trouvé le lende­main matin, couché sur le sol, le visage bouffi de larmes et barbouillé de terre. La même chose s'est produite la nuit suivante, et encore la nuit d'après, jusqu'à ce que le grand-père de l'enfant paie le gardien pour qu'il le chasse à coups de bâton. Ton fils n'est plus revenu.

C'est l'une des premières choses que l'on m'ait apprise sur toi. Cet enterrement. Cette manière de t'effacer du monde des vivants, comme de celui des morts.

Je n'ai pas une vision linéaire, chronologique, de ce qu'a été ta vie. Le peu que j'en sais m'est arrivé par bribes désordonnées, tout au long de mon enfance. Ensuite, il y a eu des redites... Les mêmes récits de violence et d'abandon qui finissaient toujours par se heurter au mur de ton mystère, comme des phrases laissées en suspens.

Ce mystère, et ta longue déchéance aux allures d'agonie, ont fait de nous ce que nous sommes. Tout comme cette Via Roma que nous n'avons pas fini de descendre. Nous marchons hâtivement, avec cet air absent qui tient à distance et au ventre, intimement mêlées, la, peur et l'envie de disparaître.

Ton enterrement a eu lieu le 2 août 1937à Cittanova, une ville du sud de la Calabre. Tu avais trente-neuf ans.

Diên Biên Phu. 17 février 1954.

La jeune fille lui racontait des choses anodines. Sa vie de tous les jours. Mais elle le faisait avec application, n'omet­tant rien de ses longues heures de travail à la filature de coton, ou de ses sorties du samedi après-midi, lorsqu'elle retrouvait ses amies de l'usine auCaffî Mulassano, sous les arcades de la Piazza Castello.

Elle s'appelait Lidia et avait dix-neuf ans. Sa lettre, cinq feuilles rose pâle recouvertes d'une écriture régulière, détaillait au fil de lignes droites et sans ratures les gestes simples d'une exis­tence ordinaire. Il avait le sentiment de lire une langue étrangère. Les mots résonnaient dans sa tête, il en murmurait certains, comme pour mieux les comprendre, mais ils demeuraient des sons vidés de leur sens. Ce qu'ils dépeignaient appartenait à un monde qui n'était plus sien. Lui vivait comme un insecte, sous terre, dans des alvéoles qui menaçaient à chaque tir d'obus de s'effondrer pour l'ensevelir. Une termitière à échelle humaine cernée de collines sombres.


Hélie de Saint Marc et Gérard de Villiers sont partis sans tambour ni trompette

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09/11/2013

Deux auteurs nous ont récemment quittés, Hélie de Saint Marc et Gérard de Villiers. Célèbres pourtant, ils n'auront pas reçu d'hommage public ; « militaire » et « populaire » ne sont pas à la mode.

Le premier, Hélie de Saint Marc,  fut, avec ses camarades légionnaires, le héros d’une vie romanesque ; le second s’appelait Gérard de Villiers. Lui , fabriquait à la chaîne des best-sellers d’espionnage dont le héros était un espion de la CIA.

 

Les Champs de braises

Hélie de Saint Marc était né en 1922.  Résistant à dix-neuf ans, arrêté sur dénonciation à vingt et un, déporté, il a été laissé pour mort dans un camp de concentration par les Allemands avant d’être sauvé in extremis par les libérateurs américains. Héros en Indochine, putschiste en Algérie, il avait été arrêté, condamné, emprisonné puis gracié sous le général De Gaulle, rétabli dans ses droits civils et militaires par Valéry Giscard d’Estaing, décoré par Jacques Chirac et promu grand-croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. Dans ses mémoires, Les Champs de braises, publiées chez Perrin en 1995 (et prix Femina 1996), on peut lire :
« Je me suis souvenu de la Haute-Région. Un légionnaire avait été tué au cours d’un accrochage. Dans le vieux cimetière défraîchi, sous un ciel gris et pluvieux, à quelques dizaines de mètres du bouillonnement de la jungle, ses camarades creusèrent une fosse en silence. Nous étions une poignée d’Européens, dérisoires, dans ce cirque de calcaire perdu à la frontière de la Chine. À quelques pas de là, dans une pagode, de très anciens génies contemplaient notre deuil. Le corps fut descendu en terre tandis que nos camarades chantaient l’Adieu. Nulle ambition réalisée ne vaut peut-être l’orgueil de s’en aller ainsi, inconnu, fidèle héroïque, avec le salut de quelques amis serrés autour de sa tombe. »
Ce militaire et philosophe savait écrire et ne faisait pas semblant d’aimer ou de respecter son prochain, fût-il son ennemi, allant jusqu’à défendre contre sa hiérarchie et au péril de ses galons, les populations civiles vietnamiennes et les Harkis « abandonnés ».
Il est mort le 26 août dernier. Nul membre du gouvernement de François Hollande n’a cru bon d’assister à ses obsèques. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et le ministre délégué aux anciens combattants Kader Arif, avaient, paraît-il, un agenda particulièrement chargé...

