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L'Arsenal de Diego Suarez : de la Direction de l'Artillerie à la SECREN

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Jeudi, 05 Avril 2012

le Vaucluse, aviso de transport de 1 600 tonneaux est le
premier navire à entrer dans la forme de radoub le 17 mars 1916

Pendant longtemps, la rade de Diego Suarez resta relativement en dehors des routes maritimes en raison de la barrière que constituait le Cap d'Ambre « fascheux à passer », comme on l'avait écrit dès le XVIème siècle. Cependant, dès la seconde partie du XIXème siècle, la France commence à se préoccuper de la nécessité de se doter de bases navales susceptibles d'assurer sa présence dans les mers lointaines. Ceci pour des raisons coloniales et pour des raisons stratégiques.

Les progrès techniques font de ce souci une nécessité: en effet, avec l'invention de la propulsion à vapeur, les navires deviennent tributaires du ravitaillement en charbon, leurs soutes ne pouvant contenir les énormes quantités de combustible nécessaires. Sous le Second Empire sont alors créés, à Sainte-Marie, à Nosy Be et à Mayotte de petits dépôts de charbon.
A cette nécessité s'ajoute, vers la fin du XIXème siècle la rivalité avec l'Angleterre dans la perspective de la conquête coloniale. En 1885, Jules Ferry s'écrie, devant la Chambre des Députés: « dites-moi si ces étapes de l'Indochine, de Madagascar, de la Tunisie, ne sont pas des étapes nécessaires pour la sécurité de notre navigation? »
Aussi, dès que le Territoire de Diego Suarez est cédé à la France, en 1885, l'idée d'y créer un arsenal s'impose immédiatement. Le médecin du navire La Dordogne, sur laquelle se trouvent les premières troupes d'occupation écrit, en 1886 : « Des magasins, des ateliers de réparation, un petit arsenal en un mot, doivent y être établis, assurant le ravitaillement et l'entretien de nos navires de la mer des Indes ».
Il faudra cependant attendre presque 20 ans pour que Diego Suarez, promue au rang de « Point d'Appui de la Flotte de l'Océan Indien » devienne une véritable base navale

Diego Suarez, Point d'Appui de la Flotte

Dans le dernier quart du XIXème siècle la question de doter les colonies d'une organisation défensive revenait régulièrement. Le Conseil d'Amirauté français propose dix bases d'opérations. Parmi celles-ci, Diego Suarez est considéré comme une excellente base d'opérations en cas de fermeture du Canal de Suez, d'autant plus qu'elle dispose d'une magnifique rade, qu'il faudrait cependant mettre en position de défense.
Cependant, les crédits ne seront votés qu'en 1901.
Le décret du 3 juin 1902 relatif aux points d'appui de la flotte, ne mentionne plus que cinq places (qui seront ensuite réduites à quatre) dont Diego Suarez « qui deviendrait la base d'opérations, en temps de guerre, de la seconde division de l'escadre de guerre » 20,5 millions (sur 75) furent affectés à Diego Suarez pour la mise en état du Point d'Appui de Diego Suarez qui fut confiée au Colonel (puis Général) Joffre.

Le bassin de radoub

Pièce essentielle de l'arsenal de Diego Suarez, il est créé en exécution de la loi du 2 mars 1901 décidant la création de Points d'Appui de la Flotte dans les colonies.

Remplissage du bassin de radoub

Le choix de l'emplacement

Plusieurs emplacements furent successivement examinés:

- Cap Diego : d'abord considéré comme l'emplacement le plus convenable, cette option fut abandonnée en raison des alizés qui, pendant une grande partie de l'année, rendraient périlleuse l'accès à la forme. De plus, l'arsenal serait alors isolé de la vie économique d'Antsirane, et notamment du trafic des navires de commerce ainsi que des possibilités d'approvisionnement à partir de l'intérieur.

Cette solution fut donc écartée.

- Orangea : Ce choix, qui avait les mêmes inconvénients d'éloignement d'Antsirane, avait également celui d'offrir un mouillage moins sûr : très exposé au vent en période de mousson, le site offrait des fonds vaseux et d'une profondeur insuffisante ce qui aurait occasionné des travaux très onéreux.

- le cirque d'Antsirane : Le choix se porta alors définitivement sur l'emplacement actuel du port de commerce: protégé par le plateau, offrant un mouillage sûr et un accès facile à la ville, il semblait présenter toutes les qualités. Le bassin aurait été construit sur l'axe de la rue de la République (rue principale de la ville basse, perpendiculaire au port, à l'emplacement approximatif de PFOI).

Cependant, une fois encore, des difficultés surgirent: de mauvaises conditions d'exposition aux vents et - surtout- l'expropriation obligatoire de presque tous les bâtiments de ce qui constituait alors la ville basse: docks, ateliers, bureaux, magasins.

-Baie des Amis : On se reporta alors sur un emplacement précédemment écarté parce que trop malsain : le fond de la baie.

On constata qu'une fois l'assainissement effectué, ce site avait de grands avantages: sûreté du mouillage, accès facile à la ville, possibilités d'installations sur le haut du plateau.

Il fut donc décidé que là serait installé l'Arsenal avec son bassin, ses ateliers, ses magasins et ses bureaux.

La construction

Le caisson métallique utilisé pour la construction du bassin de radoub

Elle fut d'abord envisagée à une assez grande distance du rivage Est de la baie mais il fallut y renoncer en raison de la qualité des sols qui aurait obligé à établir des fondations d'une très grande épaisseur.

