Publié le 27/10/2014 par
REIMS (51). La bibliothèque Carnegie présente « Les plumes des tranchées, les écrivains et la Grande Guerre sur le front de Champagne ».
Avant d’évoquer les plumes au sens figuré, l’exposition s’ouvre sur une Sergent-Major. Elle est fixée sur un stylo composé de deux douilles soudées. L’objet a été confectionné pendant la Première Guerre mondiale par le grand-père d’un employé de la bibliothèque Carnegie. « L’artisanat de tranchée est extrêmement inventif », commente Sabine Maffre, la commissaire de l’exposition, en attirant l’attention sur un coupe-papier taillé dans une bague d’obus et un double encrier fabriqué à partir d’une grenade coupée en deux. Pour cette exposition, à voir jusqu’au 29 novembre, la responsable de la bibliothèque Carnegie et des collections patrimoniales, aborde la Grande Guerre sous l’angle littéraire. La jeune femme a sélectionné plusieurs documents conservés à la bibliothèque, dont plusieurs inédits. La collection s’enrichit de quelques prêts de collectionneurs privés et d’institutions comme le Fort de la Pompelle et le Centre d’interprétation Marne 14-18 de Suippes.
Des mots pour dire l’indicible
L’accent est mis sur les écrivains qui, pendant ou après le conflit, ont su trouver les mots justes pour décrire ce qu’ils ressentaient ou ont dépassé leurs propres émotions pour inventer des textes à la portée universelle. Le visiteur voit par exemple un exemplaire de La Main coupée, l’œuvre autobiographique de Blaise Cendras. Le légionnaire fut gravement blessé au bras lors de l’attaque de la ferme de Navarin, le 28 septembre 1915. Plus loin, est exposé un poème de Curzio Malaparte qui, après avoir combattu à Bligny, rend hommage à ses camarades italiens.
La bibliothèque Carnegie a sorti de ses réserves une lettre du journaliste et écrivain Roland Dorgelès au Rémois Pol Neveux ainsi que Solitude de la pitié, un recueil de Jean Giono. Au Fort de la Pompelle, ce dernier s’était lié d’amitié au Russe Ivan Ivanovitch Kossiakoff.
L’exposition met en avant plusieurs grands écrivains dont Louis-Ferdinand Céline, qui n’aurait peut-être pas écrit son Voyage au bout de la nuit, s’il n’avait traversé les Ardennes jusqu’à la Marne, du 28 août au 6 septembre 1914. L’exposition présente enfin quelques écrits collectifs, des pamphlets contre les Allemands et des textes d’auteurs qui, même s’ils n’ont pas combattu, ont été marqués à jamais par le conflit.
Jusqu’au 29 novembre, 2 place Carnegie. Entrée libre. Des conférences sont proposées en marge de cette exposition.
Tél. : 03 26 77 81 41.