Par NEW YORK, de Carla HENOUD | 10/09/2012
53 ans après son inauguration, le Guggenheim Museum de New York a conservé une magie inaltérable, sans jamais rien perdre de la modernité avant-gardiste qui l’a caractérisé dès son ouverture en 1959. Sans doute son architecture sensuelle et à taille humaine signée par le visionnaire Frank Lloyd Wright, ou encore les pièces choisies de sa belle collection de peinture moderne. Ce «temple de l’esprit», idéal pour héberger des œuvres diversifiées et promouvoir et expliquer l’art moderne, s’est multiplié dans le monde avec, toujours, des conceptions architecturales qui ont bouleversé le paysage culturel et urbain traditionnel. Venise, en 1970, sur le grand canal, Bilbao, un «Vaisseau de titane» magique imaginé par Frank Gehry et qui a donné des ailes à la cité grise qui l’a accueilli en 1987. Berlin, la même année, Las Vegas et, très bientôt, Abou Dhabi, 32 000 m2 mis en forme par Gehry himself, et enfin Vilnius, en Lituanie, un «Mystérieux objet flottant», comme le qualifie déjà la presse, dessiné par Zaha Hadid et son imagination démesurée.
Installer les 70 photographies et 5 vidéos dans cet antre actuel new-yorkais n’est guère surprenant, tant le travail photographique de Rineke Dijkstra, proche des portraits de grands peintres, est à la fois classique et contemporain. Des portraits frontaux, sur un fond neutre, réunis dans des séries et autour d’un thème particulier, à travers lesquels elle cherche à souligner la fragilité de l’être humain. Des adolescents, pour la plupart, tendus ou secrets, abandonnés ou pas à son objectif. Organisée conjointement avec le MOMA de San Francisco, l’installation, sur trois étages, permet également de se glisser dans les ellipses du musée et d’apprécier l’ensemble des œuvres permanentes ou provisoires.
Des visages et des histoires
Le soldat français Olivier à différentes étapes de sa vie.
L’accrochage de cette rétrospective, clair et aéré, met en scène d’une manière simple et organisée des images qui se ressemblent sans se ressembler, chacun de ces modèles improvisés racontant sa propre histoire.
5 vidéos font également partie de l’exposition et de la recherche de l’artiste, où, une fois de plus, elle tente de déstabiliser des adolescents qui sont invités à chanter et danser devant une caméra fixe et légèrement indiscrète.
La constance presque obsessionnelle dans la recherche de Rineke Dijkstra, les magnifiques portraits et les sentiments qui s’en dégagent sont une belle parenthèse, un arrêt sur l’image de New York, ville folle qui ne dort jamais et qui, pourtant, ne prend plus le temps de regarder se faire et se défaire les sentiments des êtres.