Publié le 07/05/2012
Pour l'équipe Hollande, les militaires en place n'ont pas à être remplacés. Sauf le général Benoît Puga, chef d'état-major particulier de l'Élysée.
Dans l'appareil français de sécurité, au sens le plus large, il est clair que le nouveau pouvoir s'occupera d'abord de faire valser des têtes dans la police. Quant aux armées, peu de changements de fond sont à prévoir : les grands commandements - état-major des armées (EMA) et de chacune des armées - sont pourvus et quand des changements s'annoncent, comme dans l'armée de l'air, l'avenir s'envisage sans drame.
Le futur gouvernement sera confronté à un dilemme classique : ou bien il entérine les choix et propositions de la technostructure militaire, qui sont, aux yeux de cette dernière, ceux de la raison et de l'efficacité, tenant en sus compte des desiderata et de savants équilibres entre chaque groupe de pression ; ou bien il choisit tout seul. Face aux hypothèses considérées par la technostructure militaire comme les "bons choix", le politique peut avoir d'autres options. D'autant plus plausibles dans les circonstances présentes que nombre de candidatures plus ou moins "spontanées" ont été présentées à l'équipe de François Hollande. Prenons l'exemple de Jean-Paul Palomeros, actuel chef d'état-major de l'armée de l'air. Si les voeux de l'EMA étaient respectés, il prendrait le commandement de la transformation de l'Otan, à Norfolk, en succédant à Stéphane Abrial. La question doit être abordée au sommet de Chicago, mais dans la galaxie Hollande, des voix se font entendre pour proposer qu'il prenne à Paris un poste plus prestigieux et plus utile... À suivre !
Élysée cherche général
En fait, concernant les grands commandements, une seule position de premier plan est ouverte aux candidatures : celle du chef d'état-major particulier du président de la République (CEMP). Ce poste revient actuellement au général Benoît Puga, légionnaire pur sucre que Nicolas Sarkozy s'était vu conseiller très vivement par l'appareil de sécurité et de renseignement. Au motif que l'officier initialement choisi pour ce poste, le général Pierre de Villiers, aurait été trop semblable dans son fonctionnement à l'amiral Édouard Guillaud, auquel il était appelé à succéder, qui devenait pour sa part chef d'état-major des armées. "Avec ce tandem, vous aurez deux robinets d'eau tiède", avait lancé à Nicolas Sarkozy un homme d'influence. Et c'est ainsi que Puga entra à l'Élysée.
Aujourd'hui, on confirme dans l'entourage de François Hollande que le CEMP ne devrait pas rester très longtemps à l'Élysée et que la recherche de son successeur a commencé. Pas pour tout de suite, néanmoins, car la perspective du sommet de l'Otan et celle du retrait des troupes françaises d'Afghanistan exigent de disposer d'une courroie de transmission rodée entre l'Élysée et les armées. Mais si Puga ne choisit pas de lui-même de partir plus tôt, il paraît logique d'envisager son départ pour la fin de l'été. Qui le remplacerait alors ?
Beaucoup de candidats pour l'EMA
Pour l'état-major des armées, c'est très simple, une seule option s'impose : Didier Castres, né en 1959. Belle figure d'officier, belle santé, voix de basse. Caractère de suidé. De longue date un protégé de l'ancien CEMP et ancien chef d'état-major des armées Jean-Louis Georgelin. Aujourd'hui sous-chef d'état-major opérations de l'état-major des armées après avoir été chef du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), c'est un homme qui connaît les opérations actuelles sur le bout des doigts. Il possède une bonne teinture politique, puisqu'il fut de 2005 à 2009 l'adjoint "terre" à l'état-major particulier du président de la République. Il est par ailleurs issu des troupes de marine, et présente la particularité de n'être point passé par le centre de formation militaro-mondain du CHEM (Centre des hautes études militaires). Aucun doute : son CV est parfait pour l'Élysée. Sauf que cette promotion n'est pas sûre.