dimanche 22 avril 2012 Par blandine philippon
26 Gersois, tous anciens de la Légion étrangère, commémoraient hier le 149e anniversaire du combat de Camerone
« Nous ne sommes pas des Rambo, ce ne se passe pas comme dans des films ». (photo michel amat « so »)
Christian Gérard n'a pas vraiment un physique furtif. Il a beau conserver une inclinaison manifeste pour les teintes camouflage en arborant velours et polaire kaki, il n'a rien d'un passe muraille. Il n'empêche qu'humilité et réserve naturelle lui rendent bien difficile l'exercice de se raconter, que d'aucuns trouvent pourtant fort flatteur. « L'important, c'est le groupe, la masse, pas l'homme, pas moi en tout cas. Je connais des camarades qui ont un passé bien plus glorieux que moi » se défend l'ancien légionnaire quand on le presse de narrer les épisodes les plus fameux de sa carrière.
« Nous ne sommes pas des Rambo, ça ne se passe pas comme dans les films » rectifie le quinquagénaire qui goûte très peu les blockbusters américains où la caricature le dispute au manque de réalisme.
En dix-sept années passées dans la Légion, Christian Gérard a eu le temps de se frotter à la réalité du terrain. Et si voir des parachutistes sauter d'un avion avec leur fusil d'assaut en bandoulière et canarder tout ce qui bouge en plein vol l'exaspère au plus haut point, il supporte encore moins les fanfarons qui crient sur les toits qu'ils en sont eux aussi… On lui objecte que l'on ne copie que ce que l'on admire, que prétendre avoir été légionnaire alors que l'armée ne vous a pas vu plus longtemps que le service militaire, prouve à quel point la Légion étrangère relève du mythe. Il en convient, mais considère surtout que cela porte tort aux légionnaires, les vrais.
Ceux-là, les spécimens gersois du moins, commémoraient hier matin à Auch le 149e anniversaire du combat de Camerone (lire ci contre). Désormais retraités de la Légion, ils n'en demeurent pas moins des légionnaires. « Vous savez ce que l'on dit : légionnaire un jour, légionnaire toujours » rappelle Christian Gérard.
Désert et képi blanc
Aussi loin qu'il s'en souvienne, ce natif de Miramont-Latour a toujours voulu rejoindre la Légion. « Petit, je voyais des affiches à la gendarmerie, le légionnaire dans le désert avec son képi blanc… ». Le désert, Christian Gérard le voulait, il l'a eu. Du Zaïre au Tchad en passant par Djibouti ou la Centrafrique, ce sniper, qui faisait partie de la section des tireurs d'élite, n'a raccroché les gants que le jour où il a rencontré la mère de ses enfants. « Si j'avais continué, je n'aurai pas vu mes enfants grandir ». Aujourd'hui, après une seconde carrière dans l'administration pénitentiaire du côté de Châteauroux, puis le retour aux sources dans le Gers pour la retraite, Christian Gérard a tout le temps de se consacrer à l'amicale gersoise des anciens de la Légion étrangère et à sa deuxième passion : la radio amateur. Une grande communauté fraternelle un brin mystérieuse celle-là aussi…