LE MONDE POLITIQUE
06.07.2016
Une gueule, d’abord, taillée à la serpe. Le sourcil épais, le regard noir, la lippe de Lino Ventura dans les moments critiques. Elle s’accorde à la silhouette de ce serviteur de l’Etat qui ne sort jamais sans son képi, impeccable en uniforme d’apparat et gants blancs lors des cérémonies officielles et toujours visible dans le proche sillage de François Hollande quand celui-ci se déplace à l’étranger.
Une voix, ensuite. Gouailleuse, celle d’un conteur, travaillée aux cigarillos dont il abuse. Le général Benoît Puga, chef de l’état-major particulier du président de la République depuis six ans, en module le ton pour narrer les hauts faits de l’histoire militaire, de la guerre des Gaules aux Panzer de Guderian – sans jamais oublier d’évoquer « le jour où il a lui-même traversé le fleuve Oubangui », persifle un rival. « Quand il vous parle de ce qu’il faut faire, vous avez l’impression qu’il est déjà en train de se déployer sur le terrain avec ses petits gars », atteste le diplomate Jean-David Levitte, l’ancien sherpa de Nicolas Sarkozy, qui l’a côtoyé à l’Elysée.
Le style, enfin. Inimitable. Tout droit sorti d’un scénario de Michel Audiard. Témoin cette formule lancée lors d’une réunion nocturne à l’Elysée, en 2013, pendant l’opération militaire « Serval » au Mali. Les forces françaises avaient repris Kidal et les autorités de Bamako s’inquiétaient de voir Paris s’appuyer sur leurs adversaires Touareg :
« Je n’en ai rien à foutre de savoir si les Romains ont commencé par Babaorum ou Petitbonum, et quelle tribu gauloise ils ont d’abord...