jeudi 10.11.2011
On peut être un jeune ancien combattant. Laurent Joye, ex-légionnaire, et Hans Landler, ex-parachutiste, soldats de la quatrième génération du feu, animent, avec une quarantaine de membres, l'association armentiéroise, depuis 2005. L'exposition qu'ils ont montée pour les 90 ans de l'association retrace les opérations extérieures de l'Armée française, « nos guerres à nous », disent-ils. PAR CATHERINE QUÉTELARD
Laurent Joye et Hans Landler (à gauche) en pleine discussion avec le public de l'exposition. |
« Voilà le béret rouge de Hans, et le vert, c'est le mien » : Laurent Joye, président de l'association des Anciens Combattants, fait les honneurs de l'exposition sur les opérations extérieures de l'armée française. Ils y ont participé. Engagés, l'un dans la Légion, de 1986 à 1994,et l'autre chez les parachutistes, ils ont porté ces tenues, partagé ces rations. On voit la carte téléphonique dont ils se servaient au Tchad. « Le bombardement de Ndjamena, j'étais en-dessous », sourit Laurent, 42 ans, revenu à la vie civile, marié et travaillant comme agent technique à la Ruche des 2-Lys. Hans, ex-casque bleu avec l'OTAN à Sarajevo, montre une carte manuscrite de la ligne de front serbe. Il se souvient de l'usine de voitures Golf à Vogosca : « On pensait qu'il y avait des munitions à l'intérieur parce qu'on voyait des allées et venues plusieurs fois par jour. En fait c'était les cuisines qui y étaient installées ! » Infirmier, Hans est aujourd'hui ambulancier au SMUR d'Armentières, après avoir vécu les missions, de 1988 à 2003, au Tchad, au Gabon, au Rwanda, en Centrafrique, au Liban. Avec Laurent, ils sont amis d'enfance. Leurs souvenirs personnels font le sel de cette exposition très bien documentée, du Zaïre (1978) à la Côte-d'Ivoire (2003) en passant par le Liban (1982), le Tchad (1987), l'Irak (1991), sans oublier l'Afghanistan où trois mille soldats français se trouvent encore.
« Depuis 1968, des hommes tous volontaires » sont partis sur ces opérations et 750 y sont tombés, a rappelé Laurent. Ses mannequins illustrent l'évolution de la tenue de l'Armée de terre jusqu'au dernier gilet, très lourd. Sûr que Florimond Dufour, un Poilu qui a fondé la section armentiéroise en 1921 ne s'y reconnaîtrait pas, sauf pour le masque à gaz ! Le soldat est mieux protégé mais cela ne facilite pas toujours le contact avec la population locale, selon Laurent Joye qui souligne aussi l'aide à ces peuples dans la reconstruction des ponts, des écoles ou des hôpitaux, le côté humanitaire. « En Bosnie, on emmenait les enfants à l'école en blindé », montre Laurent.
Cela, entre autres, ne manquera pas d'étonner les écoliers qui visiteront cette exposition, un livre d'histoire vivant où les deux jeunes anciens combattants de la section ont mis beaucoup d'eux-mêmes.
Le maire a promis de leur trouver un local bientôt. Pour le moment, Laurent Joye héberge tout le matériel, dont les volumineux mannequins, chez lui où il a créé un petit musée. « Se retrouver entre personnes ayant vécu des événements similaires et pouvant donc se comprendre » offre des moments forts pour ces anciens combattants qui font chaque année une marche sur les traces des tranchées de 1914. Une façon de réunir ces générations de soldats, une cause chère à Laurent comme celle de faire valoir leurs droits et d'aider les plus démunis. •
Exposition visible jusqu'à dimanche au salon de la mairie.