Publié le samedi 05 mai 2012
Le général (2S) Jean Delabre dénonce les propos d'un appelé qui a évoqué la torture en Algérie.
« La Légion ne recrute pas que des jeunes ayant eu des problèmes »
Dans notre édition du 19 mars, nous rapportions le témoignage de René Coignin, appelé du contingent et ancien président des anciens combattants de Gravigny, qui avait servi en Algérie entre 1958 et 1960. Il y évoquait la pratique de la torture et des viols par les hommes de la Légion étrangère. Un témoignage qui a suscité la réaction du général (2S) ébroïcien Jean Delabre.
« J'ai toujours condamné ces pratiques »
Ayant servi à la Légion pendant cette période, l'officier supérieur estime que « ces déclarations d'un ancien appelé, qui a passé quatorze mois en Algérie dans une unité d'artillerie, dont une quarantaine de jours aux côtés d'une unité de Légion », ne sont pas fondées sur un témoignage direct.
« La Légion, poursuit l'Eurois, ne recrute pas que des jeunes ayant eu des problèmes avec la justice. Dans la période qui précède leur engagement, une enquête sur leur passé vise notamment à éliminer les criminels ».
« Je ne nie pas que, comme dans toutes les guerres, il y a eu des abus et des erreurs, rappelle le général. La torture fut pratiquée par certains, au nom de l'efficacité, pour prévenir des attentats, mais elle ne fut pas générale. J'ai toujours condamné ces pratiques au nom de la morale et en raison des réactions qu'elles pouvaient susciter dans la population, dont une partie nous était favorable malgré les pressions qu'elle subissait de la part de l'adversaire. Dans ce genre de guerre, comme aujourd'hui en Afghanistan, la population joue un grand rôle. Il faut l'aider et la protéger. L'adversaire l'a toujours su, c'est pourquoi en Algérie il commettait des crimes dont le seul but était de provoquer des représailles aveugles. De même, des médecins militaires dont la population appréciait les services était assassinés ».
« Pour ma part, conclut Jean Delabre, je n'ai jamais eu connaissance de viol. Le régiment où j'étais se comportait très correctement avec la population et avec les prisonniers. Si certains avaient d'autres envies, la discipline et l'exemple suffisaient à les dissuader ».