 

Voir Malte et mourir

Gérard de Villiers, lui, est mort la semaine dernière. Il avait « vendu » 100 000 millions de livres méprisés par la critique mais dont Hubert Védrine assurait « que l’élite française prétend ne pas le lire, mais ils le lisent tous ». L’ancien ministre des Affaires Etrangères parlait des diplomates et des hommes politiques. Dans Voir Malte et mourir publié en 1979 aux Presse de la Cité, on peut lire :
 « Pour tromper son attente, Malko se plongea dans un dépliant posé sur la table. Air France Vacances. Cela lui donna brutalement envie de partir. De s’évader de ce petit bureau et de sa vie pleine de contraintes et de dangers. Il parcourut le document. Aux prix proposés par Air France, il pouvait même emmener Krisantem. 2 000 frs pour les Antilles, 990 frs pour Athènes, 1 100 frs pour Istanbul, tout cela au départ de Paris-Roissy. C’était un moyen élégant de remercier le Turc de ses bons et loyaux services, sans le forcer à prendre un charter à la fiabilité douteuse. Il acheva de lire le dépliant stupéfait. À son retour de Malte, il pourrait aller faire un saut à New York en repassant par Paris, pour 1 900 frs ! Moins de 400 dollars. C’était incroyable de pouvoir s’offrir de tels prix alors que tout augmentait partout. »
Ce journalise et baroudeur n’était pas, comme on peut le constater, un grand styliste mais s’il recourait volontiers, comme Alexandre Dumas, à des « nègres », c’était pour mieux arpenter les terrains sensibles de la géopolitique. Le New York Times ne s’y est pas trompé en saluant Gérard de Villiers comme « l’écrivain qui en savait trop » (the spy novelist who knows too much).
À l’annonce de son décès, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, n’a pipé mot de l’auteur français qui a vendu de son vivant le plus grand nombre de livres de l’histoire de notre production littéraire.

Quand on est un ministre de gauche, il n’est pas de bon ton de rendre un hommage public à un héros de l’armée ou à un héraut de la littérature populaire. Tous les deux sont morts au mauvais moment, à une époque où les tartuffes prônent sans rougir le « sens de l’Histoire » en oubliant celui de l’honneur et de la dignité. Ils seraient bien inspirés de méditer cette déclaration du commandant de Saint Marc lors de son procès devant le tribunal militaire, le 5 juin 1961 : « Monsieur le Président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. Mais on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. » 


Gérald Van Der Kemp et Versailles

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Mercredi, 06 Novembre 2013

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le château de Versailles nécessite des travaux de restauration considérables. Après la disparition tragique du conservateur Charles Mauricheau-Beaupré et parmi la foule de postulants à ce poste recherché,Gérald Van Der Kemp sort du lot devenant pendant vingt-sept ans Le Conservateur en Chef de Versailles.

Gérald Van Der Kemp passionné par l'art

Gérald Van Der Kemp né en mai 1912 à Charenton-le-Pont, poursuit des études au lycée de Nantes où il se passionne pour la peinture et le dessin. A dix-sept ans il rentre à Paris, et pour survivre fait quelques caricatures pour les journaux, un peu de décors de cinéma et une vague préparation aux Beaux-arts. Après la Légion étrangère au Maroc puis un passage à la Sorbonne, il s'inscrit à l’École du Louvre, obtenant à vingt-quatre ans, sa licence d'archéologie accompagnée de son diplôme. Le directeur des Musées nationaux Henri Verne le convoque et lui propose un titre d'attaché indépendant avec un traitement de 800 francs par mois !

