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Des légionnaires français quittent l'Afghanistan un brin amers

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De Aymeric VINCENOT

19/10/11

BASE DE TORA — "J'étais content de venir, je suis content de partir": le légionnaire français obéit et n'est pas réputé pour ses états d'âme. Pourtant, à l'heure du départ d'Afghanistan, certains cachent mal leur amertume, frustrés d'avoir dû "lever le pied" pour éviter de nouvelles pertes après un été meurtrier pour les troupes françaises.

Les 172 légionnaires de la 2e Compagnie du 2e Régiment étranger parachutiste (REP) forment le gros des 194 premiers militaires français qui quittent mercredi l'Afghanistan dans le cadre du retrait progressif, d'ici 2014, des 4.000 soldats français déployés dans le pays.

Sur la base de Tora, dans le district de Surobi, à une cinquantaine de km à l'est de Kaboul, ces légionnaires faisaient il y a quelques jours leurs cartons. "On a rempli la mission qu'on nous a demandé, on part sereinement", assure le lieutenant Christophe, du 2e REP.

Pendant que la gendarmerie inspecte les malles et y pose des scellés, avant qu'elles soient chargées dans des conteneurs qui les rejoindront dans leur caserne de Calvi (Corse), des légionnaires, muscles et tatouages dehors, finissent de balayer les chambrées, nettoyer les armes et faire les sacs.

Les sacs à dos sont alignés contre le mur, le traditionnel képi blanc parfois posé dessus, protégé de l'omniprésente poussière afghane par un sac plastique.

Arrivée le 6 juillet, la 2e compagnie repart sans deux de ses hommes, tombés le 7 août --dont un tué par un tir fratricide-- dans la province voisine de Kapisa, où l'insurrection est plus agressive qu'en Surobi.

Depuis le 1er juin, l'armée française a perdu 17 soldats en Afghanistan, un chiffre qui porte à 75 le nombre de ses hommes tués depuis 2001.

Trop, à quelques mois d'une élection présidentielle, alors que le conflit est impopulaire en France. Paris a donc donné l'ordre de limiter les risques de pertes, et donc les opérations, admettent certains militaires.

"Les pertes de l'armée française en juillet-août ont provoqué un ralentissement des opérations. On nous impose d'être moins en avant, moins agressifs, de prendre moins de risques", reconnaît le lieutenant Christophe.

"On n'a pas d'états d'âme, si on nous dit "vous sortez moins", on sort moins", ajoute-t-il, peinant néanmoins à dissimuler une pointe d'amertume.

"On a levé le pied", résume autrement un officier sur la base de Tora, un brin désabusé.

L'armée française souligne elle plutôt la nécessité de mettre en avant l'armée afghane, censée assurer elle-même la sécurité du pays avec la police lorsque les troupes de combat de l'Otan l'auront quitté à fin 2014.

Les Français n'interviennent plus en première ligne mais en soutien des forces afghanes, donc "il y a moins besoin de soldats français", explique le capitaine Grégory, qui commande la 2e compagnie du REP.

Mais certains légionnaires, dont c'est le deuxième séjour en Afghanistan, craignent que les efforts déployés et le sang versé l'an dernier l'aient été en pure perte.

"Dans (le district de) Surobi, on a été limités dans nos actions", s'énerve un autre officier, visiblement amer.

Chez certains légionnaires, de la colère s'exprime quand les chefs sont loin et que les officiers de presse ont le dos tourné.

"Ils veulent limiter les pertes et limitent les opérations. C'est mal commandé, mal géré", s'emporte l'un d'eux.

"L'an dernier (...) on tenait la zone. On a monté deux COP (postes de combat avancés), on y a laissé deux hommes. Aujourd'hui c'est le bordel", affirme-t-il.

Le district de Surobi est certes calme et la circulation normale sur la Highway 7, la route qui relie la zone à Kaboul. Mais, un peu plus au nord, en direction de la province voisine de Kapisa, cachés au fond des vallées serpentant entre les vastes montagnes qui entourent la base perchée sur un petit promontoire, les insurgés sont toujours là.

Au terme d'une décennie coûteuse humainement et financièrement pour les Occidentaux, le retour des talibans jusqu'aux portes de Kaboul laisse craindre qu'ils ne reprennent le pouvoir ou une guerre civile après 2014.

Dans la vallée d'Uzbin, dans laquelle une embuscade a coûté la vie à dix soldats français en 2008, un légionnaire français a été blessé par un tir début octobre, lors d'une vaste opération au cours de laquelle une quinzaine d'insurgés ont été tués selon les Français.

A l'heure où les colonnes de véhicules blindés français s'apprêtent à regagner Kaboul, "les insurgés préparent déjà sans doute l'après départ", note un homme du 2e REP.

Copyright © 2011 AFP.

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