lundi 11 février
La photo du soldat français au Mali portant un foulard noir avec une tête de mort avait provoqué une polémique fin janvier. Ce légionnaire semble avoir été sanctionné et rapatrié en France
Le foulard à effigie de Ghost, un personnage du jeu vidéo de guerre Call of Duty, porté par un légionnaire français au Mali (AFP)
Un légionnaire avec un foulard de tête de mort. La photo de ce soldat français au Mali a fait le tour du monde et avait déclenché une belle polémique fin janvier.
La hiérarchie de l'armée française avait annoncé qu'elle prendrait des sanctions. Cela semble donc avoir été le cas. Le légionnaire figurant sur cette photo, qui appartient au 1er régiment étranger de cavalerie d'Orange aurait été rapatrié en France cinq jours après les faits et puni de 40 jours d'arrêts.
"C'est un foulard qui coûte cher". C'est Le Mamouth, un blog spécialisé dans les questions de défense, connu pour son sérieux, qui a dévoilé l'information. "Le légionnaire photographié au Mali avec un foulard aux motifs de squelette a été puni de 40 jours, et rapatrié cinq jours après les faits". "Le porte-parole de l'EMA (état-major des armées) a récusé en bloc ces éléments, ajoutant par ailleurs ne pas vouloir mettre sur la place publique le reste de l'affaire, et notamment les sanctions en question."
Que venait donc faire l'effigie de Ghost, un personnage du jeu vidéo de guerre Call of Duty, au sein de l'armée française ? Le REC, unité à laquelle appartient ce soldat, est le régiment de Légion étrangère spécialisé dans le domaine de combat des blindés. Il opère au Mali depuis les premières heures de "Serval".
On peut douter que le soldat ait agi par provocation. Sur le blog de l'AFP, juste après les faits, le photographe indiquait : "Un hélicoptère était en train d’atterrir et soulevait d’énormes nuages de poussière. Instinctivement, tous les soldats à proximité ont mis leurs foulards devant leurs visages pour éviter d’avaler du sable (...) J’ai repéré ce soldat qui portait un drôle de foulard et j’ai pris la photo. Sur le moment je n’ai pas trouvé la scène particulièrement extraordinaire, ni choquante. Le soldat ne posait pas."
Mais depuis l'annonce de la sanction, dans le milieu militaire le débat semble vif, comme en témoigne ce texte publié dans DSI, une revue en ligne consacrée à la défense et à la stratégie : "La guerre que fait la France et ses alliés au Mali est juste. De quoi a-t-on si peur lorsque l’on condamne ce foulard ? Que les motifs même de l’intervention soient remis en question ?".
Fin janvier, François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'Iris, expliquait pour sa part au Monde : "Ce masque pose un problème de communication militaire et politique. Nos soldats sont censés mener une opération propre et légale contre des criminels. Intervenant avec l'accord de l'ONU, ils sont censés être impeccables."
Alors que le débat enflamme les réseaux sociaux et les sites spécialisés, la "grande muette" va probablement devoir communiquer sur les suites données à cette affaire dans les jours qui viennent.