le jeudi, 26/01/2012
A chacun ses responsabilités. Nos soldats attendent des ordres, pour agir ou réagir. Pas des jérémiades. Ces professionnels ne sont pas des humanitaires dont il faudrait assurer la sécurité, coûte que coûte, ni des victimes d’un quelconque accident tragique. Motivés, entraînés, ils sont capables de se défendre et de porter des coups, quand on leur en donne.
Ils travaillent sans esprit de vengeance. Engagés pour servir leur pays, ils ont une mission et des moyens. Ils ont besoin de chefs, civils et militaires, pour être commandés. Ils attendent aussi la confiance de la nation, la reconnaissance de leurs efforts, une totale sollicitude à l’égard de leurs familles dans la peine.
Par son histoire, son identité et ses choix raisonnés, Valeurs actuelles pleure nos soldats tués. Notre famille – la rédaction et ses lecteurs – leur rend hommage, aussi souvent que possible. Mais en écho à ce que nous disent nos militaires en opérations, il faut leur offrir autre chose que des larmes et des regrets. L’intérêt de notre pays et son honneur exigent que nos soldats engagés en Afghanistan puissent accomplir leur mission, jusqu’au bout, au nom de leurs 82 camarades déjà tombés, pour que leur sacrifice ne soit pas vain.
La France ne doit pas sortir battue de ce théâtre difficile. Ce n’est pas une fatalité, bien au contraire, malgré les apparences. Les responsables politiques ont à le dire avec courage à l’opinion publique, au risque d’affronter le pessimisme moutonnier des intellectuels et des médias. Ils doivent afficher clairement leur volonté de relever le défi des obscurantistes que l’Occident affronte en Afghanistan. Plier devant eux, aujourd’hui, rompre le combat sans l’avoir achevé, c’est s’exposer, demain, à d’autres chantages, à d’autres coups.
En Afghanistan, chaque jour qui passe affaiblit les insurgés et renforce l’armée afghane pour le rendez-vous de vérité de 2014. Les talibans le savent. Ils redoublent d’activité. Nous marquons des points. Ils frappent pour casser la confiance établie entre nos soldats et les Afghans, pour nous persuader que rien n’est possible, pour accélérer notre départ. Dans cette bataille des perceptions qui est celle des volontés, certains responsables politiques sont tombés dans le panneau, en supplétifs involontaires de la propagande talibane. Annoncer l’arrêt de nos activités auprès de l’armée afghane ou promettre le retrait anticipé de nos troupes est un cadeau pour nos adversaires. C’est ce qu’ils recherchent. Ce choix renforce ceux qui nous sont hostiles. Il dissuade surtout ceux qui hésitaient encore à se rallier à la légalité incarnée par l’État afghan, soutenue par la France et l’ensemble de la communauté internationale.
Frédéric Pons