28/02/2011
Dans une interview accordée à Acteurs publics, Hervé Morin, président du Nouveau Centre, réagit au remplacement d'Alain Juppé par Gérard Longuet à la Défense, un ministère qu'il a dirigé entre 2007 et 2010. Pour lui, aucune réforme majeure ne sera initiée avant 2012.
Était-il opportun de changer de ministre de la Défense, domaine régalien qui requiert une certaine stabilité, trois mois seulement après l'arrivée d'Alain Juppé ?
Certes, il faudra au successeur d'Alain Juppé quelques mois pour se familiariser avec ses nouveaux dossiers, mais ce n'est pas à un an de la présidentielle que le gouvernement va lancer, en matière de défense, des réformes d'envergure. Celles que j'ai initiées, notamment la carte militaire et la construction du futur ministère de la Défense sur le site parisien de Balard, sont sur les rails, elles ne supposent désormais que des ajustements permanents.
Le choix de Gérard Longuet comme nouveau ministre de la Défense est-il pertinent ?
Gérard Longuet est un homme d'expérience, je n'ai aucun doute sur ses capacités.
Les militaires n'ont pas l'habitude de se plaindre, mais vivent-ils sereinement ces bouleversements successifs ?
Les militaires ont le sens du service de l'État, ils comprendront qu'Alain Juppé soit appelé à d'autres fonctions au nom du service de l'État…
Le ministère de la Défense doit-il retrouver un secrétariat d'État aux Anciens Combattants, supprimé après le remaniement de novembre 2010 ?
Depuis le remaniement de novembre 2010, le ministre de la Défense assume aussi les fonctions de secrétaire d'État, très chronophages en matière d'agenda. Il doit être présent sur toutes les manifestations d’anciens combattants, ce qui relève du tour de force. Il ne peut se consacrer entièrement aux missions essentielles qui sont les siennes. Cette double responsabilité est difficile à assumer.
D'ailleurs, les associations d'anciens combattants ont mal vécu la suppression de leur secrétariat d'État…
Le monde combattant exprime un fort besoin de reconnaissance. Il faut un secrétaire d'État à la hauteur de cette mission.
Restez-vous attentif aux affaires du ministère de la Défense, que vous avez gérées pendant trois ans ?
Jugée impossible à réaliser, la réforme de la carte militaire a été réalisée sans faire de bruit, et la réforme du ministère que j’ai initiée permet aujourd’hui une économie de 1,6 milliard d’euros par an, au profit de l’équipement des forces ! Tout cela me tient évidemment à cœur, je resterai donc un acteur très vigilant. Pour l'instant, je n'ai eu aucune raison de m’exprimer.
Propos recueillis par Sylvain Henry