Par Nathalie Guibert (Niamey (Niger), Gao (Mali), envoyée spéciale) LE MONDE Le 11.09.2017
Crédits : CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP
Le légionnaire, une montagne de muscles avec un regard bleu très clair, prend fort bien les choses. « Ça va ! » Le militaire du 2e REP est un miraculé. Avec son accent polonais, sur le seuil de sa chambre de l’hôpital militaire à Gao, il raconte tranquillement l’accrochage. Dans une jungle marécageuse, à une cinquantaine de kilomètres de Gossi, dans le centre du Mali, un djihadiste l’a surpris, lui tirant dessus à cinq mètres en pleine poitrine. La balle a ricoché sur les chargeurs qu’il portait, avant de passer sous son gilet de protection, pour finir dans sa fesse.
L’armée française vient, durant dix jours, de mobiliser 70 soldats et commandos dans l’opération « Dague », au cours de laquelle elle a mené l’assaut contre le camp d’une katiba malienne classée dans la mouvance de l’organisation Etat islamique (EI). Une quinzaine de combattants se sont dispersés sous l’attaque, tandis que quatre d’entre eux, « dans une tactique de martyrs », selon le commandement français, restaient pour fixer les troupes de « Barkhane » jusqu’au bout. Bilan : deux morts dans les rangs djihadistes.
Le nouveau chef d’état-major des armées, François Lecointre, est venu mesurer l’état de la force française au Sahel, en se rendant à Niamey (Niger) puis à Gao (Mali), vendredi 8 et samedi 9 septembre, pour une première visite auprès des troupes en « opex » – opérations extérieures – que Le Monde a pu suivre. Paris prépare, en effet, une réorganisation de « Barkhane », l’intervention française la plus importante avec 4 000 soldats intervenant dans une région gigantesque, le Sahel, couvrant cinq pays.
Evacuations sanitaires
« Dague » illustre les contraintes des missions de l’armée française, engagée dans une lutte sans fin connue contre les groupes armés djihadistes. « Il s’agissait d’une katiba très structurée, bien commandée, à la différence des groupes locaux qui évoluent sans cesse dans le nord...