publié le 21/01/2012
Gérard Longuet, arrivé samedi matin à Kaboul, s'est recueilli devant le cercueil des soldats
tués vendredi.Crédits photo : JOEL SAGET/AFP
Les insurgés affirment avoir gagné à leur cause plusieurs personnes occupant des positions importantes, dont le militaire afghan ayant abattu, vendredi, quatre soldats français. Le ministre de la Défense Gérard Longuet est à Kaboul.
• Les talibans revendiquent l'attaque de vendredi. Les talibans ont affirmé samedi matin à Reuters avoir recruté le militaire afghan, qui a abattu vendredi quatre soldats français désarmés et en plein footing et blessé quinze autres. Outre l'auteur de la fusillade, les talibans assurent avoir gagné à leur cause plusieurs personnes «occupant des postes importants». «Certains ont déjà accompli leurs missions», a prévenu un porte-parole, promettant d'autres attentats et mettant en avant une popularité accrue des insurgés. Depuis la diffusion d'une vidéo montrant des GI américains urinant sur des cadavres, le recrutement de volontaires est devenu très aisé, a-t-il expliqué.
• Gérard Longuet à Kaboul. Le ministre de la Défense est arrivé samedi matin dans la capitale afghane. Il est monté à bord de l'aéronef sanitaire qui va rapatrier en France 12 des blessés, dont 5 grièvement touchés. «Ces hommes sont profondément choqués», a confié le ministre, «ému» devant la «souffrance de ces corps d'hommes dans la force de l'âge». «Ils vivaient au contact de l'armée afghane. Cette confiance qu'ils établissent, ils en ont été victimes», a déploré Gérard Longuet, qui s'est recueilli devant les cercueils des soldats tombés hier.
Le ministre doit rencontrer le président afghan Hamid Karzaï ainsi que ses ministres de la Défense et de l'Intérieur, le général John Allen, commandant de l'Isaf, le bras armé de l'Otan en Afghanistan, et le général Olivier de Bavinchove, chef d'état-major de la coalition. Chargé par Nicolas Sarkozy de mesurer la dangerosité de la mission en Afghanistan , Gérard Longuet fera à son retour son rapport au chef de l'Etat, qui décidera d'un retrait prématuré, ou non, des troupes. «Tout l'enjeu de cette visite est d'évaluer l'attitude que nos responsables doivent prendre», a résumé Gérard Longuet. «La mission est exactement la même, faire émerger une force stable», «pour transmettre le relais» aux Afghans.
• Réserves d'Hillary Clinton sur le retrait français. La secrétaire d'Etat américaine «compatit vraiment avec ce qui est arrivé aux soldats français» mais «n'a aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à prendre part au processus délicat de transition en cours en Afghanistan, au moment où nous envisageons notre départ (du pays) ainsi que nous en sommes convenus à Lisbonne». Les dirigeants de l'Otan réunis à Lisbonne en novembre 2010 se sont engagés à entamer le processus de transfert des responsabilités en matière de sécurité à la police et à l'armée afghanes entre 2011 et 2014. Un calendrier remis en cause après l'attaque de vendredi lorsque Nicolas Sarkozy a brandi la menace d'un départ anticipé des troupes françaises.
Toutefois un retrait ne pourrait pas être immédiat, jugent plusieurs journalistes spécialisés dans les questions de défense. Les talibans s'étant rapprochés des bases françaises, il faudra dégager puis surveiller l'accès aux routes que les convois emprunteront. Le rapatriement des troupes pourrait prendre plusieurs mois si ce n'est un an.