Le Ministère ayant refusé d'approuver le projet, le tracé définitif adopta une direction de 30°NO; par ailleurs, on rapprocha la forme de la côte de façon à rencontrer un sol résistant à 15m de profondeur: parallèle à la rive Est de la baie des Amis, elle en est distante de 50m. Si cette option entraina des travaux de renforcement du plateau, ceux-ci s'avérèrent assez peu onéreux;

La construction de l'ouvrage fut confiée le 25 mars 1905, après concours, à l'Entreprise parisienne Fougerolle frères.

Les entrepreneurs opérèrent une fouille rectangulaire de 45 m de largeur et de 209,60 m de longueur, dont le fond serait arasé à la cote moins 15m. L'angle N.O de cette fouille fut consolidé par des blocages, des piliers et des voutes de soutènement destinés à supporter la pression de l'eau de mer lors des plus hautes marées.

A proximité de la fouille, on construisit un caisson métallique rectangulaire de 209 m sur 41 m, muni de patins métalliques, qui fut amené par flottage à son emplacement définitif. Puis, les maçonneries furent édifiées à l'intérieur du caisson. Au fur et à mesure de l'enfoncement, tout le tour du bassin fut surélevé pour éviter à l'eau de l'envahir jusqu'au moment où le bassin ait atteint la profondeur de quinze mètres.

Dans cette enceinte étanche, on acheva le mur du fond et l'écluse d'entrée au nord pour achever la construction. Puis, par des cheminées on insuffla à l'air comprimé du ciment à prise rapide dans les vides laissés par les patins entre le dessous du caisson et le fond de la fouille.

Dans l'ensemble, les résultats furent satisfaisants malgré quelques infiltrations que l'on fit disparaître par des injections de ciment sous pression.

Les résultats

Le bassin devait avoir une longueur réelle de 200 m. Cependant, l'étude du projet fut revue pour le porter à 250 m. L'entrée est formée par un bateau-porte qui est un écran étanche amovible. Il est amené dans l'écluse et échoué avant l'assèchement de la forme; il est relevé après le remplissage de la forme, par l'enlèvement du lest en eau qui a servi à le couler.

L'ouvrage est entouré de 2 terre-pleins de 250 m de longueur. Les bureaux furent installés dans l'ancienne Direction de l'Artillerie.

Les essais eurent lieu le 17 mars 1916 par la rentrée dans la forme de radoub du « Vaucluse », aviso de transport de 1 600 tonneaux.

Carrière de pierres pour le bassin de radoub (Montagne des Français - 1907)

 


L'évolution de l'arsenal

La SCAB

Du fait des retards apportés à sa construction (notamment un allongement de la longueur du bassin), l'arsenal ne fut pas utilisé pendant la première guerre. D'ailleurs, l'importance de Diego Suarez en tant que point d'appui avait été revue à la baisse. D'après un rapport confidentiel de 1904, l'arsenal « est, en effet, trop éloigné du grand fleuve commercial (qui, sortant de la mer rouge, coule vers les Indes et l'Extrême-Orient) pour que nos bâtiments de guerre puissent y trouver un point de relâche ordinaire, et un lieu de ravitaillement constant... ».

Par mesure d'économie la Marine française céda son exploitation à la colonie. La SCAB (Société des Chantiers et Ateliers du Bassin) fut chargée de gérer l'arsenal en 1917.Mais malgré les possibilités du bassin d'accueillir des carénages de navires importants, Diego Suarez n'offrait que des moyens restreints de ravitaillement.

L'arsenal ne bénéficia pas, dès lors, du programme de grands travaux de modernisation qui fut décidé à Paris.

1942

Lors de l'attaque des forces anglaises sur Diego Suarez, en mai 1942, les portes du bassin de radoub sont détruites: accident, sabordage de la part des français?

Quoi qu'il en soit, maîtres de Diego Suarez, les anglais assureront la gestion de l'arsenal jusqu'en 1945, époque à laquelle ils remettront la base à la France.

Entre 1943 et 1945, 35 BATRAL (Bâtiments de transport légers mesurant 53,46m)seront construits; ils étaient destinés au ravitaillement et au soutien des troupes débarquées en zones dénuées d'infrastructures portuaires.

La DCAN

La Direction des Constructions et Armes Navales (DCAN) va remplacer la SCAB sous la direction de l'Ingénieur en chef du Génie Maritime, Gilles. Le développement de la base est alors conçu pour lui permettre de soutenir l'escadre d'Extrême-Orient, engagée en Indochine.

Dès 1945, les effectifs sont renforcés. 9 ateliers sont construits. La plupart des constructions seront achevées en 1951. Mais l'arsenal devient insuffisant pour l'assistance aux bâtiments modernes sophistiqués, bourrés d'électronique.

L'arsenal, dont les effectifs ont chuté ( de 1650 à 600 entre 1946 et 1951) doit envisager une reconversion vers le secteur civil. Cette diversification des activités va permettre une relance qui se traduit par l'accroissement des effectifs vers 1970. Les chantiers bénéficient en particulier de la fermeture du Canal de Suez qui va amener à Diego Suarez les gros pétroliers passant par le Cap de Bonne Espérance.

Lors des évènements de 1972, les accords de coopération entre la France et Madagascar sont dénoncés. Les activités de la DCAN doivent cesser au 4 juin 1975. Le 1er septembre 1973 la base passe sous commandement malgache. Le 31 janvier 1975 le remplacement de la DCAN par la SECREN (Société d'Etudes et de Constructions et Réparations Navales) est effectif. A cette date, la DCAN laisse la place à la SECREN où 70 coopérants français assureront la transition.

■ S.Reutt - Ass.Ambre


Traduction

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