Publié le 19/09/2014
Ils ne s'étaient pas vus depuis vingt-neuf ans
Placé à l'orphelinat à l'âge de 3 mois avant de devenir garçon de ferme, pour finalement épouser, contraint et forcé, la Légion étrangère à tout juste 18 ans, Daniel Lambert a souffert. Et continue aujourd'hui à se battre pour joindre les deux bouts. « Pas déserteur mais révolté », il n'a pas rempilé dans la Légion et s'assoit donc sur la retraite que ces années noires auraient pu lui octroyer. Idem pour ses dix-sept années de businessman dans les Balkans, dont il n'a ramené qu'une fillette qu'une femme qui n'en voulait qu'à sa nationalité française lui a donnée. Aujourd'hui âgée de 9 ans et demi, elle vit seule avec lui à Agen. C'était sa première fille.
Prié de mettre les voiles
Désormais, il en a une seconde. Plus vieille de vingt ans… Laura a la trentaine, un salon de coiffure à Paris et une obstination qui a payé, après onze années de sa vie consacrées à rechercher celui qui l'a tenue six mois dans ses bras avant de se voir contraint de s'éclipser. Père et fille n'ayant aujourd'hui que l'intime volonté de passer du temps ensemble, ils tairont « la sale histoire de famille » à l'origine de cette séparation. Tout juste indiquent-ils que Daniel n'étant pas juif, comme la mère de Laura, sa « belle-famille » l'a empêché de la reconnaître et lui a gentiment prié de disparaître. Après s'être accroché quelques années, Daniel Lambert s'est résigné. Et a mis les voiles. Une nouvelle épreuve dans une vie qui n'en manquait pas.
Mais voilà qu'à 18 ans Laura apprend que « le père » avec lequel elle vit n'est pas le sien. « J'ai su la vérité, du moins une partie. Et je me suis mise à chercher. Dans l'annuaire d'abord, mais des Daniel Lambert, il y en a des milliers… » à ses débuts, elle ne connaît que son identité et à peu près son âge. Les années passent et les souvenirs remontent peu à peu : « Ma mère se souvenait qu'il avait eu des ennuis de santé. Je suis donc allée dans la clinique où il avait été suivi. En vain. Elle s'est ensuite rappelé qu'il avait vécu à Noisiel, en Seine-et-Marne. »
Identifié par… un voisin
La jeune femme frappe à toutes les portes, embauche un détective, contacte des émissions de télévision pour le retrouver, puis se ravise : « J'avais besoin de chercher, mais j'étais sûre que ça ne marcherait jamais. » En 2011, elle poste sur plusieurs sites Internet, dont doctissimo.fr, un avis de recherches. Dans les réponses, on lui conseille de créer une page Facebook dédiée et d'y ajouter une photo de Daniel, si vieille soit-elle. Ce sera « Laura recherche Daniel Lambert ». À Noisiel, elle en retrouve un. Selon les témoignages, c'est bien lui. Le tatouage « Mort aux vaches » cher aux légionnaires, la date de naissance, qu'elle finit par apprendre, tout semble coller. Ce n'était finalement qu'un parfait homonyme.
Le découragement gagne. Jusqu'à ce 14 juillet dernier, où, sur Facebook, un homme pense le reconnaître. Un Albanais arrivé à Agen presque en même temps que Daniel et qui n'habite qu'à 500 mètres de chez lui. Le lendemain, père et fille se retrouvaient. Et, depuis, ne se lâchent plus…