Chargé de mission au Département des Dessins et des Gravures du Louvre en 1936, il se fait remarquer pendant l'Occupation en sauvegardant des objets d'art, en affrontant une division SS pour protéger notamment la Vénus de Milo et les Esclaves de Michel-Ange, transférés à Valençay. Cela lui vaut une magnifique citation et sa nomination dans l'ordre de la Légion d'Honneur à titre militaire : « Par son attitude courageuse, Gérald Van Der Kemp a préservé d'une destruction fatale le dépôt des Musées qui lui était confié et a limité les progrès de l'incendie allumé dans la ville de Valençay par les Allemands de la division nazie Das Reich... ».

Surnommé déjà « VDK », il accède à l'âge de quarante ans, au poste de conservateur en chef « faisant fonctions » à Versailles en 1953 suite à un réel concours de circonstance : son prédécesseur Charles Mauricheau-Beaupré est victime d'un accident de voiture au Canada en avril ; alors que les plus grands conservateurs de France se bousculent pour ce poste, André Cornu le secrétaire d’État aux Beaux-arts, le choisit et le nomme définitivement deux ans plus tard.

Il découvre Versailles dans un état presque lamentable : « Lorsque j'y arrivai, c'était dégoutant, vide, mort. J'ai voulu qu'il redevienne vivant, beau à regarder, ce qu'il était au temps des rois. Il fallait le meubler, le vêtir, le dépoussiérer ». Versailles ne fascine plus, mais la chance est avec VDK : Sacha Guitry est en train de tourner entre juillet et septembre 1953, son film « Si Versailles m'était conté » et offre une partie des droits à la sauvegarde du Château.

Les missions de Gérald Van Der Kemp

VDK commence par supprimer les visites de Versailles faites par les gardiens pour les remplacer par des visites-conférences organisées par des étudiants ; il installe ensuite un restaurant et des toilettes publiques sous l'aile Gabriel (comme dans les grands musées), ayant le sentiment que l'image de marque d'un établissement culturel tient à sa qualité des services ; il organise sa première grande exposition en 1955 « Marie Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine » aidé par la contribution de la baronne Elie de Rothschild. Le résultat ne se fait attendre : plus de 250 000 visiteurs passent.

 

musee histoire de france

 

VDK sent qu'il lui faut des spécialistes à demeure et encourage la maitrise du savoir-faire artisanal ; il commence par développer des ateliers de maquettes, de menuiserie, d'horlogerie, de dorure, de tapisserie, d'ébénisterie, de sculpture ; il crée un grand service d'archives et un labo photo. Il facilite de cette manière la restauration du Grand Trianon, du musée de l'Histoire de France, l'appartement de Mme de Maintenon, les appartements de Louis XV, les appartements de Madame du Barry, la salle à manger de Louis XV au Petit Trianon, la chambre du roi, le salon des jeux de Louis XVI, sa bibliothèque, et des dizaines d'autres salons, antichambres ou petits cabinets. Il s'occupe aussi de la rénovation des salles napoléoniennes du musée national de l'Histoire de France créé par Louis-Philippe.

Ayant acquis une grande notoriété, surnommé « le Commandeur », qualifié d'Homme de la restauration et du remeublement, VDK parvient à reconstituer la chambre de la Reine, dans l'état de 1788-1789 avec tentures, mobiliers, boiseries similaires à cette époque. Il lui faut terminer en beauté ... par la restauration de la Galerie des Glaces. Dès 1973, il prépare cette nouvelle aventure en donnant une soirée éblouissante parrainée par Marie-Hélène de Rothschild. Il réunit ainsi 250 000 dollars, le début d'un mécénat extraordinaire. La Galerie des Glaces rendue à sa splendeur d'origine est inaugurée en juin 1980.

L'appui des hommes politiques et le mécénat

Après quelques malentendus avec l'architecte en chef André Japy pourtant à la retraite, VDK sait qu'il lui faut des appuis politiques et des « oreilles » à l'écoute, car sans relations, pas de crédits pour restaurer les lieux. Ainsi il peut compter sur André Malraux ministre des Affaires culturelles qui organise le rapatriement d'un chef d'œuvre du Louvre à Versailles.
Il entend également remeubler Versailles avec les meubles d'origine éparpillés au Louvre ou à Fontainebleau ou de recréer des copies de meubles comme à l'origine. Grâce à ses connaissances politiques, Michel Debré Premier ministre de l'époque fait voter un décret en février 1961 « toutes peintures et œuvres ayant appartenu à Versailles doit être rendu au musée national de Versailles et des Trianons ». VDK raconte lui-même «J'engageai une lutte à mort avec mes collègues des autres musées nationaux. Personne ne voulait « lâcher » ni meubles, ni tableaux. Moi, il me les fallait pour redonner à Versailles cette vie qui l'avait déserté ».

