Par Lionel ARCE-MENSO | Publié le 29/03/2017
Le château de Montmaur abrita le mouvement de résistance “La Chaîne”. En 1986, le président François Mitterrand est revenu dans cette enceinte qui le vit entrer en Résistance. On le voit ci-dessous au côté des propriétaires du château, M. et M me Laurens, et de Pierre Bernard-Reymond, alors député des Hautes-Alpes (à sa droite). Photos archives Le DL
Fonctionnaire au sein du régime de Vichy, François Mitterrand assiste le 12 juin 1942 à une réunion au château de Montmaur. Il y croise Antoine Mauduit, un personnage extraordinaire. L’aura que dégage cet ancien légionnaire va faire basculer le jeune Mitterrand dans la Résistance.
En septembre 1994, c’est un président affaibli qui se présente devant les téléspectateurs au micro de Jean-Pierre Elkabbach. François Mitterrand est miné par la maladie. Et le livre de Pierre Péan, Une jeunesse française , a lancé la polémique sur son passé pendant l’Occupation. Au cours de l’entretien, le journaliste lui demande quand il est entré en Résistance. « En juin 1942 », répond François Mitterrand.
Et en écho de cette date répond la silhouette d’un personnage incroyable, Antoine Mauduit. L’homme qui l’a fasciné et fait basculer dans la Résistance.
Le 12 juin 1942, François Mitterrand arrive au château de Montmaur. Il travaille dans l’administration de Vichy, au commissariat au reclassement des prisonniers de guerre. Le jeune loup charentais se cherche. Il ne cache pas son respect pour le Maréchal Pétain, mais s’interroge sur l’avenir de la collaboration. Sous l’influence de prisonniers évadés, il fait ses débuts dans la Résistance, troublant la conférence d’un ardent collaborateur ou fournissant des faux papiers pour les prisonniers.
« Mitterrand est ce qu’on appelle un vichysto-résistant, une position qu’on a eu du mal à expliquer et qui consiste à entrer dans la Résistance, tout en considérant que Vichy peut également résister », relate Philippe Franceschetti, professeur d’histoire et auteur d’une biographie à paraître d’Antoine Mauduit.
À Montmaur, au pied du Dévoluy, un charmant château du XIVe siècle abrite une organisation destinée à aider les prisonniers de guerre à se réinsérer. Mitterrand en a entendu parler Mais cette façade est une couverture. Le mouvement “La Chaîne” œuvre surtout à faire évader des prisonniers de guerre. Certains des faux papiers qu’il fabrique sont expédiés cachés dans le cadre de photos du Maréchal Pétain.
À la tête de “La Chaîne”, un personnage de roman, mi-exalté, mi-chevaleresque, subjugue le futur président.
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