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La main amie de Cendrars

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10/04/2008

Dans une monographie admirative, Gisèle Bienne retourne sur les lieux de désolation où le poète fut blessé.

«C'est un soleil qui a besoin d'une énorme nourriture pour s'embraser et monter au zénith», estime Gisèle Bienne à propos de Blaise Cendrars dans l'exercice d'admiration qu'elle lui consacre. L'essayiste se souvient qu'à ­vingt ans, La Prose du Transsibérien la transporta en Russie alors qu'elle s'ennuyait à Nancy. A partir de cette lecture, elle ne cessa plus de lire l'œuvre de celui qui répondit à Pierre Lazareff, curieux de savoir si son ami avait vraiment pris ce train: «Qu'est ce que ça peut te faire puisque je vous l'ai fait prendre à tous!» A la recherche du fantôme de l'écrivain, la lectrice décida de retrouver l'endroit exact où Cendrars perdit sa «main amie» lors de l'attaque du mardi 28 septembre 1915. Direction les portes de l'Argonne, là où des millions d'hommes sont tombés au champ d'honneur. Au volant de sa voiture, elle se rendit vite compte qu'elle roulait en fait sur les corps sans sépulture.

Blaise Cendrars est omniprésent dans cet ouvrage qui n'est pourtant pas de lui. Aucune monographie n'avait à ce point restitué sa présence incandescente. Le Suisse Frédéric Sauser alias Blaise Cendrars ne tira-t-il pas son pseudonyme des mots braise et cendre? Pour mieux être en résonance avec le légionnaire, Gisèle Bienne avait besoin de retrouver l'emplacement de l'ancienne ferme de Navarin, près de Reims, qui vit le poète recevoir une balle de mitrailleuse allemande au bras droit pendant qu'il courait. Quatre jours auparavant, la grande offensive de Champagne, à l'initiative de ­Joffre, coûta la vie à cent quarante milles personnes.

 

Amputé en février 1916

Dans le feu de l'action, ­Cendrars ne voulut pas quitter ses amis malgré sa grave blessure. Au milieu des estropiés, on le conduisit à l'évêché de Sainte-Croix transformé en hôpital pour l'amputer de la main droite. On fit boire du cognac au rescapé de l'escouade afin de lui éviter le coma. Mal soigné, il subit l'amputation de l'avant-bras, au-dessus du coude, en février 1916. Refusant la prothèse, il abandonna le bras artificiel à la consigne d'une gare. Dans sa retraite d'Aix-en-Provence ou de Villefranche-sur-Mer, le nouveau gaucher réapprit à écrire et à taper sur sa Remington sans perdre sa verve.

Grillant cigarette sur cigarette, l'auteur de L'Homme foudroyé n'oublia jamais son camarade de tranchée, Van Lees, qu'un obus projeta dans les airs pour ne restituer que son pantalon vide. La mémorialiste Gisèle Bienne semble avoir connu ce sergent qu'elle sauve de l'oubli, évoquant aussi de manière très émouvante Apollinaire, André Masson et Yves Gibeau. Ce tombeau littéraire à la gloire de ­Cendrars ranime la flamme de tous les soldats inconnus.
La Ferme de Navarin de Gisèle Bienne Gallimard, 130p., 14,50€.

 Bernard Morlino


Traduction

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