Il développe le mécénat grâce à ses propres relations et sa seconde épouse, se rendant en Europe et en Amérique pour trouver des généreux bienfaiteurs. Il organise lui-même des diners somptueux accueillant Grace Kelly ou encore Herbert Von Karajan. Elu à l'Académie des Beaux Arts en 1968, affecté en 1980 au domaine de Claude Monet à Giverny, il disparait fin décembre 2001 à Paris.

Les hommages au très grand conservateur en chef

 

Van der Kemp 1

 

De grandes personnalités lui rendent hommage après sa mort, notamment Marc Ladreit de Lacharrière élu en 2006 à l'ancien siège de Gérald Van Der Kemp qui dit « On ne peut faire un pas à Versailles sans y voir l'empreinte de son passage ». Alain Baraton jardinier en chef de Versailles s'exprime « Quiconque connaît l'histoire de Versailles sait qu'on lui doit notamment la restauration de la chambre de la Reine ainsi que la restitution des meubles, dont le bureau du Roi, chefs d'œuvre d'ébénisterie du 18è siècle, dispersés ça et là dans les ministères selon les caprices des républiques et des révolutions ; ce fut le travail de toute la vie de Van Der Kemp : retisser à l'identique les deux soieries des appartements royaux prit respectivement 25 ans pour la chambre de la Reine et 30 pour celle du Roi ».

Gérald Van der Kemp fut un véritable précurseur du mécénat moderne. L'argent public étant rare, il s'est employé avec ardeur et succès à convaincre les grands collectionneurs du monde entier de l'absolu nécessité de soutenir et de financer la restauration de Versailles afin de préserver notre patrimoine. Placé au service exclusif des arts, ce meneur d'hommes élégant, entrainant le respect, énergique, volontaire est resté vingt-sept années à son poste, ayant réussi à faire du château de Versailles une magnifique vitrine des arts décoratifs français, un pôle majeur du patrimoine.


Defence Minister visited the 4e RE and its new recruits

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October 27, 2013 · Posted in 4re

Jean-Yves Le Drian, the current French Minister of Defence, visited the 4th Foreign Regiment (4e RE), the training unit of the French Foreign Legion on Friday, October 25. He also met the new recruits being trained at the “ferme“. See nice photos.

Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister at the ferme Bel-Air of the 1st Volunteers Company of 4e RE

 

Defence Minister visited the 4e RE

 

Defence Minister visited the 4e RE

New recruits during the learning French at the ferme

Defence Minister visited the 4e RE
 
Defence Minister visited the 4e RE

Learning French – the Francophones with green beret

Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister also visited the future cooks during their training

Defence Minister visited the 4e RE
 
Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister met the future non-commissioned officers during their training

Defence Minister visited the 4e RE
 
Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister watching the Remise Kepi blanc ceremony – recruits are becoming legionnaires, obtaining the right to wear the White kepi

Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister in the 4e RE regimental dining hall/canteen/lunchroom

Defence Minister visited the 4e RE
 
Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister shaking hands with young legionnaires

Defence Minister visited the 4e RE

Defence Minister talking to a Corporal of 2e REP doing his training course in the 4e RE

Photo source: Légion étrangère, the official website


Esprit de corps

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Lundi 2 Décembre 2013 23h15

Sandor, Julian, Henry et Berthold avaient entre 17 et 20 ans quand ils ont tout abandonné pour entrer dans la Légion étrangère. Certains cherchaient l'aventure, d'autres l'oubli d'une vie tumultueuse. Ils voulaient échapper à la misère ou parcourir le monde. Les plus anciens ont connu l'Indochine et l'Algérie, les plus jeunes les Balkans, le Liban ou le Tchad. Tous vivent aujourd'hui à l'Institution des Invalides de la Légion étrangère, près d'Aix-en-Provence. Un établissement unique au monde, où la Légion accueille, sans condition, ceux qui ont servi dans ses rangs. Certains y font halte pour quelques mois, d'autres y trouvent leur dernière demeure.


Dictionnaire de référence

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Guerres et conflits (XIXe - XXIe s.)  

 

Actualité de la recherche et de l'édition en Histoire

 

22 novembre 2013

La Légion étrangère

Histoire et dictionnaire

André-Paul Comor (Dir.)

