Publié le 16/07/2016
Le cinquième grand druide Gwenc’hlan Le Scouëzec était aussi fils du peintre Maurice Le Scouëzec. Un homme aux multiples facettes que dépeint Grégory Moigne, historien. Il sera en conférence à Brasparts, samedi et à Quimper lundi (Finistère).
L’histoire
C’est la première biographie écrite sur lui. Né en 1929 à Plouescat, Gwenc’hlan Le Scouëzec a rejoint Avalon, le pays des morts dans la culture celtique, en 2008. « Je me souviens de ses funérailles à Brest, raconte le galeriste quimpérois Henri Le Bal, il y avait toute la Bretagne, des druides et des bardes, des collectionneurs de peintures, des écrivains, des poètes, des hommes politiques de tous bords ».
Un combat pour la Bretagne
Grégory Le Moigne, enseignant d’histoire-géographie et doctorant au Centre de recherches bretonnes et celtiques (CRBC) à Brest, s’est fasciné en 2010 pour ce personnage breton, encore peu connu du grand public, en s’intéressant au druidisme. « Il a été druide puis grand druide de Bretagne de 1980 à 2008. Il a clairement rénové le druidisme contemporain : il a amené d’autres fêtes celtiques, a créé des cérémonies, comme des unions et des funérailles en 1971. Plus humaniste, il avait à l’esprit de défendre la culture bretonne », explique le biographe.
Son père, le peintre Maurice Le Scouëzec, a été le premier à alimenter son chemin spirituel. Avec lui, le jeune Le Scouëzec part vivre à Paris, puis en Afrique, et découvre Madagascar. Une fois revenu dans le Finistère, à Douarnenez, Gwenc’hlan suit son père à l’église du Sacré-Cœur. « Il lui a aussi très tôt parlé des druides et d’ésotérisme », complète l’auteur.
Son parcours atypique a ensuite interpellé Grégory Moigne. « Il a été au Petit Séminaire de Pont-Croix, puis a été scout Bleimor à Paris avant d’entrer dans la Légion étrangère et combattre en Algérie alors qu’il ne se considérait pas Français. »
Des documents inédits
L’historien s’est appuyé sur des documents personnels, conservés en grande partie au CRBC à Brest. Il a eu recours aussi à des archives familiales inédites. « Il écrivait énormément sur lui et ses recherches. Je dirais que seulement un quart de ce qu’il a produit a été publié. » Un de ses best-sellers s’intitule Guide de Bretagne mystérieuse, paru en 1966.
Dans ses combats pour la Bretagne, il a aussi œuvré en politique. Il est l’un des fondateurs de Skoazell Vreizh, « mouvement de soutien moral et financier aux Bretons détenus dans les prisons françaises et à leurs familles ». Il est aussi à l’initiative d’un FLB « légal » et a créé un parti éphémère, le Parti communiste breton.
Ce médecin, allergologue jusqu’en 1985, a consacré les trente dernières années de sa vie à la culture celtique et bretonne. Il crée Beltan, une maison d’édition, et souhaite valoriser et vendre les toiles oubliées de son père, retrouvées à Quimper au domicile familial.
À travers son œil d’historien, Grégory Moigne montre aussi l’aspect philosophe de ce Breton. C’était un auteur important dans le domaine de l’ésotérisme.
Nolwenn, la fille de Gwenc’hlan Le Scouëzec, signe la postface de cette biographie. Elle s’est réconciliée avec cet homme qui a été pendant son enfance peu présent. « Réconciliée parce que consciente de la part d’ombre et de lumière d’un homme à la personnalité hors du commun, réaliste quant à l’absence d’intérêt qu’il me témoignait. Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres et il m’a fallu pour vivre, m’éloigner de cette ombre étouffante de trop d’indifférence. Pour exister pleinement. »