Publié le 10/08/2011
Les deux légionnaires du 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi sont morts dimanche lors d'une opération dans la vallée de Bedraou.
Sans que les raisons qui motivent ce soupçon aient été révélées à ce stade, il se pourrait que l'un, au moins, des deux légionnaires tués dimanche en Afghanistan - le caporal Gysan Bahadur Tappa et le légionnaire de 1re classe Gerhardus Jansen - et une partie des cinq blessés lors de cet accrochage aient été atteints par des tirs français destinés à les protéger. Selon le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées (EMA), "il est apparu au cours du débriefing de la mission qu'on ne peut pas exclure qu'une partie des pertes ait été provoquée par des tirs amis". Cette formule laisse planer une large part d'imprécisions, qui devraient être levées par l'enquête que le chef d'état-major des armées, l'amiral Édouard Guillaud, vient de confier au colonel qui commande le contingent français en Afghanistan. Ce dernier n'est pas partie prenante de la chaîne opérationnelle et devrait faire connaître ses premières conclusions sur ces événements à la fin de la semaine prochaine.
Selon les informations diffusées par l'EMA, l'opération White Stork 3 se serait déroulée de la façon suivante : la première phase avait commencé dans la région de Nawrozkhel, dans la vallée de Bedraou, vers 22 heures, le samedi 6 août. Une compagnie d'appui se met en place sur les hauteurs proches de la COP 52, une base avancée de l'armée afghane, surplombant elle-même un wadi (cours d'eau). Elle est composée de deux véhicules de l'avant blindé (VAB) équipés de canons de 20 mm, de deux chars AMX-10 RC et d'un véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI). La compagnie s'installe à environ 700 mètres des deux hameaux afghans situés au-delà du wadi, que des soldats français doivent inspecter seuls, hors de la présence pourtant habituelle de l'armée afghane (ANA) et/ou de la police (ANP).
Des tirs violents surviennent
L'EMA ne fournit pas d'explication sur cette absence. À 1 h 30, le dimanche, la mise en place de la compagnie d'appui est terminée, et deux compagnies de combat d'une centaine d'hommes chacune, amenées par environ vingt-cinq VAB, entrent alors dans les hameaux. Les fantassins de la compagnie "bleue", soldats du "15-2" (152e régiment d'infanterie), et ceux de la compagnie "rouge" du 2e Rep (2e régiment étranger de parachutistes) débarquent alors des VAB et commencent les fouilles des maisons vers 4 h 30, à la levée du jour. L'opération se termine vers 8 heures. Les soldats de la compagnie bleue sont les premiers à rejoindre la COP 52 en passant à travers le dispositif "rouge", malgré un premier tir des insurgés vers 7 h 40. Puis, entre 8 h 30 et 8 h 45, des tirs plus nourris des insurgés ont lieu. Après une accalmie, et alors que les éléments "rouges" ont à leur tour entamé leur retrait, des tirs plus violents surviennent, à la fois de la part des insurgés (à la mitrailleuse, au fusil d'assaut et au lance-roquettes), des éléments blindés de la compagnie d'appui et de plusieurs hélicoptères qui assuraient la couverture de l'opération (Tigre, Gazelle et Kiowa américains). Plusieurs tirs de missiles Hot sont effectués depuis des Gazelle.