Nous avions chroniqué dès sa parution au printemps dernier (ici) l'excellent volume paru en avril dans la collection 'Bouquins'. Après lecture attentive, avec son enthousiasme et sa liberté de ton, le professeur jean-Charles Jauffret nous adresse la recension ci-dessous que nous nous faisons une joie de publier.

 

André-Paul COMOR (sous la direction de),

La Légion étrangère. Histoire et dictionnaire,

préface d’Etienne de Montety,

collection Bouquins, Robert Laffont, mars 2013, 1 140 p., 32 euros.

 

Premier dictionnaire historique et critique consacré à la Légion étrangère, cette œuvre monumentale doit tout à la persévérance d’André-Paul Comor. Maître de conférences honoraire à Sciences Po Aix, auteur, entre autres, de La Légion étrangère (PUF, coll. « Que Sais-Je ? », 1992), et d’un retentissant Camerone (Tallandier 212) qui renouvelle, en histoire militaire comparée, le récit de ce combat fondateur du mythe légionnaire, il a su s’entourer d’une équipe de 59 spécialistes, y compris étrangers (dont l’historien américain Douglas Porch qui publia chez Fayard, en 1994, une somme, La Légion étrangère,1831-1962).

A corps d’élite, ouvrage d’exception ! Mieux que tous les autres dictionnaires de la collection Bouquins, celui-ci est à la fois un instrument de travail et une synthèse. Ce qui est d’autant plus difficile à réussir qu’il s’agit d’une étude d’un corps vivant et dynamique. En effet, après la préface lumineuse d’Etienne de Montety qui souligne en quoi la Légion est bien « la promesse de l’extraordinaire », s’ensuivent une présentation de l’antériorité des étrangers au service de la France depuis les Ecossais chers à Charles VII et, in fine, une anthologie de la littérature légionnaire (poèmes, anecdotes, extraits de mémoires…). Une chronologie comparée, des cartes, quelques illustrations étayent la présentation alphabétique des entrées. Un dernier regroupement est offert au lecteur par l’intelligence de la présentation de la bibliographie sélective, par pays, d’ouvrages non cités dans les notices. Elle est exhaustive pour le relevé des ouvrages et témoignages publiés relatifs à la Légion. Même rigueur scientifique pour la présentation de l’abondante (et insoupçonnée) filmographie (films de fiction et documentaires) démontrant que la Légion, d’Under Two Flags (Etats-Unis, 1912, de Lloyd Lonergan) à Français par le sang versé (France, 2011, de Marcela Feraru), est autre chose que l’inévitable et populaire Beau Geste (1939, avec Gary Cooper, et « remake » de 1966). Ce dictionnaire recèle des trésors, telle cette précieuse discographie depuis les premiers 78 tours aux supports contemporains. Et ce, en  montrant comment, une des toutes dernières musiques principales de l’Armée de terre peut, en 2012, offrir aussi la fantaisie d’aubades et chants du monde entier où elle se produit d’ailleurs, de Santiago du Chili aux capitales européennes.  En ce sens, par leur prestige, ces légionnaires musiciens sont à l’Armée de terre ce que la Patrouille de France est à l’Armée de l’air.

Loin des clichés habituels, c’est de l’étude d’un bien de l’humanité, profondément ancré dans la tradition militaire française, dont il s’agit. On s’attend, tout d’abord, à trouver les monographies de chaque régiment, d’unités particulières (compagnies d’infanterie montées, escadrons dotés de « crabes » en Indochine…), mais loin de l’hagiographie type Livre d’or. En effet, rien n’est laissé dans l’ombre : mutineries de 1840, 1915, 1916 et 1940, drames de conscience en juin 1940 et du Levant en 1941, choix d’avril 1961 lors du putsch des généraux (où le colonel Brothier, chef de corps du Premier étranger, sut préserver l’unité de la Légion malgré critiques internes et sécessions)… Des entrées concernent également  la légende noire de la Légion, les questions de l’alcoolisme et des bordels (Sidi-Bel-Abbès, les BMC…), sans oublier les désertions et les suicides, formes ultimes du « cafard ». Sont aussi évoqués des personnages qui font aussi partie de l’histoire de la Légion avant de choisir l’activisme terroriste de l’OAS, tel le lieutenant Roger Degueldre. En revanche, parmi les grandes figures, comme l’emblématique « père de la Légion », le général Rollet ou les « maréchaux de la Légion », c’est-à-dire ses célèbres sous-officiers, véritable ossature de ce corps d’exception, apparaissent les nobles destins de femmes, telle la marraine du 1er REC (régiment étranger de cavalerie), la comtesse Leila du Luart (1888-1985) ou Edmonde Charles-Roux. On croise également l’inattendu, d’Isabelle Eberhardt à la tempête de neige et de sable de Forthassa sur les confins algéro-marocains, en février 1908, qui vit la mort par le froid de 34 légionnaires épuisés après une marche forcée dans la montagne. Sans doute une des approches les plus nouvelles concerne les relations entre les politiques et la Légion (Adolphe Thiers, Louis de Montfort, Pierre Messmer, ancien de Bir Hakeim…). A noter comment le Parti communiste s’est associé aux campagnes de presse dénonçant les exactions de la Légion, avant d’en réclamer la suppression par une proposition de loi de 1980. Tout comme les troupes de marine, dont on peut un jour espérer qu’elles auront un dictionnaire de cette qualité, les unités de légionnaires ont aussi été engagées dans des opérations de maintien de la paix, sous l’égide de l’ONU ou de l’OTAN, de 1992 à nos jours. Les aspects internationaux ne sont donc pas négligés, y compris le droit pour l’extradition de criminels notoires. Les amateurs d’exotisme ne seront, eux aussi, pas déçus, entrées : « chapeau chinois », « Boudin, le », « Fêtes »… Ce qui relève souvent de l’image et de l’imaginaire liés à la Légion dont un long article offre une synthèse.

