10.03.2016 par Maximilien Renard
Le collectionneur français Philippe Durand-Ruel s’est éteint le 8 mars et laisse derrière lui une collection pléthorique sur l’art de ces cinquante dernières années.
La vie de Philippe Durand-Ruel se lit à la manière d’un passionnant roman d’aventures. Arrière-petit-fils du grand collectionneur d’art impressionniste Paul Durand-Ruel, il s’engage très tôt dans une carrière d’officier au sein de la Légion étrangère. S’ensuivent 15 ans de guerre dans les bourbiers les plus difficiles : Maroc, Indochine, Algérie. En avril 1961, il participe à la tentative ratée du putsch d’Alger. Un procès, la prison, la dépression. Finalement c’est l’art qui le sauve. À peu près au même moment que la tentative de putsch, son père meurt, lui léguant toute sa collection d’art impressionniste. Avec sa femme Denyse, ils entreprennent alors de poursuivre la collection commencée par son arrière-grand-père en voulant faire le lien entre les impressionnistes et l’art de leur époque. Face au coût trop important des œuvres du début du XXe siècle, le couple décide de s’orienter plutôt vers l’art contemporain des années 60. C’est ainsi qu’en 1963, passant devant la galerie Michel Couturier, Philippe Durand-Ruel subit son premier choc esthétique : une quinzaine de tableaux signés Yves Klein occupent la devanture attendant le vernissage de l’exposition prévue le lendemain. Ni une, ni deux, Philippe Durand-Ruel achète tout. Commence dès lors sa vie de collectionneur, avec l’acquisition des Nouveaux Réalistes de l’école de Nice, les Armand, César, et autres Gérard Deschamps. Il rassemble des œuvres aux tendances diverses, allant de l’Arte Povera à l’art minimal en passant par les géants du Pop Art comme Lichtenstein, Rauschenberg ou Warhol. À partir de 1982, il délaisse quelque peu le monde de l’art parisien pour la campagne, et décide de se consacrer avec un ami à la rénovation d’un château en Dordogne. Collectionneur compulsif, se fiant avant tout à son œil, se trompant rarement, Philippe Durand-Ruel s’engage, accumule, ne revend jamais, tout en conservant une passion intacte pour l’art et ceux qui le créent. Après une vie active, Philippe Durand-Ruel s’en est allé le 8 mars dernier.