le 21/01/2012
Les soldats français étaient en pleine séance de footing quand le militaire de l’armée afghane a tiré. L’attaque a eu lieu à l’intérieur de l’enceinte militaire de Gwam, située dans le sud de la zone contrôlée par l’armée française et où ne se trouvaient que des coopérants afghans et leurs formateurs français. Ces derniers n’étaient donc pas protégés, pas armés et pas en mesure de se défendre face aux tirs de celui qu’ils avaient peut-être personnellement formé.
En faisant feu sur le groupe, avec une arme automatique, le soldat afghan a tué au moins quatre militaires français, trois appartenant au 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces (Isère), un autre au régiment de génie de Saint-Christol (Vaucluse) de la Légion étrangère. Une quinzaine de soldats ont aussi été blessés, dont au moins huit grièvement. Trois d’entre eux appartiennent au 4e régiment de chasseurs de Gap. Ils ont tous été transportés par hélicoptère vers les hôpitaux militaires français et américain situés respectivement à Kaboul et sur la base de Bagram, au nord de la capitale afghane.
Le profil de l’agresseur, qui a essayé de s’enfuir mais a été maîtrisé, était, hier, toujours inconnu. Tout juste savait-on qu’il a été formé à Kaboul par l’Armée nationale afghane (ANA). Et que son bataillon est arrivé il y a peu de temps sur le site, selon le lieutenant-colonel Sabatier, porte-parole de l’armée française en Afghanistan. “Les troupes sont forcément attristées, a-t-il ajouté. Elles sont en deuil. Surtout les camarades les plus proches” des victimes. Nous sommes tous solidaires”.
Un “assassinat” pour le ministre de la Défense
Au vu des circonstances, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a qualifié la tuerie “d’assassinat”. De son côté, Abdul Hamid Erkin, le chef de la police afghane dans la province de Kapisa, a déploré un “incident tragique”. Une contradiction qui résume le défi auquel sont confrontées les troupes occidentales qui se concentrent sur la tâche de formation pour éviter que le pays ne retombe dans le chaos après leur départ.
Paris réclame désormais des “assurances crédibles” sur le recrutement de l’armée afghane. Un sujet qui sera à l’ordre du jour de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Hamid Karzaï. Le président afghan sera à Paris le 27 janvier pour signer un traité bilatéral de coopération et d’amitié. Une amitié qui semble, pour l’heure, plus que compromise.