Ce dictionnaire est avant tout consacré à la foule anonyme Des hommes sans nom. Leur « code de l’honneur » si particulier remonte, pour la version écrite, à mars 1937. Cet ouvrage offre un baromètre des recrutements, depuis 1831, lié aux crises politiques et économiques en Europe et à présent dans le monde. Ce peuple bariolé sous l’uniforme, aux antipodes d’un racisme à présent récurrent dans une France décadente, est évoqué de main de maître dans les multiples aspects de la vie quotidienne, mais aussi des rudes entraînements et de l’esprit de corps. Un des aspects les plus novateurs de cette œuvre magistrale, prouvant qu’un corps d’élite sort grandi de l’analyse scientifique, concerne la culture légionnaire (chants, traditions…) et la définition de ce qui conduit, un jour, des étrangers sous un drapeau français d’accepter l’ultime sacrifice pour remplir la mission. En ce sens « faire Camerone » les distinguent des mercenaires, fléau du monde militaire contemporain qui sacrifie l’armée à des sociétés d’Affreux, précurseurs d’une nouvelle forme de féodalité dans le délitement des devoirs régaliens des Etats. De plus « On n’est pas à la Légion pour la gamelle » : le légionnaire gagne une misère à l’engagement. A travers l’étude des primes et soldes, c’est aussi  s’intéresser aux motivations, hors des stéréotypes habituels, qui poussent un homme à choisir de servir avec honneur et fidélité sous le képi blanc. Evidemment, toutes les campagnes où fut engagée la Légion sont magistralement décrites, y compris les avatars tel le « jaunissement » à la fin de la guerre d’Indochine. Sont également analysées, ce qui confirme l’aspect d’histoire totale de ce dictionnaire propre de l’histoire militaire contemporaine, les croyances religieuses (articles « Eglise catholique », « Pasteurs », « Juifs dans la Légion » (et question de l’antisémitisme en 1915 et 1940 surtout)…)

Enfin, ce dictionnaire ouvre également sur les représentations de la Légion à travers la presse, la littérature, tout en séparant ce qui relève du mythe et ce qui correspond au vécu du combattant. De sorte que l’objectif est atteint : permettre au grand public de découvrir une société jugée imperméable, comprendre pourquoi à chaque 14 juillet, sur les Champs-Elysées, la Légion précédée de sa musique principale et de son corps de sapeurs portant barbe, tablier et hache, suscite un tel enthousiasme. Il reste à souhaiter qu’à l’heure de la réduction des forces armées françaises à un format de poche, ce travail aide à réfléchir les politiques timorés et les petits boutiquiers de Bercy issus de l’énarchie : un corps d’élite ne s’improvise pas, il est le fruit d’expériences et d’une longue tradition. De sorte que rayer d’un trait de plume un régiment au savoir-faire inégalable et irremplaçable dans une opération extérieure, ou muter un autre régiment de tradition liée au substrat de la Légion romaine à Orange pour le cul-de-basse-fosse du camp de Carpiagne, outre le mépris du contribuable pour la dépense inutile, relève de l’inconscience

                                               Jean-Charles Jauffret

Dictionnaire de référence

La Légion, « parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation »

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28 novembre 2013

Editeur chez Bouquins (Robert Laffont), Christophe Parry a dirigé la publication d’un Dictionnaire de la Légion étrangère, sous la direction d’André-Paul Comor.

