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Cérémonies de Camerone : le grand retour du commandant Roger Faulques, mercenaire du Katanga 30042010

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Publié le 30/04/2010

LÉGION ÉTRANGÈRE

Par Jean Guisnel

Roger Faulques aux obsèques de Loulou Martin en 2001 à Nice © Jean Rosier

Deux événements liés à la commémoration des combats de Camerone, au Mexique, le 30 avril 1863, auront lieu aujourd'hui vendredi. Tout d'abord, et pour la première fois, un ministre de la Défense français est présent sur place : Hervé Morin présidera dans la journée une cérémonie militaire à laquelle participeront un détachement du 2e régiment étranger d'infanterie et la musique du 43e régiment d'infanterie.

L'autre événement se produira à Aubagne, où la traditionnelle cérémonie ne varie d'une année sur l'autre que par l'identité de l'ancien légionnaire portant - honneur suprême - la main-prothèse du capitaine Jean Danjou, qui commandait les troupes à Camerone, avant de mourir au feu. Cette année, cette charge a été confiée au chef d'escadron Roger Faulques. Cette légende vivante de la Légion avait rejoint le maquis FFI en 1944. Il est intégré au 1er bataillon du 3e régiment étranger d'infanterie en janvier 1946 et affecté en Indochine, selon sa biographie militaire diffusée par la Légion étrangère. Combattant hors pair qualifié de "splendide entraîneur d'hommes", il n'a que 23 ans lors des combats de Phu Tong Hoa qui lui valent d'être fait chevalier de la Légion d'honneur. Il est déjà titulaire de cinq citations. Lors des combats de la RC4 en octobre 1950, il est grièvement blessé et fait prisonnier par le Viêt Minh, qui le rend mourant aux troupes françaises. Rapatrié, il retourne en Indochine en 1953. Au début de la guerre d'Algérie, ardent partisan des théories sur la guerre révolutionnaire défendues par Roger Trinquier, chef du GCMA (Groupement des commandos mixtes aéroportés) en Indochine, il prend un commandement de compagnie au 1er bataillon étranger de parachutistes, qui devient, peu de temps après, le 1er régiment étranger parachutiste (dissous après le putsch d'avril 1961). Durant la bataille d'Alger, en 1957, le capitaine Faulques est l'officier de renseignement du REP que commande le colonel Jeanpierre. Par des moyens qui ne sont pas ceux de la guerre en dentelle, Faulques cause de gros dommages au FLN.

Chef de bataillon le 1er octobre 1959, il est commandant en second du 2e régiment étranger de parachutistes à partir de l'été 1960. Les heures les plus noires de la guerre d'Algérie ne sont plus très loin.

Soldats aguerris et très prisés

Roger Faulques est prêt à être englouti dans la tourmente algérienne, quand, en décembre 1960, Moïse Tshombé lance la rébellion de la très riche province du Katanga, au Congo ex-belge. Dans un contexte de guerre froide qui la voit craindre l'influence grandissante de l'URSS et des États-Unis en Afrique de l'Ouest, la France du général de Gaulle soutient discrètement la rébellion katangaise, par l'intermédiaire de Jacques Foccart. Les forces katangaises se limitent à 2.000 gendarmes hérités de l'ancienne "force publique" belge. Ils sont encadrés par une douzaine de sous-officiers katangais issus de la force publique. Rapidement, la rumeur se répand que le Katanga recrute des mercenaires pour encadrer les troupes de Moïse Tshombé. Les Français qui sortent des guerres de la décolonisation (Indochine, Algérie) sont aguerris et très prisés. Recruté par Tshombé pour engager des mercenaires européens, Trinquier explique ( Le Temps perdu, Albin Michel, 1978) : "Certains étaient laissés dans une inactivité dangereuse. Leur donner un nouveau champ d'action où ils pourraient à la fois servir la France et l'Occident m'apparaissait à cette époque comme une occasion providentielle qu'un gouvernement lucide avait tout intérêt à favoriser."

Avec l'appui du ministre des Armées Pierre Messmer, le commandant Roger Faulques et le capitaine Yves de La Bourdonnaye sont mis en disponibilité et recrutés par le Katanga. Mais ce sont des militaires belges qui ont la haute main sur les mercenaires français, que les journaux appelleront vite "les affreux". Les Belges exigent de Moïse Tshombé que les Français soient soumis à leur autorité. Trinquier refuse, mais pas Roger Faulques. Il reste au Katanga et remplace Trinquier, qui rentre en France avec les colonels Yves Godard et Joseph Broizat, ce qui permettra à ces derniers de participer au putsch d'Alger.

Au Katanga, les hommes de Faulques sont le lieutenant Répagnol, le lieutenant Tony de Saint-Paul, les capitaines Lasimone, de Clary, Toupé-Thomé. L'école des paras -commandos de Kolwezi - est dirigée par un Français ancien du 11e Choc, le lieutenant Badaire. Le commandant Faulques est l'officier de Trinquier, écrit encore ce dernier, "qui a le plus de valeur intellectuelle et morale". Plus tard, jeune soldat de fortune encore inexpérimenté, Bob Denard le rejoindra. Mais c'est une autre histoire...

Homme aux mille vies

En décembre 1961, les troupes de l'ONU lancent l'offensive contre le Katanga. Le plan de défense a été conçu par Faulques. L'aviation de l'ONU attaque les mercenaires, également pilonnés au mortier. Ils résistent brillamment. Les casques bleus suédois entrent dans Élisabethville, suivis par la brigade indienne du général Raja. Le camp Massart, où se trouvent les forces katangaises, est attaqué par l'ONU. Les hommes de Faulques, bien renseignés par la population blanche et noire, se battent comme des lions, et ripostent avec efficacité. Le 21 décembre, le cessez-le-feu est signé à Kitona. Roger Faulques quitte le Katanga en disant que plus jamais il n'acceptera d'être commandé par un Africain. Il lance au chef d'état-major katangais Muké qu'il ne "voudrai[t] même pas de lui comme ordonnance".

En 1963, Tony de Saint-Paul est contacté pour envoyer des mercenaires au Yémen, avec les finances des services secrets britanniques. Il contacte Roger Faulques, finalement écarté au profit de Bob Denard, qui en dit (dans sa biographie Le Roi de Fortune ) : "Faulques, c'est un peu notre patron à tous. Il est triste que nous ne l'ayons pas avec nous, mais peut-on prendre le risque de faire capoter l'affaire ?" Faulques sera en charge de la base arrière de l'opération yéménite, à Paris. On le retrouvera quelques années plus tard au Biafra, pour lequel il recrute des mercenaires, toujours en compagnie de Bob Denard, avant d'être, là encore, mis sur la touche, cette fois au profit de Rolf Steiner. Roger Faulques, qui n'aime rien tant que la discrétion, se retirera ensuite sur ses terres, pour n'en sortir qu'une fois par an, pour la cérémonie de Camerone. Il n'a jamais cessé d'être considéré par les légionnaires comme l'un de leurs plus grands soldats. Mais, cette fois, c'est différent : en portant publiquement la main du capitaine Danjou, qui scelle son grand retour dans la communauté militaire française en présence du chef d'état-major de l'armée de terre, le général Elrick Irastorza, et du secrétaire d'État aux Anciens Combattants, Hubert Falco, quelles pensées vont traverser l'esprit de cet homme aux mille vies ?

Traduction

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