samedi 26 janvier 2013
Léré. De notre correspondant
C'est l'offensive majeure de l'opération Serval, à l'ouest de la ligne de front. « Plus de 600 éléments d'un groupement tactique interarmes, le GTIA » montent au combat, aux ordres du colonel Paul Gèze qui commande le 21e RIMa. Le commandement envoie ses ordres depuis Bamako, le GTIA s'exécute.
Arrêtée sur le bord de la piste, au milieu d'une végétation qui s'assèche, la colonne française semble n'avoir pas de fin. Combien sont-ils, ces blindés et ces camions partis de Niono aux petites heures du jour hier matin ? Une centaine ? « Pas facile à dire. Les unités combattantes sont en éclairage devant nous, à plusieurs kilomètres. Nous suivons avec la logistique », explique un lieutenant.
Des moyens colossaux
Dans un nuage de poussière ocre, les véhicules français se suivent à vitesse réduite. Derrière eux, les occupants de la position malienne de Dogofri ont salué les véhicules. Les villageois ont agité des drapeaux français et maliens avec excitation. Devant, ce sont « les territoires occupés ». Il faut rallier et sécuriser Léré, près de la frontière mauritanienne. Puis, reconquérir Tombouctou, le fief d'Al-Qaida au Maghreb islamique.
« On bivouaque à Léré ce soir, mon capitaine ? », demande un soldat. La réponse fait écho aux « instructions surprises » du jour. « Peut-être au-dessus ; on a un itinéraire. On monte au plus haut ce soir », fait savoir le capitaine Capedeville, chef du train de combat du 2e régiment d'infanterie de marine du Mans.
Pour s'assurer d'une telle progression, les forces françaises ont déployé des moyens colossaux. Une telle rapidité pour mobiliser et coordonner 2 500 hommes au total sur le terrain malien, « c'est du jamais vu », glisse un « marsouin » (soldat de l'infanterie de marine). Ici, il y a des parachutistes, des artilleurs, des marsouins, des combattants aux mille accents de la Légion étrangère. Ils viennent du Mans, d'Angers, de Fréjus mais aussi de Côte d'Ivoire et du Tchad.
« Beaucoup ont au moins une petite expérience de l'Afrique, explique un adjudant-chef du 2e RIMa. Mais le terrain est particulièrement difficile au Mali. » La terre rougit les visages, imprègne les uniformes et se glisse dans le matériel. Les problèmes mécaniques s'enchaînent, provoqués par la chaleur et l'ancienneté des moteurs. « Et ça ne va pas aller en s'arrangeant, plaisante un soldat. Là-haut, c'est du sable et des températures très rudes avec l'arrivée de la saison sèche. » Un test de 800 000 km2 pour l'opération Serval !