31/01/2011
Nec pluribus impar». A nul autre pareil. Tel fut le destin de Gali Hagondokoff, née princesse caucasienne et dont les obsèques en 1985 à Paris furent dignes de celles d'un chef d'Etat. Elle aurait mérité les honneurs littéraires ou cinématographiques d'un Schoendoerffer. A défaut, et c'est déjà très bien, elle fait l'objet d'une éblouissante biographie sous la plume, érudite et légère comme le vent de Kabardino-Balkarie, de Guillemette de Sairigné. L'enfance de Gali fut celle d'une aristocrate : voyageuse - des montagnes chantées par Lermontov à la Mandchourie via Paris et Petrograd. En 1914, elle se mue en infirmière, tombe amoureuse d'un soldat blessé qu'elle épouse mineure, fuit la révolution bolchevique par l'est - ne rien faire comme les autres. En Chine, elle croise Kessel, divorce, prend le bateau pour la France où elle devient mannequin chez Chanel entre deux liturgies rue Daru. Sa liberté de ton et d'allure rendent dingues les hommes qu'elle croise. Parmi eux, le comte du Luart qu'elle épouse après avoir menti sur son âge et changé de prénom. Son goût pour l'aventure, lui, est intact. En 1936, elle rejoint l'Espagne menacée par les Rouges pour se faire, au péril de sa vie et du qu'en-dira-t-on, l'infirmière des Blancs. Après la capitulation, direction l'Algérie puis le Maroc où débute sa plus grande histoire d'amour : celle avec le 1er REC, dont elle deviendra la marraine après l'avoir accompagné, à la tête de la célèbre Formation chirurgicale n° 1, dans ses campagnes héroïques en Italie, en Alsace puis plus tard en Algérie. La devise du prestigieux régiment légionnaire ? «Nec pluribus impar»...
Jean-Christophe Buisson