M. Paul Tromel, bourgmestre d'Usedom, soldat de 2e classe à la légion (2e rég. étranger).
Le cas de ce bourgmestre allemand qui, il y a quelques semaines, s'engagea dans notre légion étrangère, a déjà fait couler beaucoup d'encre. Les journaux quotidiens ont raconté comment M. Paul Tromel, bourgmestre d'Usedom, après avoir assisté, le 28 mars dernier, à une séance du conseil d'arrondissement de Swinemunde, se rendit à Berlin, d'où il écrivit à son adjoint d'Usedom de vouloir bien se charger des affaires courantes. Puis, il quitta l'Allemagne et l'on perdit sa trace jusqu'au jour où l'on apprit que, sous le nom de Funze, M. Tromel avait contracté un engagement dans la légion étrangère. Là-dessus, les feuilles allemandes ne manquèrent point cette occasion de renouveler leurs coutumières attaques contre notre légion, et le cas de M. Tromel donna lieu aux plus fantaisistes versions.
On affirmait, notamment, que le bourgmestre d'Usedom avait été «racolé» à Paris et dirigé sur la légion en même temps qu'un autre Allemand originaire de Tilsitt. Celui-ci se serait évadé à Marseille, mais Tromel n'aurait pas osé suivre cet exemple. Cependant, il aurait prié le déserteur d'agir pour lui en Allemagne. Et là-dessus, toute la presse pangermaniste de mener grand train.
Or, il est résulté des premières informations précises reçues de Saïda, où tient actuellement garnison le soldat de 2e classe du 2e étranger Paul Tromel, que ce dernier, non seulement s'était engagé à la légion dans toute la lucidité de son esprit, mais encore qu'il assurait s'y trouver parfaitement bien et ne demandait qu'à continuer la vie qu'il s'y était faite. Ce qui était confirmé par une déclaration écrite dudit Paul Tromel, déclaration datée du 16 mai dernier, et dont nous reproduisons plus bas le fac-similé. Enfin, ces derniers jours, les journaux allemands voulaient bien annoncer eux-mêmes que l'adjoint d'Usedom venait de recevoir de Tromel une carte postale illustrée portant ces mots:
«Je vous adresse en signe de vie mes salutations. Je supporte très bien le service. Je pense souvent à vous. Mille choses pour vous et votre famille. De votre: Paul Tromel.
Donc, il apparaît bien que l'incident est clos. Le nom du bourgmestre d'Usedom allonge simplement la liste de ceux de ses compatriotes qui ont voulu, comme lui, changer leur destinée et vivre, dans notre légion, la vie militaire française, dont, apparemment, on ne leur avait point dit que du mal.
Autographe de la déclaration écrite et signée, à Saïda, le 16 mai dernier, par M. Paul Tromel.