Publié le 19/03/2013 par Hervé Gattegno
Pour Hervé Gattegno, il faut que l'armée contribue à l'effort de redressement. Les militaires doivent rentrer dans le rang... budgétaire.
RMC : François Hollande doit fixer les grandes lignes du budget des armées au cours d'un conseil de défense qui se tient aujourd'hui. Une bataille se livre en coulisse pour limiter les coupes réclamées par Bercy. Votre parti pris : nos soldats aussi doivent se serrer la ceinture ! Expliquez-vous...
Hervé Gattegno : Nous sommes en temps de paix, mais en temps de crise. Les canons qui s'imposent sont les canons budgétaires. Dans ces conditions, si c'est le bon sens qui commande - et pas seulement la haute hiérarchie militaire -, de même que les citoyens doivent parfois contribuer à l'effort de guerre, les soldats doivent contribuer à l'effort de redressement. En l'occurrence, ce qui constitue la principale menace aujourd'hui, ce sont les déficits publics. Donc, oui, il faut diminuer les crédits de la défense. Autrement dit : faire rentrer les militaires dans le rang... budgétaire.
Vous voulez dire que la France a une défense au-dessus de ses moyens ? Baisser les crédits militaires, est-ce que ce n'est pas prendre le risque d'affecter la sécurité nationale ?
A priori oui - encore qu'on nous explique que dans tous les secteurs, on peut économiser sans affecter la qualité du service public, voire l'améliorer ! L'armée est une administration comme les autres et sans faire injure à nos soldats, ils ne sont pas tous sur le pied de guerre. On peut même dire que l'armée n'est pas l'administration la mieux gérée : on connaît l'histoire des camions qui tournent à vide en fin d'année pour épuiser les stocks d'essence de façon à éviter les restrictions l'année suivante - elle est vraie ! N'en déplaise aux propagandistes de l'institution militaire, il y a des gisements d'économies qui n'exigent pas de "baisser la garde".
Par exemple ? Qu'est-ce qui, dans nos forces armées, pourrait être supprimé sans impact ?
Est-ce qu'il est raisonnable de vouloir diminuer les crédits au moment où la France est engagée au Mali dans une opération militaire qui fait consensus ?
La guerre suscite des consensus éphémères : avant le Mali, nos soldats étaient en Afghanistan et cela ne faisait pas l'unanimité. Et si l'on demandait aux Français de choisir entre la guerre au Mali et les économies budgétaires, le pacifisme gagnerait du terrain. Les "opérations extérieures" servent le prestige de la France - et nos intérêts dans le monde. Mais elles les fragilisent si elles mettent en péril nos finances. En réduisant notre armée, nous pouvons gagner en souveraineté budgétaire ce que nous perdrons en puissance de feu. C'est une défaite dont nos généraux se remettront, puisqu'elle fera du bien à la France.