Les 4 Vérités : Avec le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, ancien déporté, vétéran de l’Indochine et de l’Algérie, qui engagea le 1er régiment étranger de parachutistes dans le putsch des généraux en avril 1961, vient de disparaître l’une des figures les plus prestigieuses de la Légion. Comment se rattache-t-il à l’histoire et à l’esprit de cette troupe d’élite ? 

Christophe Parry : Personne mieux que le commandant de Saint Marc, à mon avis, n’a illustré à la fois la devise de la Légion étrangère : « Honneur et Fidélité », le code d’honneur du légionnaire, qui stipule notamment que la mission est sacrée et qu’il faut l’exécuter jusqu’au bout, « s’il le faut, en opérations, au péril de [s]a vie », mais également le code d’honneur « de l’ancien légionnaire », et en particulier son article 4 : « Fidèle à mon passé à la Légion étrangère, l’honnêteté et la loyauté sont les guides permanents de ma conduite. »

C’est en son sein qu’il est parvenu à se reconstruire après Buchenwald – et ce alors qu’en Indochine nombre de ses camarades de combat parlaient la langue de ses bourreaux ; en son sein aussi qu’il a retrouvé la fraternité qui unit ceux qui mettent leur peau au bout de leurs idées, pour paraphraser un autre ancien du 1er REP, Pierre Sergent. En son sein encore, malheureusement, alors qu’il a l’ordre d’abandonner aux Viêt-minh les combattants thôs qu’il a formés, qu’il éprouve la honte de « la trahison, l’abandon, la parole bafouée » – il l’éprouvera une nouvelle fois en Algérie…

La Légion étrangère, a-t-il écrit dans ses Mémoires, fut « la grande affaire » de sa vie. Issu d’une famille catholique caparaçonnée de valeurs ancestrales, il n’a pu rester indifférent à cette foi légionnaire si particulière, qui anime des hommes venus d’horizons et de cultures différents afin de se mettre au seul service de la France. L’on évoque souvent une « mystique » du devoir : le terme prend tout son sens à la Légion. Il suffit d’assister à la commémoration de la bataille de Camerone, à Aubagne, pour comprendre : c’est une véritable liturgie. L’Ancien qui a l’honneur de porter la main articulée du capitaine Danjou jusqu’au monument aux morts remonte la « Voie sacrée », entouré de deux camarades, en une procession des plus émouvantes.

Saint Marc, qui a naturellement une notice dans notre livre, a eu le temps de nous faire passer deux mots de commentaire, par son ami Étienne de Montety : « Bravo et merci ». Autant vous dire que nous en sommes particulièrement fiers…

Vous avez supervisé la publication dans la collection « Bouquins » (Robert Laffont) d’un dictionnaire de la Légion étrangère. Pourquoi ce livre ? Qu’apporte-t-il de nouveau par rapport à la bibliographie déjà importante consacrée à la Légion ?

La Légion, avec près de 150 nationalités représentées en ses rangs, appartient nolens volens au patrimoine mondial de l’humanité. Ne serait-ce qu’à ce titre, il est normal qu’elle fasse l’objet d’une étude historique comme celle-ci, dont l’ampleur – près de 50 historiens français et étrangers, plus de 850 entrées – est sans précédent. Il y a effectivement de nombreux ouvrages consacrés à la Légion, mais ce sont le plus souvent des panégyriques, des mémoires d’anciens, voire des pamphlets : il manquait une étude historique dépassionnée et documentée (les archives de la Légion étrangère, souvent inédites, ont été exploitées pour notre plus grand profit), qui ne traite pas seulement des glorieux faits d’armes, des opex contemporaines, des unités et des « grandes gueules » de la Légion – ils y sont bel et bien –, mais aussi des aspects sociaux, économiques, cultuels et culturels – une étude en somme qui participe au renouveau de l’histoire militaire. Figurent ainsi dans ce « Bouquin », outre le dictionnaire proprement dit, une imposante bibliographie, des cartes, des illustrations et des partitions (celle du fameux Boudin notamment), une filmographie et une discographie, toutes deux inédites, ainsi qu’une anthologie – quelques morceaux choisis de littérature légionnaire. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir, et plus encore, sur la Légion étrangère, sans oser le demander ! », a pu écrire le lieutenant-colonel Rémy Porte sur son blog (https://guerres-et-conflits.over-blog.com). Mais André-Paul Comor – le maître d’œuvre – et moi-même avons choisi surtout de n’occulter aucun sujet, même ceux qui « fâchent » les bonnes consciences contemporaines : les meilleurs spécialistes traitent donc aussi de la désertion, de la reddition, des bordels de campagne et des maladies (et pas seulement du « cafard »…), d’espionnage ou encore de l’usage de la torture. Naturellement, la guerre d’Algérie, le putsch de 1961 et l’OAS sont longuement étudiés, mais au même titre que la Commune, la Résistance ou la France Libre. À cet égard, qu’il me soit permis de remercier ici tous les auteurs, civils et militaires, français et étrangers, qui ont accepté de participer à cette aventure sous la direction éclairée d’André-Paul Comor.

