mardi 11 décembre 2012 Par François Pédron
Rappel des faits. Le 19 décembre 1946, insurrection du Viêt-minh à Hanoi. L’évacuation de Cao Bang, qui tourne au désastre le 3 octobre 1950, fait effet de péripétie à Paris mais de catastrophe en Indochine.
L’armée française est mise en déroute par les « irréguliers » du Viêt-minh, armés par la Chine et ayant récupéré l’arsenal Japonais laissé après leur départ en 1945. La situation est nouvelle. Si de Lattre a réussi à « pacifier » le Tonkin, Hanoi reste en état de siège virtuel et Giap porte son effort vers le Nord-Laos. Pour contenir Giap, Salan, général en chef, invente la tactique du hérisson qui sera testée à Na San : un aérodrome, protégé par des points d’appui armés, est le cœur d’une base tenue par 15 000 hommes qui seront ravitaillés jour et nuit. Giap attaque le 1er décembre 1952 et lance ses troupes par vagues de 18 000 hommes. Au bout de trois jours, il laissera 3 000 hommes sur le terrain alors que les Français ne déplorent qu’une cinquantaine de tués.
“Comment accrocher un ennemi insaisissable ?”La victoire paraît totale. Des vagues d’avions ont « nourri » le camp commandé par le colonel Gilles. « L’idée du camp retranché aéroterrestre paraît résoudre le problème : comment accrocher un ennemi insaisissable qui se dérobe et le détruire ? écrit le général Gras. La victoire de Na San fut à l’origine d’une doctrine qui, en se figeant, porta les fruits amers de Diên Biên Phu. » Quelques jours plus tard, alors que l’ennemi fait retraite, notre photographe Jacques de Potier sera grièvement atteint d’une rafale de mitraillette en portant secours à un légionnaire blessé. Giap retiendra la leçon de Na San : dix-huit mois plus tard, son artillerie, devenue insaisissable, réduira en entonnoir l’aérodrome de Diên Biên Phu. Les Français seront pris au piège.