Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 201295
Je viens de visiter un village qui n'est pas ; brûlé, car ceux qui sont en dehors de la route sont en général intact; les hovas n'ont sans doute pas osé s'écarter de leur chemin. Et les habitants n'ont pas tous obéi aux injonctions du 1er Ministre.
J'étais stupéfait. Le village est entouré d'un mur en terre de 3 mètres de hauteur. A l’intérieur il y a des amandiers et des grenadiers. Cinq à six maisons seulement à 2 étages.
Une maison au milieu ou plutôt un hangar qui devait servir de lieu de réunion sans doute. Une immense salle, les murs plâtrés, des nattes sur le sol, au fond une estrade. Des affiches en caractères latins : parlant de la religion protestante. Des bibles imprimés à Londres et signées de missionnaires anglais.
Dans les maisons, des chambres vastes, aux murs plâtrés, avec aux portes des battants en bois de chêne, avec moulures, mortaises, l'art moderne de la menuiserie.
Le sol en terre battue ou en bois. Les bottines à bouts pointus, de nombreuses bouteilles vides portant des étiquettes de liqueurs variées, dénotent que les habitants n'ignorent pas les douceurs et tes bienfaits de la civilisation. Des escaliers bien entretenus mènent aux étages. Les balcons en bon état.
Mais sur le tout, plane un silence de mort.
Comme culture presque pas de trace. Des rizières, du mansoé, des patates. Je crois que ces gens s'occupent principalement de l'élevage des bestiaux et que pour le reste ils vivent comme tous les peuples orientaux, de riz et de.... paresse.
Le 24, arrivée à l'étape à 5 heures du soir.
Aujourd'hui départ à 5 h. 1/2 : nous rejoignons la 2e brigade qui, contrairement aux ordres donnés, les hovas ayant été signalés et le général en chef n'ayant pas voulu laisser marcher la brigade seule.
Il y a même eu quelques coups de fusil d'échangés. Une connaissance a, en outre fait des feux de salve à 1500 mètres. D'après les prisonniers (la 2e brigade en a fait une vingtaine) les hovas sont complètement désorientés et n'osent pas retourner à Tananarive.
Donc, à partir de 8 heures du matin, marche d'ensemble de la colonne légère : arrivée ici à Babay à 1 heure de l'après-midi,
Le pays change de plus,en plus d'aspect; les villages deviennent inombrables. Partout, sur chaque mamelon, sur chaque hauteur, des groupes de maisons entourées d'un mur ou d'un fossé et d'arbres de toutes espèces. Dans aucune contrée en Europe il peut y avoir autant d'habitations réunies dans un cadre relativement restreint. Ces groupes ou hameaux ou villages sont composés, en général, de 4 à 10 maisons, dont le style devient de plus en plus propre, élégant, si je peux m'exprimer ainsi. Toutefois ii y a des villes de 100 à 150 maisons. Mais ces grands centres sont rares.
Je crois que chaque groupe d'habitation est peuplé par une seule et unique famille. Cela expliquerait cette quantité incalculable d'abris. Ils sont en général tellement proches l'un de l'autre que les habitants de deux groupes peuvent échanger des politesses sans trop crier.
La culture devient aussi plus nombreuse et plus riche.
On remarque la plante de l'ananas, de l'aloès, etc, etc.
(A Suivre)