Pourquoi la Légion étrangère continue-t-elle de susciter autant d’intérêt, en France comme à l’étranger ?

La réputation de la Légion n’est plus à faire, et le succès qu’elle rencontre sur les Champs-Élysées, tous les ans, dit assez l’estime que lui portent les Français. D’ailleurs, le CD qu’a enregistré la Musique de la Légion étrangère, Héros, paru en avril 2013 à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Camerone, était disque d’or trois mois après sa sortie : succès d’estime, donc, mais aussi commercial. La Légion fait assurément vendre !

Mais au-delà de sa réputation militaire – établie –, ou sociale – école de la deuxième chance, la Légion est un parfait modèle d’intégration –, l’institution fascine parce qu’elle est la parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation, alors que ne sont plus vénérés aujourd’hui que le fric, l’individualisme et l’indifférence…

Et puis, Étienne de Montety, par ailleurs 1re classe d’honneur de la Légion étrangère, l’explique très bien dans sa magnifique préface : « la littérature à ne pas en douter » confère à cette institution « son essence particulière ». Plus que tout autre, en effet, le légionnaire est présent dans les romans, mais aussi au cinéma, dans les chansons : le mythe du légionnaire au passé mystérieux, tatoué, cafardeux, bagarreur et amateur de femmes et de pinard fait florès. Il sent bon le sable chaud et a mauvaise réputation…

 

legion-couverture

La Légion étrangère, histoire et dictionnaire, sous la direction d’André-Paul Comor, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2013. 1152 p, 32 €. A commander

Les remerciements à la ville de Calvi de la mère de l'Adjudant Vermozeele

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Rédigé par (Jean-Paul-Lottier) le Mardi 12 Novembre 2013

Ainsi que nous l'avons relaté, à l'occasion du 95e anniversaire de la signature de l'Armistice, à l'initiative de la municipalité de Calvi, une plaque à été dévoilée au nom de l'adjudant Harold Vermozeele mort pour la France le 19 février 2013 au Mali lors de combats contre des groupes terroristes.


A l'issue de la cérémonie qui s'est déroulée lundi au monument aux morts de Calvi à l'occasion de la commémoration du 95e anniversaire de la signature de l'Armistice, Ange Santini, maire de Calvi a rendu hommage à l'adjudant Harold  Vermozeele tombé pour la France le 19 février dernier au Mali, avant d'inviter la mère du militaire, Daniele à dévoiler une plaque.
Le conseil municipal de Calvi à l'unanimité a, rappelons-le, souhaité que les noms des militaires du 2e REP tombés pour la France dans les différents conflits  soient inscrits  sur le monument aux morts de la ville.
A l'issue de cette émouvante cérémonie, la maman de l'adjudant Vermozeele qui a fait spécialement le déplacement de Belgique a souhaité non sans émotion prononcer quelques mots: " Par le passé, à plusieurs occasion j'ai eu l'occasion de venir à Calvi pour voir mon fils et j'ai eu l'occasion de découvrir ce magnifique monument aux morts. Jamais je n'aurai pu imaginer qu'un jour  le nom de mon fils soit inscrit sur celui-ci. Je suis bien entendue très émue de ce geste de la municipalité de Calvi qui me touche profondément. Je suis issue d'une famille de militaire et je suis très fière de mon fils. C'était un bon soldat.  J'ai été très sensible aux  mots prononcés par le maire de Calvi Ange Santini. Je tenais ici à le remercier et lui dire toute ma reconnaissance. Merci également au 2e REP¨de Calvi pour son soutien."

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